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Premier musée Camille Claudel / Rodin, l’exposition du centenaire

Le secret de Rodin

D 20 mars 2017     A par Viktor Kirtov - C 6 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


20/03/2017 : Ajout section "Le secret de Rodin". Article initialement publié le 6/03.
06/04/2017 : Ajout de l’intégrale du film "La turbulence Rodin"

Deux événements majeurs autour de Rodin, ce mois de mars 2017 :

- 1er événement : L’ouverture du premier musée consacré à, Camille Claudel à Nogent sur Seine, le 26 mars. Camille Claudel, la praticienne, artiste, muse et maîtresse d’Auguste Rodin. Entre Camille Claudel et Rodin, le dialogue artistique continue. Visite en avant première.

- 2ème événement : Rodin, l’exposition du centenaire, du 22 mars au 31 juillet 2017, au Grand Palais, Paris.

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CAMILLE CLAUDEL, PRATICIENNE, ARTISTE, MUSE ET MAÎTRESSE DE RODIN

"Je lui ai montré où trouver de l’or,
mais l’or qu’elle trouve est bien à elle"
Auguste Rodin


Capture écran « Camille Claudel : une femme qui a reçu beaucoup »
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Lettre de Rodin à Camille
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« …pour toi ma Camille est une
Cause de ma violente passion.
ne me traite pas impitoyablement
je te demande si peu. »

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1886 - 1893 : Auguste Rodin et Camille Claudel, le temps d’un amour tumultueux et d’un dialogue artistique passionné

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CIRCONSTANCES DE LA RENCONTRE

Sur le conseil de son ami Alfred Boucher, sculpteur reconnu, Louis-Prosper Claudel envoie sa famille à Paris pour que sa fille Camille puisse bénéficier d’un enseignement artistique.

Inscrite aux cours de l’Académie de laGrande Chaumière(l’École des Beaux-Arts était alors interdite aux femmes), Camille Claudel loue en 1882 un atelier rue Notre-Dame-des-Champs, qui accueille bientôt d’autres femmes sculpteurs. Boucher corrige de temps à autre le travail des demoiselles, mais lauréat du Prix du Salon, il doit partir pour l’Italie dès 1882 et cherche donc un remplaçant. Il pense à son ami Rodin et c’est tout naturellement que Boucher lui confie ses jeunes élèves. Les premières œuvres que Camille Claudel montre à Rodin lui font forte impression notamment : le buste de la Vieille Hélène, au réalisme pathétique.


Camille Claudel travaille à Sakountala dans l’atelier 177, rue des Petits-Champs. Au second plan, Jessie Lipscomb. © musee Rodin (photo Jean de Calan)
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LA FOLIE-NEUBOURG ET LE CHÂTEAU DE L’ISLETTE, REFUGES D’UN AMOUR CLANDESTIN

En 1888, Rodin loue la Folie-Neubourg au Clos-Payen situé au 68, boulevard d’Italie, pour travailler seul avec Camille Claudel. Celle-ci déménage en janvier au 113, boulevard d’Italie (actuellement boulevard Auguste-Blanqui) situé presque en face. Le bail est signé par Rodin.


La Folie-Neubourg, rue du Chant de l’Alouette,
atelier où Rodin travailla avec Camille Claudel

Photo Eugène Druet (1868-1916) (C) RMN-Grand Palais / François Vizzavona
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Le château de l’Islette à Azay-le-Rideau

« Vous ne pouvez vous figurer comme il fait bon à l’Islette… et c’est si joli là ! … Si vous êtes gentil à tenir votre promesse, nous connaîtrons le paradis. »

(Camille Claudel à Rodin)

En 1887, lors d’un premier voyage en Touraine à la recherche de références pour l’élaboration du Monument à Balzac, Camille Claudel et Rodin séjournent au château de l’Islette à Azay-le-Rideau. Pendant quatre étés consécutifs, Camille Claudel y retournera pendant quatre étés consécutifs. Elle y élabore son projet de buste de la petite-fille du propriétaire du château, La Petite Châtelaine.

De ce buste, Camille Claudel exécuta quatre versions qui diffèrent par la chevelure.

« Il y a … dans la disproportion même de cette tête déjà trop puissante, déjà trop vivante, déjà trop ouverte sur les mystères éternels et les épaules délicatement puériles qu’elle découvre, quelque chose d’indéfinissable qui communique une angoisse profonde … Le buste prouve … que Mlle Camille Claudel est désormais un maître … »
(Mathias Morhardt).

Lieu de création et source d’inspiration, Rodin y travailla à son fameux Balzac, dont la statue lui fut commandée par la Société des Gens de Lettres en août 1891.

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Rodin, Balzac
« Monsieur Rodin
Vous me faites demander… de vous écrire mon avis sur votre statue de Balzac : je la trouve très grande et très belle et la mieux entre toutes vos esquisses du même sujet … En somme je crois que vous devez vous attendre à un grand succès surtout près des vrais connaisseurs qui ne peuvent trouver aucune comparaison entre cette statue et toutes celles dont jusqu’à présent on a orné la ville de Paris. »
(Camille Claudel)
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CAMILLE ET RODIN, LA PASSION D’UNE VIE

DÉCOUVREZ TOUT EN SENSUALITÉ LA PASSION QUI UNISSAIT CAMILLE CLAUDEL ET AUGUSTE RODIN AVEC CET EXTRAIT DU FILM "LA TURBULENCE RODIN" DE CLAIRE DUGUET, QUI ACCOMPAGNERA L’EXPOSITION DU GRAND PALAIS.

Paris, milieu du XIXe siècle, Auguste Rodin a 14 ans et découvre l’art à travers un livre sur Michel-Ange. C’est la révélation. Sa carrière hors du commun le mènera auprès de tous ceux qui ont constitué la richesse artistique de son époque : Victor Hugo, Rainer Maria Rilke, Eugène Carrière, Claude Monet….

Nourri de textes et correspondances de l’artiste, ce film passionnant revisite l’oeuvre et la vie de Rodin.
Un extrait centré sur sa relation avec Camille Claudel est présenté sur le site du Grand Palais, ICI.

L’intégrale du film La turbulence RODIN

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La turbulence Rodin de Claire Duguet et Leslie Grunberg
52 minutes
Coproduction © 2016 - Schuch Productions, Rmn-Grand Palais, Arte France
parution le 22 mars 2017

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"Buste de Rodin" par C. Claudel
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VISITE EN AVANT PREMIERE DU PREMIER MUSEE CAMILLE CLAUDEL A NOGENT-SUR-SEINE

par Odile Morain, Culturebox (extrait)
1/03/2017


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Le 26 mars prochain, la petite ville de Nogent-sur-Seine dans l’Aube inaugurera le tout premier musée Camille Claudel. 43 oeuvres célèbres issues de donations sont à découvrir dans la maison où la famille de la sculptrice vécut pendant trois ans. Le musée présente aussi une belle collection de la sculpture française du XIXe et XXe siècle avec des oeuvres de Boucher ou Dubois.

Camille Claudel est de retour à Nogent-sur-Seine pour le plus grand plaisir des passionnés de sculpture. Après plusieurs années de travaux, la maison qui accueillit la famille Claudel durant trois ans est transformée en musée consacré à la muse de Rodin. Le lieu, qui abrite toute une génération de sculpteurs, ouvrira ses portes au public le 26 mars 2017 et envisage une grande exposition en forme de dialogue entre Rodin et Claudel.

Reportage : T. Le Roux / X. Claeys / F. Théry

© France 3 / Culturebox

Des oeuvres mémorables
Le musée de Nogent dispose d’acquisitions faites depuis 2008, dont des collections privées de Reine-Marie Paris, la petite nièce de Camille Claudel.De la "Vieille Hélène" à "l’Aurore" en passant par "La femme accroupie", le musée dispose aussi de la monumentale sculpture "Persée et la Gorgone" datée de 1902.

Le parcours est un florilège de 43 œuvres sauvées de peu, car la fougueuse Camille détruisit la plus grande partie de ses productions avant d’être internée en 1913.Elle passera ses trente dernières années enfermée dans un état de solitude et de tristesse infinie.

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"La vieille Hélène", C. Claudel, (c) France 3 / Culturebox
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"Femme accroupie" C. Claudel © France 3 / Culturebox
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CLAUDEL-RODIN : LE DIALOGUE CONTINUE

Sous l’impulsion de Boucher, Camille rencontre Rodin en 1883 dans son atelier de Paris. Le maître est, lui aussi, immédiatement séduit par le talent spectaculaire de sa nouvelle élève.Leur pratique artistique fusionnelle, doublée d’une passion amoureuse fougueuse et douloureuse, produit des oeuvres exceptionnelles marquées d’une empreinte commune : "Les Bourgeois de Calais" , "Le Baiser", "Camille au bonnet"...

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"Le Baiser" au musée Rodin de Paris © PHOTO PQR/LE PARISIEN/MAXPPP

Le musée de Nogent-sur-Seine souhaite rétablir ce dialogue unique en réunissant des oeuvres des deux génies."On attend une soixantaine de dépôts des musées de Paris d’oeuvres de Rodin que l’on va pouvoir mettre en regard avec celles de Camille Claudel pour illustrer le dialogue artistique", explique Cécile Bertran , la conservatrice du musée Camille Claudel.

Le musée de Nogent dispose d’acquisitions faites depuis 2008, dont des collections privées de Reine-Marie Paris, la petite nièce de Camille Claudel. De la "Vieille Hélène" à "l’Aurore" en passant par "La femme accroupie", le musée dispose aussi de la monumentale sculpture "Persée et la Gorgone" datée de 1902.

Le parcours est un florilège de 43 œuvres sauvées de peu, car la fougueuse Camille détruisit la plus grande partie de ses productions avant d’être internée en 1913. Elle passera ses trente dernières années enfermée dans un état de solitude et de tristesse infinie.

Crédit ; Odile Morain, Culturevox

Musée Rodin

www.museecamilleclaudel.fr/

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RODIN, L’EXPOSITION DU CENTENAIRE>

Du 22 mars au 31 juillet 2017

Grand Palais, Paris, France


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Le musée Rodin et la Réunion des musées nationaux Grand Palais s’associent pour célébrer l’artiste. L’exposition met en évidence l’univers créatif de Rodin, ses rapports avec le public et la manière dont les sculpteurs se sont appropriés son esthétique. Riche de plus de 200 œuvres de Rodin, elle comprend aussi sculptures et dessins de Bourdelle, Brancusi, Picasso, Matisse, Giacometti, Beuys, Baselitz, Gormley… et renouvelle le regard porté sur ce géant de la sculpture.

Le musée Camille Claudel s’associe au musée Rodin pour les célébrations du centenaire de la disparition du sculpteur.


En savoir plus sur le site de l’événement

Le secret de Rodin

par Philippe Sollers

Mes dessins sont un peu français du dix-huitième siècle mais toujours avec un fond de formes qui touchent au grec.

Rodin, lettre à Rilke, 1907

La figure que j’ai commencée est un peu bacchante et tient un vase (petit) dans une des mains. C’est le mouvement d’ivresse d’une sainte Thérèse aussi, mais nue.
C’est une chose admirable d’ivresse.

Rodin, lettre à Mme X.

Maintenant j’ai fait une collection de dieux mutilés… Ce sont des morceaux de Neptune, de femmes déesses.
Et tout ceci n’est pas mort, ils sont animés, et je les anime encore plus, je les complète facilement, en vision, et ce sont mes amis de la dernière heure, tous de la belle époque grecque, car ils viennent de la Grèce.

Rodin, lettre à Hélène deNostitz, 1905

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On en parlait, on savait qu’ils étaient là, quelque part, on en avait vu certains ici ou là, mais il était difficile d’imaginer qu’ils étaient groupés en masse offensive, harmonique, formant une percée sans équivalent dans la représentation des corps.

Les voici donc, ces dessins, et je crois qu’il faut les imaginer comme le vrai jour des sculptures répandues un peu partout dans la nuit, comme la vraie lumière d’une chambre noire révélant la signification des bronzes et des plâtres tordus dans les musées, les jardins, les rues. À quoi pense Le Penseur ? À ça. Que contemple, enfermé en lui- même et rejeté en arrière, le Balzac ? Ça. Sur quoi ouvre la Porte de l’Enfer ? Sur ça. À quoi rêve Hugo sans pouvoir le dire ? À ça. D’où sortent tant de bustes, de mains, de jambes et de gestes, de visages tendus, de couples musculeux, de demi-dieux ou de déesses emportées ? De ça. De ces femmes uniques, au pluriel nu, en situation extrême. Découvrant en mouvement leur sexe, le désignant et le profilant, l’imposant de face, Méduse enfin affrontée et vaincue par au moins un explorateur ou criminel de fond, encore un Français comme par hasard, concentré, obstiné, au milieu de la régression générale, atelier réservé, convenances dehors, en pleine action dedans, on ne pourra évidemment montrer le résultat que beaucoup plus tard.

Le cœur de la question.

Courbet, Delacroix, Manet, Rodin, Picasso, Matisse ? Bien sûr, bien sûr. Et beaucoup de choses s’éclairent. Et il devient aisé de s’y retrouver, par exemple dans l’affaire Claudel, héroïque Camille confrontée à ce déchaînement sans faiblesse. La clé de la troisième dimension phallique,ce sont donc ces femmes (uniquement des femmes) en deux dimensions et demie, ouvertes. Femmes entre elles, même s’il n’y en a qu’une. Le corps de Rodin, sa signature, sa confidence autobiographique, son identité, c’est ce qui vient en plus, invisible, à distance, par rapport à ces bacchanales de papier. Si vous vous situez exactement face à ces feuilles lubriques, vous êtes Rodin. Pas facile.

La grande stratégie serait la suivante : on va pétrifier tout le dehors saisi dans son mouvement. Et puis on va glisser, là, le privé, le dedans, comme une chair vivante, avec sa cible directe.

Sculpture et dessin, donc : pas de peinture qui serait un compromis. Les deux bouts de la chaîne poussée à bout. Les pôles. Le réel touché à son comble, vous mettant en compétition avec la physique même du Créateur.

Avec l’hôtel Salé-Picasso, l’hôtel Biron-Rodin fait définitivement de Paris la ville mystère. Sade, Baudelaire et Proust approuvent cette construction. Vous qui entrez dans Paris, perdez toute espérance d’en apprendre davantage ailleurs. C’est ici, et ici seulement, qu’on étudie de près la Luxure. Laissez-vous enfermer dans le Musée la nuit. La tour Eiffel et les Invalides vont vous chuchoter dans l’ombre des tas de bruits vénéneux et crus. Le Serpent est là. Le Paradis perdu, on va vous expliquer pourquoi il peut être retrouvé à l’envers. Dante ? Milton ? Il suffit pour les radiographier de prendre la matière en main, sans dérobade. Rodin se dévoue. Il a vu.

Ne pas oublier CONTRE quoi tout cela se fait : l’ambiance, le journalisme, la folie puritaine, le refoulement toujours stable sous ses déguisements temporels, reine Victoria, modern style, 1900 décoratif, politique ou publicité d’aujourd’hui. Et POUR quoi : garder l’objectif en vue, dans un océan de mensonge. Ces incisions positives sont là pour dégager la très précieuse substance interdite, l’hormone auto-érotique qui donne droit à la consommation immédiate de l’ensemble des femmes possibles valant pour tous les autres corps dressés, modelés, fondus. Le vieux Rodin ? Le vieux Picasso ? Le vieux Matisse ? Les voici en train de casser la loi des lois, le préjugé biologique. Ils n’ont jamais été plus jeunes, ou plutôt : la jeunesse satyrique ne s’obtient que par cette délégation d’une énergie enfouie, sans âge, au crayon, au pinceau. On ne devient pas un dieu comme ça. La « jeunesse », le plus souvent fade, inhibée, n’est que l’ombre de la divinité jouable. Quand Rodin délivre Iris, messagère des dieux, il ne va pas la chercher ailleurs que sur son divan opératoire. « Un dieu, dit Épicure, est un animal indestructible et heureux. » Rodin, comme après lui Picasso et Matisse, sait pourquoi et comment il est devenu très tard un animal indestructible et heureux.

Quand on pense à la réputation légendaire du Torse de Courbet, tableau brûlant pour collectionneurs, on est stupéfait de découvrir ici que la répétition peut avoir lieu, que le mythe de « l’origine du monde » (l’origyne de l’un des aspects du monde) est une question d’habitude, bref que toute la mythologie peut être saisie dans son creuset dérobé :

Mon crime, c’est d’avoir, gai de vaincre ces peurs
Traîtresses, divisé la touffe échevelée
De baisers que les dieux gardaient si bien mêlée...

J’imagine que Mallarmé parle ici de l’après-midi d’un faune appelé Auguste Rodin. N’espérons pas que ce message, pourtant évident, sera jamais déchiffré par Sartre. Le protestantisme féministe peut prendre ici, a contrario, son envol. Ne comptons pas non plus sur le temps pour éclairer ces ébats. Le temps, c’est toujours un rêve androgynal, un calcul sur la réconciliation sexuelle, la recherche du temps perdu est occupée par cette énigme. Que faisait donc Albertine avec ses amies ? Ça. Et, ici, plus de temps : l’aiguille magnétique s’arrête. Âge d’or.

Je les ai donc toutes étalées là devant moi, ultime récapitulation à plat. On n’a rien oublié ? Non, voici les coutures. L’esprit des vases grecs se déploie. Cheveux, chemises, étoffes et poils, crayon mêlé d’eau, délavage et pourriture virtuelle, esquisse de traits enfouis. Nous sommes dans la traversée des âges. Les hommes changent, les femmes, fondamentalement, jamais. C’est d’ailleurs pourquoi, sans doute, il faut les changer sans cesse, les femmes, par l’habillage, la mode, les images, pour oublier ce fond illicite et insoutenable. C’est aussi pourquoi, comme Proust l’a si bien senti, l’homosexualité mâle n’est qu’un dialecte de l’homosexualité femelle, il conviendrait d’user d’un autre mot, en réalité, pour la roue narcissique qui tourne à travers ces ventres, ces cuisses, ces reins.

Rodin, à la ligne, au ciseau, les découpe. Il les couvre un peu de crayonnage animé, il les distingue bien de l’espace, comme des apparitions ou des marionnettes. Elles sont en jeu. Les voici dos à dos, mais aussi comme une bête à un dos, visage renversé, nuque, il y a une continuité qui surgit, une va devenir deux, une est toujours plus ou moins deux, les bras et les seins appartiennent à la même courbe. Les branleuses, plus populaires, ont des mains venues d’ailleurs. La main qui retrousse, celle qui entre, l’effacement du visage, le pied en plus, la rotule, tout indique une crise qu’il faut saisir dans l’instant. Il y a un découpage dans le découpage, une fluidité qui implique une jambe à l’intérieur de la jambe, et si l’une d’elles écarte carrément les cuisses, c’est pour que la figure s’évase, que le bras devienne à peine une mèche. Les choses sont plus dramatiques, n’est-ce pas, que chez Fragonard. Il y a eu une révolution, sans doute. Les enlacements sont à la fois beaucoup plus secoués, négatifs, et beaucoup plus anciens, néréides naines ou géantes polluées à l’eau, à la rouille, bouches ouvertes, anges ou poupées violées. Un œil éteint, parfois, surpris dans l’enfoncement du plaisir, dit l’intensité de la scène. Cela se passe pourtant rue de Varenne, chaque jour, au 77.

Une bacchante, une courtisane, une coquille, une araignée, une constellation, une Danaé - puis Satan, le Diable en personne. Avec sa vibration et son fouet. Il y a un tremblement, un tressautement, des étincelles, un courant de possession furieux et pourtant serein. Assises, allongées, emboîtées, elles tournent. Rodin, jupitérien sous forme d’une pluie d’ondes, les pénètre de toutes parts, ces mortelles ou demi-mortelles, il se situe exactement à l’intersection de leur jouissance et du trait. Il est donc à la fois présent et absent de la séance, d’autant plus présent qu’il y est absent.

S’il fallait en choisir une, ce serait le numéro 6187.

En regardant, j’écoute L’Enlèvement au sérail, de Mozart.


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Il est debout, Rodin, ou à genoux, ou allongé à côté d’elles. Il s’écarte, il les encourage, il revient. Quel musicien ! Quel metteur en scène ! Elles lui montrent à lui ce quelles ne montrent à personne. Leur vraie nature. Leur gratuité emballée. Il se penche. Il les mélange. Il leur demande de se masturber, et sans faire semblant. De faire l’amour entre elles. D’y aller franchement dans la désarticulation et la convulsion. Il note leurs spasmes. On n’a jamais vu ça. Il ne faudra rien moins qu’un pilier de Notre-Dame pour faire contrepoids. Ou alors des mégatonnes de philosophie allemande. Il les exalte. Il les retourne. Il les noie. Il leur fait des électrochocs. Néréides, nymphes, naïades ? Oui, oui, mais d’abord des solides bourgeoises quotidiennes ou des filles du peuple, se pressant chez lui et soudain habitées par la chose. C’est Dionysos à Paris, dans le septième arrondissement, à la barbe des policiers du pouvoir. Il y a de tout : jeunes filles hypocrites transformées en putains expertes, mères de famille projetées les unes sur les autres, femmes du monde exhibant leur trivialité, danseuses enfin employées, blanchisseuses changées en déesses. Elles vont chez Rodin comme au bordel. Si ces dessins pouvaient parler ! Mais voici, ils parlent. Gémissements, cris, chuchotements, obscénités, murmures... Je dis que ces prises de vues sont sans précédent ? On me répond Inde, tantrisme ? Mais rien à voir. Rodin sait qu’il est en plein péché radieux. Qu’il montre une vérité à jamais défendue, une fleur du mal. Le serpent est là, et il ne craint pas, tranquillement, d’écrire lui-même, de sa belle graphie légère : le diable. Jeunes filles, mères de famille, femmes du monde, danseuses, blanchisseuses, il faut les imaginer sortant de chez Rodin. Moi ? Comment ça ? Une séance de pose ? Pour l’art ! Mais non, qu’est-ce que vous allez imaginer ? Rien du tout... Elles rentrent chez elles. Elles dînent en ville. Elles retrouvent leurs amies, leurs enfants, leurs maris. Leurs parents ne remarquent pas leur air rouge. Aujourd’hui, on les verrait habillées par Saint-Laurent. Elles auraient souvent leur photographie dans les magazines de mode. Certaines sont des vedettes connues. D’autres, de simples secrétaires. Rodin est un Barbe-Bleue, il a son boudoir expérimental. Il s’approfondit la vue, voyez-vous. Michel-Ange aussi avait ses graffiti. Vieille tradition Pompéi. Mais, rue de Varenne, c’est autrement subversif. Il s’agit de la torsion phalliqueen elle-même. Uniquement révélée par cette gamme de femmes, après exposition de leur autofonctionnement cadré, de leur sexe considéré comme pile nodale.

Tout cela ne serait rien, évidemment, si l’effet n’était pas d’une prodigieuse beauté. Cette beauté, selon moi, vient non seulement de la force et de l’intuition du dessin, non seulement de l’audace du geste global, enveloppant et nerveux, mais aussi du fait qu’une langue oubliée parle dans ces formes. Rodin et Les Fleurs du Mal. Les voici. Et comment ne pas entendre Femmes damnées devant ces poèmes plastiques ? Comment ne pas les écouter comme autant de « pièces condamnées » ? Censurées, elles le sont davantage que par un tribunal du dix-neuvième siècle. La société est une grande famille, une soucieuse école et, de même qu’il existe un ressentiment national contre Rodin (n’a-t-il pas abîmé Camille ? n’a-t-il pas été trop bestial à travers ce jugement dernier que constitue la sculpture pour des corps passagers ?), de même on se garde bien de comprendre ce que veut dire Baudelaire quand il parle de « filles aux yeux creux ».

Lesbos, où les baisers sont comme les cascades
Qui se jettent sans peur dans les gouffres sans fonds,
Et courant, sanglotant et gloussant par saccades,
Orageux et secrets, fourmillants et profonds [...].

Les dessins de Rodin « orageux » et « fourmillants » ? Il suffit d’oser les regarder appliqués à la réalité même. Des baisers « chauds comme les soleils, frais comme les pastèques » ? Voilà, n’est-ce pas, comme le disait drôlement Baudelaire, avec sa lucidité habituelle, de quoi faire froncer l’œil du « vieux Platon ». Autrement dit, de la République officielle et secrète. Laquelle doit éviter, le plus possible, ces douteuses révélations :

L’âpre stérilité de votre jouissance
Altère votre soif et roidit votre peau.

Ou encore :

Elle cherchait dans l’œil de sa pâle victime
Le cantique muet que chante le plaisir.

Mais tout Baudelaire serait à citer, à commencer par ce vers qui a l’air écrit de l’intérieur du sujet :

Sur ce teint fauve et brun le fard était superbe !

Torsion et couleur des syllabes... Comme une bacchante en train de se caresser, de Rodin.

Qui est-il donc, ce Faune, pour obliger les femmes à se désirer elles-mêmes ; à venir se dénuder, s’offrir, se toucher, se contorsionner devant lui ? À jouir en sa présence enregistreuse et double ? À se proposer dans tous leurs états ? À ne pas pouvoir dissimuler, dirait-on, la crise permanente qui les ronge ? Il s’agit, bien entendu, d’un sculpteur de génie, d’un as du modelage — d’un hommede mains—, mais encore ? Pourquoi les femmes, comme des somnambules frénétiques, doivent-elles converger vers ce point ? Quel point ? Car il n’est pas question, ici, de faire de Rodin, même si c’était le cas, un homme à bonnes fortunes, un maniaque sexuel, appelant sur lui, presque mécaniquement, ses ménades. En peinture, surtout avec Picasso, nous savons jusqu’où la situation du peintre et de son modèle peut finalement aller : la toile est crevée, le paysage ou l’atelier sens dessus dessous, le peintre et sa femme nue s’étreignent dans l’acte du pinceau qui s’incarne. Avec Rodin, rien de tel : il n’est pas là, on l’a dit, aucun homme n’est là ni ne sera là. Il est exempté de jouer un rôle apparent dans la partition physiologique. Ce sont d’elles-mêmes qu’elles semblent, les femmes, tirer leur aveu irrépressible. À quoi, à qui, ont-elles donc affaire ? Que sentent-elles qui les déclenche avec une telle vérité concrète ? On se dit : le docteur Freud, à la même époque, a dû en voir, et surtout en entendre, de vertes et de pas mûres, sur son divan viennois. Freud qui, justement, comparait sa méthode à la sculpture, via di levare, selon la formule de Léonard de Vinci... Sur le divan parisien, parallèlement, une autre expérience est en cours. Rodin n’est pas médecin : il peuple la troisième dimension, il crée des corps palpables, il fait, comme son grand Balzac enceint, « concurrence à l’état civil ». Il est « au-delà » de l’enveloppe féminine, ce qui revient peut-être au même que de ne plus avoir d’âme, ou, si l’on préfère, de psychisme. Et il peut alors contempler cette incroyable danse de houris, cette ronde hypnotique de transes. Quand je disais qu’une langue oubliée parlait en lui, c’est en pensant, par exemple, à celle-ci, plus proche de Rodin que celle d’Anatole France ou d’André Gide (Claudel, lui, au moins, ressent mieux à travers sa sœur l’étendue du danger) :

« Livre-toi, Juliette, livre-toi sans crainte à l’impétuosité de tes goûts, à la savante irrégularité de tes caprices, à la fougue ardente de tes désirs ; échauffe-toi de leurs écarts, enivre-toi de tes plaisirs ; n’aie jamais qu’eux seuls pour guide et pour lois ; que ta voluptueuse imagination varie nos désordres ; ce n’est qu’en les multipliant que nous atteindrons le bonheur ; [...] Ne vois-tu pas l’astre lui nous éclaire dessécher et vivifier tour à tour ? Imite-le dans tes écarts, comme tu le peins dans tes beaux yeux. »

Pourquoi pas, en effet, La Coquille, numéro 5990, comme portrait de la Juliette de Sade ? La jambe gauche, comme une agrafe triomphante, est la même que dans le dessin 6187. Il faut imaginer ce qui se passe de l’une à l’autre.


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On trouve ceci dans les strophes indiennes de Samkhya :

« Rien n’est plus pudique que la Nature qui, s’étant dit : " J’ai été vue ", ne s’expose plus jamais au regard de l’Esprit. »

Et encore :

« L’un (l’Esprit) se désintéresse comme un spectateur (après le spectacle), l’autre (la Nature) se retire, comprenant qu’elle a été vue (par lui). En dépit de leur contact, il n’y a plus de motif à la création. »

Ces dessins m’évoquent la même situation métaphysique. Leur liberté a quelque chose d’absolu.

Rodin meurt en 1917. À l’horizon de ce qui se montre ici pour la première fois, il y a deux guerres mondiales et des destructions inouïes. Le secret de Rodin, caché dans ses cartons, vaut pour tout le passé et pour n’importe quel futur. Ce secret, c’est le nôtre.

PHILIPPE SOLLERS
La Guerre du Goût

Crédit : www.philippesollers.net

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6 Messages

  • Viktor Kirtov | 26 novembre 2017 - 10:27 1

    Yves Jaeglé
    Le Parisien
    21 novembre 2017


    Vingt pièces exceptionnelles de Camille Claudel sont exposées jusqu’à lundi, et leur vente aux enchères.
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    MUSEE CAMILLE CLAUDEL

    Artcurial organise la dernière vente de sculptures provenant des héritiers directs de l’artiste. Vingt pièces magiques exposées à Paris jusqu’aux enchères de lundi prochain.

    Une vente raconte une histoire. Comme quand on vide une vieille maison de famille. « Camille Claudel : un trésor en héritage », l’exposition d’une vingtaine de sculptures que l’on peut visiter gratuitement pendant une semaine, chez Artcurial, au rond-point des Champs-Elysées à Paris, avant la vente aux enchères de lundi 27, touche immédiatement. Parce que ces statuettes en terre cuite, plâtre, bronze, ces 17 oeuvres de Camille Claudel et 2 de Rodin viennent directement de la famille. Des descendants de la soeur de Camille, Louise, longtemps installés à Villeneuve-sur-Fère, un village de l’Aisne.

    « C’est resté d’un bloc. Il y a eu peu d’enfants, donc pas d’oeuvres à partager. On se retrouve presque cent ans après avec un ensemble à l’identique depuis les années 1910-1920, sauf le grand bronze l’Abandon, acquis par la soeur de Camille un peu plus tard. C’est le dernier bloc qui provient de la famille en direct », souligne Bruno Jaubert, qui organise la vente.


    Camille Claudel, « l’Abandon ».

    « L’abandon » arraché à 850 000 euros

    Dans cette salle d’exposition, on se sent presque dans un salon, touché par « l’Homme penché » — estimé entre 60 000 et 80 000 euros — ou les poignantes statuettes de couple, deux études en terre cuite pour « Sakountala », mises à prix entre 50 000 et 70 000 euros, mais qui pourraient partir pour beaucoup plus. Toute la grâce de Camille Claudel en une poignée de pièces intimistes comme « la Petite Châtelaine à la natte courbe ».

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    Le pastel de l’artiste représentant sa soeur Louise est une des curiosités de la vente : Camille a dessiné jeune puis a arrêté. Il ne reste presque rien de ses travaux graphiques. Internée en 1913, disparue en 1943, celle qui a souffert de l’ombre de Rodin, avec qui elle a vécu une passion qui l’a détruite, a sombré dans l’oubli avant d’être redécouverte longtemps après sa mort, notamment grâce au film avec Isabelle Adjani en 1988.

    La cote de ses oeuvres, qui ne valaient presque rien, a remonté. Ces dernières années, Artcurial a déjà mis aux enchères un autre exemplaire, en bronze, de « l’Abandon » — il en existe 18 au total —, qui s’est arraché à 850 000 euros. Pour beaucoup moins cher — à partir de 15 000 euros quand même — on peut rêver à un pastel qui se trouvait aussi dans la maison des Claudel, représentant Camille à 18 ans, dessinée par son amie Githa Theuriet. Emouvant comme un souvenir. Une jeune fille en fleur, concentrée, intérieure, magnifique.

    Artcurial, 7 rond-point des Champs- Elysées (Paris VIIIe), 11 heures-19 heures, gratuit, expo puis vente, le 27 novembre.

     Crédit : _ Le Parisien


  • Viktor Kirtov | 12 juin 2017 - 16:49 2

    [MONTBAZON (CENTRE-VAL DE LOIRE) [11.06.17] - La Valse de Camille Claudel, un bronze de 46,7 centimètres de haut représentant un couple dansant enlacé, a été adjugé aux enchères, dimanche 11 juin, à Montbazon (Indre-et-Loire) pour 1,18 million d’euros à la petite-nièce de l’artiste.

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    « C’est Camille ! C’est toute ma vie, Camille… Elle est flamboyante ! », s’est exclamée très émue Reine-Marie Paris après avoir emporté la sculpture face à cinq enchérisseurs au téléphone, dont certains aux Etats-Unis.« C’est un record mondial pour une œuvre de cette taille », a commenté le commissaire-priseur Aymeric Rouillac qui organisait la vente au château d’Artigny, à Montbazon.

    Représentant une femme, vêtue seulement d’une longue jupe, dansant avec un homme entièrement nu,La Valsevendue dimanche avait été jugée indécente et avait été reléguée dans un placard par la famille de son premier propriétaire, Joseph Allioli. Ce n’est qu’en avril qu’elle a été exhumée.

    Crédit : Le Monde.fr / AFP


  • Viktor Kirtov | 18 mai 2017 - 10:56 3

    RODIN avec Vincent Lindon, Izïa Higelin, et Séverine Caneele
    Le film réalisé par Jacques Doillon est présenté en compétition au Festival de Cannes 2017

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    Il retrace à la fois la carrière du sculpteur et sa liaison avec sa jeune élève prodige, Camille Claudel, incarnée par Izïa Higelin. Nous sommes en 1880 : Rodin a alors 40 ans et partage sa vie avec Rose (Séverine Caneele), sa compagne de toujours. Cette année-là, l’État lui commande La Porte de l’Enfer, assemblage monumental de sculptures destiné à marquer l’entrée du musée des arts décoratifs

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    Jacques Doillon, qui voulait au départ tourner un documentaire, explique qu’il tenait à conserver une dimension réaliste :

    "Nous avons tourné à Meudon, dans la maison de Rodin, dans sa chambre et dans sa salle à manger. Le grand Christ espagnol que l’on voit dans sa chambre était le sien. Pour le reste, on n’a pas toujours pu utiliser des maquettes, trop fragiles, et des sculptures authentiques."

    Vincent Lindon était sur la même longueur d’onde. L’acteur, toujours très impliqué dans la préparation de ses rôles, a donc pris des cours de sculpture afin de livrer l’interprétation la plus crédible possible du grand maître.

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    Rodin, de Jaques Doillon avec Vincent Lindon, Izïa Higelin et Séverine Caneele, sortira au cinéma le 24 mai.

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  • Viktor Kirtov | 2 avril 2017 - 19:07 4

    Un documentaire d’exception
    en ligne du 2 avril au 9 avril 2017 sur Arte

    Archive de l’intégrale ci-après :

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    Sculpteur de génie, longtemps incompris, Auguste Rodin a inscrit son oeuvre à l’avant-garde de son temps. Un documentaire qui retrace le parcours d’un artiste hors normes en le replaçant dans le bouillonnement artistique de l’époque.

    Recalé trois fois au concours des Beaux-Arts, Rodin n’a jamais désarmé. Qu’importe que son style déplaise au monde académique, que son travail scandalise ses pairs, il n’aura de cesse de suivre son intuition : "Ce que l’on nomme communément laideur dans la nature peut dans l’art devenir d’une grande beauté", estimait-il. Ébloui dans sa jeunesse par l’œuvre statuaire de Michel-Ange, ce fils du peuple, né à Paris en 1840, s’est attelé à son labeur jusqu’à sa mort, en 1917, il y a un siècle. À 25 ans, pour échapper à la misère, il suit à Bruxelles le sculpteur Carrier-Belleuse, qui l’engage dans son atelier comme praticien. De retour à Paris, inlassablement, il échange avec peintres et écrivains, dessine, modèle, martèle, cisèle. Épousant les combats de l’avant-garde artistique de son temps, de l’impressionnisme au naturalisme, Rodin réinvente son art. Quand, enfin, il connaît la consécration, il a déjà 60 ans…

    Un monde en mouvement

    La place de Rodin dans l’histoire de l’art est unique. Avec des œuvres comme La porte de l’enfer, Le baiser ou son Balzac, éreinté avant d’être encensé, Rodin a fait sortir la sculpture de sa vocation ornementale pour la faire entrer, charnelle et palpitante, dans une nouvelle ère. Le film retrace son parcours artistique en l’inscrivant dans le formidable bouillonnement (pictural, littéraire, musical, architectural et sociétal) qui traverse la France de la seconde moitié du XIXe siècle jusqu’à la Belle Époque.


  • Viktor Kirtov | 22 mars 2017 - 06:44 5

    EN PARALLÈLE A L’EXPO DU GRAND PALAIS, DÉCOUVREZ LES PREMIÈRES IMAGES DU FILM "RODIN" DE JACQUES DOILLON AVEC VINCENT LINDON.

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    Le nouveau long métrage de Jacques Doillon commence à Paris, en 1880, lorsque Auguste Rodin (Vincent Lindon) reçoit enfin à 40 ans sa première commande de l’Etat. Ce sera La Porte de L’Enfer, composée de figurines dont certaines feront sa gloire comme Le Baiser et Le Penseur. L’artiste partage sa vie avec Rose (Séverine Caneele), sa compagne de toujours, lorsqu’il rencontre la jeune Camille Claudel (Izïa Higelin), son élève la plus douée qui devient vite son assistante, puis sa maîtresse.

    Dix ans de passion, mais également d’admiration commune et de complicité. Après leur rupture, Rodin poursuit son travail avec acharnement. Il fait face au refus et à l’enthousiasme que la sensualité de sa sculpture provoque et signe avec son Balzac, rejeté de son vivant, le point de départ incontesté de la sculpture moderne.

    Un film réalisé par Jacques Doillon et produit par Les Films du Lendemain et Artemis Productions, en coproduction avec Wild Bunch et France 3 Cinéma.
    Sortie en salle le 24 mai 2017.


  • Viktor Kirtov | 22 mars 2017 - 06:13 6

    DÉLICATESSE - Le Baiser de Rodin, drapé dans son voile de protection, s’apprête à quitter son écrin, le musée Rodin, pour la deuxième fois seulement de son histoire. Et 2 tonnes de marbre à bouger, cela n’a rien d’une sinécure. A la manœuvre, de précautionneux spécialistes du transport d’art. Au Grand Palais, c’est une grue qui se chargera de lever l’œuvre jusqu’au 1er étage. Il faut alors bien viser !

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    Ce reportage est issu du journal télévisé week-end du dimanche 19 mars 2017 présenté par Audrey Crespo-Mara sur TF1.

    Crédit TF1, LCI