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Éros chez Sollers

D 20 juin 2023     A par Michaël Nooij - C 2 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


La Tribune libre de Michaël Nooij

Cher Viktor, qu’en est-il d’Éros dans l’œuvre de Philippe Sollers, aspect très peu commenté voire pas du tout et pourtant hautement révélateur ?

En ce domaine-clé le Bordelais born sensual fidèle à son habitude se montre subtile, son langage ignore la vulgarité, les scènes sont brossées façon Fragonard, les transports charnels décrits comme autant d’exercices d’esprit, les mots, Folies françaises, volent d’un point à l’autre ...et alors quelle santé ! Tant et tant de belle et bonne chair à combler ! Toujours prêt à tirer l’ami Sollers, avec Eugénia la bonne basque, avec Dominique la belle Flamande, avec Reine richissime héritière aristocrate, Luz la petite physicienne, Jill la new-yorkaise, Minna professeure d’université à Milan, Joan journaliste, Sophie médecin à Genève, Nelly étudiante en philosophie, Viva instructrice de tir à Hong-kong, Lila avec ses intrigues, ses jalousies, ses mauvais humeurs, Lucy très fortunée, investie dans le monde de l’art qui lui évoque sa sœur adorée, Ada gironde masseuse à Venise, Odette la jolie veuve sans oublier Vénus qui est là matin et soir pour signaler la permanence de l’embarquement - Sollers s’illustre dans une certaine tradition française de preux libertins à la manière de Villon, Théophile de Viaux, Cyrano de Bergerac, Verlaine, Genet.


De toute façon la morale avait été gazée à Auschwitz, atomisée par la bombe nucléaire, fallait pas être grand clerc pour comprendre sa mort ...de la moraline restait, mixture de juridisme sentimental et de pharisianisme tatillon, un cadavre qui bougeait encore et dont il fallait se débarasser sans peur ni reproche si l’on voulait exister tête-haute debout dans l’abomination générale avancée - cet ersatz de la morale ante-mortem était une infraction aux codes d’honneur et d’esprit, l’hypocrisie de l’adversaire sans plus de masque qu’il fallait combattre et que Sollers tout sourire n’avait de cesse de dépasser dans ses cabrioles germano-pratines, ses entrechats new-yorkais, ses papouilles italiennes.

Chez S. tout part du corps, les cinq sens font l’être véritable, ils composent le tremplin du plongeoir vers l’infini.

Il affirma qu’il fallait au moins trois femmes pour vivre heureux, une épouse, une maîtresse et de discrets bonbons de boudoir semés cà et là - dans toutes il cherchait le regard de sa maman et de ses tantes, les Sœurs, les grandes prêtresses initiatrices à l’art de vivre, un art joyeux d’être-là, là où je suis est le paradis même et surtout dans l’agonie généralisée d’une fin de monde.

Que celui qui n’a jamais péché jette la première pierre ! - que les jaloux se taisent ! ...quoi ? il ne respectait pas la morale catholique lui qui se disait catholique ? avec son quotient érotique il manipulait la gent féminine ? compilait Nietzsche pour se donner bonne conscience ?

Jaloux êtes-vous !

Quoi de plus sensé quand plus rien n’a de sens que d’aimer les femmes, toutes les femmes quand le fléau de la balance s’affole et se détruit abandonnant les ruines du désastre aux chacals, scorpions et vipères ? Que faire de mieux quand l’élite se saborde et que les rats sortent de l’égout ?

Que faire encore quand l’air est devenu irrespirable, la lumière nocive, l’eau impropre à la consommation, le blé trafiqué, les mots truqués, le climat détraqué et la planète condamnée, quand l’humain est remplacé par le robot, que faire de mieux cher Viktor ? L’amour est aussi une prière.

Luis ! Quand Tout S’Obscurcit ! est la devise d’un sculpteur descendant de la famille de l’impératrice Sissi, un original établi à Aiguèze-sur-Ardèche, autoproclamé Baron de la Souveraineté de Montespérant : je suis un homme, un vrai et je tiens à ce titre de gloire répète-il à cent ans passés.


ZOOM : cliquer l’image

À sa façon Ph. S. l’est aussi.

Pour l’instant le rusé séducteur mi-Casanova mi-Don Juan est en cours de jugement, le travail d’épuration commence avant de pouvoir lui ouvrir les portes de l’infini je suppose.

Pensées d’un vendredi après-midi ensoleillé.

Bonnes amitiés.

M.N


femme dansante avec le soleil, anonyme, Petit-Nice, Marseille, mai 2023
« Les nus de Willy Ronis, dans leur extraordinaire naturel, sont sacrés ». ( Philippe Sollers). PLUS ICI

Michaël Nooij sur pileface

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2 Messages

  • Michaël Nooij | 24 juin 2023 - 17:12 1

    …J’avais lu quelques pages de Éloge de l’infini au Petit Nice, mais j’ai oublié de préciser que c’était pile devant la "dame dansante avec le soleil", endroit où je me pose habituellement.


    femme dansante avec le soleil, anonyme, Petit-Nice, Marseille, mai 2023

    Elle est apparue sur le mur derrière moi début mai dernier, je l’ai aussitôt saluée, demandé la permission de photographier son mouvement, ce qu’elle accepta de bonne grâce - on voit un corps puissant, ses membres fins volent dans l’air, et, à bien regarder, est-ce qu’elle vient du ciel ou est-ce qu’elle s’arrache de la terre ? L’en-haut l’aspire, elle bondit vers lui aussi sûr qu’elle émane du soleil rayonnant.

    La primauté est à l’astre solaire sans qui pas de Terre, les rouleaux de lumière en arc prolongent, sculptent, incarnent leur esprit en un corps de chair, ce corps-là qui en ce joli mois de mai devant la grande bleue à Marseille par un bond acrobatique se détache de la gravité - le corps redevient rouleaux de lumière, revient à son soleil de départ cycle accompli bravo madame !

    Qui est-elle ? Suzie d’Endoume ? Bernadette du Panier ? Monique des Chutes-Lavies ? Vous êtes la lumière du monde.

    La danse avec le soleil finie elle vint s’asseoir à côté de moi, sur mon petit monticule face à la mer, elle voyait bien mon sourire silencieux, nous regardions l’horizon quand tout à coup une mouette a surgi et piqué le pain au chocolat de deux jolies girelles en bikini ce qui nous fit marrer, chez elle un rire d’ange, des clochettes mezzo-voce trop agréables à entendre puis elle disparut, je n’ai pas pu voir la couleur de ses yeux, ce devait être une déesse, une brève grâce du ciel - nous sommes, vous êtes, ils sont la lumière du monde.

    Mon maillot mis, ai plongé dans l’eau encore bien fraîche.

    Message 100% humain sans IA en ce jour de grand soleil fête de saint Jean le Baptiste.

    Bon weekend,


  • Bernard Goffe | 22 juin 2023 - 00:00 2

    Joli hommage ! Merci !