


P R É S E N T A T I O N
L’œuvre de Dante possède un statut paradoxal, et peut-être unique : celui d’être, à la fois, le point d’orgue d’une tradition culturelle et une référence essentielle de la plus extrême modernité littéraire. Texte source de la langue italienne ; répertoire de visions réinterprétées par l’histoire de l’art ; creuset de la pensée humaniste qui se développera au cours des siècles suivants : La Divine Comédie est la matrice d’une culture entière. Il n’y aurait rien de plus réducteur cependant que de limiter l’influence de Dante à sa dimension patrimoniale.
Avec L’Enfer et son arpentage des limbes, il a fasciné tout le dix-neuvième siècle. Au vingtième, l’histoire des radicalités littéraires se confond étroitement avec celle des relectures de Dante. Chacun à sa manière, Joyce, Kafka, Proust, Pound ou Borges l’ont revisité. Plus tragiquement, les témoins des pires enfers du siècle y ont trouvé un écho à leur nécessité de parole : Mandelstam, Akhmatova, Primo Levi qui se récitait à Auschwitz les vers du « Chant d’Ulysse ». Plus près de nous encore, les dernières avant-gardes y ont puisé : Pasolini, Beckett, et puis Tel Quel, Roland Barthes… En chaque moment d’intense inventivité, Dante est remis en jeu.
Par-delà les sept siècles qui se sont écoulés depuis son écriture, la Comédie continue à nous faire signe. C’est que Dante a fait entrer dans son poème tout un peuple, et notamment un certain nombre de ses figures publiques, puissants, souverains et prélats. Lui-même était pleinement investi dans la vie de sa cité, exerçant jusqu’à la plus haute fonction du gouvernement florentin : loin d’être détaché des querelles temporelles, le Dante politique invite à penser l’actualité de la figuration du pouvoir et de la communauté.
Dante écrit la Comédie en langue vulgaire et y convoque tous les niveaux de culture, basse et haute, les antiques les plus nobles et ses concitoyens réprouvés, la théologie la plus aiguë et les croyances populaires. Ce brouillage des hiérarchies, ce mélange des genres résonnent étonnamment avec nos pratiques contemporaines.
Dante a codifié (c’est peut-être son legs le plus célèbre) une véritable scénographie de l’au-delà. Dans notre époque hantée par l’idée de sa finitude, par la perspective renouvelée d’une fin des temps possible, la Comédie invite donc à nous poser la question : que seraient l’Enfer, le Purgatoire, le Paradis dans notre monde en crise ? Et comment la littérature d’aujourd’hui y répond-elle ?
« Que fais-tu ? » demande Virgile à Dante. Que fais-tu quand tu écris, quand tu participes à la vie de la cité, quand tu voyages, quand tu rêves, quand tu aimes ?, nous interroge Dante à sa suite. Nous cheminerons à ses côtés, avec Virgile, avec Béatrice, avec la foule qui peuple le poème, pour les rencontrer dans leur temps, et dans le nôtre.



Un vaste voyage initiatique

JUNKPAGE104-WEB, p. 56.
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Mathieu Larnaudie : Aller par un autre chemin
Conférence inaugurale, 14 septembre 14h15.
A partir de la 25e minute.
Suivi, à partir de 1h20, de Antonnella Fenech, Dante dans la peinture.



En présence de... Titre de l’intervention
Aurélie Adler François Angelier Xavier Boissel René de Ceccatty Sarah Chiche Alexandre Civico Thierry Clermont Mathias Enard Antonella Fenech Jérôme Ferrari Hélène Frappat Hélène Gaudy Laure Gauthier |
Yannick Haenel : Peut-on faire l’expérience du Paradis ?
Francesca Isidori Yann Karaquillo Maylis de Kerangal Christophe Manon Pierre Michon Alain Nicolas Didier Ottaviani : Dante, miroir de son temps Jean Péchenart Muriel Pic Danièle Robert : Les doux styles nouveaux Oliver Rohe Bertrand Schefer Joy Sorman Nicole Velche |




PROGRAMME.
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Pour s’approcher de l’esprit d’un texte, rien de tel que d’écouter celles et ceux qui s’y confrontent intimement à travers la traduction. Danièle Robert et René de Ceccatty viendront témoigner de leurs choix, doutes, écueils et partis pris, vendredi 15 septembre, lors de deux conférences et d’une table ronde.

Luca Signorellli, Dante, entre 1499 et 1502.
Cappella di San Brizio. Cathédrale d’Orvieto. ZOOM : cliquer sur l’image.


EXPOSITION.
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L’an dernier
Les revues littéraires. Avec John Jefferson Selve, Mathieu Larnaudie, Yannick Haenel (septembre 2022)



- Philippe Sollers, Jean Paul II, 4 octobre 2000.
Philippe Sollers et Dante
Ironie du sort, celui par qui notre lecture de Dante a été complètement renouvelée depuis qu’il écrivit, en 1965, Dante et la traversée de l’écriture, publia et offrit au pape Jean Paul II, en 2000, sa Divine Comédie (entretiens avec Benoît Chantre) dans laquelle il affirmait : « Aurais-je été le premier — j’en serais surpris — à insister sur le paradis ? Ce n’est pas exclu. Vous vous rendez compte de la mise ? » et qui déclarait encore en avril 2021 : « Depuis longtemps, j’étais jeune, j’ai été saisi par Dante. J’ai choisi le Paradis, pas l’Enfer, en aucun cas l’Enfer », Philippe Sollers, puisque c’est de lui qu’il s’agit, nous a quitté le 5 mai.
Jacqueline Risset, membre de Tel Quel, traductrice de La Divine Comédie, elle, est morte le 3 septembre 2014 à Rome. Neuf ans déjà, jour pour jour. Je ne l’oublie pas. J’aurai évidemment l’occasion de revenir sur cette autre aventure que rien ne saurait éclipser.