Martha Argerich est née le 5 juin 1941.
Elle occupe une place centrale dans le film de de G.K.Galabov & Sophie Zhang, Philippe Sollers : Beauté.
Pour ses 82 ans, France Musique lui rendait récemment hommage : Les Grands concerts de Martha Argerich.
- Martha Argerich
Accord parfait
Le 14 août 2010, sur France Culture, Sollers parle de Martha Argerich et lit le texte qu’il lui a consacré. Ce texte se trouve au milieu du Discours Parfait (Gallimard, 2010).
« Allez la musique ! »
Martha Argerich
Reine indienne.
Elle a son mauvais génie, son démon, elle croit, par humilité, qu’il faut jouer de la musique secondaire. Bien entendu, elle y est incomparable, mais à quoi bon écouter une fois de plus Schumann ou Liszt ?Concert : Bach, Scarlatti.
En définitive : Bach.
Pourquoi ? Glenn Gould, et, comme lui, jeu viril, massif, délicat, précis, indépendance des mains incroyable.
Deux mains ! Quatre ? Deux cerveaux ? Quatre ?Le piano s’étend — là-bas, à gauche, là-bas à droite —, et pourtant le milieu n’a jamais été aussi milieu. Le milieu extrême.
La gauche dit ça.Les mains sont des épaules, des bras — et aussi des pieds et des cuisses. Les doigts viennent de la bouche. Souffle profond.
Sa moue. Boudeuse. Je veux, j’envoie.
Génie modeste. « Ce n’est pas moi ! »Amusée, sauvage, rétractée, rieuse, réservée, mélancolique, trop de force, sensualité et autorité subite. Concentration, quartz.
Elle impose sa volonté à l’orchestre qui est obligé de la retenir. La musique est en avance de ce qu’on joue. Elle a déjà joué ce qu’elle joue quand elle le joue. Quand elle commence, elle recommence. Elle est là, elle est loin, elle est deux fois plus loin parce qu’elle est là, à l’écoute.
Dédoublée.
Noire.Le clavier. Une femme de clavier. Toucher. Le piano est un cercueil, c’est la mort, les touches sont les dents de la mort, elle passe en force à travers la mort. Elle la fait rouler, elle l’exorcise.
Suite anglaise, n°2, Bach. À réécouter.
Le secret de Martha, c’est Bach. Elle fait semblant qu’il y a d’autres musiques. Tout le monde fait semblant. Mais non : Bach.
Frédéric de Prusse, un soir, faisant lever ses convives, à table : « Messieurs, le vieux Bach est arrivé. »
Scarlatti, comme il se doit : virtuosité presque inaudible, insolente.
Bach : énergie réglée, éternel retour, vie divine, cinquième évangéliste, nature saisie.
Au rendez-vous du Temps.
Martha !
On la reconnaît tout de suite.Mon rêve a toujours été de la séquestrer pendant un mois. Les Suites anglaises, matin et soir. Mille et une fois. Roman sublime.
Les sonates de Beethoven avec Gidon Kremer. Chacun son instrument. Printemps.
Violon féminin (lui), piano masculin souple (elle).
Un seul équivalent dans l’Histoire : Clara Haskil et Arthur Grumiaux dans Mozart.Un soir à Bruxelles. Longue conversation dans la nuit. Elle a horreur des concerts. Mauvais rêves.
Pas assez d’enregistrements de Bach. Elle s’en fout. À quoi bon ? Pour qui, d’ailleurs ?La nuit tombe, elle se tait, elle est très lucide. Mouvement de la tête. Brusque. Là-bas.
Philippe Sollers, Égoïste n° 15, 2006 ;
L’Infini n°96, printemps 2006 ; Discours Parfait, 2010, p. 516.
« Suite anglaise, n°2, Bach. À réécouter »
1er mars 2000
L’intégrale
Prélude
Allemande
Courante
Sarabande
Bourrée
Gigue
La Musique Partagée 1972 & 2004
Martha Argerich et Charles Dutoit.
Documentaire (44’30)
2004 : la pianiste et le chef-d’orchestre, mariés dans les années 70, revoient le film réalisé avec eux en juin 1972.
Avec des extraits de Tchaïkowski et de Beethoven.
Bach
Martha Argerich joue la toccata en C Minor BWV 911 de Bach.
La Suite anglaise n°2, de Bach — dont parle Sollers — a été publiée sur le même disque (Label : Universal Classics).
Martha Argerich - Bach Partita No. 2 en C minor, BWV 826.
La « Reine indienne » en 2020.
Mozart
Piano Concerto in ré min. K.V. 466.
Beethoven
Violon : Gidon Kremer, Piano : Martha Argerich, 1994
« Les sonates de Beethoven avec Gidon Kremer. Chacun son instrument. Printemps.
Violon féminin (lui), piano masculin souple (elle). »
Sonate pour violon No.10 in G major,OP.96 1er mouvement Part 1 (9’36)
Publié chez Deutsche Grammophon, 1995.
Schumann
Martha Argerich en 1977 pour une interprétation du premier mouvement du Concerto en La mineur pour Piano et Orchestre Op.54 de Robert Schumann (14’32)
Martha Argerich joue Prokofiev
Sous la direction de Chung Myung-whun, Martha Argerich interprète le "Concerto pour piano n° 3" et les "Suites" du ballet "Roméo et Juliette" de Sergueï Prokofiev.
En signant les retrouvailles de la pianiste Martha Argerich et du chef Chung Myung-whun, à la tête de l’Orchestre philharmonique de Radio France, ce concert dédié à Sergueï Prokofiev s’annonçait comme l’un des événements musicaux de la fin de l’année 2020 à Paris. Privés de public pour cause de crise sanitaire, les deux complices ont néanmoins décidé d’investir la grande salle de la Philharmonie de Paris pour une représentation filmée. Au programme : le Concerto pour piano n° 3 en do majeur, composé en 1921, et les trois "Suites" du ballet Romeo et Juliette de Sergueï Prokofiev.
Disponible du 06/06/2021 au 27/05/2024
Prochaine diffusion le lundi 21 juin à 05:00
Sites internet
http://www.pianobleu.com/argerich.html
Le meilleur site français consacré au piano avec un excellent dossier sur Martha Argerich.
5 Messages
Un ami m’écrit (5 juin) :
Prokofiev sans elle n’existe pas. Eh bien, écoutez Martha Argerich joue Prokofiev. C’est sur arte et c’est disponible jusqu’au 27 mai 2024.
Suite anglaise, n°2, Bach. A réécouter.
Martha Argerich invitée par l’Orchestre national de France et Emmanuel Krivine à jouer le Concerto pour piano et orchestre en sol majeur de Ravel.
Bis : Fritz Kreisler, Danses anciennes Viennoises : Schön Rosemarin. Martha Argerich, piano.Sarah Nemtanu, violon. Domenico Scarlatti, Sonate en ré min K 141(l 422). Martha Argerich, piano.
Crédit France Musique.
La pianiste argentine Martha Argerich avec The Manchester Cemerata au Festival de Bologne en avril 2016.
© Getty / Roberto Serra - Iguana Press. Zoom : cliquez l’image.
La récréation. C’est le titre de l’émission de Vincent Josse sur France Inter. Le 2 janvier, il consacrait son émission à Martha Argerich : « La pianiste n’est pas avec nous, mais nous allons écouter les grands moments de sa carrière, évoquer son parcours de femme libre et rebelle disent les journaux à propos de cette immense interprète de Schumann. »
Avec des extraits d’interviews de la pianiste et un passage en revue de quelques unes de ses interprétations. Un peu de Bach, mais surtout Chopin, Schumann (qu’elle dit aimer beaucoup), Ravel (fabuleuse virtuosité) et aussi, plus légers, Offenbach et Saint-Saëns dans laquelle la pianiste, à chaque fois, excelle.
Martha Argerich, Toccata en sol majeur, Bach, presto — Concert Buenos Aires 1952
Martha Argerich avec Charles Dutoit, n°1 en Mi mineur de Chopin, allegro maestoso, avec l’orchestre symphonique de Montréal, 1998
SCHUMANN, extrait de la Fantasiestücke, Natalia Gutman au violoncelle, Album concert Nijmegen, 1994
RAVEL, Concerto en Sol Majeur, Presto, ARGERICH & FRIENDS LIVE FROM the LUGANO Concerto pour piano et orchestre
SCHUMANN, Scènes d’enfants, « Traümerei »
CHOPIN, sonate n°3 en si mineur, scherzo
OFFENBACH, Gaîté parisienne : galop, extrait de La vie Parisienne d’Offenbach, réduction pour 3 pianos
SCHUMANN, Sonate n ° 1 en la mineur pour violon et piano, op. 105, Perlman / Argerich
SAINT SAENS, Le carnaval des animaux, MUSIQUE POUR 2 PIANOS pour ensemble instrumental.
BEETHOVEN, Concerto en Ut Maj op 56, avec Renaud Capuçon - ronda alla polacca
France Inter
Le piano roi
Écoutez sur deezer
Aix : Martha Argerich est venue a joué et nous a vaincus !
26 avril 2014. La surprise du soir fut l’arrivée sur scène de Daniel Barenboïm.
Son amie Martha et lui ont donné le Rondo en la majeur de Schubert. Photo Caroline Doutre.
Larmes de joie, ovations, public debout. Les mots viennent à manquer pour définir cette soirée musicale donnée dans un GTP plein à craquer. Ceux qui doutaient de sa présence en seront pour leur frais. Martha Argerich est non seulement venue, mais elle a joué, et nous a vaincus. Laissés en miettes, ivres de bonheur. Tendue, précise, concernée, attentive au point de battre déjà la mesure avant de lancer les premières notes de ce Concerto numéro 1 de Beethoven, la pianiste enchaîne une exécution magistrale et lumineuse, faite de puissance et de légèreté.
Ses doigts glissent, laissent échapper des sons qu’on n’a jamais entendu ainsi auparavant, sans la moindre faille, de mémoire, avec autorité.
Mais pour être excellent dans un concerto il faut être deux. À ses côtés, le Chamber orchestra emmené par Emmanuel Krivine a ébloui la salle. Mais le plus surprenant est à venir. Dès la fin du concerto, on installe un deuxième fauteuil et voilà qu’apparait aux côtés de Martha Argerich, son grand ami Daniel Barenboim.
Ensemble, ils vont donner le Rondo en la majeur de Schubert, oeuvre qu’ils jouent au GTP seulement pour la troisième fois après Carnegie Hall, et la semaine dernière à Berlin. On vous laisse imaginer la réaction du public devant pareil cadeau.
Et le chef me direz-vous ? S’il faut saluer la dextérité d’Emmanuel Krivine, on louera sa générosité pour avoir accepté ce duo, puisqu’après l’entracte il devait emmener son orchestre sur les cimes de la Symphonie numéro 8 de Dvorak. Ce qu’il fit de manière géniale, passant derrière les deux monstres sacrés du piano venus l’écouter assis au milieu du public. Krivine a montré alors toute l’étendue de son sens du détail, donnant l’oeuvre dans un mélange de couleurs.
Martha et Daniel ont fait plus qu’applaudir. Ils l’ont eux aussi ovationné. Une soirée mythique !
Jean-Rémi Barland, La Provence, 28-04-14.