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Le roman chez Sollers

D 21 septembre 2006     A par Viktor Kirtov - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Il revendique le genre, puisqu’il l’affiche sur des livres tels que « Drame », « Paradis » qui pour le commun des mortels, et je m’y inclus, ne ressemblent pas à l’idée commune du roman avec une histoire, une intrigue... Oui, c’est là que le bât blesse. Les livres de sa « période expérimentale », entre « Une Curieuse solitude » et « Femmes » donnent une telle importance à la forme, que le sens s’y perd (pour moi). Et « illisible », « abscons » viennent immanquablement à l’esprit de la majorité d’entre nous. Mais Sollers y a répondu de deux façons :
Première réponse : « Paradis n’est pas fait pour être lu, mais pour être écouté ». Et d’ailleurs le lancement du livre, après sa publication en épisodes (plus homéopathiques) dans Tel Quel était accompagné d’une offre de coffret cassettes. Les exégètes font alors valoir la musicalité du texte, et mille choses intéressantes mais inaccessibles à une lecture usuelle.
La deuxième réponse de Sollers, c’est « Femmes » et les livres qui suivent : l’abandon de la prépondérance de la forme sur le fond.

La question du sujet

Mais Sollers n’est pas pour autant un adepte du roman classique à intrigue. L’intrigue est secondaire dans ses romans. Juste un prétexte. Le véritable sujet c’est « le sujet », l’être humain, dans le temps - le temps de ses origines et de l’histoire contemporaine, dans ses expressions artistiques ( la peinture), dans l’espace de son moi, de son langage, de ses déterminations face à la sexualité et à ses pulsions de mort, dans les travers de son temps aussi (société de spectacle...) et ses interrogations sur son devenir (techniques biologiques de reproduction et modification de l’humain). Il y a du Voltaire chez Sollers, tant dans l’esprit que dans les haines et jalousies qu’il suscite. Comme son éminent confrère de Ferney ! Encore que Sollers n’ait pas à chercher sa respiration aux frontières de la Suisse, l’air de Ré lui suffit, l’air du large quand même !

Pour Sollers le roman est fondamentalement multigenre : roman, essai, poésie, biographie, autofiction, journal... un espace pour exprimer ce qu’il pense, ce qui mérite d’être sauvegardé (son « arche de Noé » littéraire), sa « guerre du goût », ...ses goûts esthétiques (peinture, musique..)

Au niveau de l’écriture, alternent dans ses romans, comme une succession de saynetes, le récit, le dialogue, les digressions, les citations... Le style est rapide, affirmatif, avec des fulgurances, efficace, phrases courtes, mais aussi énumératif, paradoxal, contrasté - récit et dialogue, scandé - tour à tour musical, poétique, jubilatoire, ironique, elliptique... : «  L’écriture se poursuit à la lecture » dit volontiers Sollers. Laisser une part de secret, de mystère, d’ambiguité... il s’y entend. Et c’est là, sans doute, que l’on retrouve la « continuité » sous-jacente de sa période expérimentale, de ses « fondamentaux » personnels, ces résonances qui prolongent le texte, et vous projettent bien au delà. Dans le temps, dans notre histoire humaine et culturelle et en nous. Et c’est bien parce que ces résonances interpellent aussi notre « je » et notre « moi » que Sollers a quelques adeptes, même si ses romans ne lisent pas comme un roman : d’un jet ! Ses livres sont de ceux que l’on doit poser, mais aussi que l’on peut reprendre... Leur univers - romans, essais, biographie, journal, articles... - est comme un panorama, grand angle, et j’aime m’y promener. Il y a beaucoup à voir, à entendre et à apprendre. On peut aimer la montagne sans pour autant choisir les faces Nord. Bernard Henri Lévy à propos de Sollers : « Sollers est un des rares écrivains qui parle, comme il écrit ». ( ce qui n’a pas toujours été le cas).

Au programme pour les premières notes sur le thème Sollers et le roman : des extraits de ses « dits et écrits » : livres, conférences, entretiens :


Le roman et l’expérience des limites ( une conférence de la revue Tel Quel, à Paris, en 1965)
Nous appellerons roman le discours incessant, inconscient, mythique des individus. Par là nous voulons dire que ce discours relève d’une interprétation tendant à faire ressortir ses déterminations, alors qu’il est officiellement déclaré spontané, naturel.

Le roman pour explorer le temps (in Portrait du Joueur, 1984)
La mémoire est celle de l’espèce, l’avenir celui de l’ensemble, à la limite vous n’avez pas de vie, vous, là, tout de suite,

Le sujet comme fiction (in Logique de la Fiction, Editions Cecile Defaut, 2006, réédition)
Sans doute n’est-ce pas un hasard si la question du sujet - du sujet comme fiction - en est venue à préoccuper à ce point la philosophie. Husserl écrit :

VOIR AUSSI :

Logique de la Fiction

Femmes, le tournant ( l’explication de Philippe Sollers in La Divine Comédie, entretiens avec Benoît Chantre, 1991)
On me demande souvent ce que je faisais entre 1968 et 1980 [...] Mais que faisait-il donc pendant ce temps là ? Il y a un trou dans ma biographie,

Les enterrements et les mariages... ( autoportrait à charge : ce que l’on dit de lui début des années 80 in Portrait du Joueur, 1984)
je suis devenu « oncle Philippe », celui qui va lire l’Épître et que les invités se rappellent vaguement avoir vu à la télévision. Celui qui n’est pas trop recommandable



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