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erotica

Antonio Saura, Jacques Henric

D 3 juillet 2008     A par Albert Gauvin - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


2008, une année Saura
- tauromachie, 22 février - 6 avril 08
- erotica, 11 avril - 22 juin 08
- transformations et superpositions, 30 juin - 31 août 08
- Saura illustrateur, 26 septembre - 30 novembre 08
- Pinocchio, 5 décembre - 1er février 09

L’exposition " erotica " a fait l’objet d’un livre écrit par Antonio Saura et Jacques Henric sorti le 15 mai 2008.

erotica

" Corps contemplé dans le dynamisme provoqué par des structures inhabituelles, positions forcées qui accentuent le gonflement des formes, la masse de la double offrande tremblante et couronnée, pénétrable dans la plénitude presque monstrueuse des sphères ainsi lissées. Obscénité outrancière du corps livré à quatre pattes, ou couché bras et jambes dressés, ou face contre terre, bras et jambes tendus, montrant à la fois sexe, fesses, anus, seins pendants, yeux regardants et bouche entrouverte au milieu de la chevelure. Ou accroupi, les jambes pliées, montrant l’apparition violente de la toison qui s’entrouvre, ou la belle et terrible position, lorsque, à la verticale, une jambe est levée et appuyée dans les hauteurs et que le corps se plie pour mieux montrer la vulve poilue et l’anus étoilé, ou lorsque, assis dans un fauteuil, les jambes écartées se dressent pour montrer le sexe caressé et la rondeur du bord qui ressort ; ou encore lorsque assis sur le sol et appuyé contre le mur, le corps se dévoile, pervers, centré sur la vulve confuse et les seins pendants.

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Dans l’ouverture maximum, quand les jambes sont exagérément écartées, le visage centralisateur et lumineux est contemplé dans le lointain, formant contraste avec le deuxième visage, d’aveuglement gris et rose dans la noirceur. Les deux visages en présence accentuent ce qui demeure caché, pervertissent la surface lisse, animalisent et révèlent encore mieux l’inconnue que recèle le corps : le ventre et les seins tendres qui les séparent disparaissent face à l’intensité horizontale et verticale de deux regards opposés.
Fermeté de l’allongement d’où surgissent, en tension, les ouvertures forcées à la séparation qui rompt l’amibe jumelle. Masses antérieures et masses postérieures, aux contextures et aux poids variés, unifient la pression de la plénitude féminine, accentuent la pénétration des trois orifices possibles. Replis sortant de leur cachette, ondulation de triste méduse grise et rose, s’ouvrant comme une rose brillante, mollesse confuse et cratère étoilé. Animalité de la posture, offrande, beauté intense de la beauté ainsi aveuglée. Langue qui s’aiguise sur la rondeur polie, ou doigt, ou sexe, ou bouche qui s’élargit. Au bord de la scène rectangulaire et blanche, il serait imparfait de se consumer à un point quelconque de cette élasticité et de cette humidité variable, de demeurer dans l’explosion fixe du plus étroit des points sollicités, ou au point le plus chaud et le plus doux, ou le plus féroce et le plus lucide. Le corps peut aussi être un univers pesant, ventre à terre dans la blancheur, les fesses comme unique paysage, les longues jambes et le dos dans l’alignement de la chevelure. C’est tout ce qui reste d’un instant : les fesses arborant leur cul animal et tendre, les seins ondulatoires, le jeu de la chevelure confuse, emmêlée sur le visage diaphane, entre pâmoison et béatitude, supplique et plaisir. Encore l’offre de l’énorme postérieur gonflé, avec son orifice lubrifié, objet aveugle de la beauté absolue pour le désir élémentaire, moteur de l’univers. Et aussi, dans le ralenti de la pensée, l’ombre dressée du cheminement, l’impossibilité de l’image.

La variété du paysage dynamique fournit seule la clef des sept points vitaux qui donneront forme à la beauté troublante et obscène. Sept points focaux, concentrés, minuscules dans l’étendue du corps, différents par le brillant, la consistance, la protubérance ou la profondeur, disséminés dans la volute concentrée, actifs et ramassés. Les yeux deux points, la bouche un point, deux points sur les seins, la vulve un point, l’anus un point. Dans le clair regard céleste, le duvet paille et le rose s’harmonisent tendrement dans l’obscurité avec le rose de la langue et du sexe intérieur, rendus plus beaux et plus terribles de surgir de la pénombre.

À tous les stades du ralenti apparaît l’animalité obscène au milieu du lisse, de l’innocence, de la perversité et du naturel ; l’extraordinaire et étrange sensation d’assister au dévoilement de tout ce qui se cache sous la réalité des apparences. C’est pourquoi est encore plus belle l’obscénité qui se montre de la sorte - le tremblement des seins en liberté, le renflement des fesses, l’orifice inexpressif et l’ouverture informe qui s’offre, bouche face à l’ ?il du cyclope -, contrastant avec le visage centralisateur du sismographe et sa beauté soignée, revêtu des simples atours de la cérémonie. Corps nu qui devient pervers de ne garder que ses chaussures, ou la fine chaîne, lorsque les membres qui coupent, élèvent et accentuent l’objet confus du désir restent gainés de noir, dressant la silhouette et accentuant le contraste extrême entre ce qui est tendre, malléable, et la résistance que recèle une dure carapace. Tendre et obscène mollesse qui surgit de l’uniforme parfait. Le noir qui inonde les longues jambes et la chaussure dressée fixe le regard sur les seins et la tendre nudité du pubis.

On voit apparaître frontalement la croix des bouches, verticale, horizontale : les pointes des seins, assombries, ou le double triangle du regard toujours placé entre renflements et orifices ; ou bien, de dos, seulement la rondeur accentuée et lisse, jusqu’à la chevelure déployée qui, ramassée, rehausse la nuque et prolonge de façon inhabituelle les jambes allongées.

Répétition insistante et aveugle, rythme soutenu aux subtiles variations, explosion du triomphe mortel. Beau spectacle que celui de la vulve pénétrée et du duvet mêlés, du cercle net menant jusqu’aux entrailles, de la bouche gonflée et pleine ; indifférence des ouvertures lorsque les spectres désirés réalisent la projection mentale de chapitres très précis du rituel lucide et aveuglant. À l’unisson, ralenti des corps excessivement lourds ou excessivement légers, dans l’indifférence du temps : autel blanchi se repliant en gris montagneux et brumeux, lumière crépusculaire filtrant et arrondissant doucement les corps, naufrage nocturne, progressif et suave, du corps vidé après le cri, animalité lucide qui épuise momentanément la célébration du corps antagonique, encore désiré, s’étalant comme une plante odorante. Les mains sur les renflements ou dans l’humidité endormie ".

antonio saura

Le site officiel d’Antonio Saura


Voir en ligne : Les Abattoirs, Toulouse

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