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Sollers invité de l’Université populaire du Quai Branly

Cycle Grands Témoins

D 4 octobre 2016     A par Viktor Kirtov - C 1 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook



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Echo de la rencontre avec Philippe Sollers organisée par l’Université populaire du quai Branly dans le cadre de son cycle « Grands Témoins »

C’était le 24 septembre 2016 de 18H30 à 20H30 dans le Théâtre Claude Lévi-Strauss du Musée du Quai Branly à Paris. Malgré une promotion réduite, l’amphithéâtre était assez largement occupé. Dans l’assistance, pour soutenir leur poulain : Julia Kristeva et Catherine Clément,


L’UNIVERSITÉ POPULAIRE DU QUAI BRANLY. Présentation par Catherine Clément.
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Catherine Clément, philosophe et romancière, aussi la directrice de l’Université populaire du quai Branly y recevait Philippe Sollers. Ce théâtre-amphitéâtre Lévi-Strauss, Catherine Clément pouvait s’y sentir doublement chez elle ; au début de sa carrière elle a rencontré Lévy Strauss qui l’avait ’invite à décrypter un mythe africain devant son séminaire à l’EPHE en 1962.
Et Philippe Sollers est loin d’être un inconnu pour elle comme aussi Julia Kristeva, à ses côtés, au premier rang.
Parcours entremêlés : Catherine Clément est l’auteure d’un « Sollers la Fronde » mêlée à l’Histoire des débuts de Tel Quel, quand la revue « révolutionnaire » avait choisi l’union tactique avec le Parti Communiste, avant d’en claquer la porte pour se tourner vers Mao. Catherine Clément, alors au parti communiste, avait reçu mission du parti de rallier et maintenir Sollers en son sein. Tâche impossible ! Elle le raconte dans « Sollers la Fronde » et de façon plus personnelle dans son livre « Mémoire » Elle est l’aussi l’auteure d’un livre coécrit avec Julia Kristeva de « Le féminin et le sacré. »

La rencontre était organisée autour d’un documentaire vidéo « Le combat spirituel » réalisé avec ses amis Georgi K. Galabov et Sophie Zhang qui depuis de longues années, déjà, constituent les archives photographiques et vidéo de Sollers, et bien que non nommé au générique, Sollers en est bien le metteur en scène omniprésent, celui qui choisit les thèmes, les illustrations de peinture et illustrations musicales. Ici, l’interprétation de La Passion selon Saint Jean de Bach dirigée par Nikolaus Harnoncourt en 1987 à la cathédrale de Ganz en Autriche avec des fondus enchainés du Paradis de Tintoret.


Nikolaus Harnoncourt
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Un magnifique hommage rendu à l’immense Nicholaus Harnoncourt disparu en 2016 : la musique incarnée. Au programme aussi, le Requiem de Mozart également par Nikolaus Harnoncourt et le Quintette pour clarinette de Mozart enregistré par Gervase De Payer - Quatuor Amadeus.


Philippe Sollers dans son bureau de l’Île de Ré.
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Entre les illustrations musicales, on voit Sollers, dans le bureau de sa maison de l’Île de Ré qui borde le marais du Fier , nous lire des extraits de son livre Le Cœur absolu, puis, Le Secret. Pourquoi ? Nous allons le découvrir sans plus tarder.

La projection du documentaire était précédée d’une introduction par Philippe Sollers, suivie d’une partie interview par Hubert Prolongeau et l’habituel micro tendu à l’assistance pour les questions.

L’introduction de Philippe Sollers

L’introduction de Philippe Sollers constituait une présentation du film de 46 minutes constitué de deux parties. Comme son introduction qui résume et justifie leur contenu :

Introduction, partie 1 :

Introduction, partie 2 :

Le documentaire vidéo

Partie 1 – Hommage à l’Angleterre et célébration de la cantatrice Cécilia Bartoli

L’anglophile Philippe Sollers de son enfance et d’aujourd’hui, qui mêle dans ce documentaire, histoire personnelle et grande Histoire, celle du XXème siècle, a tenu à rendre hommage aux Anglais, qui les premiers ont combattu les « Forces du Mal » des Nazis et sauvé l’Europe. Au moment où l’Europe perd un membre de sa famille avec le vote du Brexit des Anglais, au moment où l’Europe est en déliquescence, Sollers qui se situe dans l’Histoire longue tenait à rappeler que ce peuple était là, quand il a fallu sauver la France et l’Europe.
C’est dit sans pesanteur, plus suggéré que dit par l’anglophile Sollers qui a déjà annoncé depuis longtemps qu’il souhaitait être inhumé dans le cimetière de son île, à Ars en Ré, dans le « carré des Anglais » , à côté des tombes des aviateurs alliés abattus sur l’île pendant la deuxième guerre mondiale.

Dans cette première partie, Sollers célèbre aussi Cécilia Bartoli, chantant Vivaldi « Agité par des vents contraires » dit Philippe Sollers, (Agitata da due venti) :

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Petite sélection complémentaire :

Cécilia Bartoli et Vivaldi

2000, Sollers, Bartoli. Autour d’une photo

Plus, en cliquant sur le mot-clé Bartoli en marge droite.

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Partie 2 - Le combat spirituel –Histoire d’un crime

Le cœur du documentaire était connu et déjà publié sur le site de l’auteur, mais sa projection sur grand écran, la qualité audio, les associations des mots lus par Sollers, extraits du « Cœur absolu » inspiré de l’assassinat du prêtre polonais Popieluszko en 1984, les montages de documents d’actualité d’époque donnaient une tout autre dimension au film et le sens de son titre « Le combat spirituel » éclatait de vérité.


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A l’assassinat du père Popieluszko, s’ajoutait une autre évocation, la tentative d’assassinat d’un autre Polonais, le pape Jean-Paul II, objet du livre de Sollers Le Secret.
Hommage aux Polonais martyrs donc, complété par le rappel de l’épisode tragique quasiment passé aux oubliettes de l’Histoire, le massacre de Katyn, l’exécution de plusieurs milliers de Polonais sur ordre de Staline. Sollers projète un document exhumé des archives déclassifiées américaines, en 2012, qui le prouve. Exécution par la police politique de l’Union soviétique (leNKVD), au printemps1940de l’élite militaire et civile hostile à l’idéologie communiste : essentiellement des officiers, mais aussi des médecins, des ingénieurs, des enseignants… Le massacre eut lieu, dans la forêt de Katyn, village russe proche de Smolensk et de la frontière biélorusse. Staline a signé l’ordre d’exécution. Longtemps les Russes ont déclaré que ce massacre avait été le fait des Nazis.


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Staline, un nom qui commence par S comme Satan qui a prolongé sa malfaisance au-delà de sa mort. Cela n’a pas été dit mais suggéré par la mise en regard de photos d’archives : Staline en gros plan, l’œil dans le viseur d’un fusil d’un côté [1] , et de l’autre le père Popieluszko en gros plan célébrant l’eucharistie, ou le corps du pape Jean Paul II, affaissé dans sa voiture après l’attentat, les yeux ouverts, le regard clair semblant déjà dire « N’ayez pas peur ! » tandis que l’on voit dans ce même montage le fusil de Staline pointé sur lui. …Combat spirituel, le leitmotiv du film. La célèbre phrase de Staline : « Le Pape ? Combien de divisions ? » n’est pas dans le film parce que sans doute, elle vient trop à l’esprit pour avoir besoin d’être rappelée. Comme pour ses livres, dont l’écriture se poursuit dans la lecture, Sollers laisse le spectateur prolonger ses films en fonction de leurs expériences et mémoire propres.


"N’ayez pas peur !"
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Pas présent dans le film, non plus, mais Sollers l’a rappelé à l’issue de la projection, le crime du vieux prêtre Jacques Hamel par des « crétins », c’est son mot aurait pu être ajouté, mais ce documentaire a été monté alors que le crime de Saint-Etienne du Rouvray n’avait pas encore eu lieu. Sollers qui rappelle que les derniers mots de ce vieux prêtre ont été « Eloigne-toi Satan ! » lancé aux djihadistes qui l’égorgeaient. ….Combat spirituel toujours actuel.

Philippe Sollers - Le combat spirituel from PhilippeSollers on Vimeo.

L’interview

L’interview était conduite par Hubert Prolongeau, un compatriote bordelais de Philippe Sollers, journaliste,écrivain etessayiste [2],

Autour de questions sur le film, à son habitude, Sollers les élargit dans sa réponse, y glisse des éléments personnels, autobiographiques, historiques qui ont jalonné son parcours personnel et littéraire, dans son temps.
Pas d’éléments vraiment nouveaux pour ceux qui étaient déjà familiers de l’univers de Sollers. Sollers égal à lui-même, montre une nouvelle fois son aisance dans l’expression orale et la vivacité, toujours en action de l’intellect de l’écrivain, même si le pas se fait plus pesant. En plus du fume-cigarette s’est ajoutée une canne à ses attributs, mais il en use avec modération et un zeste de facétie. Sans aller jusqu’au tourniquet de la canne au bout du bras d’un Charlie Chaplin.

H. P. : Quelle est la genèse de ce film ? C’est une œuvre signée par d’autres que vous mais qui paraît très personnelle…

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H. P. : Est-ce que vous travaillez sur cette espèce de musicalité des images, là, comme vous tentez de le faire avec les mots ?

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H. P. : La Pologne est très présente dans le film. Quelle place a-t-elle pour vous ?

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H. P. : C’est le fait des Russes ?
Ph. S. : C’est les Russes !
H.P. : Cette difficulté à mémoriser que vous évoquiez, pour vous correspond-t-elle à une perte de mémoire de toute cette histoire ?

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H.P. : Bordeaux est un lieu également important pour vous, parlez-nous en un peu plus, de ce que ça été pour vous. Et la guerre que vous avez connue même si vous étiez très jeune…

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Sollers « martyr »…

Dans une question finale, en forme de long commentaire qui avait des résonances personnelles et intimes, celle qui vit à ses côtés, Julia Kristeva a utilisé le mot « martyr » associé au catholicisme baroque de Sollers. Elle a répété plusieurs fois ce mot très fort de martyr. Oui le père Popieluszko ou le père ne sont pas morts dans la fausse aux lions comme les premiers chrétiens sont bien morts en martyrs.

Mais dans le mot de Julia Kristeva, il y avait comme une résonance personnelle. Tout le monde pense que le libertin Sollers est un grand jouisseur de la vie, mais à l’automne de sa vie, si l’on écoute bien Kristeva, il la vit en martyr… ! Qui l’eût cru ?

oOo

[1anachronisme historique, Staline est mort en 1953, mais pour Sollers, ces crimes sont dans le prolongement de ceux perpétrés par Staline, par ses successeurs dans le cadre de la guerre froide, de la guerre idéologique qui s’est poursuivie jusqu’à la chute du mur de Berlin en 1989

[2né en 1962àBordeaux

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