Voici la page 138 du livre de Philippe Sollers Fleurs traduit en chinois. Il s’agit de la première page du chapitre « Chine » (p. 113 de l’édition française publiée en octobre 2006 chez Hermann). Elle commence ainsi : « Eh bien oui, je ne sais ni comment ni pourquoi, me voici devenu chinois. Ce papillon blanc, dans le jardin, s’appelle Tchouang et moi tseu, à nous deux nous sommes Tchouang-tseu. »
Fleurs traduit en chinois ? Oui. En janvier 2009, une jeune étudiante me contacte par le biais de pileface, elle s’est mis en tête de traduire l’essai de Sollers (« J’ai eu un coup de foudre avec cette petite belle fleur », m’écrit-elle) et m’inonde de questions (allez savoir pourquoi !) : qu’est-ce que ça veut dire « Margaritomancie!Hyacintheux!Pervenchant à la perversion! » — « stupra » — « mac » — « plâtre goulu » — « Mounine » , etc, etc. ?
Un échange régulier de mails s’ensuit. L’étudiante est originaire de la région de Nankin, elle a suivi les cours de Julia Kristeva à Paris 7, a découvert les livres de Sollers, se demande pourquoi cette passion pour la Chine de la part d’écrivains français, veut en savoir plus et décide de se lancer dans une première traduction (suite à une demande d’un de ses amis, éditeur). Ce sera Fleurs.
J’ai reçu la première impression du livre ce matin. Vous avez ci-dessous la première et quatrième de couverture. L’édition définitive sortira dans quelques semaines (il y avait quelques oublis dans celle-ci). Édition de l’université de Nanjing (Nankin).
Aux dernières nouvelles, notre étudiante, désormais professeur à Shanghaï, vient d’achever une thèse sur le Voyage au bout de la nuit de Céline et s’est lancée dans la traduction des Mémoires de Sollers (gros travail et nombreuses questions en perspective).
Au fait, je ne vous ai pas dit son nom : Duan Huimin (« 慧敏 Hui c’est à dire intelligente et Min c’est-à-dire habile »).
Comment ça peut se traduire, s’écrire en chinois :
TABLE
Prologue (préface)
Joyce
Détours
Le Cantique des Cantiques
Le Roman de la Rose
Dante
Angelus Silesius
Ronsard
Shakespeare
La Bruyère
Voltaire
Intermède
Rousseau
Omar Khayam
Citations
Baudelaire
Rimbaud
Mallarmé
Proust
Colette
Genet
Ponge
Beckett
Chine
Peintres
Et maintenant :
« 百花齐放,百家争鸣 (bǎi huā qí fàng bǎi jiā zhēng míng)
Que cent fleurs s’épanouissent, que cent écoles rivalisent. » [1]
[1] C’est en mai 1956 que Mao Zedong énonce sa formule désormais célèbre : « Que cent fleurs s’épanouissent, que cent écoles rivalisent. » Ce mot d’ordre fait référence aux « cent écoles », dénomination donnée par le penseur taoïste Zhuangzi aux multiples écoles de pensée qui fleurissaient en Chine aux IIIe et IVe siècles avant notre ère.
1 Messages
Céline, Marc LAUDELOUT | 18 mai 2021 - 20:04 1
Cher Philippe Sollers,
Ne vous donnez pas la peine de répondre à mon courriel (envoyé à L’Infini) vous demandant l’adresse électronique de Mme Duan Huimin. Entre-temps j’ai obtenu, via l’Institut français de Chine, son adresse et nous sommes en contact.
Je ne manquerai pas de vous adresser le numéro sur la réception de Céline en Chine qui vous intéressera certainement.
Agréez je vous prie l’expression de ma sincère considération et de mes sentiments les meilleurs.
Marc Laudelout
LE BULLETIN CELINIEN