Parution le 15 janvier 2021.
Extraits
En hommage à Hölderlin
Gardant soif
près de la belle Garonne
avec le souvenir là-bas
de Diotima
le menuisier du sens oublie
que le temps existe
il ne compte plus les jours de la vie
à la fenêtre lumineuse
qui se devine & s’approche.
Innigkeit intendere l’intime dense
sur l’abime
courage coeur, dans la poussière dorée
comme ce dieu resté à l’écart
& qui sépare ;
la femme douce qui s’allonge
& appelle au silence
ne sait plus choisir
entre l’amour long
& l’amour à vif.
A.G., le 5 décembre 2020.
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Entretien avec Pascal Boulanger à propos de L’intime dense
« Plus question de vivre dans la promiscuité des dieux furieux, ni de stocker tout l’étant pour se prémunir contre le gouffre ».
L’écriture de Pascal Boulanger a l’écoute de la vie et du réel, du monde sensible qui nous entoure, fait le pari de penser dans une expérience subjective et poétique son rapport à la métaphysique et à la transcendance, pour mieux travailler le discours dans sa relation au langage et à l’histoire, à la civilisation et au monde. Ne négligeant ni les recherches d’Apollinaire et de Reverdy, ni celles de Lautréamont et de Rimbaud qui le rattachent aux poètes Marcelin Pleynet et Claude Minière, Pascal Boulanger partage avec les œuvres de ses aînés des expériences de vies et d’écritures proches et singulières. L’intime dense, le vingt-sixième livre publié par son auteur, saisit au fil des jours et des nuits ce qui dans le proche et le lointain de la présence et du monde travaillent l’intime de nos vies dans le retrait et la concision du trait. Pour Pascal Boulanger « celui qui écoute parle dans l’imprévisible ». Il est celui qui prévoit l’inattendu, ce hors-temps de la parole épiphanique, là où le jaillissement de la beauté et de l’amour se découvre, s’oriente, se spécifie. Où du plus loin au plus proche, dans ce mouvement de la pensée et du cœur transformés par la voix et le poème « esprit & matière sont une même chose quand jour se lève et s’éteint aux doigts souples des vagues. » Le poème transforme et façonne la réalité du monde. LIRE ICI.
« La poésie est-elle autre chose que l’attention (la tension) et la venue à soi du proche et du lointain ? ». Pour son 24e ouvrage, Pascal Boulanger nous embarque à la rencontre de l’un de ses auteurs fétiches, Friedrich Hölderlin, poète allemand du XVIIIe. Rencontre avec l’auteur.
Pascal Boulanger.
(© Chronique républicaine). ZOOM : cliquer sur l’image.
Actu : Vous publiez un 24e ouvrage intitulé L’intime dense, quelle est son histoire ?
Pascal Boulanger :
Nous avons tous une dette, vis-à-vis de nos parents, de nos proches et aussi, quand on est poète, vis-à-vis des écrivains qu’on a lus et qui nous ont marqués. Ce nouveau recueil est, avant tout, un hommage au poète allemand Hölderlin… Sa poésie, mais aussi sa vie peu banale (il passera des décennies en étant enfermé et sous tutelle pour des raisons liées à sa folie) sont profondément émouvantes. Il apercevait la beauté des choses à travers une fenêtre, choisissant en quelque sorte un retrait face à la violence et à l’absurdité du monde.
Au-delà du jeu de mots (volontaire) que suggère le titre de l’ouvrage, peut-on y voir une intime coïncidence ?
PB :
On entend dans ce titre L’intime dense, non seulement l’épaisseur et l’importance de tout ce qui se joue dans l’intimité des êtres, mais aussi une danse des sentiments, toute une chorégraphie amoureuse, faite de présence et d’absence, de paroles et de silence, de traits et de retraits.
Hölderlin comme Rimbaud semblent avoir guidé votre plume et votre vie ?
PB :
Hölderlin mais aussi Rimbaud sont des poètes que j’ai découvert quand j’avais une vingtaine d’années, je les lis et relis sans cesse, ils sont pour moi cette fenêtre ouverte sur un monde où l’enchantement et la beauté n’ont pas déserté. Ma poésie se nourrit de toute cette galaxie faite de liens, d’expériences et de sensations parfois paradoxales. En fait, on est toujours seul quand on écrit et… Jamais seul ! On est avec la multitude des grands artistes et écrivains, on est avec ses souvenirs, avec ses projections et ses rêves.
Comment vous renouvelez-vous ?
PB :
J’ai commencé à écrire assez tardivement. Septembre, déjà est le premier recueil que j’ai publié en 1991, soit un an après la naissance de ma première fille. J’avais alors 30 ans et j’exerçais la profession de bibliothécaire. Vingt ans plus tard et après plus d’une cinquantaine de parutions diverses et variées, je n’écris qu’à partir de mon vécu, de ma traversée, de mes rencontres. J’essaie d’être au plus près de cette multiplicité de sensations, positives ou négatives, qui font de moi un vivant. Mais je n’ai jamais écrit de poésie subjective et anecdotique, ce qui m’intéresse, c’est la rencontre, avec le monde, avec l’histoire, avec l’amour en partage.
Votre « nouvelle vie » à Bazouges-la-Pérouse n’est pas étrangère à cette intime dense ?
PB :
Bazouges s’est imposé comme une évidence pour moi, après une vie professionnelle bien remplie je rêvais d’un havre de paix où poser mes valises. Le besoin de mettre en retrait d’un monde urbain de plus en plus difficile à supporter, d’un monde contraire à la poésie et à la beauté. Les poèmes de ce nouveau recueil ont été écrits ici, dans la splendeur des bocages, des forêts, de la baie, des plages, des ciels et de la mer. Indéniablement, Bazouges a orienté ma plume !
Chronique républicaine.
L’Intime dense est disponible en librairie ou directement auprès des éditions Le Cygne (www.editionsducygne.com). Prix public : 10 €, port et emballage forfaitaire de 2 € pour la France et 6 € hors France.
Pascal Boulanger, poète et critique littéraire français né en 1957 à Maisons-Laffitte (Yvelines), a publié des articles et des chroniques dans de nombreuses revues littéraires.
(Note de lecture), Pascal Boulanger, L’intime dense, par Claude Minière et par Guillaume Basquin. LIRE ICI.