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« Ouf ! »

Le discours de Toulon sur la crise financière

D 26 septembre 2008     A par Viktor Kirtov - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Quel rapport entre l’économie, la littérature et les intellectuels ? On sait les intellectuels, grands signataires de pétitions pour stigmatiser les grands et petits maux de notre petit monde. Combien de pétitions pour dénoncer et stigmatiser la crise financière actuelle ? Combien d’analyses éclairantes ?
Où sont passés les intellectuels ?

Bien que Philippe Sollers ait longtemps villipendé le malfaisant Leymarché-Financier, force est de constater qu’il s’est peu exprimé sur l’actualité de la crise financière. Encore que l’on pouvait lire dans son Journal du mois de janvier 2008 dans le JDD une section intitulée "krach".

Autre cri ici (Francis bacon)

Reconnaissons cependant à Jacques Attali d’avoir été un des premiers à tirer dès janvier 2007 dans un article qui l’honore (même si sa présidence de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BRED), cadeau de départ - « parachute doré » - de Mitterrand à son conseiller spécial ne m’a pas laissé un souvenir béat d’admiration. « Procès » pour morgue et dépenses inconsidérées par les financiers de la City de Londres. L’intéressé s’en est expliqué. Il a quitté la BRED, le conseil d’administration a donné son quitus pour sa gestion. Fermons la parenthèse)

Krach

Dieu va-t-il nous sauver du terrorisme, du réchauffement de la planète, de la montée des océans, et surtout des fausses interprétations qu’il laisse faire de lui-même ? Ce serait souhaitable. Va-t-il, surtout, nous éviter un krach financier ? Dieu entrant en récession, ce serait un comble. Pour l’instant, une pensée émue pour le petit épargnant mondial dont la crédulité, une fois de plus, aura été flouée. La valse des banques est vertigineuse, et les discours raisonnables (surtout pas de panique !) sont les plus inquiétants. Quel cléricalisme ! Relisons plutôt Beauvoir, c’est rafraîchissant : "S’il est une idée qu’à travers tout son pessimisme Sade répudie farouchement, c’est celle de subir. C’est pourquoi il hait cette hypocrisie résignée qu’on décore du nom de vertu ; elle est en fait une soumission imbécile au règne du Mal, tel que la société l’a recréé ; en elle l’Homme renonce à la fois à son authenticité et à sa liberté... Ce qu’on appelle l’humanité et la bienfaisance, il les attaque fanatiquement ; ce sont des mystifications qui visent à concilier ce qui est inconciliable : les appétits inassouvis du pauvre et l’égoïste cupidité du riche." Oui, rafraîchissant.

Philippe Sollers

Journal du mois de Janvier 2008 dans le JDD

oOo

Un article prémonitoire signé Jacques Attali.

C’était il y a 18 mois, le 25 février 2007 ! sur son blog :

« je soutiens qu’une grave crise financière mondiale pourrait partir des Etats-Unis où le prix de l’immobilier sert de gages à des emprunts, qui permettent aux particuliers qui n’en ont pas les moyens d’acheter des titres en Bourse. Pour les rendre solvables , les maisons de titres endettent au maximum les gens de la classe moyenne en leur accordant des prêts au logements qu’ils ne peuvent pas rembourser, sauf par la vente de leur portefeuille boursier supposé en croissance . Pour se couvrir elles mêmes contre la defection d’un de ces emprunteurs, elles regroupent ces prêts au logement en une obligation unique, des ABS, Asset-Backed Securities subprime, ou plutôt des Mortgage Backed Securities subprime, qu’elles replacent ensuite sur le marché financier. Que le prix de l’immobilier se retourne et c’est tout le système qui s’effondre. »
Jacques Attali

Et la machine folle, entraînée par son propre mouvement, sans freins, sans airbag, a continué a déraper pendant tout ce temps avant de percuter le mur. Les pilotes continuaient à toucher leurs primes de résultats virtuels, les bilans ne disaient rien ou si peu des investissements douteux. Incroyable cette folie collective, tant aujourd’hui le diagnostic dressé, hier, par Nicolas Sarkozy dans son discours de Toulon, apparaît implacable de vérité. Si aveuglante qu’on se demande bien où regardaient les patrons de banques, les grands argentiers régulateur du marché et les politiques, et nos intellectuels...

Incroyable mais vrai. Impéritie généralisée, inconscience, aveuglement, folie collective...

Le marché qui a toujours raison, c’est fini.

Et en plus, nous sommes bègues. Nous avons fait pire et les « Plus jamais ça ! » ont toujours, toujours été démentis. Après son diagnostic implacable, Nicolas Sarkozy n’a pu s’empêcher de nous le dire à sa façon son « Plus jamais çà ! »

« L’idée de la toute puissance du marché qui ne devait être contrarié par aucune règle, par aucune intervention politique, était une idée folle.

L’idée que les marchés ont toujours raison était une idée folle. »

Et plus avant :

« L’autorégulation pour régler tous les problèmes, c’est fini.
Le laissez-faire, c’est fini.
Le marché qui a toujours raison, c’est fini.
Il faut tirer les leçons de la crise pour qu’elle ne se reproduise pas.
Nous venons de passer à
deux doigts de la catastrophe. »

Tenté de dire « Ouf ! »

Vous connaissez l’histoire de ces touristes qui vont en excursion dans le désert, à dos de chameaux. Le guide les a initiés à la conduite de leur monture : « Stop » pour arrêter. « Ouf » pour avancer.
Le groupe s’est arrêté au bord d’une falaise pour contempler le paysage sublime.
Un des touristes malmené par sa monture depuis le début du trip apprécie cette pause. Il fait chaud. Il en profite pour s’éponger le front et son regard rencontre celui du guide, alors que sa bouche exprime un « ouf » de soulagement.


Epilogue :


C’était la période du ramadan, tandis que le touriste se débattait dans les eaux de l’oued en contrebas, le guide lui lança une perche, sorte de rame à dents.

Moralité :

Pour ne pas tomber dans le gouffre, ne pas s’en approcher ; et pour avoir moins chaud, moins manger et faire ramadan. La vérité se découvre dans l’ascèse et au désert. Le Christ et les ermites sont aussi allés la chercher dans le désert. Mais, comme cet endroit est propice aux mirages, on ne sait plus à quel saint se vouer !


Voici la vidéo du discours de Nicolas Sarkozy sur l’économie :


Le discours de Toulon 2008 (pdf)

Le discours de Toulon de février 2007

Toulon : deux discours de Nicolas Sarkozy à 18 mois d’intervalle. Il n’est pas inintéressant de le relire au lendemain du discours de Toulon d’hier.

Dans le discours 2007, c’est le mot « espérance » qui vient au tout début du discours et le mot « humanisme » revient 5 fois.

Le discours de Toulon 2007 (pdf)

Dans le discours 2008, « la situation l’exige », le mot « peur » à remplacé « espérance ». Le mot « humanisme a disparu ».

« La vérité, les Français la veulent, ils sont prêts à l’entendre. » dit-il d’emblée.

Puis, au cours du discours de 45 minutes, le chef de l’Etat dresse un diagnostic sans concessions sur les causes de cette crise dont on ne sait encore, si les mesures exceptionnelles des Etats Unis : l’injection de 700 milliards de dollars va réussir à la juguler.

« L’idée que les marchés ont toujours raison était une idée folle.
[...]
Le marché qui a toujours raison, c’est fini. »

Non, Mister President, la folie des hommes est de tous les temps, pour les femmes, pour l’argent, pour... Au final par-dessus toutes ces folies, cette sournoise pulsion d’autodestruction et de mort qui est en nous, Freud l’a dit.
Et Philippe Sollers commente :

« Il est finalement surprenant que Freud ait cru devoir introduire une symétrie entre le désir érotique et la mort, Eros et Thanatos, en ayant recours à la fable platonicienne d’une unité sexuelle divisée à la recherche d’elle-même. Deux jumeaux éternels en lutte l’un contre l’autre ? Jumeaux, vraiment ? Contraires ? Poursuivre dans cette voie en diagnostiquant un malaise dans la civilisation où l’avenir d’une illusion était, en effet, la moindre des choses. Nous n’en sommes d’ailleurs plus au malaise, n’est-ce pas, la catastrophe a eu lieu, elle a pris, depuis sa vitesse de croisière. Nous continuons à penser mythiquement par complémentarité, mais la mort et sa pulsion n’occupent pas la « moitié » de la scène humaine. Quatre-vingt-dix-neuf pour cent ? Voilà qui est déjà plus exact ; »

Philippe Sollers

Le paradis de Cézanne (juin 1995)
In Eloge de l’Infini, Gallimard, 2001.

Et Sollers de continuer en magnifiant ce « un pour cent » d’Eros qui éclate dans l’amour tel que le peint Cézanne. Ce « un pour cent » me fait aussi penser à notre univers dont la matière connue ne constituerait que 4%. Le reste : 96% de matière noire dont on ne connaît rien sinon qu’elle n’émet aucun rayonnement électromagnérique qui permette de la déceler, mais les scientifiques savent indirectement qu’elle existe par ses effets gravitationnels.

Notre univers cosmique et notre univers érotique : juste quelques pour cents de la réalité ! Etonnant, non ?

Hegel a raison : « le vrai est le tout » mais m’arrêterai là. Hegel, c’est un peu plus compliqué, comme l’analyse du réchauffement climatique, on entre dans un système où tout est lié et en mouvement. Et Flaubert n’a pas épargné le ridicule à Bouvard et Péruchet d’avoir voulu frimer en invoquant Hegel.

Contentons nous de la « philosophie » de comptoir : « On ne nous dit pas tout... ».

La vérité dans le petit noir ou le ballon de blanc !

« La vérité, les Français la veulent, ils sont prêts à l’entendre. » :
Il va falloir ramer et se serrer la ceinture, autrement dit faire ramadan tout le temps !
Oui la valse des transactions financières à la vitesse de l’éclair, c’était du vent ! La faute au réchauffement climatique ! Y’a de l’eau dans le gaz, c’est la faute à Rousseau...


2000 dollars par Américain

Les 700 milliards de dollars que Washington veut consacrer au sauvetage de Wall Street représentent 2 000 dollars par Américain. C’est plus cher que la guerre d’Irak et plus d’une fois et demi le budget annuel du Département américain de la Défense (439 milliards de dollars), lui-même équivalent au budget de la France en 2007 (334 milliards d’euros).

La dette nette des Etats-Unis va passer de 10 600 à 11 300 milliards de dollars. Une petite partie est détenue, sous forme de bons du Trésor, par le Japon (592 milliards) et la Chine (502 milliards).

Ph.G. (à Washington)
Libération : lundi 22 septembre 2008

Et qui détient le reste de la dette ? Combien en Europe ?

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