4 5

  Sur et autour de Sollers
vous etes ici : Accueil » SUR DES OEUVRES DE TIERS » Dossier "Lacan, l’exposition. Quand l’art rencontre la (...)
  • > SUR DES OEUVRES DE TIERS
Dossier "Lacan, l’exposition. Quand l’art rencontre la psychanalyse"

au Centre Pompidou-Metz

D 29 décembre 2023     A par Viktor Kirtov - C 3 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook



Le Caravage. Narcisse. 1597-99. Huile sur toile 113,3x94 cm. (Palais Barberini, galerie d’art ancien, Rome ; © Photo SCALA, Florence, Dist. Rmn-GP / image Scala)

30/12/2023 : ajout section "Grands axes de l’exposition" avec illustrations

Cette exposition, la première consacrée au psychanalyste. Plus de 40 ans après la mort du psychanalyste, il apparaît en effet essentiel d’envisager une exposition liée aux relations privilégiées de Lacan avec l’art, en mettant en résonance à la fois les œuvres qu’il a lui-même indexées, les artistes qui lui ont rendu hommage, ainsi que les œuvres modernes et contemporaines qui peuvent faire écho aux grandes articulations conceptuelles de sa pensée.

Lacan ouvre un champ novateur qui s’inscrit au cœur de notre modernité et de notre actualité.

On se débat aujourd’hui avec des problèmes de sexe, d’amour, d’identité, de genre, de pouvoir, de croyances ou d’incrédulité, autant de questions sur lesquelles le psychanalyste a apporté des repères précieux.

Centre Pompidou-Metz - Exposition Lacan

Présentation

La pensée de Jacques Lacan est avec celles de Roland Barthes, Michel Foucault, Jacques Derrida et Gilles Deleuze, essentielle pour comprendre notre contemporanéité. Or, si des hommages et des expositions ont déjà considéré la plupart de ces figures intellectuelles, la pensée de Lacan reste à ce jour, sur le plan muséal, inexplorée, alors que ce dernier a entretenu une relation très forte avec les œuvres d’art. Lacan n’a-t-il pas déclaré dans un texte consacré à l’œuvre de Marguerite Duras que « en sa matière, l’artiste toujours […] précède [le psychanalyste] et qu’il n’a donc pas à faire le psychologue là où l’artiste lui fraie la voie » (« Hommage fait à Marguerite Duras du Ravissement de Lol V Stein » (1965), Autres écrits, Paris, Seuil, 2001).

Sous le commissariat de Marie-Laure Bernadac et Bernard Marcadé, l’exposition du Centre Pompidou-Metz est la première consacrée à Jacques Lacan. Plus de 40 ans après la mort du psychanalyste, il apparaît en effet essentiel d’envisager une exposition liée aux relations privilégiées de Lacan avec l’art, en mettant en résonance à la fois les œuvres qu’il a lui-même indexées, les artistes qui lui ont rendu hommage, ainsi que les œuvres modernes et contemporaines qui peuvent faire écho aux grandes articulations conceptuelles de sa pensée.

Le parcours est à voir et à expérimenter comme une traversée des notions spécifiquement lacaniennes. Une vaste biographie rappelle les principales étapes de l’œuvre et de la vie de Jacques Lacan. Le visiteur est ainsi confronté dès l’entrée à sa personne et à sa voix, grâce à l’unique intervention qu’il fit à la télévision en 1974, et que filma le jeune Benoît Jacquot. Seront évoquées sa formation avec celui qu’il considère comme « son seul maître en psychiatrie » (Écrits, Paris, Seuil, 1966), Gaëtan Gatian de Clérambault, ses relations avec l’avant-garde (Salvador Dalí, André Masson, Georges Bataille, Pablo Picasso, Dora Maar) et avec les figures intellectuelles qu’il a côtoyées (Alexandre Kojève, Maurice Merleau-Ponty, Roman Jakobson, Claude Lévi-Strauss, Martin Heidegger, Roland Barthes, Michel Foucault). Sa passion pour la calligraphie et la pensée chinoise y est aussi mentionnée.

Lacan a fréquenté au plus près l’art et les artistes du XXe siècle, et n’a eu de cesse dans son enseignement de puiser dans l’art de tous les temps. Il a tenu sur celui-ci des discours aussi neufs qu’insolites, qui ont su retenir, intriguer et provoquer nombre d’artistes contemporains. Il a interprété les œuvres non seulement comme des puissances capables de donner à voir, mais bien comme des objets-regards éblouissants, dardés sur les spectateurs. On a voulu, en consacrant une exposition à Jacques Lacan, entourer son personnage fascinant d’une multitude de ces regards. On est bien loin ici d’une interprétation psychanalytique de l’artiste. Le psychanalyste est tout le contraire d’un maître : il se met à l’école de l’œuvre d’art, il se fait docile à sa vérité originale, il tente de déchiffrer le savoir inédit qu’elle recèle.

C’est pourquoi cette exposition n’est pas seulement un hommage à la psychanalyse : elle célèbre aussi ce qui demeure, au-delà de toute élucidation, le mystère de l’art. Lacan, à la fin de sa vie, ne l’entendait pas autrement.

Mais qui était vraiment Lacan ? Marie-Laure Bernadac, commissaire d’exposition, parle du rapport de ce psychanalyste à l’art et évoque le besoin d’exposer sa pensée dans un établissement culturel tel que le Centre Pompidou-Metz :

Crédit entretien audio

Le parcours de l’exposition


ZOOM : cliquer l’image

Le parcours est à voir et à expérimenter comme une traversée des notions spécifiquement lacaniennes, à commencer par le stade du miroir, qui a fasciné nombre d’artistes et de cinéastes. Puis est interrogé le concept de lalangue, mot inventé par Lacan pour désigner une forme et une fonction du langage plus en prise avec ce que le psychanalyste qualifie de réel, et qui résonne avec le travail d’artistes qui ont joué avec les mots, le double sens, le babillage, voire le langage des oiseaux, sans oublier le rapport à la poésie. La section Nom-du-Père sera quant à elle l’occasion de repenser la notion patriarcale. S’ouvre alors la section de l’objet a, une invention de Lacan pour qualifier l’objet cause du désir en tant que manque, reste et chute, qui se déploiera en de multiples orientations : chute, phallus, sein, corps morcelé, merde, voix, rien, regard et enfin trou.

La section La Femme n’existe pas est dédiée à la fameuse formule de Lacan qui insiste sur le fait qu’il n’existe pas d’essence de la femme, et montre les œuvres d’artistes qui mettent en perspective les représentations misogynes. La féminité est souvent multiple et la section mascarade rendra hommage au concept de Joan Rivière, repris à son compte par Lacan. La mascarade est à l’œuvre chez de nombreux artistes qui recourent aux travestissements, confirmant la position de Lacan pour qui l’anatomie n’est pas le destin, à savoir que le genre ne correspond pas nécessairement au sexe assigné à la naissance.

Selon la fameuse formule de Lacan, Il n’y a pas de rapport sexuel. Tel est le titre d’une section organisée autour de la réplique du Grand Verre de Duchamp, dans lequel la jouissance de la mariée du registre du haut s’effectue sans qu’il y ait de contact physique avec les célibataires du registre du bas. L’amour, qui est pour Lacan « ce qui supplée à l’absence de rapport sexuel » (Encore, Le Séminaire, Livre XX, texte établi par Jacques-Alain Miller, Paris, Seuil, 1975), est néanmoins ce qui ouvre à la jouissance – « Seul l’amour permet à la jouissance de condescendre au désir » (L’Angoisse, Le Séminaire Livre X, texte établi par Jacques-Alain Miller, Paris, Seuil, 2004). Une section explorera la jouissance, féminine d’abord, dont Lacan situe l’acmé dans les jaculations mystiques figurées dans L’Extase de sainte Thérèse du Bernin, et qui trouvent des avatars contemporains dans les œuvres d’Anselm Kiefer, ORLAN, jusqu’aux performances des Sœurs de la Perpétuelle Indulgence.

Les dernières années de l’enseignement du psychanalyste font la part belle à la topologie, aux nœuds borroméens, aux bandes de Moebius et autres bouteilles de Klein. La dernière section de l’exposition reflète autant l’intérêt porté par Lacan pour les nœuds et tressages de François Rouan, artiste qu’il rencontra à la Villa Médicis et pour lequel il écrivit un texte, que l’influence des préoccupations topologiques de Lacan sur les artistes contemporains.

Quelques manchettes de journaux et extraits

GIF L’art sur le divan : Pompidou-Metz lève le voile sur le psychanalyste Jacques Lacan

Propriétaire du célèbre tableau L’Origine du monde , le psychanalyste Jacques Lacan (1901-1981) a entretenu des relations très fortes avec les œuvres d’art qu’il commentait dans ses séminaires. Le centre Pompidou-Metz lui consacre, à partir du 31 décembre, la première grande rétrospective.
Gaël CALVEZ - 22 déc. 2023
Le Républicain lorrain

GIF Dans l’œil de Lacan

Centre Pompidou-Metz (57) - Du 31 décembre 2023 au 27 mai 2024


René Magritte, Le faux miroir

Un œil grand ouvert, bleu, avec des nuages qui passent dans l’iris : le Faux Miroir de Magritte, qui fera le voyage du MoMA de New York jusqu’au Centre Pompidou-Metz, est sans doute l’un des emblèmes de l’exposition que le musée consacre aux rapports du psychanalyste Jacques Lacan avec les arts, un peu plus de 40 ans après sa mort. « C’est à la fois un œil que nous regardons, mais il nous regarde également », explique l’un des commissaires de l’exposition, l’historien de l’art Bernard Marcadé. À la manière de cet œil, cette exposition étonnante joue sur plusieurs niveaux. Elle met en lumière les œuvres que Lacan a possédées, notamment l’Origine du monde de Courbet, sans doute achetée sur les conseils de sa femme, Sylvia. Elle évoque aussi l’art de son temps auquel il s’est intéressé, de Duchamp à Dali, et présente, enfin, des créations d’artistes qui rendent hommage à sa pensée ou font écho à la psychanalyse, à l’instar d’Annette Messager, de Louise Bourgeois, de Pierre Huyghe ou de Douglas Gordon.

Marie Zawisza
Le Journal des Arts

GIF Centre Pompidou-Metz : l’exposition Lacan rassemble des œuvres de Dali, Courbet et Vélasquez…

L’exposition « Lacan, quand l’art rencontre la psychanalyse », rassemble des tableaux mondialement connus tels que L’Origine du monde de Gustave Courbet, le Portrait de l’infante Marguerite Thérèse de Diego Vélasquez, et Dormeuse, cheval, lion invisibles de Salvador Dali, ainsi que des dizaines d’œuvres modernes et contemporaines.
Le parcours retrace les grandes étapes de la vie et de la pensée du psychanalyste Jacques Lacan à travers un cheminement composé de plus d’une dizaine d’espaces thématiques.


Jacques Lacan et sa femme Sylvia acquirent L’Origine du monde en 1955.. Le tableau est donc logiquement exposé au centre Pompidou-Metz.
ZOOM : cliquer l’image

L’Origine du monde, peinte en 1866, est acquise par Jacques et Sylvia Lacan en 1955. Le psychanalyste commande au peintre surréaliste André Masson un mince panneau de bois peint qui vient masquer ou qui révèle la toile. Cécile Cerf, autrice du roman À l’origine : La femme derrière le tableau, offre un autre regard sur cette œuvre majeure de l’histoire de l’art, sous la forme d’une enquête pour démasquer la femme derrière le corps nu. Elle évoque ce chef-d’œuvre de Gustave Courbet – dont la charge subversive fut depuis sa création l’objet de fantasmes et d’interprétations – dans la salle de l’exposition qui lui est dédiée aux côtés d’interprétations contemporaines.

centrepompidou-metz.fr

Sexualité, amour, identité, genre, pouvoir, croyances : la pensée du psychanalyste est sans tabous. Elle englobe tous les aspects de la nature humaine et l’exposition est à son image. En franchissant les portes, il faut s’attendre à voir des corps nus, des représentations d’organes génitaux, des œuvres faisant fi des conventions, mais également des jeux de mots astucieux et des touches de légèreté.

L’exposition est-elle pour autant choquante ? « Dans le choc, il y a quelque chose qui s’approche de la provocation. Lorsqu’on contemple un Vélasquez ou un Dali, l’intention n’est pas la provocation. Le spectateur peut être perturbé, voire offensé, mais il n’y a rien d’offensant. Il s’agit de l’histoire de l’art, avec des œuvres que l’on retrouve dans les livres et à la télévision. C’est une exposition très élégante », tranche Chiara Parisi, directrice du Centre Pompidou-Metz, qui rappelle l’importance fondamentale de la curiosité.

tout-metz.com/


Dessin de Benoît Monneret (benoit.monneret@gmail.com.)
Libre réinterprétation de l’Origine du monde

GIF Le dossier d’Art press

Art press dans son numéro 517 (janvier 2024) consacre un dossier à l’exposition Lacan

Un dossier qui commence par nous dire :

Débarrassez-vous de vos complexes ! Vous avez depuis toujours du mal à lire Jacques Lacan ? Vous allez enfin le comprendre. D’abord en visitant l’exposition présentée au Centre Pompidou-Metz, Lacan, l’exposition. Quand l’art rencontre la psychanalyse (31 décembre 2023-27 mai 2024), ensuite en lisant le dossier que nous avons réalisé à cette occasion. Des psychanalystes, qui écrivent avec clarté et connaissent bien l’art contemporain, nous expliquent quelques notions fondamentales à la lumière des œuvres.

L’artiste Edi Dubien participe à cette exposition. Damien Sausset nous fait découvrir l’œuvre et le parcours pour une part douloureux de son auteur, qui en témoigne toutefois de la façon la plus délicate, subtile et poétique.
Catherine Millet a consacré son édito à Lacan, un texte intitulé « Lacan, le style »
Suivi de :
« Là quand sexe pose » par Annabelle Gugnon

« RéfléchiR ? Le stade du miroir » par Philippe Porret

« Emma Ben Aziza, nouage » par Cyrille Noirjean

« Pour l’imaginaire » par Alexandre Leupin
« Edi Dubien, liberté inconditionnelle » par Damien Sausset

Nous présentons ci-après l’édito de Catherine Millet et l’article d’Annabelle Gugnon dont le jeu de mots sur le titre nous plaît. Le reste du dossier est à découvrir dans le numéro d’artpress 517 de janvier 2024.

Lacan, le style par Catherine Millet

L’édito de Catherine Millet dans artpress N° 517, janvier 2024

GIF - 545.6 ko
Gisèle Freund, Jacques Lacan, Paris © RMN. Photo : Medienzentrum Wuppertal
Crédit : Centre Pompidou-Metz

La très riche exposition (de Velázquez à Edi Dubien !) consacrée à Jacques Lacan par le Centre Pompidou-Metz est un événement. Comme le remarquent les organisateurs, alors que sa pensée « est essentielle pour comprendre notre contemporanéité », il était le seul, parmi les grandes figures qui lui sont contemporaines, Barthes, Foucault, Deleuze, Derrida, à ne pas avoir encore bénéficié d’une reconnaissance muséale.

Et pourtant, cette pensée est peut-être celle qui résonne le plus avec l’art et la littérature. On se permettra d’ailleurs de remarquer que le sous-titre de l’exposition, Quand l’art rencontre la psychanalyse, aurait été plus juste dans sa forme renversée : Quand la psychanalyse rencontre l’art. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : citant le texte qu’il consacra à Marguerite Duras, Annabelle Gugnon, en ouverture de notre dossier, rappelle que Lacan insiste, à propos de la position du psychanalyste, sur le fait que

« l’artiste toujours le précède, qu’il n’a donc pas à faire le psychologue là où l’artiste lui fraie la voie ».

En 1977, pour notre n°12, nous avions été autorisés par Lacan à publier des bonnes feuilles d’un séminaire à paraître aux éditions du Seuil. Parmi ces extraits, l’un portait sur la censure, sujet toujours, hélas, d’actualité pour qui s’occupe d’images et de romans. Lacan commentait un roman pornographique de Raymond Queneau, « membre de l’Académie française », et finissait par éclairer un cas de « crampe de l’écrivain », cette douleur qu’on éprouve d’avoir tenu trop longtemps un stylo. Du concret, donc, que la fiction permettait d’autant mieux appréhender. Si l’artiste et l’écrivain ouvrent la voie au psychanalyste, alors il faut admettre que le psychanalyste, lorsqu’il avance des concepts et des formules – et chez Lacan, ils sont légion, Lalangue, Nom-du-Père, objet a, La Femme n’existe pas, Il n’y a pas de rapport sexuel… –, ceux-ci ne s’assemblent pas en une construction rationnelle bien ficelée, d’où sans doute qu’il dérange ou agace souvent au pays des certitudes cartésiennes.

Le psychanalyste se met à l’écoute de l’artiste qui propose des images qui appellent des mots auxquels on ne saurait les réduire, ou de l’écrivain qui propose des mots qui évoquent des images auxquelles on ne saurait les assigner. Il entend leurs paradoxes et leurs contradictions. Dans un article paru dans notre n°161, en 1991, à l’occasion des dix ans de la mort de Lacan, Gilles Cornec parlait d’« apologie du style ». Lacan, c’est un style. Pour envisager un sujet « pris dans le leurre et le fantasme », il faut, expliquait l’auteur, en passer par l’ironie, la rhétorique. « Lacan ne cessera de faire siens les moyens illustrés par Freud dans son Mot d’esprit : jeux de mots, rapprochements saugrenus, ellipses. À ces exercices, une jeunesse surréalisante ne l’avait pas peu préparé. »

Alors, si l’on veut à son tour suivre Lacan, il faut ne pas oublier que son style est d’abord oral – ses écrits sont principalement la transcription des séminaires donnés en public –, dont il accentuait délibérément le style « parlé ». La parole est un flux ; on prend la vague ou on ne la prend pas, si on ne la prend pas, ça n’est pas grave, une autre arrive qui nous transportera peut-être.

Catherine Millet

Là quand sexe pose

Annabelle Gugnon

Louise Bourgeois. Fillette 1968-1999. Caoutchouc uréthane pigmenté, pièce suspendue 59,7 x 26,7 x 19,7 cm. (© The Easton Foundation ; Ph. Christopher Burke)

« Méfiez-vous de ceux dont vous comprenez tout tout de suite, ils ne vous apprendront jamais rien. » Ce conseil n’est pas de Jacques Lacan mais il convient particulièrement bien à l’oeuvre exigeante et aiguisée du psychiatre psychanalyste dont les corpus théorique et clinique offrent à ceux qui s’y plongent des outils de première importance et de première classe. Ce conseil a été donné par le philosophe Henri Maldiney [1], qui a en effet rencontré Jacques Lacan, mais qui a surtout été l’ami et le collègue, à l’université de Lyon, de Gilles Deleuze dans les années 1960. On retrouve le vif des échanges entre Maldiney et Deleuze dans le remarquable cours Sur la peinture [2] que les éditions de Minuit viennent de publier. Mais revenons à Lacan. C’est d’ailleurs la proposition de l’exposition du Centre Pompidou-Metz qui donne à voir, avec plus de 200 oeuvres actuelles et anciennes, combien sa pensée apporte au monde contemporain et aux artistes d’aujourd’hui des ouvertures inédites, des positions tranchantes et des articulations fondamentales… Qu’on en juge par quelques titres des séances du séminaire de 1964, intitulé les Quatre Concepts fondamentaux de la psychanalyse [3] : « L’OEil et le Regard » ; « La Ligne et la Lumière » ; « Qu’est-ce qu’un tableau ? »… Et pourtant. Il a fallu attendre 40 ans pour qu’un musée offre ses cimaises à l’un des penseurs majeurs du 20e siècle. Né en 1901, il est décédé en 1981 mais aucune exposition, depuis lors, n’est venue saluer celui qui a pourtant placé l’art et la sublimation au coeur de son propos. Celui qui a salué les artistes comme des défricheurs, des témoins de l’inconscient. Le psychanalyste, a-t-il écrit, « n’a pas à faire le psychologue là où l’artiste lui fraie la voie [4] ». Avant lui, en effet, on abordait les créations par le biais de la psychobiographie ou du fantasme à l’oeuvre. Avec lui, on s’attache plus à les situer, à en entendre la structure signifiante. Les peintres Ida Tursic et Wilfried Mille ont réalisé son portrait pour le placer dans leur panthéon personnel, un mur de visages où Lacan avoisine Nirvana (le groupe de grunge américain), Ingres, Schopenhauer, Marguerite Duras et bien d’autres. Car qui aura mieux parlé de peinture que Lacan : « Est-ce que si un oiseau peignait, ce ne serait pas en faisant choir ses plumes, un serpent ses écailles, un arbre à s’écheniller et à faire pleuvoir ses feuilles ? [5] » La création est un déchet, quelque chose qui se détache du Louise Bourgeois. Fillette (Sweeter Version). 1968-1999.

Et Lacan d’ajouter : « L’authenticité de ce qui vient au jour dans la peinture est amoindrie chez nous, êtres humains, du fait que nos couleurs, il faut bien que nous allions les chercher là où elles sont, c’est-à-dire dans la merde. Si j’ai fait allusion aux oiseaux qui pourraient se déplumer, c’est parce que nous nous n’avons pas ces plumes. Le créateur ne participera jamais qu’à la création d’un petit dépôt sale, d’une succession de petits dépôts sales juxtaposés. » En hommage à ces propos, Tursic et Mille ont encadré un pan de leur atelier où apparaissent les traces d’anciennes peintures (Un mur d’atelier, 2023).

EFFET DU SIGNIFIANT

Nonobstant leur source, ces « petits dépôts sales » atteignent à des splendeurs dont l’humanité peut s’enorgueillir : l’un d’entre nous, Gustave Courbet, aura peint l’Origine du monde (1866). Jacques Lacan a été le dernier propriétaire privé de ce tableau majeur qui, désormais, se trouve au musée d’Orsay et, pour le temps de l’exposition, au Centre Pompidou-Metz. Un tableau qui a toujours été caché par un dispositif. Depuis le rideau vert derrière lequel le plaça son premier propriétaire, Khalil Bey, jusqu’au leurre commandé par Sylvia Bataille et Lacan au peintre André Masson qui réalisa une Terre érotique (1955) coulissante pour protéger le tableau des regards. Pourquoi donc cette insistance à cacher la fascinante huile sur toile ?

L’origine n’est pas le commencement. L’origine reste un mystère ;

nous nous tenons muets. « Je n’étais pas là la nuit où j’ai été conçu, écrit Pascal Quignard [6]. […] Une image manque dans l’âme. Nous dépendons d’une posture qui a eu lieu de façon nécessaire mais qui ne se révélera jamais à nos yeux. On appelle cette image qui manque “l’origine”. Nous la cherchons derrière tout ce que nous voyons. » Ce manque – paradoxal, puisque nous étions là sans y être – fomente nos inventions, nos départs vers la Lune et vers la fiction, nos arrivées dans la relativité restreinte puis générale, nos inextinguibles interrogations et les créations qui en naissent.

« C’est le monde des mots qui crée le monde des choses »,

a dit Jacques Lacan [7]. Nous sommes des “parlêtres”, représentés par des signifiants. « Mais où habitez-vous ?, demande Jean-Luc Godard à JLG [8]. Dans le langage et je ne peux me taire. En parlant, je me jette dans un ordre inconnu, étranger, et j’en deviens soudain responsable. » Grâce, entre autres, à la linguistique et à son attention aux travaux de Roman Jakobson, Jacques Lacan a donné une ampleur encore plus géniale à l’oeuvre de Freud. Le sujet est représenté par une chaîne de signifiants. Le signifiant est irréductiblement séparé du signifié. Le signifié est un effet du signifiant. Le signifiant n’a pas pour fonction de représenter le signifié ou de répondre à quelque signification que ce soit.

<b<C’est quoi, le signifiant ? C’est ce qu’on entend. Comme me l’a montré ce petit garçon, un peu trop turbulent, que son père réprimandait : « Tu pourrais faire un effort. » Plein de bonne volonté, le garçonnet s’est mis à remuer le nez. Cherchant en effet à faire un nez fort… Silence (1974), l’oeuvre de Bertrand Lavier, donne une version plastique du glissement incessant du signifié sous le signifiant. L’oeuvre est devant vos yeux.

Une scie et une lance se trouvent suspendues, associées. Dans votre esprit, par le seul pouvoir des objets représentés, se forme le signifiant « scie-lance ».


Bertrand Lavier. Silence. 1974. Scie et lance africaine. 205 x 95 x 4 cm. (© B. Lavier ; Ph. Archives Mennour ; Court. l’artiste et Mennour, Paris

ROUTE DE DÉSIR

C’est exactement le même travail de figuration et de rébus que font, la nuit, nos rêves. Dommage que l’exposition du Centre Pompidou-Metz n’ait pas accordé au rêve une place de choix car la « Traumdeutung » (Science des rêves, 1900) de Freud tient une place primordiale dans la théorisation de Lacan. Tout comme on regrette que la section « Phallus » de l’exposition multiplie les pénis intumescents, en marbre, en caoutchouc, en spaghetti, en plâtre, en bronze, en aquarelle… Cela ne livre pas la force du concept lacanien de « phallus ». Signifiant de la jouissance sexuelle, il est le point où s’articulent les différences dans le rapport au corps et au langage. En revanche, formant ligne au sol, les 21 plaques de plomb du minimaliste américain Carl Andre (21 Pb Leaditer, 2003) fraie une route éclairante. « Le phallus est le signifiant privilégié de cette marque où la part du logos se conjoint à l’avènement du désir », écrit Lacan [9]. Carl Andre, en subvertissant des millénaires de sculptures monumentales érigées vers le ciel, dessine une route de désir où, par intermittence, le plomb peut se transformer en or. L’art détient un pouvoir phallique. « En tant qu’artiste, je suis quelqu’un de puissant, écrit Louise Bourgeois [10]. Dans la vie réelle, j’ai l’impression d’être la souris derrière le radiateur. » Ses oeuvres ponctuent plusieurs sections de l’exposition. C’est une part juste. Elles sont éclairées par la psychanalyse qu’elle a traversée (en le niant) pendant de nombreuses années. On peut en lire de nombreux détails dans l’excellente biographie écrite par Marie-Laure Bernadac [11]. Dans l’exposition du Centre Pompidou- Metz, Louise Bourgeois côtoie – entre autres – Le Caravage, Annette Messager, Marcel Duchamp, Cindy Sherman, Raymond Hains, Carol Rama, Mike Kelley, Niki de Saint Phalle, René Magritte, Tracey Emin, Marcel Broodthaers, Velázquez et les Ménines (1656) auxquelles une section entière est dédiée… Cette exposition est un événement. Elle n’est pas exhaustive mais elle a le mérite d’être pionnière. Bien sûr, on regrette de ne pas voir de section consacrée à la psychose, au transfert ou à l’éthique, un concept que Lacan a remis en circulation avec rigueur au moment où l’on parlait plutôt de morale. Il a consacré son séminaire de 1959-1960 à « L’éthique de la psychanalyse ». C’est certain, chacun trouvera, dans ce parcours, des accords et des dissensions, des déceptions et des jubilations, des perplexités et des rires, mais chacun prendra aussi la mesure de l’intelligence, de la pertinence et de l’impertinence d’un penseur qui, pour longtemps encore, continuera à secouer le cocotier. Thank you Lacan.

Grands axes de l’exposition

GIF LE STADE DU MIROIR

Inaugurale et fondamentale, la théorie du stade du miroir,
élaborée par Jacques Lacan en 1936, met au jour le rôle
remarquable de l’image pour l’Homme et livre le secret de
l’étrange amour qu’il voue à sa propre image.

Cette expérience, primordiale pour le développement psychique de l’enfant, engendre la prise de conscience de sa globalité, par son reflet. Le stade du miroir révèle le drame intime que chacun doit traverser afin de s’identifier à lui-même, d’accéder à l’unité de son corps et de pouvoir dire « Je »

.
Cette théorie est donc révélatrice de la question de l’identité, qui se constitue dans une aliénation, à l’image du Narcisse peint par Caravage ou de la fameuse scène de Taxi Driver de Martin Scorsese. Opaque ou effacé chez Marcel Broodthaers et chez Bertrand Lavier, scindé en deux chez Felix Gonzalez-Torres, métaphore du tableau chez Michelangelo Pistoletto, le miroir est au cœur de l’expérience analytique, comme l’incarne l’installation de Leandro Erlich.


In Taxi Driver de Martin Scorsese

GIF LALANGUE

Jacques Lacan tient en 1955-1956 son séminaire intitulé
Les Psychoses, au cours duquel il explique que

« l’inconscient est structuré comme un langage »,

explication poursuivie lors de La Troisième. En 1971, il précise son point de vue en inventant le néologisme « lalangue », formulé à la faveur d’un lapsus, pour désigner une fonction du langage en prise avec ce qu’il qualifie de Réel. Autour d’une grande installation de Marcel Broodthaers reliant le « coup de dés » poétique de Stéphane Mallarmé à la pensée analytique de Lacan, les artistes fêtent les jeux de mots et d’esprit, déjà chers à Michel Leiris (François Morellet, Bruce Nauman, Jean Dupuy), la littéralité (René Magritte, Olivier Leroi), les lapsus, les jaculations sonores (Ghérasim Luca), le babil, voire la langue des oiseaux avec la palissade de skis « rossignolesques » de Raymond Hains, artiste lacanien par excellence, comme en témoignent ses annotations des nombreux livres du psychanalyste.


Raymond Hains, Palissade rossignolesque, 1997
Technique mixte, 137 × 212 cm
Collection Gilles et Marie-Françoise Fuchs
© ADAGP, Paris, 2023 / Courtesy de TEMPLON Paris – Bruxelles – New York / Photo : Bertrand Huet-Tutti

GIF OBJET a

Invention cardinale de Jacques Lacan, l’objet a, qui dès la fin des années 1950 qualifie « l’objet cause du désir » en tant que manque, reste et chute, trouve de spectaculaires échos dans les arts moderne et contemporain.

La liste que Marcel Duchamp dresse, en 1912, pour son « transformateur des petites énergies gaspillées » apparaît comme une préfiguration de cette notion. Aux quatre objets emblématiques – le Sein, la Merde, la Voix et le Regard – s’ajoutent, par capillarité, la Chute, le Rien, le Corps morcelé, mais aussi le Phallus en tant qu’il est, pour Lacan, le signifiant du Manque. Dressés, anamorphosés, voilés et détumescents, les avatars phalliques de l’objet a sont légion dans les arts antique et renaissant (de la villa des Mystères aux Ambassadeurs de Hans Holbein), mais aussi, singulièrement, dans l’art de notre temps. Au sein de cette galaxie, l’objet Regard occupe une place centrale, jusqu’à nous faire glisser vers le Trou, par lequel le regardeur peut scruter le corps de la femme d’Étant donnés, l’œuvre ultime de Marcel Duchamp revisitée par Mathieu Mercier.


Latifa Echkach, La dépossession, 2014
Lauréate du prix Marcel-Duchamp
Toile de théâtre apprêtée, peinture, tube acier et sangles, : 1000 x 1000 cm
© Latifa Echakhch. Photo. Archives Mennour Courtesy the artist and Mennour, Paris

Louise Bourgeois, Cumul l, [1968] Marbre blanc, bois, 51 x 127 x 122 cm Paris, Centre Pompidou, Musée national d’art moderne © The Easton Foundation / Adagp, Paris, 2023 / Photo © Centre Pompidou, MNAM-CCI/Philippe Migeat/ Dist. RMN-GP
Constantin Brancusi, Princesse X, 1915-1916
Plâtre, 61,5 x 28 x 25 cm Paris, Centre Pompidou, Musée national d’art moderne
© Succession Brancusi - All rights reserved (Adagp) 2023 / Photo © Centre Pompidou, MNAM-CCI/ Georges Meguerditchian/Dist. RMN-G

GIF REGARD

Depuis l’Antiquité, la science et la philosophie n’ont cessé de
se poser la question : qu’est-ce que voir ? Lacan a parcouru
toutes les théories de la vision, des conditions de la vision
posées par Aristote aux théories ondulatoires et corpusculaires
de la lumière du XXe siècle, en passant par la perspective
géométrale de la Renaissance, l’optique de Johannes Kepler
et d’Isaac Newton ou La Dioptrique de René Descartes.

C’est finalement une parole du Christ dans l’Évangile de Matthieu qui mène à tout éclairer : « Ils ont des yeux pour ne pas voir. » Lacan s’interroge alors : « pour ne pas voir quoi ? » si justement les choses les regardent.

Renversement radical et décisif,
ce qui détermine foncièrement les sujets voyants
dans le visible, dit Lacan, c’est le regard, qui est au-dehors.
De Marcel Duchamp et René Magritte à Anish Kapoor,
d’Alberto Giacometti, Hans Bellmer à Lea Lublin et Mathieu
Mercier, les peintres, dessinateurs et sculpteurs brandissent
le regard comme objet non pas seulement dans l’art, mais
de l’art lui-même. Nous voyons les oeuvres, mais nous aussi
sommes regardés par les œuvres


Madame Figaro 29 dec – 4 jan.
ZOOM : cliquer l’image
René Magritte, La condition humaine,1933
Huile sur toile, 100 x 81 x 1,6 cm
Washington, National Gallery of Art
© Adagp, Paris, 2023

Cette toile de Magritte révèle la nature énigmatique de l’œuvre d’art. Elle suggère sa nature ambiguë en offrant à voir un tableau au cœur du tableau, un tableau qui se superpose à un paysage dont il représente la partie cachée.
Le tableau intérieur au tableau n’est pas le paysage qui s’y trouve peint et pourtant il le représente au point de se fondre en lui (seuls les contours du tableau et son support le signalent en effet comme tableau et lui interdisent de se confondre avec le paysage qu’il représente).
Le paysage lui-même, comme la fenêtre d’où il est vu, n’est pas un paysage réel. Il est peint. Ce que l’on serait tenté d’oublier en regardant le tableau dans le tableau. Non seulement le tableau intérieur cache et révèle indissociablement le paysage qu’il donne à voir ; non seulement le paysage donné à voir n’est pas un paysage réel ; mais encore le tableau global dissimule sa nature de tableau au bénéfice de ce qu’il représente, tout en demeurant bel et bien réel, chose entre les choses. Nouvelle ambiguïté, même paradoxe !
L’ensemble représente la condition humaine, celle d’un être conscient, qui se représente à l’intérieur de lui-même le monde qu’il habite, un monde qui se confond avec l’image qu’il s’en fait.

Crédit : Phil info (leblogdephil.com)

GIF IL N’Y A PAS DE RAPPORT SEXUEL

« Il n’y a pas de rapport sexuel » est l’une des formules les
plus célèbres, mais aussi les plus commentées, de Jacques
Lacan.

Le psychanalyste a beaucoup développé cette pensée en opposant l’« acte » au « rapport ». S’il existe bien des actes sexuels, les rapports entre les sexes ne sont pas, mathématiquement, équivalents. Les rapports sexuels sont, pour les êtres parlants, toujours de l’ordre du ratage, d’où l’amour qui justement supplée à l’absence de rapport sexuel, selon Lacan.

Dans cette perspective, la réplique du Grand
Verre
de Marcel Duchamp initiée par Pascal Goblot déploie
une narration où la jouissance de la mariée du registre du
haut s’effectue sans qu’il y ait de contact physique avec les
célibataires du registre du bas. Cette relation duelle complexe
est également présente de manière explicite dans la sculpture
The Impossible III de Maria Martins


Maria Martins, The Impossible III, 1946
Bronze, 80 × 82,5 × 53,3 cm
New York, The Museum of Modern Art,
© Digital image, The Museum of Modern Art, New York/Scala, Florence / © Maria Martins

GIF JOUISSANCES

Pour Jacques Lacan, dire tout de la jouissance est impossible,
car elle est d’un autre ordre que le signifiant ; la parole
ne suffit pas à exprimer ce qui affecte le corps, elle rate
toujours son objet et, donc, elle se répète. La psychanalyse
lacanienne définit la jouissance comme étant au-delà du
plaisir et du désir.

Selon Lacan, il existerait en effet deux types de jouissance : l’une, phallique (attachée à l’acte sexuel, à l’interdit, oedipienne) ; l’autre féminine (au-delà du phallus, éprouvée dans le corps, dans le réel et dans l’imaginaire).Les deux sexes y ont accès.

Blow Job d’Andy Warhol tout
comme Arched Figure de Louise Bourgeois mettent ainsi en
évidence le fait que chez l’homme la jouissance peut très bien
se passer de la parole et que jouissance et amour ne sont
pas nécessairement liés. Dans son séminaire Encore, Lacan
commente la Transverbération de sainte Thérèse de Bernin, et
s’intéresse aux extases mystiques qui fascinent et parcourent
aussi la scène artistique contemporaine


Ghada Amer, And the Beast, 2004b
Acrylique, broderie et gel sur toile, 1,93 × 1,67 cm
Collection de l’artiste
© Ghada Amer / Adagp, Paris, 2023 / Courtesy de l’artiste et Marianne Boesky Gallery, New York et Aspen

GIF TOPOLOGIES

Dès les années 1950, Jacques Lacan est intéressé par
les objets topologiques qui lui permettent de rendre
physiquement compte du sujet divisé par l’objet qui le cause.
Parmi ceux-ci, la bande de Moebius, avec sa structure double,
à l’endroit et à l’envers, symbolise la division de l’inconscient
et du conscient, et donc celle du sujet de cette coupure.
À partir du début des années 1970, influencé par les travaux
du mathématicien Pierre Soury,

VOIR AUSSI

Lacan se passionne pour le noeud borroméen, qu’il dit lui avoir été donné « comme une bague au doigt » (RSI, Le Séminaire, Livre XXII, inédit), avec lequel il noue et dénoue les trois registres qu’il identifie ainsi : le Réel, le Symbolique et l’Imaginaire (RSI).

Nombre d’artistes contemporains, parmi lesquels Raymond Hains, Jean-Michel Othoniel, Éric Duyckaerts, Pierre Huyghe, Jean-Luc Moulène ou encore Gary Hill, ont été influencés par les préoccupations topologiques de Lacan, sans oublier l’intérêt que ce dernier portait aux noeuds et tressages de François Rouan, artiste qu’il rencontra à la Villa Médicis, et pour lequel, il écrivit un texte.


Jean-Michel Othoniel, Le Noeud de Lacan, 2022
Inox, peinture noire, 150 × 135 × 50 cm
Collection de l’artiste
© Othoniel Studio / Adagp, Paris, 2023

L’INTEGRALE ICI (pdf)

Crédit : Centre Pompidou-Metz - Exposition Lacan

Catalogue d’exposition

JPEG - 32 ko
le livre sur amazon.fr

Lacan, l’exposition. Quand l’art rencontre la psychanalyse

Lacan a fréquenté au plus près l’art et les artistes du xxe siècle et n’a eu de cesse, dans son enseignement, de puiser dans l’art de tous les temps. Le psychanalyste n’a pourtant pas tenu un discours sur l’art, il a regardé les œuvres comme des puissances capables de donner à voir et de penser le monde. Comme la psychanalyse. Co-édité avec les éditions Gallimard, le catalogue accompagnant l’exposition du Centre Pompidou-Metz prolonge les réflexions qui y sont ouvertes. Introduit par un essai de l’historien de l’art Bernard Marcadé et du psychanalyste Gérard Wajcman, l’ouvrage se déploie sous la forme d’un abécédaire, auquel ont contribué 50 auteurs, permettant de découvrir les concepts et thèmes lacaniens, ainsi que les artistes que Lacan a côtoyés, regardés, ou dont le travail, en retour, fait écho à sa pensée. Le sommaire est complété par une biographie de Jacques Lacan, rédigée par Deborah Gutermann-Jacquet.


Lacan, l’exposition. Quand l’art rencontre la psychanalyse
Co-édition des éditions Gallimard et des éditions du Centre Pompidou-Metz
Direction ouvrage : Marie-Laure Bernadac et Bernard Marcadé, associés à Gérard Wajcman et Paz Corona
250 illustrations

Quelques liens sur pileface (sélection)

Soirée Lacan, de Jacques-Alain Miller et Philippe Sollers

La révolution Lacan et Jacques-Alain Miller

Lacan personnage de roman...

Ronds de ficelle

Le cigare de Freud

Le Caravage, Narcisse

oOo

[1H. Maldiney, propos recueillis par l’auteure en décembre 2000.

[2G. Deleuze, Sur la peinture, Minuit, 2023, 352 p., 26 euros.

[3J. Lacan, les Quatre Concepts fondamentaux de la psychanalyse, séminaire de 1964, Seuil, « Essais », 1973.

[4J. Lacan, Autres écrits, Seuil, 2001

[5J. Lacan, les Quatre Concepts fondamentaux de la psychanalyse, op. cit.

[6P. Quignard, la Nuit sexuelle, Flammarion, 2007.

[7J. Lacan, Écrits, Seuil, 1966

[8.-L. Godard, JLG/JLG, au-toportrait de décembre, 1995.

[9J. Lacan, « La signification du phallus », Écrits, op. cit.

[10L. Bourgeois, Destruction du père, Reconstruction du père, Daniel Lelong éditeur, 2000.

[11M.-L. Bernadac, Louise Bourgeois, Flammarion, 2019. Page 185 : « […] une démarche qui va l’occuper entièrement pendant plus de trente ans ». Et en note 3 : « De 1952 à 1982. Très régulièrement des années 1950 jusqu’au milieu des années 1960, et, occasionnellement, jusqu’en 1985, date de la mort de Henry Lowenfeld, son psychanalyste. » Annabelle Gugnon est critique d’art et psychanalyste

Un message, un commentaire ?

Ce forum est modéré. Votre contribution apparaîtra après validation par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
  • NOM (obligatoire)
  • EMAIL (souhaitable)
Titre

RACCOURCIS SPIP : {{{Titre}}} {{gras}}, {iitalique}, {{ {gras et italique} }}, [LIEN->URL]

Ajouter un document


3 Messages