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La Chine antique - Qin, Le Premier Empereur

D 22 juin 2013     A par Albert Gauvin - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook



«  La Chine, la Lune : voilà probablement l’essentiel. Un énorme marché potentiel d’une part, une révolution dans les communications par satellite » écrit Sollers dans Éloge de l’infini (« Les années 1960-1970 », folio, p. 924). Alors que, paraît-il, Pékin a pris, pour le futur, rendez-vous avec la Lune, revenons un peu en arrière, sur terre.
D’où vient la Chine, désormais première puissance commerciale et deuxième puissance économique mondiale ? De très loin. Bien plus loin que les États-Unis ! Les Français le découvrent à peine (et non sans mal). Si leurs gouvernants s’intéressaient un peu plus à ce qui s’écrit dans un certain « champ littéraire » depuis cinquante ans, peut-être seraient-ils moins ignorants (à de rares exceptions près) de ce qu’est la Chine avec ses quatre mille ans de civilisation. C’est évidemment beaucoup demander.
«  Quand on aime la Chine, on sait d’où elle vient » écrit encore Sollers à la fin de Deux et deux font quatre. Nos lecteurs ont un avantage : la « rubrique Chine » de Pileface doit être une des plus documentées de ce site (et de tous les sites "littéraires" !). Étonnant, non ? En ce qui concerne le rapport des revues Tel Quel et L’Infini à « la Chine ancestrale », je me contenterai de renvoyer à mon "inventaire" (in progress) La Chine toujours et à cet article, Le génie de la Chine : il y est question du grand savant Joseph Needham (pour le reste, faites comme Sollers dans Paradis III : tapez Chine).

La Chine ancestrale ou la Chine antique : trois films remarquables de Serge Tignières, présents ces temps-ci sur France 5, permettent d’en apprendre un peu plus sur sa longue histoire. Après la prospective donc, retour vers le passé...

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La Chine antique

Auteurs-réalisateurs : Serge Tignères, Caroline Vermalle Von Ruben

Coproduction : GEDEON Programmes, France 5, NHK.

Retour vers le passé avec une série de trois documentaires qui retracent deux mille ans d’histoire de la Chine et révèlent les secrets de la fondation de la grande puissance asiatique.
Contrairement à l’Europe qui, au fil du temps, s’est fragmentée en nations farouchement indépendantes, la Chine, elle, a conservé des frontières forgées durant l’Antiquité. Mais que connaissons-nous de son histoire ? Que savons-nous des événements qui ont présidé à l’émergence de la civilisation, puis à l’unification du pays ? Quand les Celtes déferlaient sur l’Europe occidentale et que les Etrusques s’implantaient dans la Botte italienne, ou encore à l’heure où Périclès fondait la démocratie athénienne, que se passait-il en Asie orientale ? On ignore trop souvent qu’au début de l’ère chrétienne cette immense nation avait déjà jeté les bases de ce qu’elle est aujourd’hui : une grande puissance. L’histoire antique de la Chine a longtemps été mal connue, et pour cause...
Grand comme l’Europe, l’empire du Milieu est une immense succession de déserts et de massifs montagneux quasiment impénétrables. Il est longtemps resté fermé aux étrangers. Ainsi, les historiens occidentaux ne disposaient pour l’étudier que de récits légendaires. Depuis dix ans, une multitude de fouilles archéologiques et de découvertes fortuites ont permis de constater que les légendes n’en étaient pas ! Les héros mythologiques sont devenus des personnages bien réels, et les batailles homériques sont apparues pour ce qu’elles étaient vraiment : des luttes acharnées pour le pouvoir.
Combinant séquences tournées en haute définition et reportages de la télévision chinoise sur la découverte de certains trésors, cette série déclinée en trois épisodes — La Dynastie disparue, Grandeur et décadence des Shang et Le Premier Empereur — propose une odyssée exceptionnelle, un voyage dans le temps aux origines de la Chine et aux sources de sa culture.

Camille Flocon, France 5.

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1. La Dynastie disparue

Les fouilles archéologiques du site Erlitou, dans la province du Henan, ont prouvé l’existence des Xia, la première dynastie de l’histoire du géant asiatique. Cette incroyable civilisation a résisté aux catastrophes en domestiquant la nature et a développé une culture dont l’influence s’est fait sentir dans l’Ouest chinois et jusqu’aux portes du Viêtnam. Elle a acquis la maîtrise du bronze et la sculpture du jade, et a mis en place un système religieux et politique. Après quatre cents années de suprématie, les Xia ont disparu et laissé en héritage le symbole de leur puissance : l’image du dragon.

Avec Olivier Venture, Maître de Conférences, Ecole Pratique Hautes Etudes ; Wei Wang, Directeur de l’Institut d’archéologie des sciences sociales de Chine ; Bin Lin, Directeur Institut d’archéologie et des reliques culturelles ; Docteur He Nu, Directeur du site de fouilles de Taixi ; Docteur Hirao, université Beppu ; Hong Xu, Académie des sciences sociales de Chine.


(durée : 49’57")

Rediffusion :
dimanche 23 juin à 16h37 à sur France 5
mardi 2 juillet 23h30

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2. Grandeur et décadence des Shang

La Chine actuelle compte neuf langages différents mais une seule écriture. Toutes les tentatives pour instaurer une écriture phonétique ont échoué. De 1500 à 700 avant J-C, deux dynasties, les Shang [1] et les Zhou, vont forger successivement l’identité culturelle de la nation chinoise, une identité bâtie par la guerre, le bronze et l’écriture. Retour sur cette aventure humaine étonnante, dont l’exemple a inspiré ses voisins et, d’une façon ou d’une autre, de près ou de loin, a durablement marqué l’histoire des hommes, de l’Asie à l’Occident, en passant par le Moyen-Orient. Experts et images d’archives exposent cette odyssée.


(durée : 51’56")
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3. Le Premier Empereur

En 221 avant J-C, l’unification de l’empire de Chine s’achève. Le roi Qin Shi Huang, qui hérita 15 ans plus tôt de l’un des royaumes qui divisaient alors la Chine en sept parties, a défait ses adversaires les uns après les autres et conquis toutes les autres provinces. Le roi de Qin prend alors le titre de Shi Huangdi, « Premier souverain empereur ». L’Empire chinois est né ; il ne prendra fin qu’en 1911 [2].

Avec Olivier Venture, MC Ecole Pratique Hautes Etudes ; Yin Xia, Musée de l’armée de terre cuite ; Wucheng Zhao, Institut d’archéologie de la province du Gansu ; Romian Graziani, professeur en études chinoises à l’ENS ; Docteur Takashi Kitamura, Université Hannan (Japon) ; Hui Xia, directeur du Bureau de sauvegarde des reliques culturelles ; Professeur Qing, Insitut d’archéologie de l’Académie des sciences sociales de Chine ; Docteur Kazuyuki Tsuruma, Université (Japon).


(durée : 49’19")
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«  La Stratégie de la domination absolue. L’empereur Qin Shihuang a appliqué ce programme à la lettre, et on l’a vu ressurgir, tel un projet grandiose et fou, à la fin du règne de Mao. » (Ph. Sollers, La domination mystique)

Dans Stèles : La Grande Famine en Chine (1958-1961), Yang Jisheng écrit :

Dans son discours du 8 mai ([1958], Mao Zedong a fait l’éloge de l’opinion de l’empereur Qin Shi Huangdi sur ceux qui dénigraient le présent en se servant du passé. À ce moment, Lin Biao a interjeté : « L’empereur Qin a brûlé les livres et enterré les lettrés vivants », s’attirant cette répartie de Mao Zedong :
L’empereur Qin, ce n’est rien ! Il a juste enterré vivants quatre cent soixante lettrés, nous en avons enterré quarante-six mille. Quand nous réprimions les contre-révolutionnaires, n’avons-nous pas tué quelques intellectuels ? J’en ai discuté avec des démocrates, je leur ai dit : vous nous reprochez de faire comme l’empereur Qin, mais nous avons fait cent fois plus ! On nous accuse d’être une dictature, comme l’empereur Qin, mais nous le reconnaissons, c’est parfaitement exact ! La seule chose qu’on peut regretter, c’est que vous n’en avez pas assez dit, et que nous devons donc compléter vos propos.

Note : « En l’absence de datations irréfutables, des doutes ont été émis à propos de l’authenticité de l’armée enterrée : en 1988, l’écrivain Guy Debord qualifie l’armée de terre cuite de « faux bureaucratique » [3]. Jean Leclerc du Sablon, correspondant de presse à Pékin 30 ans durant, évoque ses doutes dans son livre L’Empire de la poudre aux yeux : Carnets de Chine, 1970-2001, Paris, Flammarion, 2002 [4]. En 2007, le diplomate et sinologue suisse Térence Billeter considère l’armée comme fausse, se fondant principalement sur la découverte du site au moment où Mao Zedong se comparait lui-même à Qin Shi Huang, sur l’absence de mention de cette armée dans la description pourtant détaillée que Sima Qian fait de la tombe, et sur le style artistique des statues [5]. En 2010, le sinologue Jean Levi reprend ces affirmations dans son livre La Chine est un cheval et l’univers une idée [6]. Ces contestations pèsent peu face à la reconnaissance internationale accordée à l’armée de terre cuite par son inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO [7]. » [8]

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Qin, le premier empereur

1. La marche de l’histoire, France Inter, Jean Lebrun, 20 juin 2013.

Avec François Thierry
Conservateur général au département des Monnaies, médailles et antiques de la BNF

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Qin Shi Huang, premier empereur de Chine
© domaine public - 2013

Premier empereur ? A bien des égards, il était surtout un continuateur. Ceux qui lui avaient préparé le chemin songeaient depuis longtemps à reprendre les symboles de l’époque Zhou, première tentative d’unification.

Parmi eux, il y avait les trépieds. Trépieds qui glissèrent cependant des mains du premier souverain du royaume combattant de Qin à avoir pu les tenir. Il en eut la rotule brisée. Les temps n’étaient pas encore mûrs.

Le Premier Empereur est d’abord celui qui, la saison venue, eut la chance de cueillir le fruit. Mais sa succession avorta rapidement. Et ceux qui prirent le relais, les Han, se chargèrent de lui faire une réputation détestable.

Pourtant, quels qu’aient été vraiment ses torts, il incarne définitivement le choix qu’a fait la Chine : le choix, malgré l’immensité de son territoire, de l’unité.

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2. Au coeur de l’histoire, Europe 1, Franck Ferrand, 6 février 2013.

Avec à nouveau François Thierry et Libin Liu Le Grix, Française d’origine chinoise, diplômée d’histoire économique (Université Paris I Panthéon-Sorbonne), qui dirige le cabinet de conseil France-Chine et a publié en janvier 2013 Le grand livre de la Chine.

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Deux livres

Le deuxième épisode de La Chine antique, consacré au Premier Empereur, a comme intervenant Romain Graziani. Celui n’est pas un inconnu des lecteurs de la collection L’infini puisqu’il y a publié en 2006 un essai remarqué, Fictions philosophiques du « Tchouang-tseu ».

Présentation

Ce livre est un essai général sur un auteur tenu par la plupart pour le plus grand philosophe et prosateur chinois, Tchouang-tseu (356-286 avant notre ère), dont l’œuvre homonyme, le Tchouang-tseu, se situe à l’origine du taoïsme philosophique et religieux. Les thèses audacieuses de Tchouang-tseu, ses vertigineuses leçons métaphysiques, son ironie noire contre toute forme d’autorité s’épanouissent sous la forme de dialogues, fables et historiettes souvent déroutantes, que Romain Graziani traduit, commente et interprète en en dégageant les enjeux, avec le souci constant de tirer, sinon des leçons, du moins un éclairage transversal sur notre condition actuelle.
Le lecteur y trouvera une introduction à l’une des formes de pensée les plus radicales qu’ait produites la Chine, aux antipodes de l’humanisme confucéen, de sa sagesse grise et de sa religion hypocrite de la bonté.

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François Thierry est l’auteur de La Ruine du Qin (Vuibert, 2013).

Présentation

Qin Shihuangdi, premier empereur de Chine, a laissé un héritage controversé. Un récit biographique qui rétablit la vérité sur cet homme d’État méconnu, dont l’itinéraire fascinait Mao Zedong.

Une légende noire entoure Qin Shihuangdi, le premier empereur de Chine. Prince médiocre, arrivé sur le trône du Qin presque par hasard à la fin du IIIe siècle av. n. è. il conquit pourtant tous les royaumes voisins et unifia l’empire chinois. Il fonda en 221 av. n. è. la dynastie Qin, qui mit fin à des siècles de féodalité, et instaura un État centralisé fort... qui s’écroula trois ans à peine après sa mort. Empereur paranoïaque, superstitieux, sans envergure ni vision, il fut pourtant un bâtisseur hors du commun, dont la fameuse armée de terre cuite enterrée, mais aussi la Grande Muraille, constituent les témoignages les plus éloquents.
Immense homme d’État ? Dictateur sanguinaire avant la lettre ? Qui est donc cet homme aux multiples facettes et à l’héritage si contrasté ? Si l’historiographie a caricaturé Qin Shihuangdi, dont l’itinéraire fascinait Mao Zedong, François Thierry rétablit enfin son véritable visage et nous donne de pénétrer dans l’intimité de cet homme d’État au destin si exceptionnel. Complots, règlements de comptes sanglants, ministres véreux... Tels sont les ingrédients de cette passionnante incursion dans l’Empire du Milieu.

Librairie Vuibert

Cf. Le premier empereur de Chine : monstre ou génie ? .

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[2La suite de l’histoire (de 1911 à nos jours), vous pouvez la découvrir dans Mao, une histoire chinoise.

[3Guy Debord, Commentaires sur la société du spectacle, Paris, Éditions Gérard Lebovici, 1988, au paragraphe XVII. Citons Debord :

« Renversant une formule fameuse de Hegel, je notais déjà en 1967 que « dans le monde réellement renversé, le vrai est un moment du faux ». Les années passées depuis lors ont montré les progrès de ce principe dans chaque domaine particulier, sans exception. [...]

Le point culminant est sans doute atteint par le risible faux bureaucratique chinois des grandes statues de la vaste armée industrielle du Premier Empereur, que tant d’hommes d’État en voyage ont été conviés à admirer in situ. Cela prouve donc, puisque l’on a pu se moquer d’eux si cruellement, qu’aucun ne disposait, dans la masse de tous leurs conseillers, d’un seul individu qui connaisse l’histoire de l’art, en Chine ou hors de Chine. On sait que leur instruction a été tout autre : « L’ordinateur de Votre Excellence n’en a pas été informé. » Cette constatation que, pour la première fois, on peut gouverner sans avoir aucune connaissance artistique ni aucun sens de l’authentique ou de l’impossible, pourrait à elle seule suffit à conjecturer que tous ces naïfs jobards de l’économie et de l’administration vont probablement conduire le monde à quelque grande catastrophe ; si leur pratique effective ne l’avait pas déjà montré. »

[4Francis Deron, « La Chine, une puissance encerclée » , Le Monde, 24/10/2002, reproduit sur le site de l’IRIS.

[5Térence Billeter, L’Empereur jaune, Paris, Les Indes Savantes, 2007, p. 476. Cf. Terence Billeter, L’Empereur jaune.

[6Jean Lévi, La Chine est un cheval et l’univers une idée, Paris, M. Nadeau, 2010. Cf. sur pileface.

[7Cf le rapport, en date du 4 avril 1987, du Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS) recommandant l’inscription du site : « L’ICOMOS donne un avis chaleureusement favorable à l’inscription du tombeau de Qin Shi Huang sur la Liste du Patrimoine mondial au titre des critères I, III, IV et VI ».

[8Source : wikipedia.

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