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Jean-Dominique Michel, Nouveaux médias et vraies questions

D 3 juin 2020     C 5 messages Version imprimable de cette Brève Version imprimable   

Face à la peur, cette très mauvaise conseillère, que je sentais monter autour de moi, et à la propagande anxiogène qui s’est révélée très vite le mode de communication privilégié du pouvoir et des médias, j’ai consacré, dès le 20 mars, une première note au Covid-19 qui mettait en avant une approche distanciée et critique de ce qui allait devenir très vite un évènement planétaire proprement hallucinant. Je ne connaissais pas Jean-Dominique Michel, cet anthropologue suisse calme, ouvert et souriant, pas plus que je ne connaissais le désormais célèbre Professeur Raoult. Je ne regrette pas mon intuition d’alors alimentée par la curiosité et la volonté de comprendre. Après avoir subi pendant des semaines un pouvoir (et un discours) politique calqué sur le pouvoir médical (et son discours pseudo-scientifique), on sent monter désormais un autre discours, également obscurantiste, volontiers apocalyptique, de rejet de la science et de la médecine, cet autre discours n’étant que l’envers du premier. Les choses sont évidemment plus complexes. Il faut mettre un peu de rationalité dialectique dans tout ça. Après avoir repris les deux premières interventions de Michel (Anatomie d’un désastre et Enseignements d’un désastre), voici celle qu’il vient de donner à Antoine André, animateur du podcast The Swissbox Conversation. — A.G.


SOMMAIRE
L’ENTRETIEN

Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais pour ma part la situation de plus en plus ubuesque dans laquelle nous a plongés cette épidémie soulève bien des questions. Des questions précises en lien avec sa gestion, mais qui ne font au fond que révéler des questions systémiques plus fondamentales. Comme :

Pourquoi a-t-on paniqué pareillement face à une épidémie relativement normale ?

Pourquoi a-t-on confiné la population dans son entier et ordonné un "lock-down" alors que de telles mesures ne font partie d’aucun plan pandémie ou d’aucune recommandation en santé publique pour la gestion d’une pandémie ?

Pourquoi les hôpitaux en Suisse ont-ils utilisé avec un pragmatisme de bon aloi l’hydroxychloroquine pour soigner les malades du Covid pendant qu’on en interdisait l’usage aux médecins de ville pour soigner leurs patients ?

Pourquoi aucune étude scientifique rigoureuse n’a-t-elle été mise sur pied en trois mois pour évaluer de manière indiscutable l’efficacité du protocole HQ + AZT ?

Pourquoi le Lancet a-t-il pris le risque insensé de publier une étude bidon sur ce traitement ?

Pourquoi le gouvernement français et l’OMS ont-ils sauté sur l’occasion pour refermer précipitamment le dossier ?

Pourquoi les autorités continuent-elles de prétendre que le lock-down était la seule solution, alors que le Dr Koch a reconnu par exemple que la fermeture des écoles ne reposait sur aucune raison épidémique ?

Qui va payer in fine la casse économique et sociale terrifiante qui se profile ? C’est bien joli de prêter de l’argent aux entreprises et aux indépendants pour éviter qu’ils se noient, mais pourquoi devraient-ils in fine payer les pots cassés d’une gestion calamiteuse qui aura précarisé des millions de personnes qui n’y pouvaient rien ?!

Ces questions, c’est une responsabilité citoyenne de nous les poser. Mais ne comptons pas sur la presse établie pour le faire avec l’acuité et le sérieux requis. C’est une des singularités de cette situation : alors même que les lièvres sont soulevés et courent la campagne des consciences quant à qui décide réellement de quoi dans nos démocraties, nos médias s’acharnent en définitive à démontrer à quel point ils sont dispensables en évitant comme la mort les vraies questions.

Le rédacteur en chef du Temps s’en ouvrait benoîtement dans un récent et douteux Forum des médias : nous avons fait le choix disait-il en substance de ne pas questionner les décisions prises pour ne pas désorienter la population. Ajoutant que le temps du débat viendrait, plus tard, alors que ceux (ces "personnages", suivez mon regard) qui s’expriment sur les réseaux sociaux ou internet constituent à ses yeux un danger pour la démocratie (rien que ça...)

A cet autisme probablement suicidaire répond la vitalité des initiatives en ligne. A mesure que la presse s’auto-disqualifie et sombre, les lieux de réflexions et de débat s’ouvrent sur le net. Avec des intervenants-animateurs fort qualifiés, de cette nouvelle génération ouverte sur le monde, apte à réfléchir sans tabous et n’ayant aucun intérêt à ménager ou bonne grâce douteuse à s’attirer.

Un médecin français, urgentiste à la Pitié-Salpêtrière, le Pr Yonathan Freund, a livré une réflexion profonde au magazine Le Point :

« Ce n’est pas "l’hôpital" qui doit être rêvé pour le monde d’après, c’est le monde d’après qui doit être rêvé. Il ne sera pas facile de donner tort à Michel Houellebecq lorsqu’il prophétisait que le monde d’après ne serait pas différent, mais pire.  »

La "crise sanitaire" aura révélé des systèmes sociétaux exsangues, inféodés à des intérêts privés, en manque de gouvernance éthique et qui soit réellement au service de la population, avec des conflits d’intérêts à perte de vue et des groupes d’experts complètement à côté de la plaque dans leurs projections ou évaluations...

La dernière absurdité en date n’est pas la moins amusante dans le registre consternant : le président de l’Assemblée nationale et membre de LREM, Richard Ferrand, va être chargé de diriger le rapport sur la gestion de l’épidémie par l’État !

On sent bien qu’il y a ici une forme de quitte ou double. La version "officielle" se craquèle de toutes parts, et nous n’avons pas fini d’en découvrir des vertes et des pas mûres. Les attaques contre les "opposants" (c’est-à-dire ceux qui osent continuer à poser des questions) s’intensifient d’autant.

La RTS consacre par exemple son émission de débat Infrarouges de cette semaine aux "complotistes" (ben tiens...) comme s’il n’y avait pas de sujets plus importants et plus urgents à traiter avec cette fin de pandémie. Le sujet n’est pas inintéressant, même s’il devient de plus en plus difficile de se départir de l’idée que la presse devient elle-même complotiste à soupçonner en permanence et de manière quasi-obsessionnelle que les complotistes complotent contre nos chers gouvernants.

Peut-être est-ce plus simplement qu’il y a des questions qui se posent vraiment ?!

Cet acharnement à faire diversion (on appelle cela le détournement d’attention en prestidigitation) laisse quelques sacrés paradoxes non pensés, non dits et donc non-résolus.

Heureusement, les nouveaux médias, eux, ont l’agilité, la vitalité et l’honnêteté de poser les vraies et bonnes questions. Le débat d’idées peut y être libre, ouvert, tonique, contradictoire bien sûr, mais sans la prétention de dire aux auditeurs ce qu’ils doivent penser.

Bref, un magnifique antidote à la pensée unique et à ses moyens de propagande...

Depuis le début de cette situation, j’ai ainsi fait plein de belles rencontres avec de belles personnes, créatrices de nouveaux espaces d’expression et de débat.

Parmi celles-ci, le moment passé avec Antoine André, animateur du podcast The Swissbox Conversation, où il a accueilli bien des interlocuteurs passionnants. Avec lui,nous avons abordé des sujets intéressants dont bien sûr l’épidémie mais aussi la gouvernance, l’épistémologie, les médias ou l’éducation...

De ces moments qui font du bien parce qu’on y est libre et qu’on a le temps de la parole et de l’échange, respectueux et construit. Bienvenu donc dans cette conversation tranquille, posée et riche en nuances.

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