Février 1985, André Rollin interviewe Philippe Sollers dans Lire
Philippe Sollers, dès les premières lignes de votre nouveau roman « Portrait du joueur » vous attaquez : « Avec, à mes trousses, la horde de la secte des bonnets rouges ? » Cette secte, c’est quoi ?
Ce sont les gens importants, les gens d’influence aux vibrations malveillantes. Le narrateur veut y échapper ! Ces bonnets, représentant toute sorte de religiosité, ne veulent absolument pas qu’il y ait de littérature dans la mesure où la littérature serait la mise en question du sens du monde. Ce sont des gens qui croient fondamentalement que le monde a un sens. Or le narrateur, le joueur qui s’avance là, pense que le monde n’a aucun sens. Contre lui donc, une résistance acharnée, de la bile pustuleuse. Dès l’entrée du jeu, le joueur a, contre lui, tout le monde. Il faut qu’il mène une partie serrée sur deux cents échiquiers à la fois !
Sur Portrait du Joueur
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