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Portrait du Joueur

D 26 juillet 2009     A par Viktor Kirtov - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Couverture de l’édition illustrée par Martin Veyron, coédition Futuropolis(1991), Gallimard (1985), en grand format 22x29 cm.


"Martin Veyron, spécialiste de l’Amour Dessiné est un voyeur privilégié. Ses dessins nous montrent - et nous cachent - les tiroirs du grand jeu de Philippe Sollers".

Quatrième de couverture

Le héros de Portrait du joueur est né à Bordeaux où il revient visiter les lieux de son enfance. Maisons et jardins détruits, remplacés par un supermarché agressif, égalisation et transformation partout, il ne reconnaît plus rien, sauf ses souvenirs brûlants d’autrefois, ceux des vignes et de la lumineuse douceur de vivre, "sudiste".
Ce roman est d’abord celui de la mémoire. C’est aussi, grâce au personnage de Joan, une journaliste de vingt-deux ans, la confrontation cruelle et comique entre deux générations, celle "de 68" et celle "d’après 68". Là encore, tout a changé : références, moeurs, langage. Triomphe du cynisme et de la confusion médiatique imposée par le "Nord", drôlerie grinçante du temps.
Mais le personnage central, discret, subversif, est une jeune femme de vingt-huit ans, Sophie, médecin à Genève. Sa rencontre avec le narrateur fait basculer le récit dans une expérience érotique très singulière qui nous est minutieusement racontée. Il s’agit d’une communication exclusivement physique à travers des scènes construites à l’avance, et décrites, par Sophie elle-même, dans des lettres, d’un érotisme verbal poussé à l’extrême, qu’on lira sans doute avec stupeur. Ce texte se rapporte à l’édition Broché.

Exergue

Attaquez à découvert, mais soyez vainqueur en secret...
Le grand jour et les ténèbres, l’apparent et le caché ; voilà tout l’art.

Sun Tse

Le début

Eh bien, croyez-moi, je cours encore ... Un vrai cauchemar éveillé ... Avec, à mes trousses, la horde de la secte des bonnets rouges... Ou verts... Ou marron... Ou caca d’oie... Ou violets... Ou gris... Comme vous voudrez... Le Tibet de base... Singes, hyènes, lamas, perroquets, cobras... Muets à mimique, tordus, érectiles... Hypermagnétiques... Venimeux... Poulpeux... Un paquet de sorciers et sorcières ; un train d’ondes et de vibrations... Moi, pauvre limaille... J’ai cru que je n’en sortirais jamais, j’ai pensé mille fois devenir fou comme un rat dans les recoins du parcours... Ils ont tout, ils sont partout, ils contrôlent tout, ils avalent tout...
Mais qui ça, ils ?
Ah, voilà !
Tout simplement, eux. Ils. Ils et elles, bien sûr...

La fin

Les bateaux n’arrêtent pas de passer, passer. Passer, c’est tout ce qu’ils veulent dire.
[...] Hier, après la pluie, il y a eu un grand arc-en-ciel, à l’est.

Tout est sec, aujourd’hui. Mouillé, sec, le battement est d’une rapidité enchantée. On dort, tout est humide. On se réveille, tout est essoré, repassé, net.
Je revois les jours de pluie, à Bordeaux : tout le monde dehors, signal de fête. Visages des femmes, ravis. On court faire des achats, on prend l’eau sur les joues, c’est bon pour le teint, comme à Londres. Et puis la chaleur, fondant du Sud. Est-ce que ce n’est pas trop ? Est-ce que le raisin ne va pas brûler ?
Non, il dort là, tranquillement, pressé, broyé, exalté, réglé. Il a pénétré l’autre côté du temps. Il peut attendre. Ici, peinture et musique. Art des souterrains. Art de l’exposition finale. Ça se ressemble. Ça se rejoint.
Je referme les yeux, et je me vois tout à coup pousser mon attelage, là-bas, jusqu’au bout, vers l’ouest, là où les avions descendent et clignotent, des chevaux de vent et de nerfs, souples, rapides, écumants, volontaires, leurs crinières brillent dans le couchant, personne ne les remarque, ils galopent au milieu des bateaux, chevaux et bateaux, le rêve, ils se faufilent et foncent vers l’horizon rouge, sur le mercure déjà nocturne de l’eau, je les tiens à peine maintenant, ils m’échappent, ils ont leur idée, leur cri d’attraction muet, ils se sont débarrassés de moi, ils filent, ils sont ivres, je sens leurs muscles jouer sans efforts, leurs encolures impatientes, vibrantes, ils se sont réfugiés ici avec moi, en moi, ils vont se fracasser sur la ligne invisible, mais peut-être pas, comment savoir, ils frôlent à peine le canal bouillonnant du soir, je les laisse, je lâche les rênes, ils veulent passer eux aussi, et peut-être vont-ils passer, malgré tout, museaux et naseaux comme directement vaporisés dans l’envers.

Morceaux choisis

Bonheur (la provocation du)
J’aime à la folie le Concile de Rome de 330
Mysogine, moi ?
Les Identités Rapprochées Multiples
Les lettres de Sophie
Olga invite le joueur chez elle

Critique SDM

Sollers, génial truqueur ? Suite de Femmes. Poursuite d’un journal intime devenu spectacle, du carnet de bord d’une vie devenue fourre-tout (cf. l’article de J. P. Amette, dans Le Point du 21 janvier 1985). Sollers apparaît ici, comme dans Femmes, baroque et voluptueux, gai et radoteur, libertin et vantard, virtuose et bavard, en "état d’ébriété graphomaniaque". Principaux sujets abordés : "la double comédie, parallèle qu’est la sexualité" (J. Folch-Ribas) — la vie intellectuelle — l’édition — le journalisme. Irritant et séduisant.

*

VOIR AUSSI :

Les Identités Rapprochées Multiples , Portrait du Joueur
Les Lettres de Sophie , Portrait du Joueur
Mysogine, moi ?, Portrait du Joueur
Françoise Verny alias Olga Maillard , Portrait du Joueur
Critique , Portrait du Joueur

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