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Défense et illustration de la langue française à Villers-Cotterêts

Inauguration de la Cité internationale de la langue française

D 31 octobre 2023     A par Viktor Kirtov - C 1 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


C’est l’un des grands projets culturels du candidat Emmanuel Macron en 2017 : la Cité internationale de la langue française. Elle est inaugurée lundi 30 octobre à Villers-Cotterêts (Aisne) au sein même du château, tout juste rénové, où François 1er a signé l’ordonnance faisant du français la langue officielle du pays, en 1539.


La Cité internationale de la langue française se situe au sein du château de Villers-Cotterets, dans l’Aisne. (FRANCOIS NASCIMBENI / AFP)
ZOOM : cliquer l’image

Emmanuel Macron dans les pas de François 1er

L’ordonnance de Villers-Cotterets de 1529

C’est une pièce maîtresse de l’histoire de France. Pour la première fois depuis 1539, ce document revient là où il a été créé et signé par le roi François Ier. Un texte de 192 pages, dont l’article 111 stipule que les axes à portée juridiques de l’administration et de la justice du royaume, seront rédigés en langue françoise, autrement dit en français. Les travaux se sont poursuivis jusqu’au dernier moment dans ce château de la Renaissance restauré. Chaque recoin, chaque détail, rien n’est laissé au hasard.

Fil conducteur

Sur place, une librairie, des lieux d’exposition, des résidences d’artistes et de chercheurs et un parcours de visite avec écran interactif."On avait besoin, pour raconter l’histoire, de la retrouver, et puis elle est le fil conducteur pour nous tous, qu’on habite ici ou qu’on vienne du bout du monde", déclare Paul Rondin, directeur de la Cité internationale de la langue française. Le texte sera exposé quatre mois avant de retourner auprès des archives nationales. Au total, plus de 210 millions d’euros ont été investis dans ce projet.

S. Dollé, M. Mulcey, France 3 Régions

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Je viens de visiter la toute nouvelle Cité internationale de la langue française de Villers-Cotterêts (Aisne)

Par Michel Feltin-Palas

L’Express, le 31/10/2023

Je viens de visiter la toute nouvelle [Cité internationale de la langue française de Villers-Cotterêts (Aisne), inaugurée le 30 octobre par Emmanuel Macron, et, franchement, elle m’a globalement "déçu en bien", comme disent nos amis suisses. On pouvait redouter un conservatoire poussiéreux à la gloire de l’imparfait du subjonctif et de la césure à l’hémistiche. C’est tout le contraire ! Dans ce château érigé par François I ??, longtemps laissé à l’abandon et superbement rénové, on s’amuse, on rit, on joue avec notre idiome national. Et l’on découvre des idées souvent hardies et rarement diffusées auprès du grand public. Disons-le tout net : l’ensemble est à la fois audacieux et réussi. Seul hic – mais c’est un gros hic –, on y répand de nouveau l’idée contestée selon laquelle l’ordonnance qu’y a signée François I ?? en 1539 aurait imposé le seul français dans la justice. J’y reviendrai.

Commençons par le positif, qui domine. Le compliment vaut en particulier pour la forme, résolument surprenante, inventive et ludique. Grâce aux connaissances des spécialistes de la phonétique historique, on y entend par exemple la manière dont parlaient… Jeanne d’Arc, Mme de La Fayette ou Alexandre Dumas. Saisissant !!! (Voir, plus bas, la rubrique "à écouter".)

Mais c’est le fond qui enthousiasme le plus. Le ton est donné dès le hall d’accueil, surmonté d’une verrière ornée de mots issus des différents registres du français : "camembérer", "carabistouille", "éloquence", "kif-kif", "poésie", "synonyme", "tchatche" (mais aussi, hélas, le stigmatisant "patois")… On découvre l’exposition permanente. Nous voilà accueillis parLa Jocondeparodique de Marcel Duchamp, dont le titre,L.H.O.O.Q., se lit "elle a chaud au cul". Il s’agit là, apprend-on, d’un allographe, autrement dit une "suite de lettres qui, prononcées les unes après les autres, produisent le son d’une phrase ayant un sens". Personnellement, j’ai déjà subi des cours de grammaire plus rasoir !


LIRE AUSSI Anglicismes : Emmanuel Macron a-t-il un problème avec la langue française ?

Audace encore dans la salle consacrée à l’entrée du français dans la Constitution, en 1992. Exercice convenu ? Pas du tout car, dans le même espace, un grand panneau énumère avec irrévérence les… anglicismes promus avec acharnement par les pouvoirs publics : de "Paris design district" à "fashion week", en passant par "French Touch", "Oh my Lot", "Just Dijon" ou "Montpellier Unlimited" (je n’invente rien). On va encore dire que les journalistes ont l’esprit mal placé, mais je serais curieux de connaître la réactionin situd’Emmanuel Macron, promoteur infatigable de la "start-up nation" et du "pass culture"…

Ce musée pas comme les autres a également le mérite de rappeler que le français n’est en rien une langue "pure", contrairement à un cliché répandu. "Avatar" (sanskrit), "bijou" (breton), "casque" (castillan), "chérubin" (hébreu), "paquebot" (anglais) ou "robot" (tchèque) : autant de vocables aujourd’hui bien de chez nous et pourtant venus d’ailleurs. Le mouvement se vérifie bien sûr dans l’autre sens. "Cornichon", "décolleté", "métro", "lieutenant", "péage" (nous ne sommes pas les champions du monde des taxes et des impôts pour rien) ont été exportés chez nos voisins. "Le français a toujours dialogué avec les autres langues", résume le commissaire principal du parcours permanent, Xavier North.

Le rôle des conquêtes coloniales

A Villers-Cotterêts, on n’hésite pas non plus à évoquer la face moins reluisante de notre idiome national. Car, si le français est aujourd’hui l’une des langues les plus pratiquées dans le monde, il ne le doit pas seulement à l’influence des Lumières et au talent de nos grands écrivains. Comme l’anglais, l’espagnol, le portugais ou l’arabe, c’est d’abord par la violence qu’il s’est imposé, que ce soit dans "l’empire", avec les conquêtes coloniales, mais aussi en métropole, avec les châtiments infligés par les instituteurs aux enfants "coupables" de parler alsacien ou basque.

Si la Cité internationale de la langue française invite à réfléchir, elle ne prend généralement pas parti. L’écriture inclusive ? La réforme de l’orthographe ? Sur la plupart des sujets, elle se contente de décrire la diversité des usages et laisse le visiteur se forger sa propre opinion. A une exception près

LIRE AUSSI Villers-Cotterêts, les faits et le mythe

Comme on pouvait le redouter, le parcours permanent promeut en effet la vision traditionnelle de l’ordonnance de Villers-Cotterêts, supposée avoir "imposé le français dans la justice". Or cette interprétation est aujourd’hui contestée par la majorité des spécialistes. Le texte, en effet, vise un objectif clair : que les actes juridiques soient désormais compris de tous. Et il ne préconise nullement de remplacer le latin par "le français", mais par le "langagematernelfrançoys". Or, à cette époque, de 80 à 90 % des sujets de François Ier parlaient provençal, picard ou gascon !

Devant cette contradiction, les responsables ont opté pour un tour de passe-passe radical. Dans la salle consacrée à l’ordonnance, le mot "maternel" a été purement et simplement "oublié". Et pour faire bonne mesure, un cartouche soutient que, à la veille de la Révolution, "une grande partie de la population comprend le français", ce qui est une absolue contre-vérité. En 1794, le fameux rapport de l’abbé Grégoire sur "les moyens d’anéantir les patois" indique que, sur une population qu’il évalue à 15 millions, le nombre de ceux qui parlent le français "n’excède pas 3 millions".3 millions sur 15 : drôle de "grande partie"…Il n’est pas non plus rappelé que, avant la victoire des sinistres "anéantisseurs" à la Grégoire, une première révolution avait pris forme en la traduction des lois nouvelles dans les différentes langues parlées sur le territoire, afin que chacun puisse les comprendre. Eux avaient compris la différence fondamentale résidant entre le français langue commune, qui ne pose de problème à personne, et le français langue unique, synonyme de standardisation culturelle.

Un manque de place, sans doute…

lexpress.fr

À LIRE AILLEURS

Le Sénat veut interdire l’écriture inclusive

Les sénateurs ont adopté en commission le 25 octobre une proposition de loi visant à "protéger lalangue françaisedes dérives de l’écriture dite inclusive". Le texte de la sénatrice Les Républicains Pascale Gruny prévoit de bannir ce type d’écriture "dans tous les cas où le législateur (et, éventuellement, le pouvoir réglementaire) exige un document en français", comme les modes d’emploi, les contrats de travail ou autres règlements intérieurs d’entreprises, mais aussi les actes juridiques. Tous ces documents seraient alors considérés comme irrecevables ou nuls. Les sénateurs se sont également prononcés pour l’interdiction des mots grammaticaux constituant des néologismes tels qu’"iel", une contraction d’"il" et "elle", ou "celleux", contraction de "celles" et "ceux".

Les dictionnaires imprimés sur le déclin

Le nombre de dictionnaires généralistes et scolaires vendus en un an est passé de 1,6 million en 2004 à 568 000 en 2023, selon l’institut GfK. Une chute de 65 %, qui constitue un véritable choc pour le secteur de l’édition.

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À ÉCOUTER

Ecoutez "la voix" de François Ier !

C’est l’une des multiples trouvailles des concepteurs du parcours permanent de la Cité internationale de la langue française. Un dispositif inventif permet de faire entendre les voix, réelles ou reconstituées, de personnages historiques du IX ? au XX ? siècle. Ecoutez ici celle de François Ier lisant… des articles de l’ordonnance de Villers-Cotterêts, bien sûr.


Un projet culturel à 210 millions d’Euros

Un montant qui fait tousser certains parmi les habitants et quelques élites. Un projet qualifié de "château Macron" par ses opposants !

Après quatre ans de travaux confiés par Emmanuel Macron au Centre des monuments nationaux, pour un coût de 210 millions d’euros - devenant le deuxième plus gros chantier culturel du mandat du président derrière Notre-Dame de Paris note l’AFP - le site renaît aujourd’hui de ses cendres et ouvre ses ses portes aux visiteurs à compter du 1er novembre 2023. Alors que le projet de reconstruction de Notre-Dame de Paris a été subi, le projet de Villers-Cotterêts a été voulu par le président..

« Quand les présidents français veulent qu’on se souvienne d’eux, ils construisent » : telle était la conclusion tirée en 1989 par le magazine américain Time à la suite d’une étude sur les grands travaux lancés par François Mitterrand. Il faut dire que ce dernier avait annoncé la couleur, dès 1975, dans son livre La Paille et le grain : « Dans toute ville, je me sens empereur ou architecte. Je tranche, je décide et j’arbitre. »

Avec ce projet, Emmanuel Macron a voulu marquer sa présidence, comme François Mitterrand en son temps avec de plus grands et plus nombreux travaux : Le Grand Louvre et la Pyramide, La Bibliothèque nationale de France, l’Opéra Bastille…
Comme la Pyramide du Louvre décriée avant de voir le jour, et qui aujourd’hui fait l’unanimité, espérons qu’il en sera de même pour ce monument et ses activités associées dédiés à une noble cause : notre patrimoine linguistique, la langue française.

Le français parlé par plus de 300 millions de personnes dans le monde, est aujourd’hui la cinquième langue la plus utilisée. La francophonie, à savoir l’ensemble des pays dans lesquels la langue est utilisée et enseignée, est un atout pour la France. Elle contribue à son rayonnement culturel, politique et économique.

Le site de la Cité internationale de la langue française

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