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Souvenirs, souvenirs Par Patrick Besson

Jean-Loup Dabadie et Philippe Sollers

D 2 octobre 2023     A par Viktor Kirtov - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Souvenirs, souvenirs,

CHRONIQUE

Par Patrick Besson,

Le Point

Publié le 28/09/2023

Le seul écrivain, avec Philippe Sollers, qui payait par chèque au restaurant. Sollers raffinait : était aux chèques postaux.

*Les quatre piliers de Tel quel (Jean-Loup Dabadie, Philippe Sollers, Jean-Edern Hallier, Jean-René Huguenin), tous disparus, comme Tel quel.

Sa première lettre, après que j’eus parlé de lui dans ma chronique télé du Figaro Magazine  : « Cet air gêné qu’ont les génies : pourquoi ? Ce sont les autres qui devraient avoir l’air gêné. » Titre : « Petit-déjeuner chez Dabadie ». Question de Catherine Ceylac : « Fraudez-vous le fisc ? » Jean-Loup : « Non, c’est impossible. » La journaliste, qui l’interroge de dos : « Vous avez le dos tout chaud. »

*

Parlait de l’Académie avec une tendresse émouvante, comme s’il avait enfin obtenu une bonne note en français.

*

Notre QG était L’Opportun de Serge Alzérat, où il y a une carte avec tout ce que Jean-Loup Dabadie n’avait pas le droit de manger. Et moi non plus. L’andouillette coupable et le petit salé assassin.

*

Retrouver – chez Manuel Munz ? – ses trois versions de La vérité si je mens.

*

Son chagrin et sa colère, en arrivant à l’île de Ré pendant le confinement, de découvrir que le maire avait fermé la plage, cette plage dont il avait rêvé pendant le long trajet en auto avec Véronique et Julie.

*

Peu avant sa mort, avait une obsession : convaincre ses amis qu’il n’avait pas le Covid, maladie pourtant non sexuellement transmissible.

*

Après un dîner rue d’Assas chez Rachel Bourlier, nous appelle, Anne-Sophie et moi, pour dire d’une voix pâle qu’il était perdu dans Saint-Germain-des-Prés.

*

La plus belle critique que j’aie jamais eue : celle de Jean-Loup dans Citizen K sur mon roman moyenâgeux Saint-Sépulcre  ! (Fayard, 2005). Dans tout le texte, m’appelle Messire Patrick.

*

L’interview pour Jeune Afrique faite chez lui à la Muette : impossible de la retrouver dans mes archives de la rue des Abbesses ou dans celles de Jeune Afrique. Y avais adopté ma vieille méthode : ne poser aucune question.

*

La tête de veau qui me regardait avec hébétude, au cours d’un déjeuner concocté par Guy Savoy à La Monnaie, tandis que Jean-Loup, à ma droite, ne cachait pas son plaisir chiraquien.

*

Véronique qui traversa tout Paris pour m’apporter, place d’Italie, le bon anti-inflammatoire qui changea ma vie de goutteux.

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Jean-Loup Dabadie, académicien
(ici en 2016).

ÉRIC FEFERBERG/AFP - ILLUSTRATION : DUSAULT POUR « LE POINT »

Le Point

On ira tous au paradis, même moi

« On ira tous au paradis, même moi… », écrivait-il en 1972. Parolier de l’emblématique chanson de Michel Polnareff, Jean-Loup Dabadie s’en est allé… au paradis ! L’artiste et académicien s’est éteint dimanche 24 mai [2020] à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris 13e), à l’âge de 81 ans. Camarade de lycée de Philippe Labro, devenu au fil des années l’un de ses plus fidèles amis, Jean-Loup Dabadie avait débuté comme écrivain et journaliste, avant de devenir auteur de sketchs à succès (pour Guy Bedos), puis un immense parolier (pour Michel Polnareff, Julien Clerc, Serge Reggiani, Michel Sardou ou encore Barbara) et un scénariste d’exception (pour Claude Sautet et François Truffaut).

Philippe Labro
Le Point, 25 mai 2020

Quand les chemins de Dabadie et Sollers se sont croisés

C’était au début de Tel Quel, voir ICI

1963 est l’année d’un nouveau départ. A cette date Tel Quel s’est affirmé déjà comme une véritable revue littéraire. […]
Outre les membres du comité, la revue aura accueilli, avec un bel éclectisme, nombre de jeunes écrivains et essaystes : Jean-Loup Dabadie aussi bien que Gérard Genette, Claude Durand et Janine Aeply autant qu’Umberto Eco.
Philippe Forest, <
Histoire de Tel Quel 1960-1982, p.158.

Tous deux se retrouvent inhumés dans l’île de Ré : Dabadie au cimetière des Portes de Ré, Sollers, au cimetère d’Ars-en Ré.

« Sollers a cassé son fume-cigarette » le 5 mai [2023, à l’âge de 86 ans]. Bien qu’il détestât le XIXe siècle, il rejoint Zola et Flaubert au paradis des écrivains.
Patrick Besson

Dabadie s’en était allé trois ans plus tôt le 25 mai 2020, à l’âge de 81 ans, au début de l’épidémie de Coronavirus, mais son agent n’a pas confirmé que ce virus était la cause de son décès.

A propos de Jean-Loup Dabadie

Né à Paris, ayant grandi à Grenoble, Jean-Loup Dabadie a écrit des romans, peu après sa majorité :Les Yeux secs, aux éditions du Seuil, puis Les Dieux du foyer. Il a aussi eu une carrière de journaliste:il signait des articles pour la revue Arts et Spectacles avant de rejoindre Le Nouveau Candide, dirigé par Pierre Lazareff, Il collaborera de façon éphémère à la revue Tel quel, avec Philippe Sollers et Jean-Edern Hallier avant de devenir le parolier inspiré, le scénariste et l’académicien que l’on connait.

Il aimait trop les mots – et surtout les bons – pour choisir parmi les plaisirs qu’ils peuvent prodiguer. Parolier prolifique, scénariste, dialoguiste, mais aussi journaliste, écrivain et traducteur (recension non exhaustive), Jean-Loup Dabadie est mort, dimanche 24mai, à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris 13e), à l’âge de 81ans. Sans occuper le devant de la scène, cet homme éternellement souriant et élégant, à la conversation délicieuse et drolatique (il était encore un imitateur né) sous ses fausses allures de grand bourgeois coincé du 16e, tint une place de premier rang dans la chanson et la comédie grand public nationales. Des arts dits simples et légers, mais qui comptent paradoxalement parmi les plus difficiles qui soient, dans lesquels ce charmeur à l’insouciance intranquille excella sans céder à la vulgarité.

Bruno Lesprit
Le Monde

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Jean-Loup Dabadie à Paris, en 2009.
© Cyril Delettre / Hans Lucas

L’écume de ses cheveux blancs semblait rire. C’était le simple bonheur d’avoir du talent et du succès. Jean-Loup mettait autant de soin à vivre qu’à écrire.
Patrick Besson

A propos de Patrick Besson

Né le 1er juin 1956 à Paris 19e, d’un père russo-belge et d’une mère croate. A effectué toute sa scolarité au lycée Jean-Jaurès de Montreuil (Seine Saint-Denis) et son service militaire au 1er Régiment de Spahis à Speyer (RFA). Premier roman paru au Seuil en 1974 : Les petits maux d’amour. Grand Prix du roman de l’Académie française pour Dara (Le Seuil) en 1985 et prix Renaudot pour Les Braban (Albin-Michel) en 1995 .Chroniqueur au Point depuis 2002, et membre du jury Renaudot depuis 2003. Derniers ouvrages parus : Ne mets pas de glace sur un coeur vide (Plon), Dis-moi pourquoi (Stock), Science politique (Fayard), Cap Kalafatis (Grasset), Sarkozy à Sainte-Hélène (Gallimard), Tout le pouvoir aux soviets (Stock).

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