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Cahiers Bataille, n° 6 : Bataille en Amérique latine

D 19 février 2024     C 0 messages Version imprimable de cette Brève Version imprimable   

Sous la direction de Monica Marczuk et Marcelo Jacques de Moraes.

Editions Les Cahiers.

Présentation :

« L’Amérique disparue », publiée en 1928 dans le numéro 11 de la revue la République des Lettres des Sciences et des Arts consacré à l’art précolombien, est peut-être le premier article de Georges Bataille dans lequel se cristallise son goût pour ce qui effraie la sensibilité et déboussole l’esprit. Cet écrit annonce, aussi, des thèmes qui ne cesseront de l’occuper : la mort, le sacrifice, le sacré, la violence, l’horreur, le rire, la perte, le don, l’excès. Serait-il exagéré de voir dans « L’Amérique disparue » un préambule à la Part maudite (1949), livre magistral paru vingt ans plus tard ? Ou une introduction à ce que Bataille développera de manière spéculative dans Théorie de la religion (1948) ? Et Histoire de l’oeil, publiée la même année, ne peut-elle pas se présenter comme son pendant fictionnel ?

Au cours du XXe siècle, les liens entre l’Amérique latine et l’Europe (la France et l’Espagne en particulier) étaient nombreux. Les voyages au Mexique entrepris par Antonin Artaud, André Breton, Benjamin Péret, en Équateur et au Pérou par Henri Michaux, au Brésil par Blaise Cendrars, Alfred Métraux ou Claude Lévi-Strauss, témoignent de cet intérêt. Réciproquement, la présence en France des Latinos-Américains César Moro, Roberto Matta, Leonor Fini, Wifredo Lam, Oswald de Andrade, Maria Martins, est, elle aussi, considérable.

Bataille n’a jamais franchi les frontières de l’Europe occidentale, il n’a jamais adhéré au mouvement surréaliste non plus. La présence et l’influence de ses écrits dans les pays latino-américains n’a donc rien d’évident. Pourtant, déjà à l’époque, les entreprises telles que la revue DYN (fondée en 1942 à Mexico par Wolfgang Paalen) ou la conceptualisation du « réel merveilleux » par Alejo Carpentier (l’un des signataires du pamphlet « Un cadavre » écrit en 1930 par Bataille contre Breton) pour libérer la littérature hispano-américaine de l’influence surréaliste, paraissent proches de l’esprit contestataire bataillien.

Qu’en est-il aujourd’hui ?

Peut-on parler d’une influence directe de Bataille sur des mouvements ou des courants de pensée des pays d’Amérique latine ? Au Brésil, par exemple, son oeuvre a connu un regain d’intérêt dans les années 2010 avec la retraduction des grands classiques (l’Érotisme, l’Expérience intérieure, la Part maudite, la Littérature et le mal), et la traduction de textes inédits (le Coupable, Sur Nietzsche, Théorie de la religion, les articles pour Documents). Tout concourt à envisager de nouvelles interfaces de recherche – points de contact et points de fuite –, notamment autour des ethnographies amérindiennes actuelles.

Le sixième numéro des Cahiers Bataille sera dédié à l’intérêt de Georges Bataille pour les civilisations précolombiennes et, plus généralement, le monde hispanophone et lusophone, ainsi qu’à l’accueil et à l’influence, hier et aujourd’hui, de ses écrits dans différentes aires géographiques du continent latino-américain que l’on peut aussi appeler Amérique disparate étant donné que d’autres démarcations (territoriales, bien sûr, mais aussi symboliques et cosmiques) pourraient s’y établir.

Des éditeurs, poètes, artistes, chercheurs de différentes disciplines (philosophie, littérature, histoire, histoire de l’art, anthropologie, sociologie, études politiques, psychanalyse), de différents pays de l’Amérique latine (du Mexique jusqu’au Chili et l’Argentine, en passant par les Antilles, les Caraïbes et le Brésil), ont participé à ce numéro.

2024.

ISBN : 979-10-95977-11-7.