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Les Voyageurs du Temps (II)

Extraits et premières critiques

D 8 janvier 2009     A par Viktor Kirtov - C 3 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook



Sollers en parle sur France Info le 8 janvier.

Présentation

Le narrateur rencontre une séduisante jeune femme d’une trentaine d’années. Ensemble, ils vont se livrer à une exploration insolite du quartier, dans l’esprit de la dérive dans Paris chère aux surréalistes. Et de convoquer ces Voyageurs du Temps qui n’ont jamais tout à fait quitté les lieux : Lautréamont, Ducasse et Lacan franchissent tour à tour la même porte cochère. Rimbaud, Aragon, Breton arpentent les jardins à la française des hôtels particuliers en compagnie d’Orwell et de Kafka... Par moments, ce sont des oeuvres d’art qui dialoguent à travers les époques, ainsi la Résurrection de Mantegna et la Laitière de Bordeaux de Goya... Tout cela sous l’oeil de l’Horloger du Temps, le maître Jean-Sébastien Bach en personne. Du même auteur : Le Coeur absolu ; Le Cavalier du Louvre.

Quatrième de couverture

« Je viens du Centre de tir. Quelques bavures pour commencer (fatigue, souffle court), et puis précision. Je ne sais plus quel poète américain a écrit ces deux vers : "Paradis calme/Au-dessus du carnage" ». C’est mon état d’esprit à l’entraînement. En haut, si j’arrive à penser le moins possible, ciel, bleu, calme, lumineux. En bas, explosions et larmes.

Je me concentre sur le mot "mot" . Je le vois là-bas, dans la ligne de mire. Il respire un peu, il grandit, c’est lui que je vise, que je veux toucher et trouer. MOT. Avec une lettre de plus, c’est MORT. En anglais, ça ferait WORD et WORLD. Je tire sur la mort, je tire sur le monde. Petite plaisanterie, mais qui fait du bien. Ma voisine de stand, Viva, me félicite d’avoir mis dans le mille. Je ne sais rien de ses activités, ni elle des miennes. On se sourit, ça suffit. »

Exergue

Bienheureux celui qui est avant
d’avoir été. Car celui qui est a été
et sera.
Écrits gnostiques
Évangile selon Philippe.

Le début

Tout va très vite, maintenant, en plein dans la cible. Plus de temps mort, pas un moment perdu, enveloppement, lucidité, repos et vertige. Soleil nouveau chaque jour, bleu, gris, froid, chaud, pluie, vent, c’est pareil, mais derrière, à chaque instant, la lumière fait signe.

Merci au corps d’être là, en tout cas, silencieux, à l’oeuvre. Il me dit que c’est lui, rien d’autre, qui a toujours pris les décisions, choisi les orientations, les situations. Les maladies, les douleurs ? C’est lui. Les dépressions, les crises, les pertes, les oublis ? Lui encore. Les détentes, les joies, les plaisirs ? Toujours lui. Je ne suis pas à toi, dit mon corps, mais à moi. Comment as-tu pu me faire ça ? Et çà ? Et puis ça ?
Il me parle sèchement, mon corps. Ta main, insiste-t-il, est la mienne. Si tu respires à fond, tu me trouveras tout au fond. Tu ne contrôles quand même pas tes poumons, ton coeur, ta circulation, tes os, tes cellules ? Laisse-moi faire comme j’ai toujours fait, ne me trouble pas, ne me gêne pas.

Nous ne sommes pas toujours d’accord, mon corps et moi, exemple l’histoire Lila autrefois. D’emblée, je ne l’aime pas, il l’aime. Je la trouve fermée, butée, coincée dans son ennuyeux roman familial-social, mais lui, mon corps, bande pour elle. Elle m’assomme au bout de dix minutes, elle me vole du temps, alors que lui peut l’écouter pendant deux heures, les yeux dans les yeux, en admirant son cou, ses épaules, ses gestes, sa voix. Je suis plutôt raffiné, mon corps est vulgaire. Elle me casse les oreilles, il adore ses répétitions. Je la trouve jolie, sans plus, mais pour lui c’est une beauté d’enfer. Il va la baiser une fois de plus, c’est sûr. Je le suis, mon corps, tout en regardant discrètement ma montre, trois quarts d’heure pour une séance, ça ira comme ça. Une fois qu’il a joui, mon corps s’éclipse, et me laisse seul avec le bavardage de Lila, les soucis de Lila, les intrigues de Lila, les jalousies de Lila, la mauvaise humeur de Lila.
J’ai envie de m’amuser, mon corps me freine. Je veux écrire, il veut sortir. Une femme m’attire, mon corps me murmure « à quoi bon ? », et il n’a pas tort, on connaît le disque, appartement, enfant, argent, triste salade. C’est amusant un moment, mais c’est crevant.

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La fin

Viva ne vient plus au Centre de tir. J’apprends par mon contact qu’elle a demandé une mutation à Hong Kong. Elle avait le choix entre Tokyo et Hong Kong, et elle a choisi, preuve de goût, Hong Kong.

J’irai peut-être faire un tour là-bas, histoire de la retrouver et de m’entraîner dans un coin avec elle.

Dans le petit restaurant chinois, près de mon bureau, il y a Sophie, l’une des deux nouvelles serveuses. Son vrai prénom est Hua (« Fleur »), mais Sophie lui va bien. Elle arrive directement du 8e siècle de notre ère, c’est le portrait même d’une dame de cour qu’on m’a offerte récemment, une magnifique terre cuite émaillée de 62 cm, de la dynastie Tang (618-907).

Sophie n’a aucune idée de cette ressemblance frappante et génétique. Elle va, elle vient, elle sourit, tous ses gestes sont souples, précis et nets. Elle est née à Chengdu, au Sichuan. Elle est arrivée à Paris à l’âge de 10 ans. Elle parle parfaitement le français, et tout indique que je vais faire en chinois des progrès rapides.

Des dames de cour pareilles à la mienne sont connues, mais elles sont de taille plus modeste, 20 ou 30 cm de haut. Les statuettes funéraires émaillées trois couleurs de cette dimension représentent pour la plupart, et c’est logique, des figures masculines. Cependant, une dame de cour, mesurant 60,3 cm, est conservée au musée d’Art asiatique de Berlin.

La tenue que porte ma dame est caractéristique du début des Tang, avant l’apparition de la robe ample dans le deuxième quart du 8e siècle.

La voici, debout, mains jointes au niveau de la ceinture.

Elle est vêtue d’une tunique crème à manches longues et d’un corsage échancré de couleur ambre dont les manches couvrent le haut des bras. Sa longue jupe droite est ornée de rayures verticales, ambre et verte. La jupe s’évase à la base, laissant deviner les pieds certainement chaussés de poulaines à bouts fleuris en vogue à l’époque.

Un châle vert entoure ses épaules rondes. Il retombe souplement devant elle, dissimulant ses mains. Le coin supérieur gauche se retourne délicatement, dévoilant ainsi le revers ambre de l’étoffe.

Le visage, dessiné avec précision, était à l’origine peint, comme le montrent les traces de polychromie visibles sur les lèvres charnues. Les cheveux, qui révèlent des restes de peinture noire, sont retenus en un élégant chignon à doubles coques. Elle présente une merveilleuse posture cambrée, tirant son buste vers l’arrière. Elle tient sa tête droite, dans une attitude fière et digne. Elle est souveraine, elle sait tout.
Elle est musicienne et danseuse, sans parler du reste.

Bien que n’ayant plus, depuis longtemps, ce que Casanova appelle joliment « le suffrage à vue », je n’ai pas eu grand mal à amener Sophie, 25 ans, dans mon studio d’expertise. La grâce du début du 8e siècle chinois, vous dis-je : élégance, vivacité, rigueur, gaieté, insolence, plaisir.
Où était la France au début du 8e siècle ? Le voyage du Temps a ses lois.

Paris, 30 septembre 121.

Nota : Philippe Sollers avait déjà terminé Une vie divine avec la mention « Paris le 30 septembre 118  », en référence au calendrier de Nietzsche qui commence le jour du Salut - « Salut avec un grand S » précise Philippe Sollers - le 30 septembre 1868, premier jour de l’An 1, le jour où à Turin , Nietzsche avait promulgué sa Loi contre le christianisme. « Le seul calendrier révolutionnaire » déclare Sollers dans un entretien avec Jacques Henric pour artpress (N°320), à l’occasion de la publication d’Une vie divine.

Ph. Sollers reste fidèle à ce calendrier. Persiste et signe avec la parution de Les Voyageurs du Temps

Extraits

- Le vieux Bach
- Le temps chinois


Extrait 1 - Le vieux Bach

Voyez maintenant ce personnage un peu voûté, arrivant un soir de neige, au château de Sans-Souci, chez Frédéric de Prusse. Ce dernier est à table, entouré de ses convives habituels, emperruqués très libres d’esprit, en train de débiter des blasphèmes. Soudain, un laquais s’approche du roi et lui murmure quelque chose à l’oreille. Le monarque se lève, obligeant tout le monde à en faire autant, et laisse seulement tomber : « Messieurs, le vieux Bach est arrivé. »

On le met tout de suite au clavecin, le vieux Bach, peu importe qu’il soit crevé ou malade. Le roi l’admire et le jalouse, il se veut lui-même musicien et flûtiste, il compose des bagatelles qu’il faut louer à l’excès. « Vous m’écrirez bien un menuet, vieux Bach ? - Certainement, Sire. Mais jouez-nous quelque chose de votre invention. »

Le vieux Bach s’exécute, il sait qu’il n’est pas là mais dans deux siècles ou plus, il se fout éperdument de savoir s’il y aura ou pas des oreilles pour l’entendre. Il joue la chose même. Concentré sur son clavier, il est évident qu’il prie, mais qui ? Quoi ? Le royaume des notes sensibles, les mathématiques discrètes. Ça ne commence pas, ça ne finit pas, ça coule de source rythmique, une fois parti il pourrait continuer toute la nuit. Le roi trouve qu’il exagère, fait trop entendre les notes, emploie trop de notes, les fugues l’ennuient, c’est trop compliqué, élitiste, et puis la virtuosité du vieux est gênante, insultante, il est soit trop lent, soit trop rapide, la musique pour la musique, bon, ça va.

On ne voit d’ailleurs pas où il veut en venir, ces volutes ne mènent nulle part, rien pour la danse en société, rien non plus pour les défilés, rien pour la promenade champêtre. Le voilà de nouveau lancé à toute allure, le vieux salopard, est-ce qu’il ne défie pas sournoisement notre autorité, est-ce qu’il n’essaie pas de nous surplomber avec sa posture de squelette volant arrimé ? Il paraît qu’il croit en Dieu, ce vieux fou de nombres, on dit même qu’il a composé une messe catholique, à la gloire de l’Infâme, où on entend distinctement « et unam sanctam catholicam et apostolicam ecclesiam ». Mais là, ce soir, il en fait trop, beaucoup trop, avec sa mort bien tempérée pour oiseaux et touches. « Bon, ça suffit, vieux Bach, vous avez mangé ? - Pas depuis hier, Sire. - Allez aux cuisines et dormez. Mon menuet pour demain, n’ est-ce pas ? - Mais certainement, Sire. »

Cela n’est jamais dit, mais le petit Bach a été un enfant particulièrement joueur, espiègle, effronté, fugueur. En dehors de sa passion précoce pour la musique et de son sérieux aux offices, on l’a beaucoup vu courir dans la campagne, aux environs d’Eisenach. Qui ne l’a pas observé démarrer, détaler, s’envoler, s’arrêter brusquement, repartir comme un dératé, s’allonger les bras en croix dans l’herbe, se relever, courir à perdre haleine, puis s’asseoir et méditer longuement, avant de reprendre ses virevoltes qui ont tant inquiété sa mère, ne peut rien comprendre à sa façon de tempérer, ou plus exactement de temper. Régler la tempête et cette atroce histoire de crucifixion, ressusciter les spirales, voilà le voyage. Et c’est bien ce qui assombrit le visage du roi : la joie étourdissante et enfantine, là, du vieux Bach, sur laquelle le temps n’a aucune prise, sa prière ininterrompue, son mouvement d’adoration perpétuelle, bref son amour.
(p. 134-136)


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Citations

Sur la mort

Ca l’ennuie d’avoir à mourir, mon corps, il ne se sent pas fait pour ça, mais il paraît que c’est une loi évidente et incontournable, ce dont je doute sourdement, et lui aussi.
(p. 15)
... La vraie sortie ? Laquelle ? Comme l’a dit l’un des voyageurs du Temps, « la mort est notre salut, mais pas celle-ci ». Il y aurait donc une fausse mort, générale, animale, et une autre très mystérieuse ? Mais qui veut nous imposer une fausse mort ? Les Parasites, dont le nom est Légion.
(p. 40)
... La vra ...le même voyageur du temps que tout à l’heure [...] :
« Croire signifie : libérer en soi l’indestructible, ou plus exactement se libérer, ou plus exactement : être indestructible. Ou plus exactement : être. »

(p. 44)
oOo

Sur le paradis et l’enfer

L’enfer et le paradis sont voisins, le purgatoire est très loin [...].
(p. 31)
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Rêves

Je rêve assez souvent de Viva, et elle, je suppose, de moi. Nous sommes des rêves
(p. 36)
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Kafka

Franz Kafka, autrement dit François Choucas (oiseau proche de la corneille, plumage noir et nuque grise, vivant dans les clochers ou les tours), a tenu son Journal jusqu’en 1923. Il est mort en 1924. Son héroïsme antiparasitaire n’est pas assez connu[...]
(p 49-50)
« J’ai puissamment assumé la négativité de mon temps », dit encore K. « Je suis un terme et un commencement. ». Un commencement, à coup sûr, que l’Eglise parasitaire voudrait décrire comme un terme.
(p 50-51)
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Proust

La mère de Proust a essayé d’étouffer son « petit crétinos », comme elle l’appelle tendrement. A force de lui pomper l’air, en tout amour, bien sûr, elle lui a collé un asthme chronique qu’il a surmonté héroïquement, mais dont il a fini par mourir.
(p. 90)
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Gracian

Le fabuleux, très bizarre, très subtile, fou et subtil, Baltasar Gracian, fleur inespérée des jésuites (1601-1658), vous dit qu’avant d’accéder à l’Île d’Immortalité, il vous faut traverser une mer d’encre, dans le golfe de la mémoire perpétuelle.
(p. 92)
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Sujet

Les Voyageurs du Temps, ce roman s’est longtemps appelé Le Sujet.
(p. 96)
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Joseph de Maistre

... D’où le mot admirable de Joseph de Maistre : « Celui qui ne comprend rien, comprend mieux que celui qui comprend mal. »
(p. 97)
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Temps

Le temps véritable est quadridimensionnel. Je vis dans le passé, le présent, l’avenir, mais avant cette déclinaison, je me donne, même sans le savoir, un quatrième terme qui se retrouve aussi bien au début qu’à la fin.
(p. 104)


( une conception qui pourrait s’apparenter au temps cyclique chinois . - note pileface )

Reste la question du temps invendable, d’une richesse, telle qu’il n’est pas évaluable en argent, comme un solde de diamants sans contrôle.
(p. 160)

(Et bien d’autres réflexions sur le temps, dans ce livre qui parle du Temps, de la Vie, de la Mort et de la façon d’y voyager à la lumière des écrits, la peinture ou la musique de grands prédécesseurs)

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Zhuangsi

« La Perfection est la tranquillité dans le désordre »
(p. 171)

Baiser

Notant que les prostituées « n’embrassent pas », Sollers poursuit :

On a beau « baiser » tant qu’on veut (la belle affaire), quelqu’un qu’on n’embrasse pas n’existe pas.
(p. 200)
oOo

Musique

(Contre tous les enfermements... - note pileface - :)

...La musique est cette échappée, elle tient(*) les atomes, et c’est ce que le vieux Bach a saisi. Là où la pensée danse, la musique pense, les mathématiques sont la dimension la plus joyeuse qui soit ; là où le temps pense, la musique danse. Vous n’écoutez plus de la « musique », vous ne lisez plus de la « littérature », la musique et la littérature se pensent en vous.
(p. 219)

( (*) Ce « tient » souligné par l’auteur n’est pas incongru du point de vue de la physique des particules. Celles-ci aiment danser : elles « vibrent », tout ceci générant des champs d’attraction et de répulsion qui tiennent le tout en équilibre. Vibrations, fréquences... d’autres noms pour les sons, audibles ou inaudibles. De la musique quantique, quoi ! L’enfant d’un Boulez et d’une physicienne nucléaire de Saclay... Un personnage qui manque dans la famille sollersienne. Des musiciennes, oui. Oh que oui ! Des physiciennes ? Non, sauf erreur ! - note pileface -

Critiques

- Alice Granger Guitard, litterature.net.
- Yann Moix, Voyageur solitaire (Le Figaro)
- Marc Lambron, Le Commandeur (Le point)
- Philippe Lançon, Sollers à tir d’aile (Libération)
- Nathalie Crom (Télérama)
- Dominique Guiou (Le Figaro.fr)
- Fabrice Pliskin (Le Nouvel Obs)
- Raphaëlle Rérolle (Le Monde)

Nathalie Crom
Telerama n° 3078 - 10 janvier 2009

De Rimbaud à Dante, une méditation jouissive autour de la création.
Comme c’est le cas chaque fois que paraît un roman de Sollers, il se trouvera forcément ici ou là un esprit grincheux - on peut parier qu’ils seront même un choeur tout entier - pour décréter, péremptoire : mais enfin, ceci n’est pas un roman ! Effectivement, à qui envisage le roman comme une narration pure et simple, une démonstration tendue comme la corde d’un arc, mieux vaut conseiller d’emblée de passer son chemin. Pour Philippe Sollers, la forme romanesque n’a pas de ces rigidités - elle est un jeu, une mécanique des fluides, un mouvement perpétuel, une dynamique discursive. Seule contrainte à elle imposée : se situer à l’exact croisement de la poésie et de la pensée. Et il se trouve que c’est là, à ce carrefour très précis, que sont plantés le décor et l’action des Voyageurs du temps.

Qui sont-ils, ces fameux voyageurs, qui ont déjoué l’horizontalité prétendument inexorable du temps, et guident en ces pages le narrateur sollersien vers un semblable défi ? Des musiciens, des peintres, des poètes surtout, nommés Rimbaud, Hölderlin, Kafka, Lautréamont, Dante bien sûr, d’autres encore, qui, loin de nous faire entendre leur voix du fin fond des décennies et des siècles, sont nos contemporains, habitent les quatre dimensions du temps, le passé, le présent, le futur et même, ajoute Sollers, « un quatrième terme qui se retrouve tant au début qu’à la fin ».

On se promène tour à tour à Paris et à Venise, sur l’île de Ré et au Sichuan. La ronde des citations et des réflexions donne le vertige. De quoi retourne-t-il, en fait, dans cette méditation poétique et politique, en forme de monologue déluré, jouisseur, profond ? De ce qui aimante, depuis toujours, l’attention de Sollers : l’homme, la création qui transcende, intensifie, élève à l’infini l’expérience humaine. Rien que cela ? Oui. Mais l’importance de l’enjeu ne justifie nulle pesanteur de la pensée, de l’écriture - elles sont ici radieuses.

Nathalie Crom

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Voir aussi « Les Voyageurs du temps (III) »

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3 Messages

  • Livia | 13 avril 2009 - 21:27 1

    Bonjour Viktor,

    un petit coucou du Québec ! J’espère que vous allez bien.
    Je souhaitais vous transmettre une information "sollersienne".
    J’ai écrit un petit post sur votre site, mais y’a tellement longtemps
    que je n’ai rien posté que je ne suis pas certaine que l’info va passer...
    Bref, il y a cette semaine quatre entretiens autour des Voyageurs du
    temps
    dans le cadre de l’émission « Entre les lignes » sur la Radio Suisse Romande.
    Les émissions sont "podcastables".

    Je vous dis à bientôt,

    Livia

    LE PROGRAMME

     ? 11h03 à 11h30

     ? rediffusion le soir à 19h03

    lundi 13 avril 2009 : Bordeaux-Paris
    L’héritage bordelais de l’enfance et l’ancrage de Paris.

    mardi 14 avril 2009 : Les jardins du temps
    Les grands auteurs nous parviennent dans l’instantanéité suspendue de leur ?uvre. Les lire, c’est devenir leur contemporain

    mercredi 15 avril 2009 : Le temps explose
    A l’instar du tir au pistolet, cher à l’écrivain français, nos vies sont traversées d’apparitions proches de détonations.

    jeudi 16 avril 2009 La musique, percée liquide
    Grand mélomane, Philippe Sollers cultive une double passion pour Jean-Sébastien Bach et le clarinettiste Johnny Dodds.

    voici le lien : RSR/Entre-les-lignes


  • V.K. | 9 janvier 2009 - 23:11 2

    Luz physicienne... Mais bien sûr ! Dans La Fête à Venise. Comment ai-je pu l’oublier ? Pour réparer cet oubli, voir ici.


  • anonyme | 8 janvier 2009 - 23:16 3

    Il me semble que Luz est physicienne, mais elle doit bien être la seule des personnages des romans de Ph. Sollers...