Suite de la lecture de Paradis 2 (1986) par Sollers à l’époque de sa parution.
soleil coeur point coeur point de coeur passant par le coeur
Philippe Sollers, Paradis 2 p.7
Formule récurente dans Paradis 2 et peut-ête sa clé principale, déja abordée dans Drame.
Peut-être sommes-nous, sous un certain angle, faits pour converger ensemble vers un même point, vers le serrement dont la pulsation occupe chaque seconde. Flot de vie, flot de rien : flot de sang, flot de cendres. »
Ph. Sollers, Drame. p. 30.
« Comme dans La Divine Comédie,mais hors de l’ordonnancement hiérarchisé du poème dantesque, le Point s’affirme — hors réalité — comme la seule réalité à laquelle tout se ramène, la non réponse à toutes les questions, le plus petit commun dénominateur de tous les phénomènes
[...] L’oeuvre de Sollers est traversée de révélations instantanées « épiphanies » qui confèrent au texte sa verticalité : moments inscrits dans la fuite et l’abolition du temps, de la vie, de la mort ; surgissement d’un autre temps au coeur même du temps ; expérience du vide au plus profond du point »
Ph. Forest, De Tel Quel à l’Infini, p. 169-173
Aussi réflexion sur l’infini, dieu infini... une autre clé de ce texte. Un texte, poursuit Philippe Forest, qui se « referme sans fin sur une sorte d’expérience mystique [1] qui en constituerait le "pivot" [...] mais qui aussi comme chez Dante, se déplie tout à coup et découvre dans les volumes qu’il déploie l’ensemble de ce qui peut être dit : monde, représentations, société.
[...]
L’oeuvre de Sollers , centrée sur ce point qu’elle expose et explore, animéé d’un double mouvement contradictoire et cependant logique : intérieur, extérieur ; systole, diastole disait avec plus de justesse Sollers évoquant par là même l’image d’un coeur [2] — « soleil point coeur point de coeur passant par le coeur » — qu’une autre nécessité que la biologie fait battre. Ce coeur-là a pour raison une jouissance que la raison n’ignore pas forcément : celle de l’ infini. Paradis I et II, Femmes, Portrait du Joueur et les romans qui suivent dessinent un espace [...] dont la cohérence n’implique pas la clôture et où l’infini [...] s’inscrit et s’enfuit, présent par éclipse. »
Ph. Forest, De Tel Quel à l’Infini, p. 174
lecture Paradis 2 partie 4
lecture Paradis 2 partie 5b
Lecture Paradis 2 Parties 1 à 3
VOIR AUSSI :
Paradis 2 en vidéo,
Lecture Paradis 2
Paradis 2, manuscrits
Sollers au Paradis (la vidéo).
Notes en chapeau de pileface
[1] me souviens d’une évocation (rapide, juste suggérée) d’expérience mystique par Sollers dans une église de Venise. Sollers frappé par la « grâce », « l’infini »... quelque chose comme cela... Vais essayer de retrouver le passage bien que je ne me souvienne pas du titre du livre en question.
[2] Ph. Sollers, « Voir ce qui est, et en jouir » in art press, avril 1986.
3 Messages
« ... siamo nel cuore del cuore ora nel cuore del cuore che batte tace è lui che scava insegue è lui che sa quel che c’è da sapere per continuare nella notte non andremo mai abbastanza svelti per coincidere con lui per raggiungere il suo istinto fibrato la sua follia un muscolo dite soltanto un muscolo in fondo secondo voi sole cuore voce germe in lui da lui interamente in lui ecco il vento si è alzato di nuovo e sono ancora là di nuovo come scrivendo il tempo... »
Voir en ligne : http://www.echidelcuore.splinder.com
Oui, c’était bien aux "Gesuati", bravo Sir Arthur Conan Doyle ! Mais je pense que la relation que j’ai lue se situait dans un autre ouvrage de Sollers, ce qui tendrait à renforcer l’idée que cette « expérience mystique » l’ait particulièrement marqué.
Le passage auquel vous faites allusion dans votre note 1 pourrait se situer dans Paradis (folio, p.314). Le narrateur arrive à Venise avec Debby :
" j’ai senti qu’ils me trouvaient fou quand j’ai dit que je voulais tout de suite une église je les ai laissés je suis entré aux gesuati et le mouvement a fondu de nouveau sur moi de l’intérieur ", etc, etc.