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Nietzsche. Essai de mythologie

par Ernst Bertram

D 25 avril 2007     A par Viktor Kirtov - C 1 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Une réédition exceptionnelle du livre de Bertram sur le philosophe.
Tel est le sous-titre de l’article Que consacre Jean Montenot, dans Lire, mai 2007.
On connaît l’intérêt que Sollers porte à la pensée de Nietzsche, c’est donc assez naturellement que nous signalons ici ce livre et l’article de Jean Montenot m’a, même, donné envie de le commander. C’est, chose faîte.



Nietzsche, chair et puissance
par Jean Montenot
Lire, mai 2007.

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Friedrich Nietzsche par Munch, 1906<BR>

Voilà un livre qui a fait date dans l’histoire de la réception de l’ ?uvre de Nietzsche. Publié en 1918, traduit en 1932, il a gardé, malgré les progrès incontestables des études nietzschéennes, toute sa puissante force de séduction qui tient notamment au principe unique de sa composition. Il ne s’agit pas d’une biographie, ni d’une analyse savante de la pensée nietzschéenne, mais d’un libre parcours au gré de thèmes qui la symbolisent à travers ses héritages, ses instincts profonds, les héros que Nietzsche s’est choisis ou les anecdotes de sa vie. Ces points d’insertion symboliques ne sont pas toujours ceux que Nietzsche a développés - Judas, par exemple, n’est pas un personnage central de l’ ?uvre de Nietzsche - mais ils donnent à chaque fois l’occasion au lecteur de saisir sous un angle original l’âme complexe du philosophe. Rien donc qui pèse ou qui pose dans cet ouvrage où chaque chapitre est comme un coup de sonde sur l’homme et sur l’ ?uvre, ouvrant autant de perspectives dans lesquelles ils se reflètent tout entiers. Dans sa présentation, Pierre Hadot exagère à peine en affirmant que, par son mode de composition et sa structure, le livre de Bertram est « quelque chose de tout à fait unique dans l’histoire de la littérature », ni à proprement parler une monographie, ni un commentaire. Rompant avec les tenants d’une méthode historique, naïvement positiviste, qui croient pouvoir dire l’essentiel en se limitant à la reconstruction « objective » du passé, Bertram part des horizons imaginaires qui forment la source authentique de la légende nietzschéenne. Cela suppose de reconnaître que la légende a droit de cité en histoire et d’admettre qu’elle est « la forme la plus vivante de la Tradition historique ». Cette tentative pour saisir la formation de l’image du « dernier grand Allemand » - une image qui est « toujours inévitablement notre création comme nous sommes la sienne » - est aussi un document extraordinaire sur la cristallisation du mythe nietzschéen dans la culture allemande du début du XXe siècle. Nietzsche n’y est pas seulement saisi « selon la chair », comme dirait saint Paul, mais encore compris « en puissance », gros de sa propre mythologie. Si l’on nous permet ce petit clin d’ ?il à Gilles Deleuze, c’est Nietzsche envisagé dans sa dimension de personnage conceptuel. Ce regard original est enfin un regard rétrospectif sur une Allemagne disparue qui ne demande peut-être qu’à renaître, et l’on se prend à rêver d’un Bertram français du XXIe siècle qui écrirait, par exemple, un essai de mythologie rimbaldienne aussi vigoureux et suggestif.

Jean Montenot



Nietzsche. Essai de mythologie par Ernst Bertram, traduit de l’allemand par Robert Pitrou, 456 p., Editions de Félin.
Sur

Crédit : LIRE


présentation par l’éditeur :

Publié en Allemagne en 1918, le Nietzsche d’Ernst Bertram, a paru en France dans la très belle traduction qu’en a donné Robert Pitrou en 1932. Repris par le Félin en 1990, ce livre tient une place à part dans l’ensemble des travaux consacrés à Nietzsche par sa façon de dégager symboles, légendes et concepts à partir d’une vue de Venise, une gravue de Dürer, un tableau du Lorrain...

« C’est une sorte de commentaire poétique ou mieux une série de figures improvisées sur un mot, une image, une vibration... » (Henri Gouhier.)

« Le secret admirable sur lequel repose la conception de votre ouvrage, c’est justement que dans chacun de ses développements, chacune de ses narrations, on retrouve sous une forme condensée, tout l’indicile attrait, toute la magie spirituelle, qui sont inhérents au sujet du livre. » (Thomas Mann.)

l’auteur :

Ernst Bertram (1884-1957), poète proche du Cercle de Stefan George, fut professeur de Littérature allemande à l’université de Cologne. Outre son ?uvre poétique, il est l’auteur de nombreux essais, notamment sur Lichtenberg, Stifter et Kleist.

Le préfacier

Pierre Hadot, professeur honoraire au Collège de France, a étudié les rapports entre hellénisme et christianisme. Traducteur de Plotin, il a notamment publié Exercices spirituels et philosophie antique (Albin Michel), et Le voile d’Isis (Gallimard).


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1 Messages

  • Chiron | 12 janvier 2012 - 13:38 1

    A l’intention de Victor.

    « Cette dualité d’expériences, cette aisance à accéder dans des mondes en apparence opposés se retrouve dans tous les aspects de ma nature ; je suis mon propre sosie, j’ai une « seconde » vue pour doubler la première. Peut-être en ai-je aussi une troisième... »(Ecce homo)

    Lorsque j’ai commencé la rédaction de ce Carnet de l’Argonaute, je ne savais pas que la question du dédoublement au sein de la pensée nietzschéenne était une piste aussi glissante au point d’être assujettie à la caution de certains grands lecteurs. Un chemin qui ne mène nulle part, ou pour mieux dire un « moulin à vent » contre lequel s’élance notre petit Don Quichotte de la Manche sur le dos de sa Rossinante fatiguée. Avant de porter la thèse du dédoublement à la discussion et à l’épreuve des textes, en guise de préambule je souhaiterais vous présenter la critique formulée par Paolo d’Iorio dans l’ouvrage intitulé Nietzsche : Philosophie de l’esprit libre. Afin de résumer brièvement la portée de cette critique, disons seulement que le mythe et la légende d’Ernst Bertram ne seraient que des fables pour l’oeil cyclopéen du spécialiste : « La légende veut que Nietzsche ait dit tout le contraire de tout et que sa philosophie soit intrinsèquement incohérente, double, contradictoire. Magistralement mise au point et diffusée par la tentative (réussie) de Mythologie d’Ernst Bertram, cette légende a eu une forte influence sur toute la réception de Nietzsche au XXe siècle »[5]. Force est de constater que le contenu de ces deux phrases est assez explicite pour signifier très clairement que la thèse du dédoublement se trouve rejetée avec une radicalité étonnante.

    ... http://chiron.over-blog.com/#

    Voir en ligne : La question du dédoublement