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Vivaldi, « Toute son œuvre s’appelle Encore.
Non à la mort, oui à la vie. Encore. »

D 28 février 2024     A par Albert Gauvin - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook



« Vivaldi est un dieu grec.
Sa fulgurante odyssée reste, par bien des côtés, incompréhensible.
Quel nom, aussi : VI-VAL-DI.
La vie, la valeur, la variété, la vivacité, le dit.
Des dieux au pluriel. C’est dit et redit. »


L’église San Giovanni Battista in Bragora où fut baptisé Vivaldi.
Venise, campo Bandiera e Moro.

Photo A.G., 17 juin 2014. Zoom : cliquez l’image.

La plaque de l’église San Giovanni Battista in Bragora.
Zoom : cliquez l’image.


2024. Ouvrons le Dictionnaire amoureux de Venise (Plon, 2004) :

Vivaldi Antonio (1678-1741)


Tiepolo. Plafond de l’église de La Pietà à Venise.
26 juin 2014. Photo A.G.
Manet, <i>Lola de Valence</i>, 1862.

« Le 4 mars 1678, en même temps que l’apparition d’Antonio Vivaldi en ce monde, se produit un événement très rare : un tremblement de terre. Panique, et beaucoup de dégâts.
J’aime ce signal divin, il définit sa musique. Tempête, éclairs, repos, tourbillon fiévreux et grand calme.
S’il y a un génie du lieu, et du temps absolument singulier de ce lieu, c’est lui. Deux ou trois accords, et on est immédiatement sur place, dans la lagune, entre ciel et eau, dans la préparation des navires, en bateau. Tout évoque ici le bois profilé et rapide, le violon volant, le lent détour flottant suspendu, les cordes, les cordages, une sorte d’artisanat enflammé tenu par l’archet, la main, les doigts, l’oreille infaillible, et puis gouge, varlope, copeaux, coques bondissantes, éclats.

Vivaldi est un dieu grec. Sa fulgurante odyssée reste, par bien des côtés, incompréhensible.
Quel nom, aussi : VI-VAL-DI.
La vie, la valeur, la variété, la vivacité, le dit.
Des dieux au pluriel. C’est dit et redit.
Tout est mystérieux chez lui : sa prêtrise, sa rousseur ("Prete rosso", le prêtre roux ou rouge), sa fureur de composition, sa fécondité créatrice, sa profusion, sa vie de laboratoire incessant avec les jeunes chanteuses de l’Ospedale della Pietà, sa liaison avec la cantatrice Anna Giro (ou Giraud, puisque son père était français), sa mort misérable à Vienne en 1741, la censure sauvage dont il a été l’objet pendant deux siècles, sa redécouverte récente son succès populaire inattendu, sa profondeur cachée.
Robbins Landon, dans son Vivaldi de 1993, rappelle le rôle du poète américain Ezra Pound (voir Pound) dans la résurrection de Vivaldi :

Pendant deux cents ans, le nom d’Antonio Vivaldi n’était connu que des musicologues et des historiens. Mais au XXe siècle, avec le regain d’intérêt pour la musique baroque, il commença à émerger de l’oubli. L’un des artisans de cette renaissance fut l’écrivain américain Ezra Pound, qui vivait à Rapallo et qui y organisa de remarquables concerts consacrés à Vivaldi. Il comptait au nombre de ses amis la violoniste américaine Olga Rudge qui fut l’une des principales interprètes des concerts de Rapallo entre 1933 et 1939. En 1936, à l’instigation de Pound, elle catalogua les trois cent neuf pièces instrumentales de Vivaldi en manuscrits à la Bibliothèque nationale de Turin ; ensuite de quoi elle devint l’une des principales figures dans la renaissance de Vivaldi au XXe siècle, acceptant les fonctions de secrétaire de l’Accademia chigiana à Sienne, où elle fonda, avec le musicologue intalien S.A. Luciani, le Centro di studi vivaldiani.

Olga Rudge était, bien entendu, beaucoup plus qu’une simple "amie" de Pound. On la voit souvent photographiée avec lui à Venise. Je les ai souvent vus tous les deux marcher sur les Zattere, au soleil.
Ce n’est qu’un début. Il faut attendre des années après la Deuxième Guerre mondiale pour que la musique d’église de Vivaldi commence à être connue, sans parler de ses opéras. Les résistances ont été très fortes, mais rien à faire. Vivaldi est un tremblement de terre dans l’histoire falsifiée de la musique, une vague déferlante de vérité et de beauté, d’autant plus inarrêtable qu’il peut passer aussi pour un musicien d’écoute "facile" (on ne compte plus les enregistrements des Quatre Saisons). Il gagne dans tous les registres. C’est une catastrophe pour tous les carcans.
Goldoni, très superficiel, trouvait que Vivaldi était peut-être un violoniste virtuose, mais qu’il était « un compositeur médiocre » (voir Goldoni) . Mais le pauvre Goldoni, à côté de Shakespeare (à qui Vivaldi fait tellement penser par sa féerie constante), n’est qu’un auteur médiocre de pièces datées.
L’énigme est là : comment peut-on encore colporter l’image d’un Vivaldi en mauvaise santé, souffrant de troubles respiratoires (il les évoque pour se justifier de ne pas dire la messe qu’il a pourtant beaucoup dite, mais on n’est pas obligé de croire ses déclarations adressées à une puissance du clergé) ; d’un Vivaldi fragile, malingre, pâle, empêché, quand éclatent, au contraire, dans toutes ses compositions, une force et un déchaînement physique majeurs ? Le ressentiment qu’il provoque est comique. Prêtre catholique et musicien de génie : impossible à admettre. A ce compte-là, il n’est pas non plus admissible que Monteverdi, l’auteur du tardif Couronnement de Poppée, ait été ordonné prêtre dans les dernières années de sa vie. Bref, c’est toujours Venise qui fait problème et qui choque. S’il n’y avait pas eu les transcriptions que Bach a réalisées de Vivaldi (pour lequel il avait la plus vive admiration), il est possible que le nom du "prêtre roux" eût complètement disparu. Les Allemands, par respect pour Bach, ont continué à le citer. Cela a fini par attirer l’attention. L’Histoire et ses ravages ont précipité la suite. Il y avait donc une lumière intraitable et ineffaçable dans l’océan du négatif ? Mais oui, Vivaldi.

J’écoute, une fois de plus, et sans jamais m’en lasser, une vingtaine de concertos de Vivaldi. Le temps est comme ci, ou comme ça, je suis ici ou là-bas, en Europe ou non, peu importe. Je suis à Venise, parce que Venise est là dès que Vivaldi est là. La Tempesta di Mare, L’Estro harmonica, La Cetra, La Strava­ ganza. Tous les états « humains » sont présents (squelette, muscles, système nerveux, poumons, cœur, tête, bras, jambes), en train de sortir de la nature, de l’air et de l’eau, et de s’y fondre en dansant. J’écoute encore une fois Marilyn Home dans L’Orlando furioso (Vivaldi le furieux devient un héros de l’Arioste). Voilà un drame pour musique, une musique pour action de poésie :
« Un jardin délicieux dans lequel on voit deux fontaines, une qui éteint, l’autre qui fait naître l’amour. La mer agitée au loin. »
Le sujet ?
« Que dans ce monde profond et aveugle se précipite le destin. »
J’écoute une fois de plus Il piacere. Et puis le Nisi Dominus, chanté par par James Bowman [cf. plus bas] (il faudrait parler longuement de la façon dont les voix de chant, femmes et hommes, ont été refaçonnées par l’exécution de la musique de Vivaldi, la manière de jouer des instruments aussi. Il a ainsi fallu des années pour que de nouveaux corps amoureux surgissent). J’écoute une fois de plus, jamais assez, ce Gloria résurrectionnel, fou de joie, avec trompettes et choeurs embarqués dans une affirmation grandiose.
Et, bien sûr, une fois de plus Cecilia Bartoli (voir Bartoli). On peut dire que cette chanteuse inouïe est née de, et pour, Vivaldi. Son corps, sa gorge, sa voix auraient été impensables il y a trente ans. Elle a entendu, elle a compris, elle a travaillé, elle a respiré autrement, elle a lu les partitions (elle en découvre encore), sa vie a changé, la nôtre aussi.

Prenez The Vivaldi Album, où Cecilia Bartoli chante, accompagnée par les magnifiques musiciens de Il Giardina Armonico. C’est un extrait de l’opéra de Vivaldi, l’Olimpiade, donné au théâtre de Sant’ Angelo en 1734 :

Tra le follie diverse,
Da quai ripieno il mondo
Chi pua negar, che la follia maggiore
In ciascuno non sia quella d’amore ?
Siam navi all’onde algenti
Lasciate in abbandono ;
Impetuosi venti
I nostri ajfetti sono,
Ogni diletto è scoglio
Tutta la vita è un mar.
Ben quai nocchiero in noi
Veglia ragion, ma poi.
Pur dall ’ondoso orgoglio
Si lascia trasportar.

Théâtre des Champs-Elysées, Paris.

Voilà un air où l’italien, comme toujours, fait merveille (le texte est de Métastase) :

« De toutes les folies
dont le monde est rempli
qui peut nier que la plus grande
n’est pas pour chacun la folie amoureuse ?
Nous sommes des navires
abandonnés aux ondes glacées
nos affections sont
des vents impétueux,
chaque plaisir est un récif :
toute la vie est une mer.
Semblable au timonier
en nous veille la raison ; mais elle finit
par se laisser balayer
par les vagues de l’orgueil. »

Ce que fait Vivaldi de ce poème banal et moralisant est prodigieux. Il en renverse le sens, il fait de la passion amoureuse assoiffée et désorientée quelque chose de hautement désirable. Cecilia Bartoli, elle, porte le prodige à son comble. Il suffit de l’entendre dévider « ogni diletto è scoglio  » en étirant diletto butant sur scoglio (« plaisir » et « récif »), et surtout la façon dont le vers « tutta la vita è un mar » (« toute la vie est une mer ») prend ici une ampleur et une âpreté prophétiques.
La mer, en italien, est au masculin.
Toute la vie est une mer : philosophie de Vivaldi. Une mer agitée ou parfois très lisse. Le temps est ici saisonné. Printemps, été, automne, hiver, ignorent les années. S’il a l’air de se répéter (ce qui n’est pas le cas), c’est que Vivaldi a su, dans le mouvement du mouvement, qu’il reviendrait éternellement. C’est lui qui prononce le plus extraordinaire oui à la vie. Pour un violon, pour deux violons, pour quatre violons ? Pour une vie, deux vies, quatre vies, un millier de vies, et plus, et encore. Toute son œuvre s’appelle Encore. Non à la mort, oui à la vie. Encore.

Le corps de Vivaldi cesse de respirer le 28 juillet 1741, à Vienne. Il a soixante-trois ans. Il a été victime d’une « inflammation interne ». Il est enterré le jour même dans le cimetière de l’hôpital. Il n’a droit qu’à l’enterrement des pauvres à la cathédrale Saint­ Etienne. Un des six membres de la chorale, ce jour-là, est un jeune garçon de neuf ans. Il s’appelle Joseph Haydn. Vivaldi est jeté dans une fosse commune de la capitale. Cinquante ans plus tard, même lieu, même cathédrale, même sort. Le mort se nomme alors Wolfgang Amadeus Mozart.
La nouvelle de la mort de Vivaldi a été commentée de la façon suivante dans les Commemorali Gradenigo de Venise :
« L’abbé D. Antonio Vivaldi, incomparable virtuose du violon, dit le Prêtre roux, très estimé pour ses compositions et concertos, avait gagné, en un temps, plus de 50 000 ducats, mais sa prodigalité désordonnée l’a fait mourir pauvre, à Vienne. »
La Société enterre et compte l’argent. L’Esprit entend la musique.
Nietzsche aurait été heureux de pouvoir entendre du Vivaldi. On dirait parfois qu’il parle de lui, quand il évoque un « bonheur bref, soudain, sans merci », ou qu’il appelle de ses vœux un « retour à la nature, à la santé, à la gaîté, à la juvénile, à la verte vertu ». Et ceci : « Les pieds ailés, l’esprit, la flamme, la grâce, la grande logique, la danse des étoiles, la pétulance intellectuelle, le frisson lumineux du sud — la mer lisse — la perfection » (voir Nietzsche). »

Philippe Sollers, Dictionnaire amoureux de Venise, Plon, 2004, p. 460-467.


Philippe Sollers et la musique baroque

Janvier 1983 : Sollers publie un grand roman baroque Femmes.
13 mars 1983 : il participe à l’émission de Claude Maupomée Comment l’entendez-vous ? [1]. Le thème : « Vivaldi et la musique baroque ». Vingt ans plus tard Vivaldi aura, comme on l’a vu, une large place dans le Dictionnaire amoureux de Venise. Mais la musique dite baroque ne se réduit pas à Vivaldi, lors de cette émission, Sollers parle également de Bach, de Boccherini et de Scarlatti et du... clavecin. Qui a lu Femmes sait que ces musiciens y tiennent une place importante à côté de Mozart et, bien sûr, vous souvenez de Louise, la claveciniste du roman...

Ce document radiophonique dont j’ai conservé les cassettes nous fait entendre un paradoxe : il n’y a pas d’un côté la "musique sacrée" et d’un autre la musique "profane", il y a la musique. Sollers le dit clairement : le lien entre le "sacré" et la plus grande allégresse, y compris sexuelle, entre l’érotisme et la "religion" (Bataille) est évident. Les musiciens du XVIIIe sont, de ce point de vue, des "experts", des "savants de la sublimation". Ce qui prime c’est "le jeu pour le jeu" et ce qui est en jeu c’est l’"abolition du Temps". C’est cela qu’on a voulu refouler à partir du XIXe siècle et la terrorisation qui a suivi.

En dehors du Nisi Dominis, du Gloria de Vivaldi, on entend aussi quelques Variations Goldberg interprétées magnifiquement au clavecin par Gustav Leonhardt et des sonates de Scarlatti dont une interprétée par Wanda Landowski en 1940 avant son exil en Amérique. L’enregistrement est daté, le clavecin est "robuste", on entend, semble-t-il, le bruit du canon. « Wanda Landowska allait gagner la guerre » dit Sollers.

On entend aussi — application du "programme" de FemmesLa casa del diavolo de Boccherini. Boccherini avec Sade — avant Mozart avec Sade, la série de onze d’émissions que je vous ai présentée il y a quelques années (jamais rediffusée [2]).

Femmes :

« Il me fait écouter le morceau qui est, selon lui, la meilleure bande musicale pour Sade... La casa del diavolo de Boccherini, ... Un truc flamboyant dramatique, tout en spirales, de la dernière violence... Boccherini... Méconnu... Mort à Madrid en 1805... Et puis Scarlatti... Domenico ! Clavecin furieux, passion sèche... Mort lui aussi à Madrid (tiens, tiens) en 1757... [...] Tourbillons, soubresauts d’abîmes... Vrillage du nerf... Commotion claquée... Feu de joie... Scarlatti ! Un dieu ! La lettre écarlate ! » (Gallimard, p.260-265 [3]).

Décidément, 1983 fut une sacrée année...

L’émission « Vivaldi et la musique baroque » n’a jamais été rediffusée, mais, quarante ans plus tard, France Musique vient de consacrer une nouvelle série d’émissions à « Vivaldi, les saisons des plaisirs » (vous pourrez noter qu’au début de chaque épisode, on entend la voix de Sollers dans un très court extrait de l’émission de 1983).



Buste d’Antonio Vivaldi.
Venise, Église de la Pietà.

Photo A.G., 12 juin 2019. Zoom : cliquez l’image.

Vivaldi et la musique baroque (13-03-83)

Le son est un peu sourd, c’est le prix d’archives inédites, mais ça ne doit pas vous empêcher d’ouvrir les oreilles...

1.

Musique :
Vivaldi, Domine fili unigenite - Gloria, Kings College Choir, Cambridge, dir. David Wilcocks.

2.

Bach, quelques Variations Goldberg par Gustav Leonhardt au clavecin.
Vivaldi, début du Nisi Dominus, The Academy of Ancient Music, dir. Christopher Hogwood avec James Bowman, contretenor.
Boccherini, La casa del diavolo, Orchestre De L’Angélicum De Milan, Umberto Cattini.

3.

Vivaldi, Credo, English Chamber Orchestra, dir. Vittorio Negri
Scarlatti (Domenico), trois sonates, Luciano Sgrizzi, clavecin [4]

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Wanda Landowska

4.

Vivaldi, Gloria dixit Dominus, Ensemble vocal et instrumental de Lausanne, dir. Michel Corboz.
Scarlatti, sonate, Wanda Landowska, clavecin [5]
Vivaldi, Laetatus sum, English Chamber Orchestra, dir. Vittorio Negri.

Si vous avez suivi jusqu’ici et noté ce que Sollers dit de l’importance du texte et de la langue — le latin — dans la musique "religieuse", vous pouvez réécouter le Domine fili unigenite par Michael Corboz en suivant le texte en latin sur la partition.


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Antonio Vivaldi

Vivaldi, Les saisons du plaisir

France Musique. Les Sagas musicales, 31 janvier 2024.

Chacun des choix que Vivaldi a entrepris au fil de son parcours a le goût de l’inattendu. Prêtre, il sera ; mais, à sa façon ! Loin d’adopter les mœurs de l’époque, il les défie — au risque de s’attirer quelques ennuis judiciaires ! Un podcast en 5 épisodes autour du grand compositeur italien.
La flamboyance juvénile
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Caricature de Leone Ghezzi (1723)
Roma, Biblioteca Vaticana



À la fois violoniste virtuose, compositeur prolixe, pédagogue hors pair et imprésario rusé, Vivaldi fait preuve d’une énergie sans limite, malgré une santé précaire. Musicien incontournable au succès planétaire, il envoûte toujours autant les foules. En 5 épisodes, perçons le "mystère Vivaldi" !

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L’inspiration incandescente

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Concert à l’Église de la Pietà. Venise.
I Virtuosi Italiani y interprètent régulièrement les Quatre saisons.

Photo A.G., 20 juin 2014. Zoom : cliquez l’image.
En toute saison

Ascenseurs, répondeurs téléphoniques, halls de gare…, le tube planétaire des 4 Saisons de Vivaldi a envahi notre quotidien ! S’y cache un subtil dialogue entre musique et poésie dont la puissance reste souvent ignorée. Coup de maître ou revers de la gloire ? Réponse de Sollers : « Le temps est ici saisonné. Printemps, été, automne, hiver, ignorent les années. S’il a l’air de se répéter (ce qui n’est pas le cas), c’est que Vivaldi a su, dans le mouvement du mouvement, qu’il reviendrait éternellement. »

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L’Européen avant l’heure

Portés par l’énergie débordante de sa ville natale, Vivaldi se met à la conquête d’un public bien au-delà de la Sérénissime. Ce fin stratège édifie un solide réseau de protecteurs à travers toute la péninsule. Vénitien dans l’âme, il le fût ; mais Européen avant tout !

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L’exil sans retour

Délaissé par les Vénitiens, Vivaldi rejoint Vienne où le convie Charles VI. Face aux musiciens napolitains dictant désormais les règles de la mode italienne, espère-t-il y trouver un nouveau public ? Jusqu’à sa mort, cet hyper-actif tente le tout pour le tout, pour faire jouer ses opéras.

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L’Amour vénitien — L’Amore veneziano


L’édition italienne, 2013. Illustration : Giorgione, La Tempête. Vers 1505.
Huile sur la toile, 82 x 73 centimètres. Venise, Galleria dell’Academia.
Zoom : cliquer sur l’image.

pour Vivaldi
derrière les grilles
toutes ces voix cachées
dans la rumeur grondante du solfège
et l’impétueuse charité
l’allégro des couleurs
l’amour
dans l’agitation de l’amour

riva degli Schiavone
les musiciennes vives et nues
l’orchestre des saisons
le jaillissement sonore
l’ospedale della Pietà

per Vivaldi
dietro le grate
tutte quelle voci nascoste
nel rumore incombente del solfeggio
e l’impetuosa carità
l’allegro dei colori
l’amore
nell’agitazione dell’amore

riva degli Schiavone
le musiciste vivaci e nude
l’orchestra delle stagioni
lo zampillio sonoro
l’ospedale della Pietà


Dédicaces de l’auteur et du traducteur. Manet, <i>Lola de Valence</i>, 1862.

L’Amore veneziano

Edition bilingue, franco-italienne,
de L’Amour vénitien (1984), LietoColle, 2013.
Traduction de Andrea Schellino,
avec la collaboration de Augustin de Butler.
Entretien inédit de Marcelin Pleynet.
"Pleynet vénitien", texte de Andrea Schellino.

Editions LietoColle
Disponible, à Paris, à la librairie La Libreria (89, rue du Fbg Poissonnière - 75009 Paris)

LIRE : Marcelin Pleynet vu d’Italie


[1L’émission a été pré-enregistrée avant la publication du roman qui est sorti en janvier 1983 (il y est fait allusion au cours de l’entretien). Je note qu’on peut parfois réentendre d’anciennes émissions présentées par Claude Maupomée le midi dans les Trésors de France Musique (j’ai toujours aimé sa voix). Peut-être réentendrons-nous cette émission un jour.

[2La première de la série : Mozart avec Sade I.

[3Voir notre article et l’enregistrement complet de la symphonie de Boccherini ICI.

[4Domenico Scarlatti a composé pas moins de 555 sonates. Il faut citer ce qu’il écrivait dans la Préface des Essercizi, parus en 1738-39 :
« Lecteur, que tu sois Dilettante ou professeur, ne t’attends pas à trouver dans ces Compositions une intention profonde, mais le jeu ingénieux de l’Art, [Autre traduction : Une manière ingénieuse de badiner avec l’art] afin de t’exercer à la pratique du clavecin. Je n’ai recherché dans leur publication, ni l’intérêt, ni l’ambition, mais l’utilité. Peut-être te seront-elles agréables, dans ce cas j’exécuterai d’autres commandes dans un style plus facile et varié pour te plaire : montre-toi donc plus humain que critique ; et ainsi tes plaisirs en seront plus grands. Pour t’indiquer la position des mains, je t’avise que par le D j’indique la droite et par le G la gauche : sois heureux. ».

[5Un colloque consacré à WANDA LANDOWSKA ET LA RENAISSANCE DE LA MUSIQUE ANCIENNE s’est tenu à la Cité de la musique au mois de mars 2009.