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La contre-attaque de Micheletto da Cotignola

En couverture de "Le Nouveau", édition folio

D 24 mars 2020     A par Viktor Kirtov - C 1 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


L’on sait que Sollers choisit lui-même, avec soin, les illustrations des couvertures des éditions Folio de ses œuvres.
Voici celle de l’édition Folio de « Le Nouveau » publiée par Gallimard le 19 mars 2020


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La bataille de San Romano

De quoi s’agit-il ? C’est un détail d’une peinture célèbre de Paolo UCCELLO, exposée au Musée du Louvre :


La Bataille San Romano :
la contre attaque de Micheletto da Cotignola
vers 1435-1440 (détail)
H. : 1,82 m. ; L. : 3,17 m.
Photo © RMN-GP / Daniel Arnaudet
ZOOM : cliquer l’image
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La contre-attaque de Micheletto da Cotignola

Ce tableau faisait partie d’un ensemble peint pour commémorer la bataille au cours de laquelle s’affrontèrent Florentins et Siennois, en juin 1432, à la Torre de San Romano. Il représente la contre-attaque de Micheletto da Cotignola (vers 1370-1463), allié des Florentins, et constitue le second épisode de ce cycle historique. Le premier panneau (National Gallery, Londres) met en scène le début des hostilités avec Niccolò da Tolentino à la tête des troupes florentines. Le troisième (musée des Offices, Florence) marque la fin du combat et la défaite des Siennois : Bernardino della Ciarda, le chef de l’armée siennoise, est désarçonné.

La quête du mouvement et la représentation des formes

Dans la mise en scène de la contre-attaque, la description des différents moments du récit est prétexte à une décomposition du mouvement. Sur la droite, des guerriers à l’arrêt attendent l’assaut et l’un d’eux prépare son arme. Au centre, sur son cheval noir cabré, Micheletto da Cotignola donne le signal de l’attaque [le détail qu’a choisi Sollers pour sa couverture].

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L’armée se met en branle et sur la gauche, les cavaliers chargent l’ennemi, les lances abaissées en position offensive. Uccello, par ce moyen, réussit à créer l’illusion d’un mouvement général, rythmé par les lances et les pattes des chevaux. Il parvient ainsi à donner une cohérence à la mêlée des cavaliers, des fantassins, des cimiers et des étendards.

Cet enchevêtrement semble pour le peintre un exercice destiné à satisfaire son obsession de la représentation des formes pures selon les lois optiques. Il se traduit principalement par l’abondance des raccourcis et la présence des mazzochi, chapeaux florentins dont l’artiste décrit minutieusement les facettes. La virtuosité avec laquelle Uccello parvient à suggérer le déroulement du combat dans un espace clairement défini est moins perceptible aujourd’hui en raison de l’état d’usure et d’obscurcissement du fond de feuillages. On ne peut malheureusement plus juger de l’effet que devaient produire les armures resplendissantes des cavaliers, peintes à la feuille d’argent et aujourd’hui ternies.

Cette fascination d’Uccello pour la perspective mathématique a séduit les artistes du XXe siècle, à commencer par les cubistes. Son jeu permanent sur les formes pour elles-mêmes, allié à la quête du mouvement dans la peinture, suscita de nombreux commentaires. Uccello fut souvent perçu comme le chorégraphe d’un étrange ballet d’automates et de chevaux de carrousel.

Crédit : Musée du Louvre


Le Nouveau  : Sollers évoque d’autres batailles

Alors que des voisins Florentins et Siennois, s’affrontaient en juin 1432, ce sont d’autres voisins Allemenands et Français qui s’affrontaient en 1944, quand le narrateur avait huit ans, dans son bordelais, natal :

Je me procure maintenant un exemplaire d’un journal collabo du 15 février 1944. Je vois que La Petite Gironde est « le plus fort tirage des journaux de province ». Mon attention est immédiatement attirée par les déclarations de socialistes français en faveur de Vichy, mais surtout par un article enthousiaste sur Anatole France, dont, le 16 avril 1944, on va fêter le centenaire :
« Le plus glorieux de nos écrivains d’avant-guerre, occasion pour la nation française de prendre conscience de son génie […] »

J’allais refermer cette dégoulinade de conneries, du genre : « Les Soviets ont perdu 127 chars et 68 canons dans le seul secteur de Jachkov, où la 34e division d’infanterie de Moselle s’est particulièrement illustrée » ou : « La Luftwaffe a exécuté, par bonne visibilité, une attaque concentrée contre Londres, où des incendies étendus, provoqués par de nombreuses explosives et incendiaires se sont déclarés » — quand une annonce, en gros caractères, m’a sauté aux yeux.

La voici : « BIEN JUIF À vendre par soumission Villa “Biena”, sise à Bayonne. […] Mise à prix : 248 400 francs. »

Voilà. C’était juste, en pleine Shoah, une petite transaction tranquille dans la province française.[…]

En 1944, j’ai 8 ans, et nos maisons comme le grand jardin de Bordeaux sont encore occupés par les Allemands. Deux ans auparavant, ils rasent nos maisons du bord de l’océan qui gênaient, paraît-il, leur artillerie lourde. Ces crétins croyaient murer l’Atlantique. Ils n’ont pas réussi à s’emparer de la petite barque blanche du Nouveau. Les mouettes en rient encore au-dessus des plages.

Je serai enterré dans un cimetière du coin, non loin des aviateurs australiens ou néo-zélandais qui sont venus se battre et s’écraser sur l’île. Ma dalle funéraire verticale est prête, et comporte une rose sculptée. Ces jeunes pilotes et mitrailleurs avaient-ils un volume de Shakespeare à bord, comme beaucoup d’Allemands avaient près d’eux les poèmes de Hölderlin (on en a retrouvé pas mal dans leurs avions fracassés) ? C’est possible. La poésie parle à la poésie, le reste est silence.

Le Nouveau sur pileface

La contre-attaque de Philippe Sollers

En écho de La contre-attaque de Micheletto da Cotignola, on peut aussi penser au livre d’entretiens de Philippe Sollers avec Franck Nouchi.
Son titre : CONTRE-ATTAQUE
Ed. Grasset, nov. 2016

Contre-attaquer à contre-courant, c’est une spécialité de Philippe Sollers qu’il décline aussi dans Désir avec un chapitre consacré au contre-désir.

Plus sur "Contre-Attaque " ICI

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