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L’affaire Picasso

Documentaire de Georges-Marc Benamou

D 8 avril 2023     A par Viktor Kirtov - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


50 ans après la disparition de l’icône de l’art moderne...

PI-CA-SSO, trois syllabes, un nom ancré dans la mémoire collective. À l’occasion des 50 ans de sa disparition, France 5 consacre une soirée spéciale à cet artiste hors pair, à la fois peintre, sculpteur, graveur et céramiste, à voir et revoir sur france.tv

Une somme de documents exceptionnels dans le documentaire « L’affaire Picasso », sur la vie et l’œuvre de l’artiste à travers les femmes de sa vie :

Fernande, Eva, Olga, Marie-Thérèse, Dora, Françoise, Jacqueline…

Nota : Nous vous recommandons de cliquer sur le picto d’affichage plein écran pour mieux visionner les tableaux présentés.

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« L’affaire Picasso », le roman d’une vie

par Valérie Duponchelle
Le Figaro, 07/04/2023

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Le journaliste Georges-Marc Benamou a construit un film tout en images d’époque pour dresser le portrait d’un génie au mystère toujours entier. Le siècle de Picasso, cher à Pierre Cabanne, est ici une aventure moderne. L’affaire Picasso, un documentaire diffusé ce vendredi 7 avril sur France 5.

Picasso, tout Picasso, en 90 minutes ? Il y a une gageure à vouloir embrasser, en un film, l’homme, la légende, l’œuvre de celui qui fut en son temps « aussi célèbre que Marilyn Monroe et que Charlie Chaplin ». Et ce mystère toujours entier de l’art que cette année célébrera urbi et orbi, pour marquer les 50 ans de sa mort, à 91 ans, le 8 avril 1973, à Mougins.

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Faire parler les femmes

L’Affaire Picasso, de Georges-Marc Benamou, est clairement de l’ordre du défi. Tout dire sans montrer un historien de l’art ou un expert à l’érudition phénoménale. Faire parler les femmes, vivantes ou mortes, et les descendants de cet homme muraille, toujours à l’abri de ses passions, sans faire hurler les secrets de famille et les querelles sur « l’héritage du siècle ». Parcourir tout le XXe siècle et l’aventure de l’art moderne sans énumérer les tableaux du maître, ces chefs-d’œuvre que se partagent les plus grands musées du monde, des Musées Picasso de Paris et Barcelone au MoMA de New York, du Musée Pouchkine de Moscou à l’Ermitage de Saint-Pétersbourg (merci messieurs Chtchoukine et Morozov).

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Le mystère intime d’un homme

Voici donc L’Affaire Picasso, film au titre trompeur, car il ne s’agit pas d’une enquête sur le présumé anarchiste hébergé par ses amis catalans à son arrivée à Paris (livre et exposition « Picasso l’étranger », en 2021, de l’historienne Annie Cohen-Solal). C’est bien plutôt du roman d’une vie et du mystère intime d’un homme qu’il s’agit. Un homme si connu qu’un seul de ses yeux suffit à l’identifier (le célèbre portrait à la marinière du photographe américain Arnold Newman en 1954).

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Sens de la synthèse

Juriste de formation, Georges-Marc Benamou a eu une longue carrière dans la presse, du Quotidien de Paris, de feu Philippe Tesson, aux Nouvelles littéraires, de Globe à La Provence et Europe 1. Il a ce sens journalistique de la synthèse et du récit qui fait un bon papier, un de ces récits au long cours où le destin d’un seul rassemble toute son époque. Où tout a l’air simple, ce qui pour Picasso peut être délicat. Cet instinct se manifeste dès le beau générique en trois syllabes et en trois couleurs, rose tyrien, bleu pacifique et vert cru, qui lance le sujet comme une couverture d’hebdo.

Deux axes forts dans ce film, qui use trop de la musique. Le montage constant d’images d’archives qui évoquent chaque période du plus célèbre Espagnol de France. Du Paris de 1901, où l’Andalou signe désormais Picasso ses tableaux encanaillés sous l’influence de Toulouse-Lautrec, à celui de son mariage bourgeois avec la ballerine russe Olga Khokhlova. Du Dinard synonyme de la blonde Marie-Thérèse Walter à la rue des Grands-Augustins et au Paris occupé traversé avec la brune Dora Maar. Dans un élan contemporain et sans doute grand public, nombre des films d’époque sont colorisés.

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Le film évite les drames

La parole est donnée aux seuls proches de Picasso, ses femmes et ses enfants, de quelque union qu’ils proviennent. C’est une belle idée et cela permet d’entendre la voix gouailleuse de Fernande Olivier, celle un peu pointue de Marie-Thérèse Walter, celle décidée et élégante de Françoise Gilot (101 ans depuis novembre !). Paloma Picasso, l’une de ses filles, est belle comme un tableau et porte son célèbre rouge crânement pour raconter comment Jacqueline Roque, seconde épouse du Minotaure, ferma la porte aux enfants du peintre vieillissant. Ses petits-enfants, Bernard, descendant d’Olga, Olivier et Diana, descendants de Marie-Thérèse, restent mesurés. Le film évite les drames : les suicides de Pablito en 1973, de Marie-Thérèse en 1977 et de Jacqueline en 1986, après la mort de ce « Dieu vivant ». Il ne parle pas non plus d’argent. Mais ce serait encore une autre affaire.

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Peut-on encore montrer Picasso ?

Le 50e anniversaire de sa disparition est obscurci par des attaques ciblant son rapport aux femmes. Le documentaire L’Affaire Picasso tente d’y voir clair.

Par Florence Colombani
Le Point 2644 du 6 avril

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Violence esthétique. L’une des multiples versions de « La femme qui pleure » (huile sur toile, 1937), peinte l’année du massacre de Guernica.
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Nous sommes à Cannes, dans les années 1950. Picasso, en smoking et chapeau, avance dans une véritable cohue de photographes, plus acteur de cinéma que peintre, auréolé par les flashes. Dans une autre séquence, il se rend à la corrida, et draine derrière lui une foule d’adorateurs . « Assister à une corrida avec lui, c’était un double spectacle : on regardait le taureau et on regardait Picasso », raconte sa fille Paloma. Le moins que l’on puisse dire, c’est que L’Affaire Picasso, le documentaire de Georges-Marc Benamou (diffusé le 7avril sur France 5), redonne au personnage son statut de star absolue… « Malraux dit : dans le XXe siècle, il n’y a eu que de Gaulle, Chaplin et Picasso, rappelle Georges-Marc Benamou. L’empreinte du signe Picasso au sens graphique… les formes ne sont plus les mêmes avant et après Picasso. On ne voit plus de la même façon. C’est vertigineux : il est le patron de l’art moderne. »

Cette envergure hors norme explique pourquoi Picasso se retrouve aujourd’hui si contesté, critiqué, discuté selon la directrice du musée Picasso, Cécile Debray (qui n’a pas participé au documentaire) : « Picasso est une figure d’autorité, c’est une œuvre incontournable pour l’art moderne, une œuvre fondatrice, ce qui fait qu’il est d’autant plus attaqué. Aujourd’hui, les attaques sont très fortes, c’est presque épidermique. »


Passion. L’artiste, ici avec son fils Claude et la chanteuse Yolanda, a organisé lui-même, le 2 août 1954, une corrida « entre amis » à Vallauris.
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Depuis ses 8 ans, Pablo Picasso est fasciné par la dramaturgie des arènes. Le taureau deviendra un thème majeur de son œuvre. « Un Weinstein de son temps ». En mai 2021, le podcast de Julie Beauzac, Vénus s’épilait-elle la chatte ?, qui propose un regard féministe sur l’histoire de l’art, lui consacre un épisode intitulé « Picasso, séparer l’homme de l’artiste ». Une heure de déboulonnage de la statue Picasso qui dépasse le demi-million d’écoutes. Un mois plus tard, des féministes organisaient une manifestation au musée Picasso de Barcelone pour dénoncer « un artiste agresseur de femmes ». Un an auparavant, la superstar de l’art contemporain Olafur Eliasson, invité à Bilbao, comparait Picasso à « un Harvey Weinstein de son époque, mais dont le comportement était alors considéré comme acceptable ». La question se pose : peut-on encore aimer Picasso ? « Je comprends ce rejet, nous vivons une période où les femmes n’en peuvent plus, commente Cécile Debray qui a ouvert les portes du musée à ce débat. Mais il ne s’appuie pas tant sur des faits réels que sur un rejet épidermique de cette posture masculine. Mais on ne peut pas rejeter en bloc l’œuvre de Picasso ! » Ainsi en 2022, le musée Picasso accueille l’artiste contemporaine Orlan, qui propose une série d’œuvres intitulée Les femmes qui pleurent sont en colère « pour mettre en scène les femmes de l’ombre, les inspiratrices, les muses… ».

Tout en complexité.

Le portrait que dessine L’Affaire Picasso–avec, notamment, des archives rares et les souvenirs de Paloma Picasso – est celui d’un homme infiniment complexe, et tout aussi fascinant. « Il y a un enfant roi dans cette famille espagnole, c’est lui, raconte Georges-Marc Benamou. Mais quand sa petite sœur est frappée par la diphtérie, il demande à Dieu que sa sœur guérisse. En échange, il fait le vœu de ne plus jamais peindre. Sa sœur meurt, il peindra ! » Autre mort dévastatrice, celle de son ami Casagemas : « Son ami intime qui l’entraîne à Paris, la vie avec les cocottes de Montmartre… il se suicide par chagrin d’amour. Picasso ressent une culpabilité terrible. Il commence la période bleue avec la mort de Casagemas. Ce qui ne l’empêche pas de coucher avec la femme qu’aimait Casagemas. C’est toute la complexité du personnage. »


Animal et pictural. « Scène bachique au Minotaure » (estampe de la Suite Vollard, 1933). La dualité bestialité/humanité propre au mythe du Minotaure est un thème qui l’obsède.
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=« L’Affaire Picasso » Il y a les archives sonores où l’on entend les femmes de sa vie raconter « leur » Pygmalion, les bandes d’actualité et les films de famille où l’on le voit au travail et paradant en société, les témoignages de sa fille Paloma et de ses petits-enfants… Tous les aspects de l’homme et de l’artiste, évoquant aussi bien la biographie tumultueuse que ce qui fait le génie de l’œuvre, sont ici embrassés. Et l’on se passionne pour ce voyage dans le siècle avec un géant.).

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Une question d’interprétation.
Les femmes ! C’est bien « l’affaire » qui préoccupe l’époque. « Picasso a beaucoup joué avec sa propre image au début du vedettariat dans les années 1950, rappelle Cécile Debray. C’était un personnage public, connu, il se montrait à la corrida ou torse nu à la plage… Cette mise en scène de sa propre figure en homme méditerranéen par excellence a été critiquée dès les années 1970comme soit ridicule, soit détestable… mais à l’époque les féministes ont choisi de séparer l’homme de l’œuvre. » Une distinction difficile à faire dans le cas de Picasso : « Avec lui, on ne peut pas séparer l’œuvre de la vie. Les femmes sont tellement une inspiration, elles permettent de différencier les phases de son travail », plaide Georges-Marc Benamou dont le documentaire fait entendre les voix de Fernande Olivier, Marie-Thérèse Walter et Françoise Gilot et insiste sur les rôles créatifs de la photographe Dora Maar et de la peintre Françoise Gilot auprès de Picasso… Mais, rappelle Cécile Debray, « La femme qui pleure [le célèbre tableau de 1937, NDLR], ce n’est pas forcément Dora Maar qui pleure parce qu’elle est martyrisée par Picasso, ça peut renvoyer à l’iconographie de la mater dolorosa. Ce pourrait être aussi Picasso pleurant l’Espagne… Il y a beaucoup de lectures possibles. Même celle qui ferait de Picasso un gender fluid. » Ah oui ? « Regardez Les Demoiselles d’Avignon. Ne peut-on pas se demander si l’une d’elles n’est pas un autoportrait ? »


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