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Exposition - Dali, une histoire de la peinture

Suivi de "Sur les pas de Dali et Gala à Port Lligat"

D 11 août 2019     A par Viktor Kirtov - C 2 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Nouvelle grande exposition estivale à Monaco

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Dans la lignée des grandes monographies d’artistes du XXème siècle présentées au Grimaldi Forum Monaco (SuperWarhol en 2003, Monaco fête Picasso en 2013 et plus récemment Francis Bacon, Monaco et la culture française en 2016), l’exposition de l’été 2019 est consacrée à « Dalí, une histoire de la peinture » (du 6 juillet au 8 septembre) dont le commissariat est assuré par Montse Aguer, Directrice des Musées Dalí. Cette rétrospective bénéficie de la collaboration de la Fundacio Gala-Salvador Dalí.

Octobre 2012, nous étions en pays catalan espagnol et français sur les pas de Dali à Port Lligat de Cadaques et de Maillol à Banyuls. Relation présentée dans le cadre d’un article intitulé : Variations sur le nu féminin. Muses et artistes dont la section relative à Dali et Gala est reprise à la suite de la relation consacrée l’exposition Dali à Monaco

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L’exposition Dalí, une histoire de la peinture à Monaco
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Crédit : Télématin (France 2) Retour sur images - Il y a 30 ans… Salvador Dali

Crédit : https://www.dailymotion.com/video/x71duza

En cette année de célébration du 30ème anniversaire de la mort de l’artiste (1904-1989), l’exposition Dalí, une histoire de la peinture propose au public un parcours exceptionnel à travers la production artistique dalinienne. La sélection réunit des peintures, des dessins et des photographies datés de 1910 à 1983 et permet de découvrir les différentes étapes de création de l’artiste. Elle n’offre pas seulement une vision rétrospective de l’œuvre de Dalí mais révèle de quelle manière le peintre s’est lui-même inscrit dans l’histoire de la peinture du XXème siècle. Le public peut y découvrir les différentes étapes de sa création et reconnaître l’empreinte des différents peintres qui l’ont influencé et auxquels il rend hommage. Après des premières expérimentations, une constante dans la création de l’artiste est particulièrement mise en exergue, celle du paysage et des avant-gardes européennes à savoir l’impressionnisme, le cubisme, la peinture métaphysique et l’abstraction. Le chapitre de Dali dans l’univers surréaliste présente des peintures exceptionnelles comme La mémoire de la femme-enfant de 1929, Le spectre du sex-appeal ou Eléments énigmatiques dans un paysage datant de 1934. Le corpus des peintures surréalistes sélectionnées à l’occasion de cette exposition montre l’aspect spécifique de Dali au mouvement d’André Breton. Que ce soit la méthode paranoïaque-critique, système inventé par Dali pour rendre manifeste l’invisible par un délire contrôlé de l’esprit ou l’application de la double image, c’est l’ADN de cet artiste qui permet de décrypter sa pensée et qui constitue sa véritable contribution au Surréalisme. Sous l’influence de Gala, dans les années 40 et 50, Dali se consacre à l’observation du classicisme dans ses peintures, plutôt à travers d’œuvres d’artistes de la Renaissance. Le point d’orgue de cette passion pour la culture classique se retrouve dans sa production littéraire et particulièrement dans 50 secrets magiques pour peindre, son véritable traité de peinture publié en 1948. Peu après, en 1951, Dali réitère son admiration pour la Renaissance, le classicisme et la peinture religieuse dans le Manifeste mystique. C’est le début d’une nouvelle période de création : la mystico-nucléaire. Dali manifeste une capacité d’anticipation étonnante il est capable de combiner tradition et innovation. Il s’intéresse à la science, à la troisième dimension et aux effets optiques ce qui donnent naissance à ses peintures stéréoscopiques.

Dans la dernière étape de sa création dans les années 80, Dali est déjà malade, sa peinture est empreinte d’évocation et de ses réflexions autour de la mort, l’immortalité et de sa passion pour la peinture.

Un dernier chapitre est consacré à l’influence des grands maîtres de l’histoire de l’art dans la conception artistique de Dalí. Dans 50 secrets magiques pour peindre Dali publie un tableau avec une analyse comparative des peintres les plus remarquables de l’histoire de l’art. Dans sa classification ce sont Vermeer de Delft, Raphaël, Vélasquez, Léonard da Vinci et Picasso qui sont les peintres les mieux notés.

La sélection comprend une centaine d’œuvres : peintures, dessins et photographies, en provenance pour l’essentiel de la Fondation Gala-Salvador Dalí de Figueres et du Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía de Madrid.

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Salvador Dalí, Eléments énigmatiques dans un paysage, 1934
Fundació Gala-Salvador Dalí, Figueres © Salvador Dalí, Fundació Gala-Salvador Dalí / Adagp, Paris 2019
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Salvador Dalí, Dématérialisation près du nez de Néron, 1947
Fundació Gala-Salvador Dalí, Figueres © Salvador Dalí, Fundació Gala-Salvador Dalí / Adagp, Paris 2019
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Salvador Dalí, Dalí de dos peignant Gala vue de dos éternisée par six cornées virtuelles provisoirement ré ?échies par six vrais miroirs. Œuvre stéréoscopique, 1972-1973
Fundació Gala-Salvador Dalí, Figueres
© Salvador Dalí, Fundació Gala-Salvador Dalí / Adagp, Paris 2019
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Salvador Dalí, Autoportrait au cou raphaélesque, c. 1921
Fundació Gala-Salvador Dalí, Figueres
© Salvador Dalí, Fundació Gala-Salvador Dalí / Adagp, Paris 2019
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PORT LLIGAT, LE REFUGE
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« À 6 ans, je voulais être Napoléon, et je ne le fus pas. À 15 ans, je voulais être Dali et je le fus. À 25 ans, je voulais devenir le peintre le plus sensationnel du monde et j’y suis arrivé. À 35 ans, je voulais assurer ma vie par le succès et j’y suis parvenu. Maintenant à 45 ans, je veux peindre un chef-d’œuvre et sauver l’art moderne du chaos et de la paresse. J’y parviendrai ! », écrit Dali en 1948 dans 50 secrets magiques. La philologue Montse Aguer Teixidor, directrice des musées Dali, a inscrit cette citation en ouverture de la rétrospective monégasque qui marque les 30 ans de la mort du peintre en 1989. Il s’agit de ressentir, au pied de ce Rocher intensément construit et mondain, le vent sec et le charme sauvage du Cap de Creus où Dali absorba la nature.

L’accrochage de cette exposition est large, aéré, ponctué d’images panoramiques de Port Lligat, le refuge humble de ses amours avec Gala lorsqu’il fut chassé par la colère du père en 1930. Ce notaire était libéral mais peu enclin à supporter les blasphèmes de son fils ou une alliance avec une femme plus âgée et divorcée (elle sera la Leda atomica, 1947-1949, déesse nue et impassible comme le cygne de la mythologie).

On peut visiter - sur réservation - par petits groupes très surveillés, toutes les quinze minutes - l’incroyable labyrinthe de maisons de pêcheurs devenu au fil des ans un palais miniature, le royaume de l’association libre et du bizarre, le lieu poétique et tortueux comme un cerveau. Au final, l’ancrage le plus stable de sa peinture qu’il retrouva après la guerre et qu’il occupa en roi local jusqu’à la mort de Gala, sa muse, sa lectrice, son modèle, son rempart et son général (en 1982, Dali s’installe dans le château de Pubol qu’il lui avait acheté en chevalier servant).

Son atelier de Port Lligat où il peint en bonnet catalan devant la fenêtre ouverte sur la mer, est un tableau en soi. Comme la Voie lactée qu’il a dessinée le long du rivage, au pied de l’oliveraie. Cette géographie singulière est si forte qu’il n’est pas besoin de scruter la mosaïque de photos tapissant le dressing de Gala pour ressentir leur présence. Les plus étonnantes jalonnent l’exposition de Monaco et racontent la vie à part de ce couple infernal.

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https://www.grimaldiforum.com/

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Sur les pas de Dali à Port Lligat
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Octobre en pays catalan espagnol et français sur les pas de Dali à Port Lligat de Cadaques

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DALI / GALA


01. Gala de dos, face à la baie de Port Lligat, 1955

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03. Gala - Fundacio Gala-Salvador Dali, Figueras.
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06 Expo Marilyn à la Métairie, oct. 2012. Ph. Bert STERN . .
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07. Dali de dos peint Gala de dos face au miroir. A g., la baie vitrée de la photo précédente . .
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08. La maison de Port Lligat, Ph. JORDI PUIG. .
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09. Oeuf sur le pigeonnier. .
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10. Autre vue du pigeonnier, Ph. V.K
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11. Dans le jardin de Port Lligat
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12. Gala appuyéé sur Dali,dans le jardin. En haut, le pigeonnier, Ph. DESCHAMPSt
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14. Dali et Françoise Hardy, Port Lligat, octobre 1968.
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15. L’obsession de Dali, d’avoir tué son frère
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16. Dans la chambre de Dali et Gala. Hors cadre, à g. deux lits jumeaux rouge.
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18. Leda atomica, 1949, Fundacio Gala-Salvador Dali, Figueras
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19. A distance (20 m.), devient le portrait d’Abraham Lincoln. Musée de Figueras
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20. Gala et Dali, Ph. BETMANN CORBIS
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21. « Pourquoi portez-vous une moustache ? - Afin de passer inaperçu...
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GALA

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« Je veux que vous me fassiez crever »

Gala

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« C’est une muse redoutable. Mi-ange, mi démon, elle a envouté les hommes de sa vie, mais terrifié son entourage » nous dit Dominique Bona [1]. Epouse de Paul Eluard, maîtresse de Marx Ernst, la rencontre Dali-Gala a lieu à Cadaqués, l’été 1929 poursuit Dominique Bona. « Accompagnés de leur fille, les Eluard sont venus au bord de ma Méditerranée en convalescence amoureuse Eluard tente de récupérer l’amour en miettes de Gala qu’il vient de soumettre lui-même à la tentation du partage. Marx Ernst en a profité et Gala s’est laissée subjuguer. Max l’a peinte sous toutes les coutures sur les murs et les portes de sa maison d’Eaubone, transformée en cathédrale dédiée à l’amour de Gala. Une sainte païenne magnifique et nue qui peine à se remettre de cet épisode.

L’été brûlant de Cadaqués. La beauté des criques et la simplicité biblique du paysage enchassent un coup de foudre, qui restera dans les annales des histoires d’amour. Gala la Russe, comme l’appellent les surréalistes, envoûte littéralement le jeune Dali. Elle rend les armes devant sa jeunesse (dix ans de moins qu’elle), ses yeux de jais, ses éclats de rire phénoménaux et son accent où roulent des cailloux.[...] A sa question de chevalier servant. « Que voulez-vous que je vous fasse ? », la moins mièvre des muses, allongée sur un rocher brûlant répond : « je veux que vous me fassiez crever. »
Paul Eluard, repart seul avec sa fille.

Gala va devenir la muse, maîtresse, épouse, impressario, elle est consubstantielle à Dali qui dit : « Sans elle, je ne sais ni respirer, ni marcher, ni descendre un escalier ». Si Gala disparaissait disait-il à son ami Louis Pauwel, personne ne pourrait prendre sa place. C’est une impossibilité absolue. Je serais seul. »

Pour Dali, Gala est LA femme, la seule qu’il ait con nue et aimée. Elle est la mère et l’amante ; La sœur incestueuse. Transgressant tous les tabous, il la voit comme son autre moi. La moitié de lui-même. Le reflet de Narcisse dans les eaux de la mémoire, nous dit aussi Dominique Bona.

Mais Gala, c’est aussi « Avida Dollars » comme l’a surnommé Breton. Et Soupault, l’a vite taxée de « gale ». Elle « intimide ou agace », « parle peu et sourit rarement »... Elle a pourtant jeté son dévolu et réussi des prises d’exception. D’où tient-elle son pouvoir ? Peut-être de Kazan d’où sont originaires, dit-on, les femmes réputées les plus voluptueuses de l’Orient. [2].

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Port Lligat et la maison-musée de Salvador Dali

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Il est impossible de connaître ma peinture sans connaître Port Lligat.

Dali

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Une petite baie bucolique vous attend là comme aux premiers jours de la création, ou presque, quelques barques de pêcheurs amarrées sur le quai de pierre ou sur le sable, la « barque de Gala » vous attend sur la placette devant l’entrée réservée aux visiteurs. Ils sont peu nombreux en ce mois d’octobre, l’endroit est paisible, une grande bâtisse éclatante de blancheur, est dressée là, en escalier, les tronçons suivant la pente de la côte rocheuse sur laquelle la maison de Dali est bâtie. Des percées vitrées dans le mur donnent sur la mer. De l’intérieur, les points de vue sont autant de tableaux naturels et vivants de la baie. Ils disent le temps atmosphérique, l’heure, la lumière, la vie des pêcheurs. Ce n’est plus la petite cabane de 1930, là où était remisé le matériel de pêche. C’est en effet, cette année là que Salvador et Gala, s’y étaient retirés, parcourant les deux ou trois kilomètres qui séparent cette petite crique de Cadaqués , à dos de mulet, sur un chemin terreux et abrupt, avec des valises chargés de livres.

Dali est un enfant du pays, son père est natif de Cadaqués - autre perle - et y possède une maison familiale. Salvador avait l’habitude d’y séjourner, jusqu’au jour où son père l’en chassa. Suite d’une querelle née d’une provocation de Dali pour étonner ses amis surréalistesparisiens : sur un chromo acheté sur la rambla de Figueras, représentant le Sacré-C#339 ;ur, il avait écrit : « Parfois, je crache par plaisir sur le portrait de ma mère ». Trop, c’est trop, Maître Dali, père, notable de Figueras où il est notaire, se fâche. Salvador n’est plus le bienvenu dans la maison familiale de Cadaqués. Il s’achète alors cette fameuse cabane de pêcheur à Port Lligat, puis un mois après, une autre, puis d’autres voisines au fil du temps. Résultat cette demeure labyrintique aux nombreuses petites pièces et escaliers rattrapant le niveau du rocher pour passer d’une première construction à la suivante, attenante. Le tout marqué de la patte de l’artiste et de celle de Gala. Les bouquets de fleurs séchées qu’elle suspendait un peu partout sont toujours là - changés tous les deux ans... Dali et Gala sont partout dans cette maison. Ils sont encore là. C’est incontestable. Allez-y, vérifiez !

Le tout, dans un jardin d’oliviers avec beaux points de vue sur la baie, et agrémenté des #339 ;uvres délirantes du maître. Un #339 ;uf symbolique des obsessions du maître se dresse sur le pigeonnier, les oeufs de Castor et Pollux sont aussi là. Deux #339 ;ufs à visage humain les symbolisent. L’un est entaillé , comme fendu par un coup de hache. Il a tué sin frère croît-il, en venant au monde. La mythologie de Léda et le cygne sera réinterprétée dans son tableau célèbre « [uLeda atomica/u-908#section6] », 1949 avec Gala en Leda. ...Une piscine, inspirée du chemin d’eau de l’Alhambra à Grenade, avec nombre d’#339 ;uvres folles à découvrir. Il y recevait ses amis.

Sept mois de l’année, la maison de Port Lligat se transformait en centre du monde dalinien. Les serveurs qui s’en occupaient et la gardaient en constituaient le premier cercle : on avait le droit d’y voir le maître « en visage de maison ». En 1971, il posa avec Gala et eux sur une photo intitulée La Calèche des oubliés [3]

Vous ne regretterez pas d’être venu jusque là, après avoir gagné Cadaqués par une unique petite route en lacets, avant de descendre sur la mer. Le goudron a aussi remplacé le chemin de mulet jusqu’à Port Lligat, mais le lieu a conservé toute sa beauté naturelle et les délires de Dali comme s’il était encore là, hier.

Cf. ICI

Salvador Dali, le génie et le bouffon de Port Lligat

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Attention collector ! Ce documentaire de 2013 de la série « Une maison, un artiste » (France 5 ) est aujourd’hui introuvable sur le Net.

Réalisateur François Chayé Auteur Patrick Poivre d’Arvor

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L’émission : En 1930, Salvador Dali, jeune peintre espagnol, souhaite s’installer dans une maison en Espagne avec sa compagne, Gala. Mais celle-ci est une femme mariée. La situation provoque une rupture avec sa famille installée à Cadaques. Il décide alors d’acheter une petite maison de pêcheurs à deux kilomètres de la demeure familiale, au bord de la mer, dans la crique de Port Lligat. Au fil des années, le couple agrandit progressivement la maison en acquérant des bâtiments voisins dont ils conservent le caractère simple d’habitat de pêcheurs. Ce refuge du couple témoigne du génie et de la folie de Dali, un des plus grands artistes de l’art moderne. (notice de présentation du documentaire)

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LA MAISON DE LLIGAT VUE PAR ERIC DE SAINT ANGEL
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C’est un paysage de commencement du monde, d’où pourrait surgir un animal monstrueux. Ce décor étrange, surréaliste, où les fantasmes peuvent s’ébattre librement, est le coeur du labyrinthe. Nous sommes à Port Lligat, à 2 kilomètres de Cadaqués, dans le nord de la côte catalane. Dans ce qui était un minuscule village de pêcheurs, Salvador Dalí a acheté en 1929 une baraque pour y abriter ses amours, réprouvées par son père, avec une Russe divorcée. Elena Ivanovna Diakonova, dite Gala, était l’épouse de Paul Eluard. Mais une rencontre à Figueras, la ville natale de Dalí, a bousculé le destin. Coup de foudre mutuel. Le jeune peintre a trouvé sa muse.

Leur maison, formée à l’origine, de cabanes de pécheurs accolées les unes aux autres, à des époques différentes, et réunies par des escaliers, est un assemblage de volumes. Cette forteresse symbolique, coiffée d’ oeufs géants et hérissée de fourches, sur fond de mer et d’oliviers, est assez austère. Mais l’intérieur est plein de recoins, de cheminées, d’objets inattendus, de miroirs truqués, de meubles espagnols anciens. Tout est sacré dans cette maison, tout est fétiche. C’est un mélange de caverne d’Ali Baba, d’antre de magicien et de laboratoire. Réglé comme une horloge, Salvador Dalí passe le printemps, l’été et une partie de l’automne à Port Lligat, novembre et décembre à Paris, et le reste de l’hiver à New York avant de regagner l’Espagne. Dans cette maison, il a surtout travaillé. Enormément. Des nuits entières. Car le bouffon aux mille déguisements, dont les moustaches captent l’attention des médias comme des antennes, est un artiste d’une grande exigence, dont l’ oeuvre regorge de références aux géants de la peinture.

Aujourd’hui transformée en musée, la maison où Dalí ne retourna plus après la mort de Gala, en 1982, semble toujours hantée par ce personnage baroque. Au détour de chaque corridor, on s’attend à le voir surgir, prêt à pourfendre quiconque serait assez sot pour nier que la vérité du délire est la seule échappatoire à l’absurdité, au néant de la vie.

Crédit : Eric De Saint Angel (Nouvel Obs)

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Visite dans la maison du peintre à Port Llligat, qui a inspiré certaines de ses compositions. Catherine Grenier, sa biographe, et Robert Descharnes, son photographe et secrétaire particulier, évoquent la vie et la manière de travailler du maître. Antoni Pitxot, peintre et ami, raconte quant à lui plusieurs anecdotes qui permettent d’appréhender la personnalité complexe de l’artiste, au-delà du personnage qu’il avait créé pour les médias.

Un portrait hors des sentiers battus de ce peintre atypique qui cultivait l’art de l’excentricité jusque dans sa vie privée.


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In Voluptate Mors
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Cet assemblage de corps nus formant un crâne, repris depuis à de nombreuses occasions (dont cette affiche de Dom Juan à la Comédie Saint-Michel, en 2009), c’est Salvador Dali qui le conçut et dessina. Et Philippe Halsman le photographia comme portrait de Dali en 1951 à New York.
7 femmes qui ont posé pendant 3 heures pour s’approcher du croquis original de Dali. Variation sur le thème du sexe et la mort, l’œuvre est intitulée « In Voluptate Mors ».

A lire, à voir


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DVD de référence
Proposé dans la boutique de la maison de Port Lligat. Multilingue. Fonctionne très bien en français.

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Dali : sa Catalogne 30 ans après
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Le Triangle Dalinien se situe au Nord-Est de l’Espagne. Il s’agit d’une figure géométrique qui apparaîtrait sur la carte de la Catalogne lorsque l’on relie trois lieux liés à Salvador Dalí, Figueres, Port Lligat et Púbol. Tout long de l’été, Dalí sera à l’honneur à travers l’exposition intitulée « Dalí, une histoire de la peinture » au Grimaldi Forum de Monaco. Le Centre de Congrès et de Culture poursuit ainsi ses grandes monographies d’artistes après Warhol, Picasso ou encore Bacon.

La Léda Atomica de Salvador Dali

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« "La Leda Atomica est le tableau clé de notre vie", affirme Dali. Tout y est suspendu dans l’espace sans que rien ne touche rien. La mer elle-même s’élève à distance de la terre. » (Dali, Leda atomica : anatomie d’un chef-d’oeuvre de Jean-Louis Ferrier disponible en édition poche). Leda a les traits de Gala qui a pose pour son mari. Observez bien la main gauche de Léda-Gala, elle porte un anneau à son annulaire. Même en Léda, Gala reste l’épouse de Dali


Savador Dali, Leda atomica, 1947-1949
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Leda atomica, géométrie de la composition

Alors que Véronèse, Michel Angle ont choisi de représenter l’étreinte, on se situe, plutôt ici, dans la phase de séduction, avant l’acte sexuel. J-L Ferrier voit même dans les quelques gouttes qui semblent tomber du corps du cygne, de possibles gouttes de sperme échappées de Zeus dans son impatience de séduire Léda. Avec aussi, les contradictions du monde de Dali : l’oeuf en bas du tableau est déjà pondu et éclos. « Je fais de mes contradictions une véritable cohérence » dit d’ailleurs Dali.br /

On aperçoit aussi au fond du tableau, deux immenses falaises, à gauche et à droite. Il s’agirait des rochers abrupts du cap Norfeo, qui évoque la terre natale de Dali, souvent présente dans ses oeuvres.
« J’ai canalisé mon délire par la raison, comme en art j’ai trouvé mon expression par le classicisme. » nous dit également Dali.br /Ce classicisme se retrouve dans la composition en triangle et pentagone, et le respect des rapports harmonieux . Les architectes, artisans, mathématiciens du monde grec se sont beaucoup intéressés à cette notion de proportion ou de rapport.

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Leda atomica, les rapports harmonieux du pentagone

Le langage usuel s’en est emparé, ne dit-on pas avoir de bons rapports ou mauvais rapports avec quelqu’un, comme on parle aussi de rapports sexuels... br /Il n’existe pour Dali que l’art maîtrisé, composé, construit. D’ailleurs, l’équerre jaune, ou l’espace de règle sous le cygne sont là pour nous le rappeler.br /Comme signalé plus haut tous les motifs proposés (« l’exception du cygne et des rochers ) sont en état d’apesanteur. Selon J-L. Ferrier, la lévitation des choses et des êtres joue le rôle de détonateur visuel. La lévitation suggère l’antigravitation, l’antimatière. L’imagination et la créativité de Dali sont excitées par les hypothèses les plus audacieuses de la science contemporaine. Les rèves de lévitation semblent être associés à des rêves de pureté. Et, bien que le titre de la toile se réfère à la physique atomique la toile a aussi une origine psychanalytique.

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On peut, pour le titre, se souvenir que la toile a été peinte en 1949, seulement quatre ans après Hiroshima alors que le monde venait de découvrir, avec stupeur, la puissance fantastique de l’énergie cachée dans la matière. Quant à l’origine psychanalytique liée au monde de l’esprit, par opposition au monde de la matière, la psychanalyse a commencé, aussi, d’en dévoiler toute la puissance cachée. Le pouvoir de l’homme sur la matière et sur l’esprit. Alors pourquoi ne pas rêver l’homme et les choses en lévitation ? <br /<Seulement vingt ans plus tard, en 1969, des cosmonautes en lévitation, avec leur brosse à dent en lévitation, à bord de leur module Eagle (tiens donc, encore un volatile !) de la mission Apollo XI, volaient vers la Lune. Un peu plus tard, une Léda et son mari, tous deux astronautes, s’envoleront ensemble dans l’espace, la NASA n’avait pas prévu d’artiste peintre dans l’équipage, et les autres membres du vol tournèrent pudiquement leur regard ailleurs. Seules les caméras techniques embarquées gardent la représentation de leur étreinte en lévitation..

Ce n’est pas la première fois qu’un artiste ou un écrivain, dans ses intuitions ou ses délires, anticipe sur la science. Dali, grand prêtre de « l’irrationalité concrète » aura été, ici, un peu en avance sur son temps - expression qui signifiait, pour lui, quelque chose comme le passage à la réalité de ce que la conscience habituellement piétine, refoule ou écarte en accord avec la raison... Cet adepte de la paranoïa contrôlée disait aussi :« Je peux dire que je ne sais pas quand je commence à simuler et quand finit le délire, mais la seule différence entre un fou et moi c’est que je ne suis pas fou ».

Depuis, la physique atomique a progressé, ouvrant encore plus grand le champ des possibles avec ses nouvelles particules et le renforcement de la mise en évidence des symétries. Dans la structure atomique fine ainsi qu’entre matière et antimatière, autrement dit ...il y a matière à nouveaux mythes encore plus fantasmatiques que les premiers. Le problème pour nous, c’est que notre langage usuel ne suffit plus pour les raconter, ils ne s’expriment bien que par les mathématiques, et le physicien Georges Charpak, prix Nobel - lu ses Mémoires en vacances (c’est très mal écrit) - nous l’affirme, cependant : les physiciens n’ont de cesse de peaufiner leurs équations pour qu’elles soient harmonieusement belles et mettent en évidence des proportions bien sous tous rapports.

PLUS sur Leda et le cygne

ISBN-10 : 2282301668


[1auteur d’une biographie de Gala parue chez Flammarion, et d’un article « L’amante » dans le hors-série « C’était Dali », Le Figaro , à qui nous empruntons de larges extraits

[2Dominique Nora, L’amante, Hors série Figaro : C’était Dali, p. 91, 2012

[3Fiona Levis, C’était Dali, Hors série Le Figaro, p.72, 2012

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2 Messages

  • Viktor Kirtov | 11 août 2023 - 19:58 1


    Photo de Jean-François Gérard
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    Jean-François Gérard

    Près de 700 ans séparent La Divine Comédie de l’Italien Dante Alighieri (vers 1303-1321) et les peintures figuratives de l’Espagnol Salvador Dalí. Ces deux légendes sont connues du grand public, mais la « rencontre » interposée de ces deux génies l’est bien moins.

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    Avec « l’expérience » Divina Dalí, à la Brookfield Place jusqu’au 30 septembre, c’est cette histoire que Félix Béranger a voulu mettre en scène. « Je suis un homme chanceux, je connais Frank Hunter, l’archiviste officiel de Dalí », s’amuse le directeur de création et concepteur du projet.

    L’histoire remonte aux années 1950. Pour les 700 ans de la naissance de Dante, le gouvernement italien confie l’illustration de son œuvre à Dalí. Mais suite à des protestations en Italie à cause de la nationalité de l’auteur, le projet lui est retiré. Le peintre achève tout de même son travail d’une dizaine d’années et l’expose à Paris, sous forme d’aquarelles en 1960.

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    L’exposition canadienne est composée d’estampes, c’est-à-dire de minutieuses impressions sur papier, réalisées par la suite.
    « La majorité des œuvres viennent des archives personnelles de Frank Hunter, complétées par quelques dons et prêts auprès de collectionneurs privés », décrit Félix Bélanger. Comme cette sculpture de Dante par Dalí ou cette toile utilisée dans le film Spellbound (La Maison du docteur Edwardes) d’Alfred Hitchcock, qui avait confié la création artistique d’une scène de rêve à Dalí.


    Salvador Dali, Buste de Dante, 1964
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    Comme dans La Divine Comédie, le parcours nous fait cheminer à travers trois univers : l’Enfer, divisé en neuf cercles où les peines sont proportionnées aux péchés ; le Purgatoire « une création récente de l’Église dont Dante s’est servi pour parler du contrôle de l’Église sur les vies », détaille Félix Bélanger, autour des sept péchés capitaux, et enfin le Paradis. Il y retrouve Béatrice, une jeune femme de 24 ans aimée par le poète et allégorie de la foi qui permet d’accéder à Dieu.


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    Salvador Dali, Purgatoire, Chant 32 de La Divine Comédie
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    Salvador Dali, Purgatoire, Chant 18 de La Divine Comédie
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    Les trois espaces sont accompagnés d’éclairages et d’ambiances sonores pour tenter de les ressentir. « Salvador Dalí s’est reconnu dans cette histoire, qui peut être lue de tellement de façons et laisse place à l’interprétation, poursuit Félix Bélanger. On a voulu faire vivre cette histoire aux gens, que sous les projecteurs, ils se sentent un peu acteurs. » Les œuvres de Dalí empruntent à différents styles : traits nets, spirales nébuleuses, illusions d’optique, etc. « On ne dirait pas qu’elles ont été réalisées à la même période », note le concepteur du projet.

    La société québécoise La Girafe en feu a présenté Divina Dalí pour la première fois à Montréal en 2021. Depuis, quelques pièces supplémentaires comme des photos et affiches, ont depuis été débusquées et ajoutées au parcours torontois. L’exposition partira ensuite pour une autre ville.

    Toutes les explications sont en français et en anglais. Dans chaque salle, des étudiants en art viennent à la rencontre des visiteurs et sont capables d’expliquer la signification de chacune des 100 estampes et à quel passage précis de l’œuvre de Dante elles correspondent.

    Crédit : lemetropolitan

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  • Albert Gauvin | 13 août 2019 - 10:52 2

    La "Nuit rêvée" avec Catherine Millet, France Culture, 29 mai 2016.


    Salvador Dali, Visage du grand masturbateur, 1929.
    Musée de la Reine Sofia, Madrid. Photo A.G., 26-04-2018. ZOOM : cliquer sur l’image.
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    Sur son attrait pour Dali, la première archive diffusée cette nuit, elle explique :

    Cela est né devant les œuvres elles-mêmes, ce qui est la meilleure façon de déclencher l’intérêt pour un peintre [...] J’avais, sans doute, comme beaucoup d’autres gens, des a priori, et puis un jour je me suis retrouvée en face de ses tableaux et je me suis dit, ils sont absolument magnifiques, ils soulèvent pleins de questions. C’est un peintre extrêmement prolixe qui a expérimenté différentes techniques comme peindre avec une carabine [...] J’ai eu un choc devant la peinture mais aussi à la lecture de ses écrits.

    Plus loin sur les écrits, elle explique :

    Je venais de publier La vie sexuelle de Catherine M. et ce qui m’a frappé chez Salvador Dali c’est son extraordinaire franchise sur sa sexualité. Lorsqu’on le lit de près on s’aperçoit qu’il dit beaucoup de choses de ses relations avec Gala, de ses propres angoisses face à l’acte sexuel, de son onanisme, de son voyeurisme...[...] J’ai découvert que j’avais, non seulement certains fantasmes en commun avec Dali, mais aussi certains mécanismes psychiques, et notamment cette importance accordée, dans la sexualité, aux images...

    VOIR ICI.
    VOIR AUSSI : CATHERINE MILLET : DALI ET MOI.


    Salvador Dali, Portrait de Luis Bunuel, 1924.
    Musée de la Reine Sofia, Madrid. Photo A.G., 26-04-2018. ZOOM : cliquer sur l’image.
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    Salvador Dali, Nature morte, 1926.
    Musée de la Reine Sofia, Madrid. Photo A.G., 26-04-2018. ZOOM : cliquer sur l’image.
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    Salvador Dali, L’énigme de Hitler, 1939.
    Musée de la Reine Sofia, Madrid. Photo A.G., 26-04-2018. ZOOM : cliquer sur l’image.
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