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Franck Maubert, Avec Bacon

D 28 juin 2019     C 1 messages Version imprimable de cette Brève Version imprimable   

« Francis Bacon incarne, plus que tout autre artiste, "la" peinture. Il est l’homme le plus extraordinaire qu’il m’ait été donné de connaître. Dans les années 1980, je l’ai rencontré à plusieurs reprises. À Londres, tout d’abord, dans son atelier de South Kensington, puis en diverses occasions, lors de ses passages à Paris. Nous conversions aussi parfois au téléphone, tôt le matin. Il parlait en toute liberté, sans tabou, de tout et de choses sans importance. Bacon adorait parler, parler l’excitait.
Je l’observais, l’enregistrais, prenais des notes, rien ne le gênait.
Rendez-vous dans son atelier, dans les restaurants, les bars londoniens ou parisiens, de jour comme de nuit, à discuter, boire, manger, jouer : ce livre retrace ces moments rares partagés avec Bacon, joyeux nihiliste, et éclaire l’homme exquis qu’il fut, loin de sa réputation de "monstre" ».
Franck Maubert.

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L’écrivain Franck Maubert parle se ses rencontres "Avec Bacon"

Journaliste, il s’était plusieurs fois entretenu avec le peinture. Bacon va faire en septembre l’objet d’une grande rétrospective à Beaubourg. Réservation obligatoire.

Cela fait déjà vingt-sept ans que Francis Bacon est mort à Madrid, où il avait été hospitalisé lors d’un voyage pour une pneumonie. Les prix de ses œuvres n’en finissent plus de s’envoler, en dépit de leur caractère particulièrement sombre. Les rétrospectives dédiées au Britannique prennent du coup des allures d’événements. La prochaine sera organisée cet automne par Beaubourg. Le musée a du coup annoncé une réservation obligatoire, comme pour Vermeer ou Léonard de Vinci au Louvre. Ouverture au public le 11 septembre. Clôture le 20 janvier. Pompidou appelle comme il se doit la chose « l’événement Bacon ».
L’édition précède déjà l’exposition, même si le flot type Vinci nous reste tout de même épargné. Franck Maubert sort ainsi à la NRF « Avec Bacon ». L’essayiste et romancier, aujourd’hui âgé de 63 ans, a un peu connu le peintre. Il travaillait alors à « L’Express ». Il lui a fallu des années pour décrocher un entretien avec Bacon, qui ne recevait personne. Le sésame est venu par l’intermédiaire de la puissante Marlborough Gallery. « Monsieur Bacon vous attend en fin de semaine à Londres. » Là, les choses se sont bien passées. L’artiste avait beau se vouloir alcoolique, bagarreur et fêtard, il restait un homme bien élevé. Francophone, en plus. Les gens entrés en rapport avec lui affirment d’ailleurs tout qu’une fois la place investie, ils avaient été reçus avec attention et ménagement par un homme ponctuel et disert... surtout le matin.

Plutôt un portrait

Maubert raconte donc ses premières rencontres, suivies par d’autres. Il nous ressert un peu la soupe. L’écrivain avait déjà publié « L’odeur du sans ne me quitte pas des yeux, Conservations avec Francis Bacon » chez Fayard en 2009. L’actuel ouvrage tient donc davantage du portrait, suivi par une biographie imprimée en plus petits caractères. Il y a des choses assez drôles. Je pense à une émission de TV française, à l’animateur particulièrement agressif, à laquelle Maubert avait persuadé Bacon de persuader. Ce dernier avait quitté le plateau après deux questions, emportant avec lui son micro. Il n’en a pas voulu à l’auteur. « En le raccompagnant à son hôtel, dans la voiture, l’air faussement inquiet, Bacon me dit : « Il est toujours comme ça, le présentateur ? Vous êtes sûr qu’il va bien ? »

Ce petit livre ne restera sans doute pas dans l’histoire aux côtés des monuments de David Sylvester sur Bacon, dont il fut durant des années l’interlocuteur privilégié. Mais il se laisse lire. Il est permis de le voir comme une introduction. L’homme derrière l’œuvre. Tel qu’en lui-même.

Etienne Dumont.