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Le printemps de Pékin

Tian’anmen, 1989

D 4 juin 2017     A par Albert Gauvin - C 6 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Juin 2017. Donald Trump-Ubu vient de dénoncer les Accords de Paris contre le réchauffement climatique.
« Hasard du calendrier, le sommet UE-Chine, qui débutait par un dîner jeudi 1er juin et devait se conclure vendredi midi, offrait l’occasion aux institutions européennes comme aux dirigeants de Pékin de prendre le leadership dans le domaine de la politique climatique, en s’engageant à mettre totalement en œuvre l’accord de Paris. Jeudi, en visite à Berlin avant l’intervention de Donald Trump, le premier ministre chinois, Li Keqiang, affirmait que son pays "continuera à assumer ses responsabilités". » (Le Monde du 2 juin 2017) [1]
Hasard du calendrier, le 4 juin 2011, Li Na était la première Chinoise victorieuse en Grand Chelem en remportant le tournoi de Roland-Garros. Li Na a pris sa retraite. Aucune Chinoise ne remportera le tournoi cette année.
Hasard du calendrier, l’irrésistible montée de la Chine sur la scène internationale risque à nouveau d’effacer des mémoires le printemps de Pékin de mai-juin 1989.

Flash back.

En 1989, des centaines de milliers d’étudiants chinois réclament davantage de démocratie sur la place Tian’Anmen. Quelques semaines plus tard, leur mouvement est écrasé dans le sang. De cet épisode, une image reste dans toutes les mémoires : celle de cet homme arrêtant une colonne de chars.

*


Première mise en ligne le 4 juin 2009.

Alors que le jour se lève sur le place Tiananmen de Pékin en ce jeudi 4 juin 2009, ils sont nombreux à se souvenir silencieusement des évènements qui se sont passés ici-même le 4 juin 1989.

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La Chine, toujours

Au mois de mai 1990 sort le numéro 30 de la revue L’Infini. Nous sommes un an après les événements qui ont secoué pendant près de deux mois la Chine et que l’on a appelé le « Printemps de Pékin » ou le « massacre de la place Tian’anmen ». Événements qui se sont conclus par une violente répression et le massacre de milliers de personnes le 4 juin 1989. Ce numéro de L’Infini comporte un dossier complet intitulé LA CHINE, TOUJOURS. Le bandeau de la revue donne le ton : il ne s’agit pas, cette fois, de parler de la Chine ancestrale, mais du MOUVEMENT DÉMOCRATIQUE EN CHINE. Le dossier lui-même s’ouvre par la reproduction d’un extrait d’un rouleau de Huaisu :  la hardiesse extrême suivi du seul passage publié à ce jour de  Paradis III . Je l’ai déjà présenté dans un précédent article, j’y renvoie le lecteur.

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Vingt ans après, les événements de la place Tian’anmen continuent en Chine à faire l’objet d’une censure totale [2]. Selon les sources le nombre de morts varie de 300 (version du gouvernement) à 3000 (sources occidentales), mais la comptabilité n’est pas l’élément essentiel. A l’heure où la Chine s’affirme comme une puissance économique incontournable, sa conception du développement et du "management" — capitalisme débridé + politique autoritaire — pourrait en séduire et en faire rêver plus d’un parmi les classes dirigeantes occidentales. La Chine contemporaine n’est-elle pas, finalement, une des meilleures illustrations de cette fusion entre le spectaculaire diffus et le spectaculaire concentré que Guy Debord décrit dans ses Commentaires sur la société du spectacle sous le nom de "spectaculaire intégré" — et dont "l’américanisation du monde", contrairement à ce que pensait Debord, ne serait peut-être pas le dernier mot ?
Quand Debord écrit en 1988 : « La société modernisée jusqu’au stade du spectaculaire intégré se caractérise par l’effet combiné de cinq traits principaux, qui sont : le renouvellement technologique incessant ; la fusion économico-étatique ; le secret généralisé ; le faux sans réplique ; un présent perpétuel. », n’annonce-t-il pas autant l’avenir possible d’un modèle chinois de globalisation qu’il ne décrit le présent des sociétés capitalistes occidentales ? Voilà une hypothèse que certains hérauts de la "démocratie" planétaire — nouveaux candides — n’ont peut-être pas suffisamment pesée [3]. Laissons la question ouverte.

En 1998, Sollers écrivait à propos «  du grand jeu de masques du communisme chinois » : «  Ce dernier est toujours là, mais dans quel état : celui du cynisme policier technique, conforté par des démocraties affairistes malgré le massacre à ciel ouvert de Tiananmen en 1989.
La Chine sera-t-elle, un jour, vraiment démocratique ? Sans doute, mais quand ? Leys écrit : « Il ne fait aucun doute qu’à long terme les Chinois sauront finalement avaler, digérer et totalement transformer le communisme peut-être en conserveront-ils le nom par une sorte de conservatisme purement formel et quelque peu ironique. » Le processus est en cours, mais il faut sans cesse y revenir, insister...
 » [4]

Les régimes passent... Les Chinois demeurent.

Tian’anmen, 1989. Il faut lire l’entretien que Cai Chongguo, réfugié politique qui vit en France, vient de donner au Nouvel Observateur à l’occasion de la publication de son livre , J’étais place Tian’anmen. Et, puisque, aujourd’hui, le "présent perpétuel" s’appuie d’abord et essentiellement sur un défaut de mémoire historique [5], rappelons les faits et les dates tels qu’il étaient présentés par Elisabeth Peyraube dans le numéro 30 de L’Infini [6] :

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Bandeau de L’Infini 30, Été 1990.
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Le deuxième printemps de Pékin :
Chronologie du mouvement démocratique
15 avril - 4 juin 1989

6 janvier :
— L’astrophysicien Fang Lizhi (le Sakharov chinois) fait parvenir une lettre publique à Deng Xiaoping. Il y évoque la commémoration du 200e anniversaire de la Révolution française, du 70ème anniversaire du Mouvement du 4 mai 1919 et du 40ème anniversaire de la fondation de la République populaire de Chine. Il demande que soit libéré, à cette occasion, Wei jingsheng, leader du mouvement démocratique de 1978-1979, condamné, en octobre 1979, à quinze ans de réclusion [7].
13 février, 26 février :
— Une série de pétitions, signées par des dizaines d’intellectuels et d’artistes, réclame l’élargissement des détenus politiques.
4mars :
— Yuan Mu, porte-parole du Conseil d’Etat, nie l’existence en Chine de prisonniers d’opinion.
8 avril :
— Importante réunion du bureau politique. Hu Yaobang, ancien secrétaire général du parti communiste chinois, destitué en janvier 1987 pour avoir soutenu la contestation étudiante de l’époque, y affronte violemment les conservateurs, malgré sa disgrâce.
15 avril :
— Hu Yaobang décède des suites d’une crise cardiaque.
— Dans l’après-midi, des dazibaos apparaissent sur le campus de l’Université de Pékin (Beida), pleurant la mort de Hu et exigeant sa réhabilitation politique.
16 et 17 avril :
— Les étudiants s’organisent et manifestent. Les slogans dénoncent, pour l’essentiel, la corruption et les privilèges des bureaucrates. Des gerbes mortuaires à la mémoire de Hu sont déposées au Monument des héros du peuple, à Tian’anmen.

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18 avril :
— Manifestations toute la journée. En fin d’après-midi, plusieurs centaines de jeunes organisent un sit-in devant l’Assemblée nationale : ils demandent que Hu Yaobang soit définitivement réhabilité et que les revenus des enfants des dignitaires du régime soient rendus publics. Le soir, près de cinq mille étudiants tentent de pénétrer à Zhongnanhai (la résidence des hiérarques du parti et de l’Etat) et cherchent à être reçus par le Premier ministre Li Peng. La police intervient.
19 avril :
— La campagne d’hommages à la mémoire de Hu Yaobang se poursuit. Une dizaine de milliers de manifestants affluent roujours vers Tian’anmen.
20 avril :
— Réunion du comité permanent du bureau politique : Zhao Ziyang, l’actuel secrétaire général, plaide pour le dialogue avec les étudiants ; Li Peng préconise la fermeté.
— Nouveau rassemblement des étudiants sur Tian’anmen.
21 avril :
— Une lettre ouverte signée par quarante-neuf intellectuels (dont Yan Jiaqi et Baa Zunxin) sollicite une réelle séparation entre les organes du parti communiste et ceux de l’Etat et suggère au gouvernement d’engager un dialogue immédiat avec les étudiants.
— Nouvelle manifestation d’étudiants, qui rencontre la sympathie de la foule massée sur les trottoirs. Le cortège débouche la nuit sur Tian’anmen. Une grande banderole est accrochée sur la place : « Vivent la démocratie et la liberté ! »
22 avril :
— La « coordination des universités de Pékin » est créée au petit matin.
— Cérémonie officielle à la mémoire de Hu Yaobang qui a droit, sous la pression des étudiants, à de grandioses funérailles nationales.
— Parallèlement, cent à deux cent mille jeunes se rassemblent à Tian’anmen. Ni la presse, ni la télévision ne mentionneront cet attroupement. C’est quand même une victoire des étudiants sur le Pouvoir, ce dernier ayant été contraint de tolérer leur participation à la commémoration en leur abandonnant une partie de l’espace le plus chargé de symboles : la place centrale de la capitale.
23 avril :
— Premiers mouvements de troupes aux alentours de Pékin.
— Les étudiants, de retour sur leurs campus, votent la grève des cours. Plus de cinquante mille d’entre eux, dès le lendemain, répondent à l’appel.
— Zhao Ziyang quitte Pékin pour une visite officielle en Corée du Nord.
24 avril :
— Les étudiants, réunis en assemblée à Beida, proclament la dissolution de l’ancienne organisation étudiante officielle et la création d’une nouvelle « Association nationale et démocratique des étudiants ».
— Des dazibaos, affichés à Beida, s’en prennent directement à Deng Xiaoping.
— Réunion du bureau politique, convoquée par Li Peng. Li Ximing y présente un long réquisitoire contre le mouvement étudiant et critique Zhao Ziyang.
25 avril :
— Une réunion se tient chez Deng Xiaoping. Li Peng y intervient longuement en faveur d’une solution répressive. Il convainc Deng Xiaoping, qui se déclare favorable à la publication d’un article inclément, dès le lendemain, dans le Quotidien du peuple. Ce sera le fameux « éditorial du 26 avril ».
26 avril :
— Ledit éditorial du Quotidien du peuple qualifie les récents rassemblements d’émeutes et impute leur origine à « un groupuscule de mauvais éléments » qui manipule les étudiants.
— La 38e armée prend position aux abords de Pékin.

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27 avril :
— En réponse à l’article de la veille, plus d’un million de manifestants défilent, empruntant le trajet, désormais traditionnel, des quartiers universitaires à la place Tian’anmen. « Souvenez-vous de Hu !, Respectez la constitution !, Li Peng, tu triches avec des millions de gens !, A bas la corruption ! » Plusieurs groupes fraternisent avec les soldats et continuent à clamer leur foi dans un parti communiste rénové et dans l’armée du peuple. Le soutien populaire est évident, l’atmosphère bon enfant.
— Yuan Mu, le porte-parole du gouvernement, accepte le dialogue avec les étudiants.
— Le rédacteur en chef de la revue shanghaienne Tribune mondiale de l’économie, Qin Benli, est limogé.
28 et 29 avril :
— Premiers contacts entre le gouvernement et les étudiants ; chacun reste sur ses positions. Il y aura d’autres rencontres les jours suivants, qui ne donneront aucun résultat.
— Etablissement de l’« association autonome des étudiants de la capitale ». Wuer Kaixi est élu président (28 avril).
30 avril :
— Zhao Ziyang revient de Corée du Nord et Li Peng lui fait immédiatement savoir que les étudiants lui tiennent rigueur des privilèges dont bénéficient ses fils. La nuit, Zhao écrit une missive au comité permanent du bureau politique, où il s’explique sur la question et demande que l’on réunisse une commission d’enquête sur les activités de ses enfants.
1er mai :
— Il propose que sa lettre soit diffusée auprès des différentes instances militaires de province et surtout que l’on revienne sur l’éditorial du 26 avril. Li Peng rétorque que la décision a été prise par Deng Xiaoping en personne et qu’il est donc exclu de la remettre en cause, Zhao cède.
2 mai :
— L’organisation autonome des étudiants appelle pour le surlendemain à une grande manifestation commémorative du 4 Mai 1919 [8], si d’ici là un véritable dialogue n’était pas engagé avec le gouvernement.
— Six mille étudiants manifestent à Shanghai contre les privilèges et pour la démocratie.

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4 mai 1919

4 mai :
— Le gouvernement ayant refusé l’ultimatum des étudiants, un imposant cortège d’un million de personnes prend possession de la rue pendant plusieurs heures. La population de la capitale exprime incontestablement son soutien aux étudiants ; des journalistes sont présents dans le cortège et revendiquent aussi la liberté de la presse à l’instar des autres manifestants.
— Dans les grandes villes du pays, des manifestations semblables se produisent.
— Zhao Ziyang fait un discours conciliant envers le mouvement étudiant. II refuse de parler de la « lutte contre le libéralisme bourgeois », comme lui suggèrent Li Peng et Yao Yilin.
5 mai :
— Période de flottement. La presse a rendu compte objectivement du défilé du 4 mai. Les cours reprennent dans beaucoup d’établissements d’enseignement supérieur.
6 mai :
— Li Peng reçoit les responsables de huit universités. Il leur explique que le discours de Zhao Ziyang du 4 mai ne représente que son opinion personnelle, mais que l’éditorial du 26 avril a été, en revanche, appuyé par Deng Xiaoping et émane du comité central.
8 mai :
— Zhao Ziyang réunit le comité permanent du bureau politique, élargi. En dehors des cinq titulaires (Zhao Ziyang et Hu Qili, réformistes ; Li Peng et Yao Yilin, conservateurs ; Qiao Shi), sont présents : Yang Shangkun, Président de la république, Wan Li, Président de l’Assemblée nationale et Bao Tong, proche de Zhao. Il propose des dispositions concrètes pour calmer l’effervescence étudiante : suppression des privilèges de tous les hauts cadres (à l’exception de ceux qui son âgés de plus de 75 ans), libéralisation de la presse et publication de ces mesures dans le Quotidien du peuple, afin de montrer la bonne volonté du gouvernement à la population. Zhao échoue à faire adopter son initiative.
10 mai :
— Nouvelle manifestation des étudiants, à bicyclette ; beaucoup d’entre eux ont la tête ceinte d’un bandeau.
13 mai :
— Deux puis trois mille étudiants se lancent dans une grève de la faim illimitée et s’installent sur Tian’anmen. La presse internationale, présente à Pékin à l’occasion de la visite imminente de Gorbatchev, donne un retentissement extraordinaire à ce nouveau développement de l’agitation étudiante.

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14 mai :
— « Quand les étudiants cessent de se nourrir, l’administration perd du poids. » Trente-cinq mille personnes sont présentes sur la place pour apporter leur soutien aux grévistes de la faim.
15 mai :
— Elles sont cent mille.
Gorbatchev arrive à Pékin et voit son programme initial de visite passablement bouleversé ; il lui est impossible, notamment, de traverser le centre de la ville, ce qui constitue un sévère camouflet pour les autorités.
16 mai :
— L’occupation de la place s’organise : tentes, présence de personnel médical et ballet incessant des ambulances qui emmènent, toutes sirènes hurlantes, vers les hôpitaux, les étudiants qui perdent connaissance.
— La population pékinoise vibre devant les grévistes qui mettent leur santé et peut-être leur vie en danger pour leur idéal patriotique. Plus d’un million de citadins se massent au centre de la ville ; toutes les couches sociales sont représentées.
— Plusieurs appels d’intellectuels (écrivains, présidents d’universités, enseignants du supérieur, chercheurs...) demandent au Pouvoir de dialoguer avec les étudiants.
— Gorbatchev rencontre Deng Xiaoping le matin. Ils échangent une poignée de main historique. Il s’entretient ensuite avec Li Peng, puis avec Zhao Ziyang.
17 mai :
— C’est une véritable révolution. La population entière de Pékin prend possession de la rue et manifeste son soutien sur le thème : « Ne laissons pas mourir nos étudiants. » La ville est quasiment en grève générale. Un à deux millions de citadins sont mobilisés aux côtés des étudiants.
— Réunion, dans la matinée, du comité permanent du bureau politique, chez Deng Xiaoping. Yao Yilin y accuse longuement Zhao Ziyang d’avoir été favorable à l’économie de marché, de soutenir les troubles engendrés par le mouvement étudiant, de provoquer ainsi des divisions au sein du parti et d’avoir accordé des privilèges exorbitants à ses fils, en les autorisant à importer des voitures et des téléviseurs. Li Peng et Yao Yilin se prononcent ouvertement pour la répression. Qiao Shi et Hu Qili s’abstiennent. Seul Zhao Ziyang vote contre. Son sort est désormais scellé.
18 mai :
— Plusieurs hauts dirigeants (Zhao Ziyang, Li Peng, Qiao Shi, Hu Qili...) se rendent à l’aube au chevet des grévistes de la faim hospitalisés.
— Gorbatchev quitte Pékin pour Shanghai.
— Rencontre entre dirigeants et leaders étudiants ; c’est toujours l’impasse ; les délégués des grévistes de la faim, notamment Wuer Kaixi et Wang Dan, demandent en vain que le gouvernement dénonce l’éditorial du 26 avril et reconnaisse la légalité de leur nouvelle organisation étudiante indépendante. Li Peng apparaît intransigeant. La réunion, malgré les désiderata des étudiants, n’est retransmise par la télévision, qu’en soirée, en différé.
19mai :
A quatre heures du matin, Zhao Ziyang (très ému) et Li Peng (impassible) se rendent sur la place, auprès des grévistes de la faim. Zhao sait déjà qu’il a perdu : « J’arrive trop tard, bien trop tard. » « Nous méritons vos critiques et nous sommes là pour vous demander pardon », leur dit-il.

 [9]

— Constitution d’un syndicat ouvrier autonome, qui tente de lancer un mot d’ordre de grève.
— Shanghai, Wuhan, Chongqing, Canton... sont le théâtre de mouvements en faveur de la démocratie.
Dans la nuit du 19 au 20 mai :
— Li Peng, s’adressant à un parterre de cadres militaires, annonce quïl a été décidé de recourir à la force pour mater les émeutes engendrées par le mouvement étudiant.
20 mai (1 heure du matin) :
— Le discours de Li Peng est radio-télédiffusé. La loi martiale est proclamée dans les 8 districts urbains de la capitale (englobant bien entendu la place Tian’anmen) ; le couvre-feu doit être effectif à partir de 10 heures du matin.
— Une foule de Pékinois descend dans la rue, bloquant les camions de l"armée à la périphérie de la ville.
19 heures : apparition de Li Peng à la télévision, comme " représentant du comité central du parti communiste chinois et du gouvernement ", avec Yang Shangkun, Qiao Shi, Hu Qili et Wang Zhen. Li annonce l’entrée de l’armée dans la capitale.
— Les citadins, présents en grand nombre dans la rue, empêchent les camions militaires d’avancer. Les étudiants organisent la riposte, d’abord verbale (chants, poèmes, slogans adressés aux soldats), puis sous une forme plus concrète : les camions sont utilisés pour former des barrières disposées en chicane sur les grands axes. Le peuple non armé contrôle la ville.
— Les étudiants mettent un terme à leur grève de la faim, mais poursuivent l’occupation de la place.
— Manifestations de soutien aux insurgés chinois dans les grandes capitales européennes et nord-américaines.
21 mai :
— Lettre ouverte de 7 généraux vétérans à la commission militaire du parti, demandant que les troupes renoncent à entrer dans la ville et que le recours à la force brutale soir évité.
— Le commandement militaire chargé de l’application de la Loi martiale informe les habitants de Pékin que la loi ne vise pas à réprimer les étudiants, mais seulement à rétablir l’ordre habituel.
— Un million de manifestants à Hong Kong expriment leur soutien aux étudiants et réclament le retrait de Li Peng.
— Manifestations similaires dans le monde entier.
22 mai :
— La situation n’évolue toujours pas. Les scènes de fraternisation se multiplient entre les soldats et les manifestants. La « bataille de Pékin » paraît un instant perdue pour les inconditionnels de la manière forte au sein du Pouvoir.
— Le pouvoir semble vacant : la télévision ne diffuse plus la proclamation de la Loi martiale : Li Peng a disparu des écrans.
— Discussions au sein de la direction étudiante : Wuer Kaixi se prononce pour un repli stratégique vers les campus ou dans le quartier des ambassades, pour limiter les conséquences d’une éventuelle répression ; Wang Dan est partisan de rester sur la place. Il est suivi par les occupants de Tian’anmen.

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23 mai :
— Nouvelle manifestation de plusieurs centaines de milliers de personnes, dans le centre ville.
— Le portrait de Mao Zedong, accroché sur la façade nord de la place Tian’anmen est maculé de peinture ; les étudiants, craignant des provocations, livrent les coupables à la police.
— Chai Ling est nommée responsable en chef du commandement unifié de la place. — Six cent mille personnes manifestent à Canton.
— Dans la soirée, les Pékinois descendent dans la rue, comme les jours précédents, en très grand nombre.
— Les soldats, massés aux portes de la ville, se replient progressivement à quelque distance.
— Incidents à Fengtai et à Liuliqiao, où une quarantaine de personnes sont blessées.
24 mai :
— Wan Li, Président de l’Assemblée nationale, abrège sa visite aux Etats-Unis — où il a fait de bienveillantes déclarations envers le mouvement étudiant — et rentre en Chine, mais à Shanghai alors qu’il était attendu à Pékin.
— La ville est encerclée par neuf corps d’armée et un dixième est en route vers la capitale.
— Les commandants de sept régions militaires se prononcent en faveur de la Loi martiale.
— Réunion du bureau politique élargi : l’exclusion de Zhao Ziyang de son poste de secrétaire général est confirmée.
25 mai :
— Apparition officielle de Li Peng à la télévision : « Le régime est stable. »
— Sur la place, c’est le reflux progressif.
26 mai :
— Réunion de la commission des conseillers du comité central (i.e. le « gang des cheveux blancs »), présidée par Chen Yun. Elle approuve « les mesures énergiques prises pour mettre fin aux désordres ».
27 mai :
— Wan Li, qui avait, un temps, représenté un espoir de recours pour les étudiants, prend position officiellement en faveur de la Loi martiale.
— Trois responsables de la coordination étudiante appellent à mettre fin au mouvement d’occupation de Tian’anmen dans les trois jours. Les étudiants provinciaux s’opposent à cette décision.
28 mai :
— Manifestations dans le monde entier en faveur des étudiants.
— Le Commandement unifié de la place décide de maintenir l’occupation de Tian’anmen jusqu’au 20 juin, date de la réunion du comité permanent de l’Assemblée nationale populaire.
29 mai :
— Les militaires occupent la gare de Pékin.
— Les premières arrestations ont lieu : il s’agir d’ouvriers ayant créé un embryon de syndicat autonome.
30 mai :
— Les étudiants de l’Institut des Beaux-Arts fabriquent une réplique de la statue de la liberté (l0 mètres de haut), qu’ils baptisent Déesse de la démocratie... Ils la dressent en face de l’entrée de la Cité interdite sur la place Tian’anmen.
31 mai :
— Manifestations en faveur de la Loi martiale, organisées dans les banlieues de la capitale, où ne s’applique pas le couvre-feu. L’effigie de Fang Lizhi est brûlée en public.
Dans la nuit du 2 au 3 juin (2 heures du matin) :
— Plusieurs dizaines de milliers de soldats en uniforme mais curieusement dépourvus de vestes, à pied, sans armes apparentes, convergent vers le centre-ville, en provenance de l’Est et de l’Ouest.
— Les Pékinois descendent une fois de plus en masse dans la rue, sectionnent les colonnes militaires et isolent les soldats. L’armée fait demi-tour et la foule reste maîtresse de la ville.
— Plusieurs provocations ont lieu : des camions militaires bourrés d’armes sont abandonnés aux manifestants.
— La télévision demande aux habitants de la capitale de rester chez eux, ce qui a pour effet immédiat de les faire sortir dans la rue.
— Dans la soirée, de vifs incidents meurtriers sont à déplorer à Muxidi (douze kilomètres à l’Ouest de Tian’anmen) et on entend les premiers tirs à l’arme automatique.
Nuit du 3 au 4 juin :
— Intervention brutale de la troupe, qui ouvre le feu sur la foule désarmée. Plusieurs soldats sont lynchés.
— A 2 h 20, le 27e corps d’armée avance sur Tian’anmen : les chars écrasent les derniers occupants. La Déesse de la démocratie est broyée. Il y a des milliers de morts et de blessés.
5 juin :
— Un homme s’interpose, seul, devant une colonne de tanks.
9 juin :
— Six jours après l’écrasement de l’insurrection de Pékin, il est encore impossible de savoir si Li Peng a effectivement pris le contrôle du pouvoir.
— D’ignobles appels à la délation sont lancés à la radio et à la télévision pour l’arrestation des « meneurs contre-révolutionnaires ».
— Réapparition de Deng Xiaoping qui s’entretient avec les commandants du quartier général de la Loi martiale. Il confirme qu’il est bien l’instigateur de la répression brutale.
10 juin :
— Arrestation de Ren Wanding, un des principaux animateurs du premier Printemps de Pékin de 1978-1979.
11 juin :
— Un mandat d’arrêt est lancé contre l’astrophysicien fang Lizhi et son épouse, Li Shuxian, qui ont trouvé refuge à l’ambassade des Etats-Unis depuis plusieurs jours.
13 juin :
— Une liste de vingt et un leaders du mouvement étudiant est publiée. Le nouveau Pouvoir les recherche. Certains d’entre eux, dont Wuer Kaixi et Li Lu réussissent à quitter la Chine pour la France, grâce à d’évidentes complicités au sein de l’appareil d’Etat et du parti.
15 juin-21 juin :
— Trois manifestants qui avaient participé à l’incendie d’un train à Shanghai, sont condamnés à la peine capitale et exécutés le 21 juin.
24 juin :
— Au quatrième plénum du comité central, un autre successeur de Deng Xiaoping est nommé à la tête du parti, en remplacement de Zhao Ziyang, destitué de routes ses fonctions :
Jiang Zemin est le nouveau secrétaire général du parti communiste chinois.
28 juin :
— Deng Xiaoping fait un long discours devant le nouveau comité permanent du bureau politique. Il demande que la « politique d’ouverture » décidée il y a dix ans soit maintenue et insiste sur la lutte à mener contre la corruption des cadres du parti et de l’Etat.
22 septembre :
— Le Front démocratique chinois, qui regroupe l"opposition en exil, est créé à Paris. YanJiaqi est élu président et Wuer Kaixi vice-président.

Elisabeth Peyraube

Cette chronique a été établie à l’aide des ouvrages et documents suivants : — F. Deron, Cinquante jours de Pékin. Paris : Bourgois, 1989. — E. Meyer, Pékin, place Tian An Men. Paris : Actes Sud, 1989. - Tian’anmen, 1989. Taipei : Lianjing chubanshe, 1989. — Zhangjingyu, éd., Ziyou zhi xue, minzhu zhi hua (Le sang de la liberté, l’éclosion de la démocratie). Taipei : Guoji guanxi yanjiu zhongxin, 1989. — KuhatJ ziyou (Douloureuse liberté). Taipei : Wenxun zazhi she, 1989. — Zhongguo minyun yuan ziliao jingxuan (Choix de documents du mouvement démocratique chinois), 2 tomes. Hong Kong : Shiyue pinglun chubanshe, 1989.
***


Appels d’intellectuels

La crise politique en Chine Appel à manifester mercredi devant l’ambassade de Chine

Le Monde, 24.05.1989

Plusieurs personnalités, dont de nombreux sinologues, appellent dans une "adresse aux étudiants chinois" à manifester le mercredi 24 mai, à 19 heures, devant l’ambassade de Chine à Paris, avenue George-V. Ils écrivent notamment dans leur texte : "Aujourd’hui, l’Histoire s’écrit à Pékin." Alors que le pouvoir s’est déconsidéré en promulguant la loi martiale, les menaces qui pèsent sur vous s’alourdissent d’heure en heure. Mais quelle que soit l’issue immédiate, vous avez d’ores et déjà porté à l’obscurantisme un coup qui résonnera en Chine et dans le monde pendant des décennies. "Le black-out peut bien tomber sur Pékin, nous continuerons à faire entendre vos voix." Nous demandons solennellement aux autorités chinoises d’abroger la loi martiale et d’ouvrir des négociations afin de trouver les chemins de la démocratie. "Les autorités chinoises doivent savoir que l’ouverture qu’elles proclament ne s’effectuera pas sur les tombes ou les geôles des combattants de la liberté."

Les signataires :
Jean-Philippe Beja ; Lolleh Bellon ; Jean-Marie Benoist ; Wladimir Berelowitch ; Michel Bonnin ; Claudie et Jacques Broyelle ; Pierre Daix ; Michel Desirat ; Natacha Dioujeva ; Bernard Dupaigne ; Françoise et Yves Gautier ; André Glucksman ; Alexandre Ginzbourg ; Yves Hervouet ; Donald Holzman ; Christian Jelen ; Jacques Julliard ; Julia Kristeva ; Jean Levi ; André Levy ; Bernard-Henry Levy ; Simon Leys ; Gilles Manceron ; Rémi Mathieu ; Wladimir Maximov ; Alain et Elisabeth Peyraube ; Angel Pino ; Pierre Rigoulot ; Claude Roy ; Alexis Rygaloff ; Kristofer Schipper ; Philippe Sollers ; Françoise Thom ; Olivier Todd ; Tran Van Tong ; Jean-Pierre Vernant ; Patrick Wajsman ; Annette Wiewiorka ; Thierry Wolton ; Illios Yannakakis ; Ya Ding.

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CHINE. Création d’un comité international contre la répression

Le Monde, 21.06.1989

Nous avons reçu l’appel suivant contre la répression en Chine :

Amis de la Chine et du peuple chinois, consternés par les récents événements de Pékin et très inquiets du sort réservé par les autorités officielles à tous ceux qui, pacifiquement, s’étaient engagés en faveur des libertés et de la démocratie, nous nous constituons en Comité international contre la répression en Chine.
1) Nous demandons que toute la lumière soit faite sur l’étendue réelle de la répression militaire et policière et proposons l’envoi d’une commission internationale de juristes.
2) Nous entendons veiller à ce que, en cas d’arrestation, tous ceux qui se sont engagés dans le récent " printemps de Pékin " jouissent des droits reconnus à tout accusé. En cas de condamnation à mort, nous appellons à l’arrêt des exécutions immédiates.
3) Dans l’immédiat, le comité appelle à l’arrêt total des exécutions liées aux récents événements.

Secrétariat du comité : Gilles Hertzog, 14, rue Duphot, 75001 Paris, France ; tél. : (1) 42-60-36-96 ; fax : (1) 42-60-31-94.

Voici la liste des signataires :
Allemagne fédérale : M. Irwin Wickert, ancien ambassadeur à Pékin.
Etats-Unis : MM. Arthur Miller, écrivain ; Arthur Morath, juge ; I.M. Pei, architecte ; Mme Helen Rosen, MM. John Service, ancien diplomate ; Steven Spielberg, cinéaste ; Mme Lois Wheeler Snow, veuve d’Edgar Snow.
France : MM. Lucien Bodard, écrivain ; Henri Cartier-Bresson, photographe ; Etiemble, écrivain ; Robert Guillain, journaliste ; Joris Ivens, cinéaste ; Bernard-Henri Lévy, écrivain ; Mme Marceline Loridan, cinéaste ; MM. Claude Roy, écrivain ; Marc Riboud, photographe ; Philippe Sollers, écrivain ; Zao Wou Ki, peintre.
Grande-Bretagne : MM. Joseph Needham, sinologue ; Steven Spender, écrivain ; Fou Tsong, pianiste.
Italie : MM. Michelangelo Antonioni, cinéaste ; Bernardo Bertolucci, cinéaste ; Alberto Moravia, écrivain.
Japon : M. Abe Kobo, écrivain.

*


1989 : Les manifestations de la place Tian’Anmen

Ce documentaire à base d’archives se donne pour mission de comprendre les conditions et les raisons de la couverture médiatique des évènements de la place Tian’anmen à Pékin en 1989. Le documentaire part de la dernière séquence du 5 juin dans la journée où un jeune chinois s’oppose au passage des chars militaires. Il met en parallèle les images de la nuit du 3 juin, moment de l’entrée en scène des chars pour l’évacuation de force de la place Tian’anmen. Les images sont commentées, et les interventions en chinois seront traduites en fonction des besoins de la démonstration des auteurs.Sur les banderoles des premiers cortèges figure une référence au mouvement dit du « 4 mai ». Cette date est célèbre car en 1919 eu lieu un mouvement de protestation où pour la première fois 3000 intellectuels ont réclamé plus de démocratie comme le montre la séquence d’images d’archives en noir et blanc. Les images actuelles montrent 300 000 manifestants qui submergent les forces de l’ordre. Ce 4 mai 1989, le but de la manifestation est d’atteindre la place Tian’anmen, symbole du pouvoir communiste chinois.Pour mieux saisir les enjeux que représentent cette place, le documentariste utilise des infographies qui situent la place Tian’anmen dans Pékin, la décrivent et racontent son histoire. La suite sur le site de l’INA.

*

Voir en ligne : Manifestations de la place Tian’anmen (wikipedia)



Adresse aux camarades chinois

ZOOM : cliquer sur l’image

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Chers camarades, très bonne année sous le signe du Coq de feu !

Je me permets de vous demander de populariser au maximum dans toute la Chine, ces vers d’un grand poète français, qui a tout compris, avant tout le monde :

« J’ai fait la magique étude
Du bonheur qu’aucun n’élude.
Salut à lui, chaque fois
Que chante le coq gaulois. »

Comme vous l’imaginez aisément, ce coq gaulois est un coq de feu qui représente l’esprit éternel de la France. Ça n’a rien de « gaulois », mais désigne clairement le sexe masculin en érection, le matin, si l’on a fait, comme je vous le souhaite, la magique étude du bonheur. N’oubliez pas, chers camarades, que le mot « coq » pour le poète Rimbaud, qui connaissait l’anglais comme sa poche, désigne aussi sous une autre orthographe (cock), le sexe masculin. Mao, spécialiste des scènes hypertaoïstes, le samedi soir, au pavillon des Chrysanthèmes de la Cité interdite, comprend, j’en suis sûr, dans l’au-delà, bien qu’absurdement momifié, ce que je veux dire : un défi définitif contre le grotesque Trump.

Chers camarades, je demande pardon à toutes les féministes chinoises pour cette précision organique et poétique, et je vous souhaite dans les tourbillons qui doivent être les vôtres, une excellente année sous le signe éternel du Coq de feu.

Salutations révolutionnaires,
Philippe Sollers

Venise, dimanche 29 janvier 2017, 19h23

Portfolio

  • L'Infini n°30 : le bandeau

[2Même interdit sur le tremblement de terre du Sichuan.

[3On sait que la Chine est la bouée de sauvetage des banques américaines et que son PIB pourrait dépasser celui des USA en 2020.

[5"Thèse" que Sollers rappelle constamment. Cf. Les Voyageurs du Temps, p. 146.

[6Nous reproduisons également les photos qui illustraient le numéro, essentiellement des étudiants. Une question se pose : que sont-ils devenus ? En tout cas, ils étaient .

[7Cf. Philippe Sollers, Éloge de Wei Jingsheng, in Éloge de l’infini, folio, p. 622-625. Lire également Deux et deux font quatre.

[8Voir aussi : Sollers, Lu Xun, même combat.

[9Cf. chine.aujourdhui et cette vidéo :

ainsi que celle-là :

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6 Messages

  • A.G. | 7 juillet 2017 - 11:13 1

    Un Chinois en prison pour avoir écrit sur Tiananmen, sujet tabou

    (Belga) Un militant chinois a été condamné vendredi à quatre ans et demi de prison pour des articles relatant la répression sanglante en 1989 du mouvement prodémocratique de la place Tiananmen, un sujet tabou en Chine, a indiqué son avocat.

    Liu Shaoming, ex-ouvrier d’usine, était détenu depuis mai 2015 après avoir décrit son expérience lors des manifestations sur un site d’informations en chinois basé aux Etats-Unis. Il a été condamné vendredi à 4 ans et demi de prison par le Tribunal populaire intermédiaire de Canton (sud), a déclaré son avocat Wu Kuiming à l’AFP. "Il a été reconnu coupable d’incitation à la subversion", a précisé M. Wu. "Les preuves, ce sont des articles publiés en ligne, qu’il a écrit pour rappeler l’événement." Liu Shaoming fera appel du verdict, selon son défenseur. La Chine, soucieuse d’étouffer tout débat sur les événements liés aux manifestations de la place Tiananmen de Pékin en 1989, place régulièrement des militants sous surveillance ou en détention. L’armée avait mis fin par les armes au mouvement initié par des étudiants, qui manifestaient depuis un mois et demi contre la corruption et pour une ouverture démocratique. La répression avait fait des centaines, voire plus d’un millier de morts. Liu Shaoming avait à l’époque rejoint la capitale chinoise pour participer aux manifestations. "C’est un prisonnier d’opinion et il doit être libéré immédiatement et sans conditions. La seule chose dont Liu Shaoming soit coupable est l’exercice légitime de sa liberté d’expression", a estimé dans un communiqué William Nee, chercheur spécialiste de la Chine à Amnesty International. (Belga)


  • A.G. | 3 juin 2014 - 23:14 2

    Tiananmen : 25 ans après, "l’Obs" a retrouvé Ma Yulin, jeune photographe blessée pendant le massacre.

    ARCHIVES. En 1989, "l’Obs" publiait l’histoire d’une photographe chinoise, blessée pendant les événements. Elle a longtemps vécu terrée, avant de s’exiler aux Etats-Unis où nous l’avons retrouvée. L’Obs.


  • A.G. | 4 juin 2013 - 15:11 3

    C’est un ciel de plomb, un smog grisâtre qui a obscurci la matinée de ce mardi 4 juin, mettant fin à la chaleur abrutissante des derniers jours et donnant au printemps pékinois une couleur de deuil : contre toute attente, la météo est en train de venir au secours des internautes chinois, qui ont saisi l’occasion pour évoquer le massacre de Tiananmen vingt-quatre ans plus tôt.
    Toute mention de liu si (six quatre, c’est-à-dire le 4 juin) et de la reprise en main sanglante menée par l’armée dans la nuit du 3 au 4 juin 1989, puis les jours qui ont suivi, est absolument taboue en Chine et la censure, notamment sur les réseaux sociaux et les moteurs de recherche, se livre à au blocage préemptif de toute sorte de mots et d’images qui pourraient avoir un lien avec 1989.

    La suite dans Le Monde


  • A.G. | 22 octobre 2011 - 16:13 4

    Lu, dans Le Monde du 5 octobre 2011, ces extraits des Mémoires. Un réformateur au sommet de l’Etat chinois, par Zhao Ziyang, secrétaire général du Parti communiste chinois au moment du « printemps de Pékin » de 1989.

    Mai 1989 : les chars écrasent Tiananmen

    En Chine, la presse et les livres d’histoire évitent toute mention de Zhao Ziyang, le secrétaire général du Parti communiste chinois (PCC) et numéro un chinois qui refusa d’appliquer la loi martiale contre les étudiants de la place Tiananmen en mai 1989. Et fut pour cela limogé au terme d’un coup de force de la ligne dure du PCC, sanctionné par Deng Xiaoping, le patriarche qui l’avait mis en selle et chargé des réformes économiques. Assumant sa décision, Zhao Ziyang est placé en résidence surveillée à Pékin, ou il mourra en janvier 2005. Pourtant, jusqu’au bout, il défendra sa version des faits, qui resurgira en mai 2009, pour le 20e anniversaire du massacre, sous la forme d’un journal secret publié à Hongkong par le fils de Bao Tong, son ancien bras droit.

    Issues de trente heures de monologues enregistrées sur des cassettes audio de contes pour enfants, passées clandestinement à Hongkong, ces Mémoires d’outre-tombe sortent aujourd’hui en français aux éditions du Seuil. Elles constituent un témoignage inestimable sur la manière dont les événements de Tiananmen, furent perçus et gérés au coeur du pouvoir. Et éclairent d’une nouvelle lumière le rôle, ambigu, de Deng Xiaoping. Enfin, elles exposent la vision de Zhao Ziyang sur la nécessité d’une réforme politique, d’une brûlante actualité aujourd’hui.

    1. Le début des manifestations étudiantes

    Il y a sept ans, craignant d’oublier certaines choses, j’ai rédigé quelques notes sur l’incident du "4 juin", une sorte de chronique, si l’on veut. Aujourd’hui, c’est en me fondant sur ces notes que je parle. (...)

    Qu’est-ce qui a déclenché ces manifestations étudiantes ? Elles ont commencé autour des célébrations en mémoire de Hu Yaobang, le 15 avril 1989. Le soir même de l’annonce de son décès, des étudiants de Pékin prirent l’initiative d’organiser des actions en signe de deuil. Ils descendirent dans la rue, de plus en plus nombreux. Certains, très émus, dirent des choses excessives, mais d’une manière générale tout se déroula dans l’ordre et il n’y eut aucun dérapage. Les 18 et 19 avril, plusieurs centaines de personnes se rassemblèrent devant la porte de la Chine nouvelle. Je me suis fait projeter les bandes vidéo de la police : les étudiants qui se trouvaient en tête ne cessaient de crier : "Restons disciplinés ! Ne dépassons pas les bornes !" Il y avait derrière eux une foule énorme de badauds. Les étudiants exprimaient leurs exigences, notamment celle d’être reçus par quelqu’un ; derrière, la foule poussait, et les choses se sont emballées. Les étudiants ont alors mis en place un service d’ordre chargé de contenir la foule.

    Le 22 avril, lorsque les célébrations officielles commencèrent, il y avait sur la place Tiananmen des dizaines de milliers d’étudiants, dont la présence avait été autorisée. Nous avions installé des haut-parleurs afin qu’ils puissent suivre la cérémonie qui se tenait dans le Palais. Telle était la situation avant la parution de l’éditorial du Quotidien du peuple du 26 avril.

    Pourquoi les étudiants réagirent-ils de façon aussi passionnée à la cérémonie qui suivit le décès de Hu Yaobang ? (...)

    D’abord, Hu Yaobang avait une bonne image. Il avait réhabilité de très nombreuses victimes d’accusations injustes, s’était fait le chantre de la réforme et de l’ouverture mais, surtout, il était incorruptible. Le peuple se plaignait alors de plus en plus de la corruption, et cette cérémonie était une occasion d’exprimer son mécontentement à cet égard. En second lieu, beaucoup avaient été contrariés, voire furieux, de la façon dont il avait été démis (de son poste de secrétaire général du PCC) en 1987. D’un côté, ils étaient opposés à la campagne antilibéralisation en cours, de l’autre ils ne supportaient pas cette façon de changer de dirigeants, ils la trouvaient injuste envers Hu Yaobang. Troisièmement, lorsque, à l’automne 1988, la remise en ordre fut lancée sous le nom de "réorganisation", la politique de réforme et d’ouverture fut ralentie : la réforme politique était bloquée, les réformes économiques n’avançaient pas, elles reculaient même.

    Les étudiants, mécontents de la situation, profitèrent de la cérémonie pour exprimer leurs attentes quant à l’approfondissement des réformes. (...)

    2. La décision de la répression armée

    Il ne me restait rien d’autre à faire que d’aller voir Deng Xiaoping pour lui expliquer mon point de vue sur la révision de l’éditorial du 26 avril. J’appelai le 17 mai pour demander un rendez-vous. Peu après, son secrétariat me notifia qu’une réunion se tiendrait chez lui l’après-midi même, en présence de Yang Shangkun et du comité permanent (...). J’avais demandé un tête-à-tête, et le fait qu’une réunion soit organisée à sa place était mauvais signe. J’ouvris la réunion en exposant mon point de vue. En gros, je fis valoir ceci : le mouvement étudiant ne cesse de prendre de l’ampleur, la situation se détériore et devient extrêmement grave ; les étudiants, le corps enseignant, les journalistes, les chercheurs et même des cadres de l’administration sont descendus dans la rue, le nombre des manifestants est estimé aujourd’hui à trois cent mille ou quatre cent mille, il y a de nombreux ouvriers et paysans parmi les sympathisants. En outre, mis à part leurs revendications sur la corruption et la transparence, tous ces gens reprochent au gouvernement et au Parti son insensibilité face à la grève de la faim des étudiants, comme si nous étions prêts à les laisser mourir sans rien faire. Le dialogue avec les étudiants achoppe sur la question de l’éditorial du 26 avril. Cet éditorial a suscité une incompréhension et une opposition telles qu’il doit bien quelque part manquer de clarté ou de justesse. A présent, le seul moyen efficace à court terme est de lâcher un peu de lest sur la qualification des manifestations donnée par cet éditorial. C’est la clé pour gagner la sympathie de la société. Si nous ôtons aux étudiants l’étiquette dont cet éditorial les a affublés, nous reprendrons la main. Par contre, si la grève de la faim se poursuit, s’il y a des morts, cela jettera de l’huile sur le feu. Si nous prenons des mesures en opposition avec les masses, nous courons le risque de perdre totalement le contrôle de la situation.

    Pendant que j’exposais cette analyse, je lus sur le visage de Deng l’expression de son impatience et de son désaccord.

    Dès que j’eus terminé, Li Peng et Yao Yilin se levèrent pour me critiquer et rejeter la responsabilité de la montée du mouvement étudiant sur mon discours du 4 mai à la BAD (Banque asiatique de développement). C’était la première fois que je les entendais me reprocher ce discours. Ils s’y étaient opposés dans les faits, mais ne l’avaient jamais exprimé ouvertement, et la virulence de leur attaque me prit totalement au dépourvu. L’absence de scrupules avec laquelle ils me prirent à partie montrait qu’ils avaient obtenu au préalable l’accord tacite de Deng Xiaoping. (...)

    A la fin, Deng Xiaoping trancha le débat : l’évolution de la situation montrait plus que jamais la justesse de l’éditorial du 26 avril et, si le mouvement étudiant ne refluait pas, il fallait en rechercher les causes au sein du parti, et notamment dans le discours de Zhao Ziyang du 4 mai devant la BAD. Il n’était plus possible de reculer, sauf à ne pouvoir rétablir l’ordre. Il fallait déployer l’armée dans Pékin et imposer la loi martiale. Puis il donna instruction à Li Peng, Yang Shangkun et Qiao Shi de former un groupe chargé de mettre cette décision en oeuvre. Lorsqu’il eut terminé, je repris la parole : il valait mieux, bien sûr, avoir une politique que ne pas en avoir, mais j’étais très inquiet des lourdes conséquences qu’elle aurait. En tant que secrétaire général, il me serait très difficile d’organiser et d’appliquer cette décision. Deng Xiaoping précisa que, si cette décision se révélait mauvaise, nous en prendrions tous ensemble la responsabilité. (...)

    J’étais alors extrêmement contrarié et je songeai : quoi qu’il arrive, je ne serai pas le secrétaire général du Parti qui aura déployé la troupe pour écraser les étudiants. De retour chez moi, très remonté, je demandai à Bao Tong de rédiger à l’intention du comité permanent un projet de lettre de démission de mes fonctions de secrétaire général du Parti. (...)

    3. Zhao maintient sa position

    Le comité central se réunit en session plénière les 23 et 24 juin pour adopter les mesures politiques et administratives prises par le bureau politique élargi à mon endroit. Cette réunion me fut notifiée et j’y pris part au sein d’un petit groupe (on m’avait assigné une place dans le groupe de la région Nord). J’écoutai les critiques à mon encontre et j’y répondis simplement. Je remerciai chacun de son aide, je précisai en outre que j’avais préparé un texte sur mon affaire (il s’agissait de celui que j’avais rédigé pour le bureau politique élargi, légèrement remanié) et que je l’avais donné au secrétariat. J’espérais qu’il serait distribué à tous les délégués présents. Wang Renzhi, qui était dans mon groupe, déclara que le comité central avait donné son accord pour cette diffusion. Mais, en fait, le texte ne fut imprimé qu’au moment où la réunion se terminait et fut retiré presque aussitôt. En revanche, la réfutation de ma déclaration cosignée par Chen Xitong (maire de Pékin) et Li Tieying (directeur de la Commission d’Etat de l’éducation) avait été largement diffusée avant. C’est ainsi qu’il se passa cette chose curieuse : les participants lurent la réfutation de ma déclaration... qu’ils n’avaient même pas pu lire eux-mêmes.

    Au cours de la réunion fut également diffusé un document sur le prétendu contexte de l’incident du 4 juin, au nom du bureau du comité central, rassemblant des matériaux considérables du pays et de l’étranger, insinuant que j’étais un conspirateur à la solde des contre-révolutionnaires, en Chine et à l’extérieur, visant à renverser le Parti communiste chinois et Deng Xiaoping. Il y était affirmé sans le moindre fondement que mes collaborateurs étaient impliqués personnellement dans le mouvement étudiant, qu’ils correspondaient avec ses leaders, qu’ils avaient dévoilé le secret militaire de la promulgation de la loi martiale. Manifestement, la diffusion de ce document visait à convaincre les délégués que j’étais coupable des pires crimes, afin de mieux me salir et de m’abattre.

    Un certain nombre de discours durant cette réunion me rappelèrent irrésistiblement l’époque de la Révolution culturelle, inversant le noir et le blanc, le vrai et le faux, exagérant le moindre fait, citant des propos hors contexte, proférant des accusations diffamatoires et controversées. Le vocabulaire même n’avait pas changé. Je songeai alors que, si ces documents n’avaient pas porté l’en-tête du 4e plénum du 13e comité central, on aurait très bien pu imaginer qu’ils dataient de la Révolution culturelle.

    4. Les débuts de l’ouverture

    Sur ce point, celui de l’ouverture vers l’étranger, c’est Chen Yun qui nourrissait le plus d’inquiétudes, et la divergence de vues entre Deng Xiaoping et lui était évidente. Leur désaccord à propos de la réforme portait principalement sur la question du système d’économie planifiée, j’y reviendrai plus loin.

    (...) Chen Yun n’était pas clairement opposé à l’augmentation de l’autonomie des grandes entreprises, au droit de licencier, à la rationalisation et à la déconcentration des pouvoirs, au système de contrats de production dans l’agriculture. Mais l’ouverture vers l’étranger le préoccupait bien davantage - notamment dans les zones économiques spéciales (ZES). Celles-ci avaient été proposées par Deng Xiaoping, qui avait d’abord autorisé Shenzhen et Zhuhai dans le Guangdong, Xiamen dans le Fujian, puis, par la suite, d’autres endroits. Sur ces zones, Chen Yun était resté très réservé (...).

    Peu après le lancement des ZES, lors d’une réunion nationale des secrétaires du Parti des comités de provinces et de villes, en décembre 1981 (...), ainsi que lors de la visite que lui rendirent les dirigeants de la Commission d’Etat du plan pour la Fête du printemps cette année-là, Chen Yun avait insisté sur le fait que le plus important était de tirer le bilan de l’expérience des ZES, qu’il ne fallait pas les étendre et qu’il fallait bien en mesurer tous les effets négatifs. Il était initialement prévu de créer d’autres ZES sur la côte, comme à Shanghaï et dans le Zhejiang, mais Chen Yun s’y opposa précisément pour cette province (y compris Shanghaï). Il s’agissait, selon lui, d’une région connue pour sa haute concentration d’opportunistes, qui ne manqueraient pas de saisir la moindre occasion pour s’échapper de leur cage. Le bureau de recherches du secrétariat du comité central, que dirigeait Deng Liqun, avait produit des documents qui tendaient à montrer que les ZES s’apparentaient aux "concessions étrangères" d’antan. Cette théorie eut cours un certain temps, en raison de l’influence de Chen Yun et de Deng Liqun.

    Quant à l’utilisation des capitaux étrangers, la position de Chen Yun était totalement différente de celle de Deng Xiaoping. Ce dernier prônait y avoir recours à grande échelle, estimant qu’un pays en développement comme la Chine aurait de la peine à décoller sans les investissements étrangers. Naturellement, il en avait une vision générale et ne s’occupait pas tellement de la manière concrète de les employer. Il les soutenait à fond quelle que soit leur forme, prêts, préférentiels ou non, ou encore entreprises à capitaux mixtes.

    5. Transition vers la démocratie

    (...) Dans le contexte actuel de la Chine, la priorité est de déterminer l’objectif ultime de la réforme du système politique, à savoir la mise en application de ce système politique avancé. Si nous n’allons pas dans cette direction, alors les anomalies de l’économie de marché de la Chine, son côté malsain - vénalité des cadres, grave corruption de la société et creusement de l’écart des inégalités -, ne pourront être résorbés, et il ne sera pas possible d’instaurer l’Etat de droit. Pour résoudre cette question de façon radicale, nous devons résolument mettre en oeuvre la réforme du système politique, en nous dirigeant vers cet objectif.

    D’un autre côté, étant donné la situation actuelle de la Chine, nous avons besoin d’une période de transition assez longue. Sur ce plan, de nombreuses expériences dans les pays et territoires d’Asie méritent de retenir notre attention. Par exemple, Taïwan ou la Corée du Sud ont évolué d’un système traditionnel vers le régime de démocratie parlementaire, et nous aurions tout intérêt à tirer bénéfice de leur expérience. Compte tenu de la réalité chinoise, pour pouvoir effectuer convenablement cette transition, il faut, au moins pendant une certaine période, conserver la position dominante du Parti communiste en changeant sa façon de gouverner : cette solution me semble la meilleure.

    C’est sans doute, à mon avis, un bon point de départ : d’abord, ce changement est propice au maintien de la stabilité de l’Etat et de la société et crée des conditions favorables au développement économique, culturel et social ; ensuite, grâce aux évolutions socio-économiques et culturelles, il permet de passer sans heurt à un nouveau système politique plus mûr, plus civilisé et plus démocratique. En d’autres termes, premièrement, il n’est pas possible de précipiter les choses et de tout importer d’un coup ; deuxièmement, nous devons avancer dans cette direction et absolument éviter d’aller dans l’autre sens - par conséquent, faire opposition à tout ce qui pourrait entraver notre marche vers cet objectif.

    Quant à la longueur de la transition, cela dépend de l’ensemble des développements sociaux, et l’important est que la direction du Parti communiste en tienne compte, afin de pouvoir distinguer l’important du secondaire, l’urgent du moyen terme, et de mettre la réforme en oeuvre de façon graduelle.

    Le parti au pouvoir doit franchir deux passes décisives : l’une est la levée de l’interdiction des partis politiques et de la presse indépendante ; certes, cela peut être progressif, mais c’est indispensable. L’autre, c’est la démocratisation interne au Parti : il faut qu’il se réforme lui-même par la voie démocratique. Dans le passé, pendant la guerre de libération et au début de la République populaire, il était assurément nécessaire de mettre l’accent sur le centralisme et la discipline. Mais la transition de parti révolutionnaire à parti de gouvernement et la transition vers un régime parlementaire ne sont pas possibles sans une démocratisation à l’intérieur du Parti lui-même. Autrement dit, la préservation de l’existence légale d’éléments ayant des idées divergentes au sein du Parti.

    Mémoires. Un réformateur au sommet de l’Etat chinois, par Zhao Ziyang (Seuil, 346 pages, 23 euros).


  • A.G. | 15 juin 2011 - 20:54 5

    Serge July : "Ébullition chinoise" : RTL, 15 juin.

    Voir aussi : Émeutes dans le sud de la Chine


  • A.G | 4 juin 2011 - 17:26 6

    4 juin 2011, Roland-Garros : Li Na, première Chinoise victorieuse en Grand Chelem : lepoint.fr