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Cycle Nabe-Sollers, la rencontre

D 6 juin 2006     A par Viktor Kirtov - D. Brouttelande - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Le journal intime de Marc-Edouard Nabe : quatre tomes ; près de 4000 pages. Des pavés qui couvrent la période 1983-1990 de ses débuts littéraires, la vie intime de MEN, le microcosme littéraire et artistique qu’il fréquente. Bourré d’explosifs à retardement. Publié dix ans après, c’est la règle qu’il s’est donnée.

Dans sa jeunesse, son père jazzman, l’a nourri au lait de Hara-Kiri et Charlie Hebdo. Les amis de son père y étaient journalistes, mais aussi peintres et musiciens. Le ton de son journal conserve la trace de ces influences. Comme Sollers, il a, dès le début, l’ambition d’écrire une oeuvre. Et le dit. Deux surdoués qui en ont conscience. Ca agace. Deux subversifs pour atteindre leur but. Ils se reconnaissent et se respectent. Contre vents et marées. Ils savent surfer sur la vague. Mais leur facilité parfois, les égare. Excès de facilité devient facilité de l’excès. Dérive. Qu’à cela ne tienne, virement de bord chez Sollers. Rétablissement. Sous le vent. Et c’est reparti. Qu’est-ce que c’est agaçant ! De quoi alimenter haines et malveillances, dérision et ironie. La trajectoire favorite de Nabe, quant à lui, c’est "droit devant" ...et sa planche s’est échouée sur les récifs du commerce non équitable, du grand Spectacle cathodique, en voie de devenir tout "plasmatique". Mais Nabe, c’est sûr, n’est pas un ectoplasme. Déjà 27 livres et il n’a pas dit son dernier mot ; la postérité non plus.

Son journal nous éclaire aussi sur Sollers, le directeur littéraire, leurs relations complexes de respect mutuel, de ruses, voire de "petitesses" humaines. Un écrivain ou/et directeur littéraire, n’en reste pas moins homme, avec ses faiblesses, et sa vulnérabilité... mais le portrait y gagne en authenticité.

Voici le premier article du cycle Nabe-Sollers qui vise à vous présenter les extraits les plus significatifs du Journal de Nabe, dédiés à sa relation avec Sollers.

v.k.

MEN rapporte dans l’ouverture du premier tome [1] sa rencontre avec Ph Sollers :

« (...) Je passe presque toutes mes journées dans la bibliothèque du Centre Beaubourg. Un jour, sur un écran de télévision, je vois la tête d’un homme aux cheveux courts, l’air audacieusement joyeux ; je coiffe les écouteurs et m’assoit : il s’agit de Philippe Sollers filmé au début des années 70 et qui parle de Tel Quel, la Chine, Lautréamont, Bataille, Pound, etc. Je ne connaissais pas Sollers et je resterai là jusqu’à la fermeture pour visionner d’un trait les cinq cassettes vidéo de cette émission passionnante.
Je me promets alors que, le jour où je m’estimerai prêt, c’est à lui, Sollers, que j’irai montrer mes pages. Savoir qu’il existait, à Paris, un écrivain vivant qui savait ce que le mot « écriture » voulait dire me rassura soudain.(...) » pp. 19/20

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Source : Marc-Edouard Nabe

« J’avais repris la peinture, mais le c ?ur n’y était plus : ou plutôt il était ailleurs. Je me réfugiais dans la lecture, et surtout dans l’écriture d’un manuscrit moins ambitieux, Bloc neigeux (l’histoire d’une croisière), que je décidai d’apporter à Sollers en juin 81. J’en avais envoyé un exemplaire à une dizaine d’éditeurs qui (classique) ne prirent pas la peine de me répondre. Je ne fus pas surpris de rencontrer Sollers auquel je m’attendais : aimable, charmeur, clair, attentif. Il rangea mon Bloc neigeux dans son petit bureau de Tel Quel rue Jacob, et quinze jours plus tard me donna rendez-vous dans un café : « Vous en êtes. C’est indiscutable : vous avez la papatte. Ce manuscrit est impubliable dans sa forme, écrivez-en un autre, plus fort, plus vrai, et en attendant faites-moi d’autres textes courts que je publierai dans ma revue. Passez me voir quand vous voulez.
Je lui obéis en tout point : je m’attelai à l’édification d’une énorme pyramide de tripes qui me prit deux ans (81 - 83), et jamais une seule fois ce soi-disant snob très occupé refusa de me recevoir lorsque je venais, toujours par surprise, papoter au Seuil puis bientôt chez Denoël où je le suivis avec armes et bagages (c’est moi qui portais les armes). Nous nous promenions dans Saint-Germain tout en discutant de littérature et de femmes, toujours très vivacement, en pleine gaieté. Il me rappelait Anthony Braxton à qui il ressemble beaucoup et auquel je me confessais de cette même manière quelques années plus tôt. Sollers, au sortir de Paradis, peaufinait en douce un « gros pavé aussi » (Femmes), ce qui m’encourageait à travailler sur le mien dont les proportions m’inquiétaient moi-même. » p. 22


Plus sur Nabe

Marc-Edouard : Hagiographe de Nabe : Propos recueillis par Alex Besnainou. Un article de 1994, toujours actuel publié dans Le Matricule des Anges

En janvier 2006 a été republié le livre pamphlet qui l’a fait connaître « Au régal des vermines » ( première publication 1985). Cette nouvelle édition contient une préface de MEN, qui regarde son ombre portée sur ses vingt ans de littérature. Voir extrait

Voir aussi l’interview de Nabe par par Frédéric Ciriez le 14-10-2002 à l’occasion de la sortie de son livre « Alain Zannini »

Le site officiel de Nabe : ici




[1Le journal de MEN se compose de 4 tomes et couvre au total la période 27/06/1983 - 17/09/1990 sur près de 4 000 pages :

- NABE’S DREAM publié en 1991 (27/06/83 -15/02/85)
- TOHU-BOHU publié en 1993 (16/02/85 - 13/06/86)
- INCH’ALLAH publié en 1996 (14/06/86 - 02/05/1988)
- KAMIKAZE publié en 2000 (03/05/1988 - 17/09/1990
Ph SOLLERS y apparaît de manière récurrente ; le nombre d’entrées dans les index successifs est impressionnant.

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