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Ségo la Tulipe...

Sollers : «  La campagne est éminemment érotique »

D 20 février 2007     A par Viktor Kirtov - C 1 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Sur LCI, le 16 février 2007, Philippe Sollers répond aux courriels de la chaîne.
Réponse audiovisuelle. Gérard Philipe, en son temps, avait incarné Fanfan la Tulipe Il manquait un personnage féminin pour donner corps à cette fleur. C’est maintenant chose faîte avec Ségo la Tulipe ! Rouge et érotique... Fleur fétiche de Philippe Sollers dans son dernier essai Fleurs .

Les questions posées :

De Sartre :
Glucksmann, Onfray, BHL, les intellos sortent du bois pour choisir leur candidat. Et toi ?

De Nicolas le jardinier :
Si Ségo et Sarko étaient des fleurs, lesquels seraient-ils et pourquoi ?

De Houellebecq et Angot :
La provocation est-ce la deuxième nature de l’écrivain ?




Extraits de Fleurs de Philippe Sollers [1]

Tulipe, mot turc, toutes couleurs, déclaration d’amour.
[...]
Dominique Rolin m’écrit :

« J’ai le souvenir encore étincelant d’une fête annuelle organisée à Gand sur les fleurs du Nord, en particulier les tulipes en provenance de Hollande, de toutes les couleurs, violentes, brutales même, fleurs de conquête, d’amour et de guerre à mort. J’étais trop jeune à l’époque pour comprendre quoi que ce soit à ce très mystérieux festin annuel. La foule de visiteurs était incroyable, il devait y avoir une atmosphère de folie mystique, sacrée ou franchement pornographique, dans le sens religieux du terme. Les couleurs, les odeurs, le maintien superbe de ces champs de fleurs dans le plus bel épanouissement, cela s’appelait les Floralies gantoises. »

[...]

La Bruyère :

« Le fleuriste a un jardin dans un faubourg : il y court au lever du ciel, et il en revient à son coucher. Vous le voyez planté, et qui a pris racine au milieu de ses tulipes et devant la Solitaire : il ouvre de grands yeux, il frotte ses mains, il se baisse, il la voit de plus près,il ne l’a jamais vue si belle, il a le coeur épanoui de joie ; il la quitte pour l’Orientale, de là il va à la Veuve, il passe au Drap d’or, de celle-ci à l’Agathe, d’où il revient enfin à la Solitaire, où il se fixe, où il se lasse, où il s’assied, où il oublie de dîner : aussi est-elle nuancée, bordée, huilée, à pièces emportées ; elle a un beau vase ou un beau calice : il la contemple, il l’admire. Dieu et la nature sont en tout cela ce qu’il n’admire pas ; il ne va pas plus loin que l’oignon de sa tulipe, qu’il ne livrerait pas pour mille écus, et qu’il donnera pour rien quand les tulipes seront négligées et que les oeillets auront prévalu. Cet homme raisonnable, qui a une âme, qui a un culte et une religion, revient chez soi fatigué, affamé, mais fort content de sa journée : il a vu des tulipes. »

Est-il nécessaire de faire remarquer à quel point tout cela est admirablement écrit ? Oui, je crois. Car si je ne le fais pas, qui le fera ?


Omar Khayam :

Voici la grande civilisation persane :

« Vous mes compagnons, vous les libres... »
« Au loin islam, religion, péché !... »
« Assieds-toi au Paradis avec une jolie... »

Jolie fait penser à l’époque Éva de Picasso (« ma jolie »), mais ici une jolie est une tulipe, toutes les jolies filles sont des tulipes. Omar Khayam (1040-1125) vit à l’ombre de tulipes en fleurs, comme d’autres au soleil de femmes épanouies. Il les célèbre sans cesse à travers le vin. Si je n’ai pas bu de vin, dit-il, ma jolie est comme de l’herbe. Si j’en ai bu un peu, c’est une rose. Mais si j’en ai bu beaucoup, alors c’est une tulipe. Le vin fait venir les filles en fleurs. « 

[...]

C’est mieux que des cafarderies, des hypocrisies.
S’ils sont damnés, ceux qui font l’amour et qui boivent du vin,
Qui donc voudra voir le Paradis ? Qui ? »

Une telle déclaration est-elle dépassée dix siècles après ?
Nous en reparlerons en 3007. mais ne pouvons-nous pas déjà avoir honte de voir de plus en plus interdits le vin, les jolies, le temps, les tulipes ?

« Vin, tulipe, rose, regardez ma jolie. »

Voilà au moins quelqu’un que ni l’algèbre, ni Dieu, ni l’infini du cosmos ne semble troubler le moins du monde :

« Nous ne quittons le verre de vin ni le jour ni la nuit,
Nous ne laissons en paix les filles ni le jour ni la nuit,
Si nous sommes ainsi, c’est que Dieu nous a faits ainsi,
Nous sommes avec le vin, avec les filles, avec Dieu, jour et nuit. »

Inutile de dire que, sauf prudence momentanée, on ne trouve Khayam ni à la mosquée, ni à la synagogue, ni à l’église, ni au couvent, ni au temple :

« Libertin comme une tulipe ! à la fois infidèle et croyant ! »

Il le dit explicitement : nous sommes comme des pièces jouées par le Ciel sur un échiquier, et qui sont rebasculées, une par une, dans le Néant. Il parle carrément à partir du néant des mathématiques, des galaxies, du vin, des fleurs et des filles.

Après les fleurs de Philippe Sollers, les mots qui fâchent :

Celui de l’humoriste Nicolas Canteloup qui a donné ses lettres de noblesse au « couscous boulettes » devenu « coucous Royal ». Le « couscous poulet » de Sarko n’a pas rencontré la même faveur du public.

Celui du député UMP Laurent Wauquiez : « la campagne de Ségolène Royal ressemble de plus en plus à une pièce de Feydeau, avec ceux qui entrent, ceux qui sortent », Allusion à la mésaventure du porte-parole de la candidate socialiste Arnaud Montebourg, « suspendu » pendant un mois après sa gaffe sur Hollande, « principal défaut » de Ségolène Royal puis la démission de Eric Besson, secrétaire national du Parti socialiste à l’économie démissionnaire « pour raisons personnelles » et remplacé par Michel Sapin, ancien ministre de l’Economie et des Finances.

Mais nul doute que son grand oral télévisé d’hier soir avec un record d’audience absolu - mieux que nicolas Sarkozy - lui redonne du baume au coeur. Ségolène Royal a marqué des points. Va t-elle arriver au sommet la première pour un ultime bouquet de fleurs, celui de la victoire ? A suivre...

Fustigeant ses détracteurs pour procès en incompétence et légitimité en retraçant son parcours personnel et politique. S. R a déclaré : «  Je suis sortie de rien [...] boursière, j’ai réussi un concours difficile, [...] Sept ans auprès de François Mitterand, trois fois ministre, députée [...] présidente de région [...] n’importe quel homme avec mon parcours ne se verrait pas remettre en cause »

Mais laissons le mot de la fin à Omar Khayam :
« Tout point que peint la violette en jaillissant de terre,
A été un grain de beauté sur la joue d’une jolie ! »

in Fleurs de Philippe Sollers


[1Editions Hermann, 2006

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1 Messages

  • lariost | 1er octobre 2007 - 22:59 1

    Si mes souvenirs sont bons, le lys et la rose sont les deux fleurs bibliques et comme cela ne lui suffisait pas, Angelus Silesius a choisi la tulipe pour élaborer sa trinité florale.