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L’inceste dans Les Folies Françaises

D 21 août 2005     A par Viktor Kirtov - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


En quoi vos Folies Françaises s’inscrivent-elles dans la suite de vos autres romans ?

- Quoiqu’on en pense, ce livre n’est pas un catalogue plus ou moins méticuleux des différentes positions d’un romancier aventureux par rapport à des femmes. C’est au contraire un livre extrêmement réservé. En quelque sorte la clé des livres précédents...

Votre Portrait d’un Joueur était un lent retour vers la terre de vos origines, le bordelais. Est-ce que Les Folies Françaises forment, elles aussi, un retour aux sources ?

- Dans Le Portrait, le narrateur faisait retour vers ce qui l’a nourri - ses racines, Si vous voulez. Ici, au contraire, il est chargé de transmettre son savoir. Tout le livre se déroule à Paris. Le narrateur et sa fille se promènent, ils conversent beaucoup, ils passent leur temps en entretiens particuliers. Il s’agit d’une initiation...

...sexuelle... ?

- Au contraire de Femmes, par exemple, ou encore du Coeur absolu, dont c’était le sujet plus ou moins caché, la trame sexuelle est ici presque absente. Rien n’est directement dit. La présence sexuelle est diffuse. Le livre entier baigne dans un climat de sensualité.

Vous reprenez le même fil, mais à l’envers...

- Oui. Pour que la peinture que je cherche à donner soit complète, il faut procéder à l’apparemment contraire !

Tout le livre tourne autour d’un rapport incestueux. Et pourtant, le mot d’inceste apparaît rarement. L’inceste vous fait-il peur ?

- Dès qu’on dit ce mot, on ferme tout ! Ce mot est tabou. Il est montré toujours comme quelque chose de violent, soumis à une punition fatale. Un châtiment tragique. Or, dans mon livre, rien ne se passe de tragique, de punissable, de répréhensible. La " consommation de l’inceste se fait dans une dimension extrêmement particulière - euphorique, Si j’ose dire...

À un moment donné, le narrateur dit qu’entre France (sa fille) et lui, c’est comme s’il ne s’était jamais rien passé...

- Oui, exactement. Cela suppose que ce qui se passe vraiment doit se passer comme s’il ne se passait rien ! Si l’on manque cette dimension symbolique, tout tourne immédiatement à la caricature. Et, une fois de plus, on manque tout. En particulier, ce côté hors du monde, hors du temps ou de l’histoire. Je cherche toujours ce point différé hors du temps, hors de l’histoire.

Vous rejoignez Pierre Legendre qui, dans son dernier livre, insiste précisément sur l’aspect purement symbolique de l’inceste dans la plupart des civilisations...

- C’est tout à fait exact. Il faudrait arriver à ce point, certainement miraculeux, où le passage à l’acte s’inscrirait dans la structure reconnue comme telle. Est-ce que c’est possible ? Est-ce que le passage à l’acte implique l’aveuglement face à la structure ? Ou est-ce que la reconnaissance de la structure interdit le passage à l’acte ?

Est-ce que les deux peuvent coïncider ?

- Je crois que oui : dans l’art.

Vous poursuivez deux pistes parallèles : l’une romanesque et, disons-le, assez traditionnelle, et l’autre plus risquée, qui s’appelle Paradis, ce long poème au rythme haletant, dont deux volumes jusqu’ici ont paru. Est-ce que ces pistes se rejoignent ?

- Elles ne forment qu’une seule piste - bifide. Sans doute doivent-elles converger quelque part, à l’infini peut-être. Le mot de paradis indique bien cette convergence. Il y a un versant figuratif et un versant non-figuratif, auditif, d’un même phénomène.

Vous travaillez sans cesse entre l’oeil et l’oreille...

- J’essaie de faire passer l’écriture entre ces deux marges-là, sans qu’il y ait d’antinomie.

Chacun de vos livres fait scandale, comme si, chaque fois, vous mettiez le doigt sur une cicatrice irritante. Que va-t-on reprocher cette fois à vos Folies Françaises ?

- Le scandale va venir, j’en suis sûr, mais d’ailleurs. On va dire : " Comme c’est bâclé ! Comme c’est vite fait Trop facile ! Etc. " La censure, aujourd’hui, s’exerce de cette façon-là. Elle a appris, la censure, comme un beau virus qu’elle est, à se dissimuler derrière des attitudes plus sournoises, moins violentes, mais sans doute tout aussi efficaces...


Jean-Michel OLIVIER
(Voir l’article dans son contexte original)


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