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De François d’Assise au pape François

D 14 mars 2013     A par Albert Gauvin - C 18 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


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« François Ier, né Jorge Mario Bergoglio le 17 décembre 1936 à Buenos Aires en Argentine, est un cardinal argentin, jésuite et archevêque de Buenos Aires depuis 1998. Il est l’évêque de Rome et le 266e souverain pontife de l’Église catholique depuis le 13 mars 2013. Il est le premier pape jésuite, le premier pape non européen depuis Grégoire III et le premier pape issu du continent américain. »

Voilà ce que nous dit la toute récente fiche de Wikipedia. Beaucoup de « première fois ». C’est déjà une petite révolution. Il est trop tôt pour dire ce que sera le pontificat du nouveau pape, élu, une fois de plus, en déjouant tous les pronostics, autre événement. De formation jésuite, Jorge Mario Bergoglio saura-t-il marquer le même intérêt que ses illustres prédécesseurs — et notamment le Basque saint François Xavier (François, oui), ami d’Ignace de Loyola, fondateur de l’Ordre des Jésuites — pour le continent asiatique et la Chine [1] ? Je note quand même un fait qu’aucun commentateur ne semble avoir relevé, c’est qu’en choisissant de prendre le nom de « François » (là aussi, il est le premier dans l’histoire de la papauté), en hommage à François d’Assise, Bergoglio souhaitait sans doute rappeler ce qui fut un des événements majeurs du pontificat de Benoît XVI, les rencontres d’Assise en octobre 2011. Faut-il y voir un signe de continuité avec Benoît XVI [2] ?

Je note ceci, à chaud, ce 13 mars à 23h.
En attendant d’en savoir plus sur le nouveau pape et ses intentions, peut-être est-il bon de rappeler qui était le premier François célèbre internationalement, saint François d’Assise.

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Qui était François d’Assise ?

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La mort de saint François d’Assise. Détail des fresques consacrées à des Scènes de la vie de saint François (1320-1325) peintes par Giotto dans la chapelle Bardi à Santa Croce de Florence.

La fiche de Wikipedia nous rappelle :

« À sa naissance, sa mère qui est française (provençale) le fait baptiser sous le nom de Giovanni (Jean). De retour de son voyage en France où il a fait de très bonnes affaires et en hommage à ce pays, son père, lui donne le nom de Francesco (François = français), qu’il gardera et par lequel il sera mondialement connu. »

Français (et « Jean ») par sa mère donc, et « François » par son père.

On lit aussi :

« François d’Assise (San Francesco d’Assisi, né Giovanni di Pietro Bernardone) (entre 1181 et 1182 - 3 octobre 1226), est un religieux catholique italien, diacre et fondateur de l’ordre des frères mineurs (o.f.m., couramment appelé ordre franciscain) caractérisé par la prière, la joie, la pauvreté, l’évangélisation et le respect de la création. Il est canonisé dès 1228 par le pape Grégoire IX et fêté le 4 octobre dans le calendrier liturgique catholique.

Un jour en écoutant un passage de l’Évangile, il lui vient une réponse à ce qu’il cherche : passer sa vie à aimer toute la création. Il transforme alors sa vie, il se fait pauvre, se soucie d’annoncer les messages de joie, d’espoir et d’amour contenus dans la Bible, et de porter la paix aux gens et à toute la Création. Il s’habille d’un vêtement gris et se ceint la taille d’un cordon. Il porte ainsi le vêtement du pauvre de son époque. » (je souligne ce qui semble être une des caractéristiques du nouveau pape)

Et encore :

« Il fait partie des saints catholiques les plus populaires et sans doute celui qui est le mieux accueilli parmi les non catholiques ou non chrétiens. » (wikipedia)

L’élection du nouveau pape pourrait donc ouvrir l’Église catholique (καθολικός = universel) au-delà de ses seuls fidèles.

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Parler aux oiseaux

François d’Assise a été représenté par de nombreux peintres. Les plus belles fresques sont, bien entendu, celles de Giotto à la basilique Santa Croce de Florence et à la basilique Saint-François, à Assise. De ces dernières fresques, je prélève celle représentant « François parlant aux oiseaux ».

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Fresques de la vie de saint François à Assise.

Un passage du chapitre XVI des Fioretti de saint François d’Assise ou Petites Fleurs de saint François d’Assise, écrit après sa mort par Thomas de Celano, son premier biographe [3], témoigne bien de la manière dont François s’adressait aux oiseaux, ses frères, qui ne filent ni ne cousent, ne sèment ni ne moissonnent, ne possèdent rien (référence explicite à Matthieu VI, 28-30 et Luc, XII, 27-29), libres de voler « selon » :

« [...] Et comme il continuait son chemin dans la même ferveur, il leva les yeux et vit quelques arbres près de la route, sur lesquels il y avait une multitude presque infinie d’oiseaux ; saint François en fut émerveillé et dit à ses compagnons : "Vous m’attendrez ici sur la route, et j’irai prêcher à mes frères les oiseaux." Et il entra dans le champ et il commença à prêcher aux oiseaux qui étaient à terre ; et aussitôt, ceux qui étaient sur les arbres vinrent auprès de lui, et tous ensemble restèrent immobiles jusqu’à ce que saint François eût fini de prêcher ; et ensuite ils ne partirent même que lorsqu’il leur eut donné sa bénédiction. Et selon ce que raconta plus tard frère Massée à frère Jacques de Massa, bien que saint François marchât parmi eux et les touchât de sa tunique, aucun cependant ne bougeait.

La substance du sermon de saint François fut celle-ci :

"Mes frères les oiseaux, vous êtes très redevables à Dieu votre créateur, et toujours et en tous lieux vous devez le louer parce qu’il vous a donné la liberté de voler partout, et qu’il vous a donné aussi un double et triple vêtement ; ensuite parce qu’il à conservé votre semence dans l’arche de Noé, pour que votre espèce ne vînt pas à disparaître du monde ; et encore vous lui êtes redevables pour l’élément de l’air qu’il vous a destiné. Outre cela, vous ne semez ni ne moissonnez, et Dieu vous nourrit, et il vous donne les fleuves et les montagnes et les vallées pour vous y réfugier, et les grands arbres pour y faire vos nids, Et parc que vous ne savez ni filer ni coudre, Dieu vous fournit le vêtement à vous et à vos petits. Il vous aime donc beaucoup, votre Créateur, puisqu’il vous accorde tant de bienfaits. Aussi gardez-vous, mes frères, du péché d’ingratitude, mais appliquez-vous toujours à louer Dieu."

Pendant que saint François leur disait ces paroles, tous ces oiseaux commencèrent à ouvrir leurs becs, à tendre leurs cous, à déployer leurs ailes et à incliner respectueusement leurs têtes jusqu’à terre, et à monter par leurs mouvements et leurs chants que les paroles du père saint leur causaient un très grand plaisir. Et saint François se réjouissait et se délectait avec eux, et il s’émerveillait beaucoup de voir une telle multitude d’oiseaux et leur très belle variété et leur attention et leur familiarité ; ce pourquoi il louait dévotement en eux le Créateur.

Finalement, la prédication terminée, saint François fit sur eux le signe de la croix et leur donna licence de s’en aller ; et alors tous ces oiseaux s’élevèrent en bande dans l’air avec des chants merveilleux, mais ils se divisèrent en quatre groupes, suivant la croix que saint François avait tracée sur eux : un groupe s’envola vers l’orient, un autre vers l’occident, le troisième vers le midi, et le quatrième vers l’aquilon, et chaque bande s’en allait en chantant merveilleusement ; ils signifiaient par là que, de même que saint François, gonfalonier de la croix du Christ, leur avait prêché et avait fait sur eux le signe de la croix, suivant lequel ils s’étaient divisés en chantant vers les quatre parties du monde, de même la prédication de la croix du Christ, renouvelée par saint François, devait être portée par lui et par ses frères à travers le monde entier ; et ces frères ne possédant, comme les oiseaux, rien de propre dans ce monde, s’en remettant du soin de leur vie à la seule providence de Dieu.

À la louange du Christ. Amen. » [4]

*

Dans Illuminations à travers les textes sacrés, Sollers rapproche saint François d’Assise et le dominicain Maître Eckhart qui, à un peu moins d’un siècle de distance, prônaient tous deux la pauvreté, mais surtout la parole pour la parole :

«  Maître Eckhart prêchait pour prêcher, parlait pour parler. Car « parler pour parler, telle est la formule de la délivrance », comme le dit Novalis. Il avait certes des auditeurs et des auditrices, dans les couvents de son temps, mais enfin, comme il l’a dit lui-même, il aurait pu tout aussi bien s’adresser à l’arbre qui se trouvait là.

Le genre d’inspiration que nous abordons n’interdit pas de parler aux oiseaux ou aux poissons ; François d’Assise, le franciscain majeur, l’a prouvé qui faisait rebondir son discours sur les animaux — merveilleuse façon de pointer la surdité humaine. Les pires sourds sont bien entendu ceux qui ne veulent pas entendre. » (2003, folio, p. 144)

Les oiseaux sont importants dans toute l’oeuvre de Sollers. Je lis dans Portraits de femmes, à propos du Temps des cerises :

«  Oui, il doit revenir ce temps révolutionnaire comme doivent revenir sans fin les gais rossignols, le merle moqueur, et aussi les belles avec leur folie en tête. Je siffle assez bien. David me dit : "Parle aux oiseaux !" Le plus drôle, c’est que j’y arrive. Même sa mère, incrédule et athée notoire, est obligée de le reconnaître pendant une minute, pas plus. » (p. 67).

On pourrait multiplier les exemples.

Dans le dernier numéro de L’Infini (n° 122, printemps 2013), Olivier-Pierre Thébault, écrivain « hypercatholique », vient de publier un très beau texte : La joie des oiseaux.

Avec ces oiseaux de bonne augure, nous avons là, me semble-t-il, un bel hommage franciscain.

Les deux écrivains auront peut-être vu un signe dans l’élection du nouveau pape [5]. En tout cas, un goéland (ne pleurons pas, disons une grosse mouette) avait précédé la fumée blanche sur la cheminée de la Chapelle Sixtine. Les humains ne sont pas seuls au monde. On verra si le pape François sait aussi parler aux oiseaux.

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Giotto, Le rêve d’Innocent III, voyant en songe François
qui soutient l’église du Latran sur le point de s’écrouler.
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Autour de saint François d’Assise

Une émission de Michel Cazenave,
Avec Jacques Dalarun, médiéviste, Directeur de recherches au CNRS.

France Culture, 29 novembre 2008, 49’32 (archives A.G.).

Saint François d’Assise est certainement l’une des personnalités de l’Église médiévale sur lesquelles on ait le plus écrit et fantasmé. Spécialiste de saint François d’Assise mondialement reconnu, Jacques Dalarun préside à la publication et à la retraduction intégrale des œuvres consacrées en leur temps au Poverello, nous donnant de ce fait accès à une personnalité riche et complexe, toute différente de ce que la légende en avait fait.

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Le « Totum », ou l’œuvre de saint François d’Assise

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Quarante ans après la première publication française des documents, le nouveau « Totum » invite à redécouvrir les textes médiévaux imprégnés de la vie du Poverello.

Le profond Cantique de frère soleil, les rares documents autographes de saint François, la résonance de ses Vies sous la plume de Thomas de Celano, de Julien de Spire ou de Bonaventure... la publication du nouveau Totum, qui rassemble les Écrits, Vies et témoignages du pauvre d’Assise rédigés aux XIIIe et XIVe siècles, est un événement. Certes, plusieurs de ces textes sont loin d’être diffusés pour la première fois en France. Dès le XIXe siècle, un bon nombre d’entre eux ont été traduits. D’autres ont suivi au XXe siècle, jusqu’à aboutir en 1968 à une traduction des différentes sources par les franciscains Théophile Desbonnets et Damien Vorreux. Il y a quarante ans, cette naissance du Totum a eu l’effet d’un détonateur : tant dans la recherche sur saint François que pour la diffusion de son message.

Pourquoi donc retourner aux sources originelles franciscaines, composées dans une langue — souvent latine — tantôt rugueuse, tantôt raffinée, selon que l’auteur soit l’un des premiers compagnons du poverello ou un Thomas de Celano, qui rédigea la première biographie officielle de saint François à la demande de Grégoire IX ? « Le fait de traduire et rassembler les textes avait créé en 1968 un intérêt hors du commun dans la sphère francophone, rappelle l’historien du Moyen Âge Jacques Dalarun, maître d’œuvre de ce chantier immense. Ayant été pionniers en la matière, nous étions un peu “victimes” de notre précocité. » Car entre-temps, nombre de nations ont prolongé cette tâche, constitué leurs propres volumes, ajouté des sources, affiné des traductions. Alors que l’ordre s’apprêtait à célébrer le 8e centenaire de sa fondation, un travail de restructuration et d’épaississement du corpus a donc été confié en 2005 à une équipe internationale de chercheurs. Dès lors, cette nouvelle édition du Totum représente l’une des plus grandes entreprises de traduction de sources latines pour un même ouvrage depuis plusieurs décennies.

« Pour beaucoup de nos contemporains, saint François reste un mythe un peu flou, dont le contenu oscille entre une idéologie de la pauvreté proche de la théologie de la libération, un engagement en faveur de la paix entre les religions et une attitude écologique vis-à-vis de la création », souligne André Vauchez dans la préface de l’ouvrage. « Or, insiste-t-il, seule une connaissance précise des sources de son époque peut nous permettre de nous tenir à distance des interprétations hasardeuses qui ont fait tant de tort à sa mémoire. » Rares sont pourtant les saints qui, à l’époque médiévale, ont engendré une telle abondance d’écrits contemporains et posthumes. C’est en explorant ces sources que se révèle l’authenticité du saint d’Assise, d’une exigence radicale envers lui-même et ses frères — dans sa très grande attention à vivre selon la « sainte obéissance » — mais prêchant une miséricorde illimitée. De même, il s’agissait pour ce nouveau millénaire d’ajouter au « François historique » le « François vécu », selon Jacques Dalarun. Pour ce faire, « nous avons introduit nombre de sources liturgiques, explique l’historien, ainsi que des livres de miracles, qui donnent à voir l’impact de François dans la société ». Outre ces attrayants apports comme le Traité des miracles de Thomas de Celano, qui trouve là sa première traduction complète, une place importante est accordée aux textes liturgiques, tels que la Légende de chœur, ou l’Office de saint François. De fait, alors même qu’une focalisation excessive sur la figure du poverello pouvait en réduire le message, le désir de rendre à l’œuvre de saint François toute sa dimension collective a tenaillé les historiens. « Il a parfois été utilisé comme un étendard, ou a pu faire l’objet d’un certain culte de la personnalité au risque de l’isoler du groupe, observe Jacques Dalarun. Nous n’avons pas essayé de le diminuer mais d’être simplement fidèles à ce qu’il a vécu en redonnant sa place à la fraternité dans l’histoire. » Certains textes, qui mettent en scène d’humbles frères bien après la mort de celui qui épousa « Dame Pauvreté », illustrent ainsi combien son esprit de louange et de simplicité a pu s’incarner plus tard au sein de l’ordre.

Cette fabuleuse somme que représente le Totum convoque tout lecteur à une forme de pèlerinage, dont Jacques Dalarun ose prêcher l’intégralité. « Commencez par les autographes de François ! Parce que, là, on a le geste de sa main, fixant l’encre sur la peau de chèvre. Et puis, lisez son Testament, et puis passez à La Légende des Trois Compagnons, et allez ensuite vers Le Commerce sacré, cet extraordinaire chant franciscain du monde ! (...) Et finalement, vous lirez tout ! » Tout ? Peut-être. Car ces textes font toucher la force de l’amour de saint François pour Dieu et toute créature ; et éprouver pourquoi ce dernier fut désigné comme un alter Christus, cet « autre Christ ».

Maryline Chaumont, La croix du 19 mai 2010.

François d’Assise, Écrits, Vies, témoignages (2 volumes)
Nouvelle traduction. Éditions franciscaines/Éditions du Cerf, 2010, 3418 p.

*

Reims, 13 mars 22h30 - 14 mars 1h (complété le 14 mars à 9h).



Rossellini, Onze fioretti de François d’Assise

En 1950, le cinéaste Roberto Rossellini a consacré à saint François un très beau film, Onze Fioretti de François d’Assise.

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Analyse d’Alain Bergala

Film totalement à part dans l’oeuvre de Rossellini où les miracles tombent souvent de manière fulgurante sur les individus. Le film représente un versant du sacré plus apaisé et sans drame.

Les actes de la vie de saint François, comme dans Païsa, seront des petits bouts juxtaposés côte à côte sans aucuns liens. C’est une émotion majeure de Rossellini dans le cinéma que d’arrêter de raconter une histoire linéaire.

Rossellini choisit assez peu dans les textes des Fioretti ceux racontant la vie de saint François. Il choisit pas mal de textes à côté racontant la vie de Ginapro. C’est un simple, inventif, un peu fou, un fantaisiste qui n’a pas de responsabilité. Du coup, Rossellini décentre le film car il n’a pas envie de faire un film pieux qui exalterait la vie de saint François mais plutôt un film sur la fantaisie et l’innocence. Au final, le film évoque davantage Ginapro que saint François.

Dans la vie de saint François, Rossellini choisit le moment de la pureté. Le moment où les frères ne sont encore que douze et pas des milliers. Il sont reconnus par le pape mais pas encore pris dans les affaires du monde. Cette vie dans la cabane c’est le moment de leur innocence maximum.

Rossellini ne veut pas parler de politique. Il a tourné un douzième épisode qu’il n’a pas mis dans le film et qui était plus politique. Saint François sur un marché se portait au secours d’une prostituée qui était agressée. Il faisait scandale et comparaissait devant deux évêques dans la cathédrale. Cet aspect politique vis à vis de l’église instituée, il l’abandonne pour exalter l’émergence d’une façon très pure de vivre la chrétienté.

L’idée du film remonte à Païsa où Rossellini a vécu quelques jours dans un couvent dominicain. Il ne veut de film en costume et cherche des costumes et des décors invisibles aussi bien d’aujourd’hui que du Moyen âge. Il veut que pour l’essentiel, les moines soient de vrais moines qu’il choisit parmi des novices proches. Il reprend le moine de Païsa et un clochard, le frère Jean, un peu débile. Le tyran Niccolo est interprété par Aldo Fabrizi, le curé de Rome ville ouverte, excessif et burlesque pour incarner le pouvoir. Pour jouer Sœur Claire, il sollicite Arabella Lemaitre qui représentait la production américaine, Selznick, dans Stromboli. C’est la fille d’Arabella Lemaitre qui jouera la vierge dans Le messie, comme si Rossellini avait institué une dynastie virginale.

Les moines sont filmés comme sortant d’un bas-relief : gris dans la boue grise. Ce sont comme des moines qui font partie du limon de la terre. Collés au fond du mur, de temps en temps, ils s’avancent comme si un peu de spiritualité se détachait. Rossellini veut épurer l’image, le plus simple possible. Il veut revenir à une représentation esthétique primitive de Giotto aussi beau aussi pur aussi simple que du Giotto. Rossellini tasse les moines dans le plan, serrés les uns contre les autres comme dans les fresques de Giotto les moines sont serrés comme dans une boite de conserve ou un aquarium. C’est pour ça que les espaces sont tout petits. A l’inverse, quand ils sortent, ils courent et dansent comme dans une comédie musicale. Des hommes entre eux compacte et qui s’expriment par la danse, le mouvement, les gestes. Cela devient un film burlesque. Ce qui importe c’est le concept et les détails, rien au milieu.

Au début tous les moines se ressemblent. On ne sait pas qui est saint François il faut attendre cette phrase bizarre "Pourquoi toi, pourquoi tout le monde te suit ?". La séquence avec le lépreux est tournée en nuit américaine. Il ne s’est rien passé : le lépreux reste un lépreux. François n’est pas le christ. C’est comme si les étoiles étaient tombées sur la terre. Plus tard avec le tyran Niccolo on aura aussi l’effet des cotons blancs comme dans Amarcord.

Dans le monde, il y a beaucoup de pesanteur, les moines sont dans la grâce. La grâce naît de la fantaisie. Ainsi Ginapro semble commander au lourd chaudron. Ce thème de la pesanteur et de la grâce, Rossellini le rejoue avec l’armure de Niccolo. Rossellini sait que les armures n’existent pas encore mais il la veut car il tient à son idée d’opposer le pouvoir très lourd à la grâce. Le tyran est prisonnier de cette armure, les soldats font voler Ginapro et concourent malgré eux à la grâce.

Source : cineclubdecaen

LIRE AUSSI : Louis Skorecki, Onze fioretti de François d’Assisepdf

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Le film a été présenté avec enthousiasme par Yann Moix dans la cadre des « Mardis de Transfuge ».


Les Mardis Transfuge avec Yann Moix

*

[1Je reviendrai sur l’importance de la « Compagnie de Jésus » dans la « Contre-Réforme » catholique. Cf. Matteo Ricci - De l’amitié entre la Chine et Rome.

[2Le 17 juin 2007, Benoît XVI était déjà à Assise. « Il y a huit siècles, la ville d’Assise aurait eu du mal à imaginer le rôle que la Providence lui destinait, un rôle qui fait d’elle aujourd’hui une ville aussi renommée dans le monde, un vrai "lieu de l’âme". Ce qui lui a conféré ce caractère, c’est l’événement qui s’est produit ici, et qui l’a marquée d’un signe indélébile. Je me réfère à la conversion du jeune François, qui, après 25 ans de vie médiocre et rêveuse, marquée par la recherche de joies et de succès mondains, s’est ouvert à la grâce, est rentré en lui-même et a reconnu progressivement dans le Christ l’idéal de sa vie. Mon pèlerinage aujourd’hui à Assise veut rappeler cet événement à la mémoire, pour en revivre la signification et la portée. » (Site du Vatican).

Et, aux Rencontres d’Assise, le 27 octobre 2011, Julia Kristeva déclarait :
« [...] avec vous sur cette terre d’Assise, mes pensées s’adressent à saint François d’Assise : qui « ne cherche pas tant à être compris qu’à comprendre », ni « à être aimé qu’à aimer » ; qui éveille la spiritualité des femmes avec l’œuvre de sainte Claire ; qui place l’enfant au cœur de la culture européenne en créant la fête de Noël ; et qui, quelque temps avant sa mort, déjà en humaniste avant la lettre, envoie sa lettre « à tous les habitant du monde entier ». Je pense aussi à Giotto qui déplie les textes sacrés dans des images vivantes de la vie quotidienne des hommes et des femmes de son temps, et met le monde moderne au défi de secouer le rite toxique du spectacle aujourd’hui omniprésent. » Dix principes pour l’humanisme du XXIe siècle.

Ajout du 19 mars 2013.
Interview de Julia Kristeva, chez elle, à Paris, après l’élection du pape...


Julia Kristeva : un pape pour une société qui a... par euronews-fr

[3Cf. sur Gallica/BnF, la traduction d’une version attribuée à un inconnu : Fioretti de saint François d’Assise.

[4Variante :

« [...] le très bienheureux père François faisait route à travers la vallée de Spolète. Il parvint à un endroit près de Bevagna, où se trouvait assemblée une très grande multitude d’oiseaux d’espèces diverses : colombes, corneilles et d’autres qu’on appelle ordinairement des moineaux. En les voyant, le très bienheureux serviteur de Dieu François, en homme d’une très grande ferveur et qui portait un grand sentiment de piété et de douceur même aux créatures inférieures et privées de raison, courut vers eux avec allégresse, laissant ses compagnons sur le chemin. Une fois qu’il fut assez près, voyant que les oiseaux l’attendaient, il les salua à sa manière habituelle. Mais voyant non sans étonnement que les oiseaux ne prenaient pas la fuite comme ils le font d’ordinaire, il fut rempli d’une joie immense et les pria humblement, disant qu’ils devaient entendre la parole de Dieu. Parmi les nombreuses choses qu’il leur dit, il ajouta encore celles-ci : "Mes frères les oiseaux, vous devez beaucoup louer votre Créateur et l’aimer toujours, lui qui vous a donné des plumes pour vous revêtir, des pennes pour voler et tout ce dont vous avez eu besoin. Dieu vous a rendus nobles parmi ses créatures et il vous a accordé d’habiter dans la pureté de l’air ; car comme vous ne semez ni ne moissonnez, lui-même ne vous en protège et gouverne pas moins, sans que vous vous en souciiez le moins du monde." A ces paroles, les petits oiseaux — à ce qu’il disait, lui et les frères qui s’étaient trouvés avec lui — exultèrent de façon étonnante, selon leur nature : ils commencèrent à allonger le cou, à étendre leurs ailes, à ouvrir le bec et à regarder vers lui. Mais lui, passant au milieu d’eux, allait et revenait, touchant leurs têtes et leurs corps de sa tunique. Enfin il les bénit et, après avoir fait un signe de croix, il leur donna congé de s’envoler pour aller dans un autre lieu. Quant au bienheureux père, il allait avec ses compagnons, se réjouissant sur son chemin, et il rendait grâces à Dieu, que toutes les créatures vénèrent par une confession suppliante. »
Thomas de Celano, Vie du bienheureux François (1229).

Les « Vies » de saint François d’Assise. Vie du bienheureux François, Légende de chœur, Légende ombrienne, Mémorial dans le désir de l’âme de Thomas de Celano. Introduction par Jacques Dalarun, traduit du latin par Dominique Poirel et Jacques Dalarun. Editions Franciscaines/Editions du Cerf.

[5J’ajoute un troisième écrivain, François Meyronnis, qui consacre de belles pages à François d’Assise dans Tout autre (p. 115-116). Note du 22-09-13.

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12 Messages

  • A.G. | 14 octobre 2016 - 17:59 1

    Le pape bouscule les cardinaux… et la mafia
    On pourrait croire que depuis l’élection du pape François à la tête de l’Église catholique, un vent de renouveau souffle sur cette institution deux fois millénaire. Mais en réalité, à l’intérieur du gouvernement de l’Église, on le craint. On s’en méfie. On lui résiste. Cf. cet article.


  • A.G. | 29 mars 2016 - 12:02 2

    Depuis 2013, début de son pontificat, le pape François a multiplié les signes de changement, voire de modernisation...
    Il s’est aussi immiscé dans les débats politiques, tentant de réconcilier les dirigeants « ennemis » ou allant jusqu’à tancer un certain candidat aux primaires américaines...
    Mais dans quel objectif ? Et avec quels effets concrets ?
    Tente-t-il réellement de moderniser l’église ou s’agit-il surtout de communication ?
    Cette semaine, Déshabillons-les décrypte les discours, la communication du pape François et de ses prédécesseurs.
    Avec :
    Jean-Louis SCHLEGEL, Sociologue des religions - directeur des rédactions de la revue Esprit
    Jean-Marie GUÉNOIS, Rédacteur en chef adjoint spécialiste des questions religieuses - Le Figaro
    Gilles MASSON, Communicant - Président de M&C Saatchi.GAD
    Denis BERTRAND, Sémiologue - Paris VIII
    Hélène RISSER.


    Lire aussi : Le Pape François star planétaire de la com’ !


  • A.G. | 26 mars 2016 - 12:47 3

    Voilà 3 ans, maintenant, qu’il bénit le monde et la ville, déclenchant partout une ferveur populaire qui masque les grincements et les craquements de son Eglise. Dans le chaos du monde, le pape François impose sa simplicité et une bienveillance au-delà de sa fonction. Quel bilan et quels enjeux ?


  • Albert Gauvin | 4 avril 2015 - 22:56 4

    Le pape a dénoncé les attaques dont sont victimes les chrétiens dans le monde, alors qu’il présidait le chemin de Croix, à Rome. Voir sur Francetvinfo


  • A.G. | 19 septembre 2013 - 22:40 5

    La revue mensuelle des jésuites français Études publie aujourd’hui 19 septembre 2013 la traduction française d’une interview exclusive du pape François. Cette interview est publiée simultanément dans les revues culturelles jésuites de 16 pays d’Europe et d’Amérique.
    Il a été conduit par le P. Antonio Spadaro, sj, directeur de la revue jésuite italienne La Civiltà Cattolica, en trois rencontres échelonnées du 19 au 29 août derniers. Les questions avaient été préparées par les responsables de ces revues.
    Le pape François n’accorde pas en général d’interview à la presse. C’est dire le caractère exceptionnel de ce document.
    Dans ce long entretien, le pape raconte son itinéraire de jésuite. Il présente sa manière de gouverner en insistant sur la consultation, la réflexion en commun et la collégialité. Il donne sa vision de l’Église comme « peuple de Dieu » en marche. Il insiste sur l’accueil de toutes les personnes, à commencer par les « blessés sociaux », divorcés remariés, homosexuels, femmes ayant connu un avortement. Il dévoile ses goûts artistiques (littérature, musique, cinéma) et donne sa vision de Dieu et de l’homme. On perçoit à quel point sa démarche est inspirée par la spiritualité jésuite.
    Le texte intégral de l’interview pdf dont la traduction a été établie par deux jésuites français : François Euvé, directeur de cette revue, et Hervé Nicq.
    La version originale en italien se trouve sur le site de La Civiltà Cattolica.

    Le discernement

    « Ce discernement requiert du temps. Nombreux sont ceux qui pensent que les changements et les réformes peuvent advenir dans un temps bref. Je crois au contraire qu’il y a toujours besoin de temps pour poser les bases d’un changement vrai et efficace. Ce temps est celui du discernement. Parfois au contraire le discernement demande de faire tout de suite ce que l’on pensait faire plus tard. C’est ce qui m’est arrivé ces derniers mois. Le discernement se réalise toujours en présence du Seigneur, en regardant les signes, étant attentif à ce qui arrive, au ressenti des personnes, spécialement des pauvres. Mes choix, même ceux de la vie quotidienne, comme l’utilisation d’une voiture modeste, sont liés à un discernement spirituel répondant à une exigence qui naît de ce qui arrive, des personnes, de la lecture des signes des temps. Le discernement dans le Seigneur me guide dans ma manière de gouverner. Je me méfie en revanche des décisions prises de manière improvisée. Je me méfie toujours de la première décision, c’est-à-dire de la première chose qui me vient à l’esprit lorsque je dois prendre une décision. En général elle est erronée. Je dois attendre, évaluer intérieurement, en prenant le temps nécessaire. La sagesse du discernement compense la nécessaire ambiguïté de la vie et fait trouver les moyens les plus opportuns, qui ne s’identifient pas toujours avec ce qui semble grand ou fort. »

    L’espérance

    « Je n’aime pas utiliser le mot “optimiste” parce qu’il décrit une attitude psychologique. Je préfère le mot “espérance”. (...) L’espérance chrétienne n’est pas un fantôme et elle ne trompe pas. C’est une vertu théologale et donc, finalement, un cadeau de Dieu qui ne peut pas se réduire à l’optimisme qui n’est qu’humain. »

    Dieu

    « Mais le Dieu “concret”, pour ainsi dire, est aujourd’hui. C’est pourquoi les lamentations ne nous aideront jamais à trouver Dieu. Les lamentations qui dénoncent un monde “barbare” finissent par faire naître à l’intérieur de l’Église des désirs d’ordre entendu comme pure conservation ou réaction de défense. Non : Dieu se rencontre dans l’aujourd’hui. »

    Les femmes

    « Il est nécessaire d’agrandir les espaces pour une présence féminine plus incisive dans l’Église. Je crains la solution du “machisme en jupe” car la femme a une structure différente de l’homme. Les discours que j’entends sur le rôle des femmes sont souvent inspirés par une idéologie machiste. Les femmes soulèvent des questions que l’on doit affronter. L’Église ne peut pas être elle-même sans les femmes et le rôle qu’elles jouent. La femme lui est indispensable. Marie, une femme, est plus importante que les évêques. Je dis cela parce qu’il ne faut pas confondre la fonction avec la dignité. Il faut travailler davantage pour élaborer une théologie approfondie du féminin. C’est seulement lorsqu’on aura accompli ce passage qu’il sera possible de mieux réfléchir sur le fonctionnement interne de l’Église. Le génie féminin est nécessaire là où se prennent les décisions importantes. »

    Les homosexuel(le)s

    « À Buenos Aires, j’ai reçu des lettres de personnes homosexuelles, qui sont des “blessés sociaux”, parce qu’elles se sentent depuis toujours condamnées par l’Église. Mais ce n’est pas ce que veut l’Église. Lors de mon vol de retour de Rio de Janeiro, j’ai dit que, si une personne homosexuelle est de bonne volonté et qu’elle est en recherche de Dieu, je ne suis personne pour la juger. Disant cela, j’ai dit ce que dit le Catéchisme [de l’Église catholique, NDLR]. La religion a le droit d’exprimer son opinion au service des personnes, mais Dieu dans la création nous a rendus libres : l’ingérence spirituelle dans la vie des personnes n’est pas possible. Un jour, quelqu’un m’a demandé d’une manière provocatrice si j’approuvais l’homosexualité. Je lui ai alors répondu avec une autre question : “Dis-moi : Dieu, quand il regarde une personne homosexuelle, en approuve-t-il l’existence avec affection ou la repousse-t-il en la condamnant ?” Il faut toujours considérer la personne. »


  • A.G. | 30 mars 2013 - 15:32 6

    Papes

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    De quoi François et Benoît ont-ils parlé lors de leurs 45 minutes de tête-à-tête à Castelgandolfo ? Un enregistrement qui vaut de l’or... © Sipa

    «  Qu’est-ce que Benoît XVI a pu raconter à François, le nouveau pape jésuite inattendu, pendant leurs 45 minutes en tête à tête à Castelgandolfo ? Lui a-t-il remis le rapport des cardinaux 007 sur le lobby homosexuel du Vatican ? Ont-ils évoqué ensemble les vertiges financiers à traiter de toute urgence ? Leur prière, agenouillés côte à côte comme deux vieux enfants, a-t-elle été reçue clairement par le Saint-Esprit ? Voilà un roman qui va bien au-delà de tout ce qui a pu s’imaginer jusqu’ici. Imaginez le déjeuner qui a suivi : allusions, demi-mots, silences, omissions, changements de ton, insistances, distances. Cet enregistrement vaut de l’or, et n’est pas négociable. D’ailleurs, le son est brouillé, on ne comprend rien. » Ph. S., lepoint.fr.


  • A.G. | 18 mars 2013 - 15:41 7

    Quatre interventions (post tornade)...

    I. Philippe Twitters, le 15 mars

    François

    Vive le nouveau pape argentin François ! Et vive la Compagnie de Jésus dont il est issu ! Ce premier pape jésuite de 76 ans, appelé, comme il l’a dit lui-même, "du bout du monde", fait basculer l’Église catholique dans une renaissance inattendue. Voyez comment, dans un grand silence, il a obligé à prier toute une foule à Rome. À ce moment-là, il ressemblait à Jean XXIII : même humilité, même simplicité redoutable.

    Fumée

    Le plus étonnant, ces jours derniers, aura été, en pleine tempête de neige, avec autoroutes bloquées et familles enfermées dans leur voiture (on en a oublié le voyage du président à Dijon), de voir, dans un coin, les caméras du monde entier fixées sur la cheminée de la chapelle Sixtine. Le spectacle mondial prenant une leçon d’économie ! Un milliard deux cents millions de catholiques en attente ! Fumée noire, fumée blanche ? Les commentateurs, qui se sont tous trompés dans leurs pronostics, ont été épatants : cette Église n’est-elle pas archaïque, anachronique, et ses rites pompeux, comme son conclave, ne sont-ils pas à éliminer dans une époque de communication démocratique ? Et le mariage homosexuel, le mariage des prêtres, l’ordination des femmes, la pédophilie rampante, la transparence financière ? Ces cardinaux millénaires se cachent derrière un écran de fumée, et leur artiste surplombant, Michel-Ange, n’est même pas digne d’une exposition d’art contemporain. C’est trop, beaucoup trop, toutes ces vieilleries télévisées nous assomment. Et maintenant, un pape argentin favorable aux pauvres ! Attention, malgré son côté très conservateur, c’est peut-être un marxiste masqué. (lepoint.fr).

    *

    II. De Jacques-Alain Miller

    Bangor, le 15 mars 2013

    [...] Mon amie Graciela Brodsky m’avait envoyé hier soir de Buenos Aires un texto triomphant : « Un papa argentino !!! Ja ja ja ! » Elle m’envoie maintenant, pendant la promenade, ce qui circule en Argentine sur le nouveau pape. Une dame aux cheveux blancs est venue conter que Bergoglio était fou amoureux d’elle quand les deux avaient douze ans. Il avait déclaré à Amalia : « Si tu ne m’épouses pas, je me ferai curé. » Le papa de la belle avait mit fin à l’idylle naissante. Elle se demande si le pape et elle n’auraient pas des âmes jumelles.

    Une photo circule qui représenterait le futur pape donnant la communion au dictateur Videla. Une autre le montre avec les membres de la junte. Manque de pot, il a la même dégaine. Du coup, il a l’air de faire partie de la bande. Leur avait-il demandé de prier pour lui, comme il a coutume de le faire ?

    C’est le candidat progressiste, nous explique-t-on. Ratzinger avait été membre des Jeunesses hitlériennes, mais à son corps défendant. Bergoglio s’est compromis avec Videla, mais ni plus ni moins, semble-t-il, que le cardinal Gerlier avec Pétain. Le XXe siècle aura été cruel au corps mystique du Christ. Résultat : les deux tiers des Argentins se disent catholiques, moins de 10% vont à la messe.

    Le New York Times publie intégralement une dépêche d’Associated Press, signée Brian Murphy et Michael Warren. Ils dessinent un portrait contrasté de pope Francis : humble, anti-FMI, soucieux des pauvres, mais ayant fricoté avec la dictature militaire. La presse française est à l’eau de rose, à la limite de la désinformation. En général, sur le Concile, Le Monde copiait le NYT de la veille, ce qui est déjà bien.

    Sollers écrit sur son blog hebdomadaire : « Vive le nouveau pape argentin François ! » La surprise aurait été qu’il dise : « A mort, le nouveau pape ! » Il lui trouve déjà tous les mérites. Instantanéité du transfert dans les moments de born again, ou aussi bien lors d’une mise à mort. Philippe cite le mot de Bergoglio, selon lequel on est allé le chercher « au bout du monde ». Je suis sûr que pour dire ça il a utilisé une expression proverbiale chez les Argentins, qui disent habiter el culo del mundo.

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    Le cardinal Bergoglio devisant avec la junte militaire argentine.

    Mais je n’aime pas contredire Sollers trop longtemps. Donc, j’y vais moi aussi de bon cœur : « Vive le nouveau pape ! »

    1) C’est un Argentin, et qui a enseigné la psychologie : une chose est sûre, il a lu Lacan.

    2) C’est un Jésuite. Forza Ignazio ! Il aura fallu un peu plus de cinq siècles. Favorisera-t-il la Compagnie ? Va-t-il multiplier les cardinaux sj ?

    3) C’est un amoureux de douze ans : il y a Jorge et Amalia comme il y eut Dante et Béatrice. Derrière la Femme, Dieu.

    Excellente double page de La Croix : « Dix dossiers chauds pour le nouveau pape ». Le plus intéressant est le dernier : à Madras, l’Institut du dialogue avec les cultures et les religions est en plein travail d’inculturation : il s’agit de « dire le Christ dans la très riche philosophie asiatique... un peu comme saint Paul l’a fait pour dire le verbe dans le logos grec. » Le directeur de l’Institut, le Père Michael Amaladoss, sj, prévoit qu’il faudra 25 ans pour finir le travail, et il espère qu’alors c’est toute l’Asie qui s’ouvrira à l’Evangile. Ah ! que j’aimerais être jésuite ! Au moins tentons de faire l’équivalent pour la psychanalyse avec l’Institut Lacan. Le problème est le même : inculturer Freud et Lacan en Asie. Je m’y mets tout de suite. [...] (laregledujeu).

    *

    III. L’édito mobile de Michel Crépu

    François. Ecce Homo

    Lundi 18 mars

    L’image restera inoubliable de cet homme en blanc, debout au balcon de saint Pierre, sans un geste, sans un mot, le visage grave, d’une tristesse étrange. Telles auront été les premières secondes planétaires de Jorge Bergoglio, plus connu désormais sous le nom de François, le nouveau pape en exercice. Seul le théâtre catholique - et le lecteur voudra bien ici ne point prendre l’usage du terme en mauvaise part - est capable d’images d’une telle puissance spirituelle, où le comble d’apparence exacerbée croise exactement un comble d’intimité. Où était-il, durant cette longue minute sidérante, avant de réclamer la bénédiction pour lui-même ? On ne le saura jamais, on scrutera ce visage surgi du lointain outre-atlantique, de cette « ferveur de Buenos Aires », dont parla si admirablement un autre Jorge de son pays, Jorge Luis Borges. Comme il a son secret, le visage de ce nouveau pape ! Ratzinger, le philosophe de la curie, a toujours eu un peu l’allure d’un enfant timide plongé dans ses livres, Bergoglio a l’allure d’un plombier zingueur qui rentre du boulot. C’est une autre image, ce n’est qu’une image. On se précipite, on dit : « C’est François d’Assise ! » On pourrait aussi bien dire de ce jésuite : « C’est François-Xavier ! » Cela ne serait pas moins vrai. Mais peu importe la fabrique d’une personnalité à l’usage du spectacle. Laissons François s’avancer tel qu’il est à la rencontre de son temps.

    On dit aussi : « Les défis sont énormes. » Quelle époque de l’Église catholique n’a pas eu son lot de « défis énormes » ? On voudrait bien le savoir. Il est vrai, l’Amérique latine de l’Argentin François est en proie à un délitement du vieux catholicisme, rongé qu’il est par l’efficacité prosélyte de l’évangélisme néo-protestant : il y a de la reconquista dans l’air et pas seulement sur le mode facile du « droit-de-l-’hommisme ». « Nous ne sommes pas une ONG », a déclaré le pape le lendemain matin de son élévation au trône de Pierre : manière de dire, à l’échelle vaticane, que la question des « pauvres », sur toutes les lèvres, a une signification théologique et pas seulement « colucho-hesselienne ». Pour l’Italie qui sort éberluée du délire d’un Beppe Grillo, cette radicale simplicité papale a quelque chose d’incroyable. Mais nous sommes tous des Italiens « beppistes » à l’heure qu’il est : courant derrière le premier imbécile venu, entiché de la dernière théorie à la mode, tremblant à l’idée de se retrouver seul face à soi-même.

    Or, si une première leçon peut être tirée de ce tout nouveau pontificat, au-delà des clichés dévots (et anti : ce sont les mêmes), il semble d’abord que ce soit dans cette capacité de solitude immédiatement assumée comme telle au balcon de saint Pierre par Jorge Bergoglio. On est là bien loin du démagogisme policier des gourous de la scène politique. Jorge Bergoglio, qui n’est pas un saint, a accepté de porter la lourde chape, il pouvait la refuser, on dit qu’il l’a refusée déjà une fois, c’était pour laisser la place à Ratzinger. Certains s’offusquent de l’avoir vu donner la communion au dictateur Videla : mais depuis quand la communion est-elle réservée à l’élite vertueuse ? Quel est ce crime ? Le nouveau pape doit s’attendre à ce procès où les souffrances du passé se mêlent indistinctement à la mauvaise foi d’aujourd’hui. Le voici désormais complètement seul. Aux antipodes de la frénésie « communautaire » dont Internet est devenu le nouveau paradis, François parle le langage même de l’Évangile à l’heure décisive du « Ecce Homo ». (revuedesdeuxmondes)

    *

    IV. Philippe Sollers. Intervention.

    Attention à François.

    Attention à François. Il a l’air comme ça, d’un brave type qui vous dit bonsoir, bonne nuit, bon repos, bon déjeuner. C’est sa nature humaine. Elle plaît, et tant mieux, aux humains. Tout à coup, on passe aux choses sérieuses. François n’est plus François, il se sent habité par une force supérieure, et il fait le travail qui lui est demandé. C’est essentiel, même si tout le monde s’en fout, ce qu’il doit sentir dans le rituel même. À ce moment-là, il est enfin dans le transhumain qui convient à sa fonction. Tout le reste relève du spectacle, dont Michel-Ange, derrière lui, est plus éloigné que jamais.

    Une vidéo de Philippe Sollers, Rome, Chapelle Sixtine, jeudi 14 mars 2013, 18h15.

    *

    Deux petites remarques :

    Il est curieux que JAM et Michel Crépu semblent reprendre à leur compte la véracité de deux photos controversées de Bergoglio (le premier allant même jusqu’à en faire l’image-titre de son "journal") alors que divers témoignages tendent à en montrer l’improbabilité historique (cf. par exemple, Le Monde).


    • Julia Kristeva : un pape pour une société qui a besoin de sens et de pères.

      Giovanni Magi, euronews : Qu’attendez-vous d’un nouveau Pape, qui vient d’Amérique du Sud, et qui se fait appeler François ?

      Julia Kristeva : Je crois que c’est un grand spirituel. Il devrait l‘être. C’est une sorte de jésuite avec toute la dimension mystique du jésuitisme, et qui va assumer cette contradiction : d‘être à la fois dans la tradition, et de faire le maximum vers le social, comme Jésus sur la croix : un bras à gauche, un bras à droite, et cela demande énormément de confiance en soi et dans sa foi. Prendre le nom de François, ce n’est sans doute pas un hasard. Prendre celui là pour la première fois, est une manière de ressusciter une figure ecclésiale comparable à celle qu’a jouée François au XIIIème siècle. Ce pape jésuite, qui nous dit : "je viens de la fin du monde’", nous dit-il aussi : "je veux réformer l‘Église, et la rendre solide comme François l’a fait" ?

      Euronews : On sait ce que le pape représente pour les chrétiens, pour les croyants. Mais que représente-t-il pour ceux qui n’ont pas la foi, mais qui restent tout de même collés devant leur téléviseur pendant le conclave ?

      Julia Kristeva : On se demande en effet : pourquoi cette audience ? Nous sommes dans une ère de technique, où tout passe par la télévision. On n’a jamais eu autant de moyens techniques pour rendre cela visible. Mais, je crois qu’il y a une grande demande de la part de la société moderne, qui est une société qui manque de sens, et qui manque de pères. Nous manquons de sens, parce que nous ne croyons plus à la politique, nous ne croyons plus à la finance. L’humanisme, que je représente, a du mal à se refonder. Nous connaissons la solidarité plus ou moins, mais n’arrivons pas à la réaliser. La religion catholique nous dit que c’est possible et nous, qui ne croyons pas, nous voyons. Mais peut être (que c’est possible, alors) donnez nous l’exemple. C’est une curiosité humaine de chercher ces dimensions de la foi qui cherchent des valeurs, qui donnent de valeurs.”

      Euronews : Peut-on parler d’un besoin de croire pour les hommes et les femmes ?

      Julia Kristeva : Mon expérience psychanalytique m’a appris qu’il existe un besoin pré-religieux, pré-politique, de croire, qui habite tout être parlant. En tout cas, homo sapiens est habité par cela, et on le voit dans l‘éducation des enfants. Dès la petite enfance, cet investissement de la figure tierce, qui est le papa, après le corps à corps mère-enfant, est un investissement psychique, qui est une reconnaissance. Le père me reconnait, je le reconnais. Ce besoin là existe dans toutes les populations depuis la nuit des temps, et les langues ont très bien préservé cela. On a fait des recherches, par exemple en sanscrit, il existe une racine, qui est la racine "cred-srada" : "credo", qui est la foi, mais cela donne aussi "crédit", qui est l’investissement. Nous sommes en difficulté aujourd’hui, et du côté du crédit et du coté de la foi.
      (eurosnews, 18-03-13).

    • Jacques-Alain Miller le 16 mars (toujours de Bangor) :

      « J’apprends dans Le Figaro littéraire qu’Arlette Jouanna a sorti un nouveau livre, Le Pouvoir absolu, dans la collection de Ran Halévy, qui compte peu de titres, tous précieux. Il me faut ça. Mais j’ai envie aussi du Journal de Johannes Burckard, maître de cérémonies du pape Borgia, Alexandre VI. De Borgia à Bergoglio : progrès ou déclin ? DSK eût-il voulu faire pape à la Renaissance, il passait comme lettre à la poste. « Relativisme ! » gémit Ratzinger. Je dis comme Sollers : « Vive le pape ! » Le pape, c’est le pape. Le mot « pape » est un désignateur rigide de Kripke. Ce qu’on met dessous n’importe pas. Il faut seulement qu’il en ait deux, et bien pendantes. Mais peu nous chaut qu’il n’ait qu’un poumon. »

      Et, le 17 mars, à 5h30 (c’est vraiment tôt) :

      « Décidément, ce Bergoglio ne me revient pas. Sollers me dira de faire confiance au Saint Esprit, mais tout de même. Ma jeune collègue Florencia Shanahan, Argentine qui vit en Irlande, m’écrit : « J’ai lu avec beaucoup d’intérêt vos blogposts sur DIVA. Avec le ‘turning point’ qui a amené au changement de titre pour PIPOL [le titre était “Après l’Œdipe” ; il est devenu “Après l’Œdipe, les femmes se conjuguent au futur” ; PIPOL est le nom du second Congrès de l’EuroFédération de Psychanalyse, Bruxelles début juillet], je me permets de vous envoyer des déclarations faites par Bergoglio à l’occasion de la candidature présidentielle de CFK [Cristina Fernández de Kirchner, l’actuelle Présidente de la République Argentine] et sur les femmes en 2007, et qui circulent sur le net these days. Yours, Florencia ». Suit une dépêche de l’agence de presse Télam, du 4 juin 2007.

      El arzobispo de Buenos Aires, cardenal Jorge Bergoglio, afirmó que “las mujeres son naturalmente ineptas para ejercer cargos políticos”, refiriéndose a la candidatura presidencial de la Senadora Cristina de Kirchner. ”El orden natural y los hechos nos enseñan que el hombre es el ser político por excelencia ; las Escrituras nos demuestran que la mujer siempre es el apoyo del hombre pensador y hacedor, pero nada más que eso”.

      En sus polémicas declaraciones, el arzobispo de Buenos Aires agregó que “hay que tener memoria ; tuvimos una mujer como Presidente de la Nación y todos sabemos qué pasó”, refiriéndose a la ex presidente Estela María Martínez de Perón. Las organizaciones de derechos humanos y movimientos feministas no hicieron esperar su respuesta.

      On s’extasie parce que ce personnage prend le métro. Eh bien, il en a plusieurs de retard. Déjà en 1913, ses propos seraient apparus déplacés. Si c’est tout ce que l’Eglise a à nous offrir comme progressiste, on est mal. Schopenhauer est drôle, Bergoglio sinistre. Je suis sûr que le cardinal Scola, le candidat de l’establishment, se tiendrait mieux. C’est Scola qu’il nous faut ! Scola, the people’s pope ! Je vais faire campagne pour lui auprès du Saint Esprit. Bergoglio foule aux pieds Mulieris dignitatem. Mais voyez-vous l’ostrogoth ! Ami personnel de Cristina, et grand-père de trois petites-filles qui prétendront à tout et dato signo déchaineront sur le monde leur charme et leur intelligence, je prends un intérêt personnel à chasser le Bergoglio. Bergoglio démission ! Ou Bergoglio dilez, en breton. » Les murs qui saignent.

      A suivre... C’est la règle du jeu.

      *
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      Le pape François et Cristina Kirchner, lundi au Vatican. © AFP

      De son côté, l’AFP nous dit :

      « La présidente argentine Cristina Kirchner a été le premier chef d’État à rencontrer le nouveau pape François, son compatriote, lundi, à la veille de sa messe d’inauguration, pour un entretien et un déjeuner au cours desquels ils ont évité les sujets qui les opposent. Après la rencontre, la dirigeante argentine a raconté à la presse avoir trouvé l’ex-archevêque de Buenos Aires "serein, sûr de lui-même et en paix". "C’est notre pape", a-t-elle dit avec orgueil, "pas parce qu’il est Argentin, mais parce qu’il est le pape de tous ceux qui partagent la foi catholique". Sur les images diffusées par la télévision du Vatican, on les voit échanger sourires et cadeaux et à certains moments, c’est le pape qui fait une bise à la présidente, presque surprise. »

      Et : « Les deux dirigeants ont été complètement en syntonie sur la lutte contre l’esclavage et le trafic d’êtres humains, selon Kirchner. "Nous avons la responsabilité en tant que chefs d’État de combattre ce phénomène qui touche à la condition humaine, à l’attitude vis-à-vis du prochain", a-t-elle dit. Et la présidente argentine a profité de son audience privée pour demander au pape son "intervention" afin de "parvenir à un dialogue" avec la Grande-Bretagne sur le brûlant dossier des Malouines. Elle a rappelé que Jean-Paul II avait joué les médiateurs entre le Chili et l’Argentine dans le conflit territorial sur le canal de Beagle, ce qui avait permis "d’aboutir à un accord". "Maintenant nous avons une occasion historique très différente, bien plus favorable", a souligné Kirchner, car les deux pays sont des "démocraties" alors qu’à l’époque de la guerre des Malouines en 1982, l’Argentine était une dictature (1976-1983). "Ce que nous souhaitons, c’est l’application des multiples résolutions des Nations unies" qui appellent au dialogue bilatéral, a expliqué la présidente argentine. » Le Point.

      Les murs n’ont pas fini de saigner...

    • Tout va bien. Je lis dans la dernière chronique de JAM : «  Mon ami Luis Solano m’indique que l’homme d’église photographié avec la junte n’est pas Bergoglio. C’est, je le cite, « Monseigneur Primatesta, ancien évêque de San Rafael (Mendoza) et ancien évêque de Cordoba devenu ensuite Cardinal à Buenos Aires. » Luis est originaire de Cordoba.  »

      Je lis aussi (bizarre, bizarre) : Documentaire sur DSK mercredi 20 mars, 20h45, sur France 3. S’il y a eu une projection privée, je n’ai pas été invité. Pourquoi goinfrer de petits fours un grand frère auprès de qui on a, croit-on, crédit illimité, comme le comte de Monte-Cristo chez Danglars ? Dans TV Magazine, Gérard Miller, coréalisateur avec Anaïs Feuillette, parle de M. Strauss-Kahn et de la logique de son désir dans des termes qui font croire qu’il a lu Lacan. Il considère que le livre de Marcela Iacub confirme ce qu’il dit dans le film. Il faudra bien que je finisse par le lire, ce livre. Il divise, paraît-il, l’équipe de Bruxelles qui prépare le Congrès des 6 et 7 juillet. Marcela est-elle bonne ? Est-elle méchante ? On s’invective. C’est du lourd, plus âpre que la querelle du gros bout et du petit bout à Lilliput.

    • Pour le Pape François, la pauvreté est le premier des problèmes

      L’élection du pape François dépendait moins des cardinaux que du Saint Esprit, mais difficile de localiser ce fameux Saint Esprit !

      On peut dire, en tout cas, qu’il y avait une urgence, et que la réponse a été une réponse d’urgence. Par conséquent, je pense que le Pape François est un bon choix.

      C’est aussi, d’ailleurs, une option courageuse pour cette institution car dans un sens, cela déstabilise la curie romaine : il n’est pas européen, et il a choisi un nom qui n’avait jamais été utilisé.

      Ce choix, pour le coup, était peu prévisible, c’est une vraie rupture, et il est pour le moment difficile d’évaluer les conséquences de ce basculement.

      L’église s’est-elle montrée « moderne » ? À mon avis, on ne peut pas espérer d’évolution notable de l’Église sur les questions sociétales et, ce pour une raison simple : le problème actuel, c’est la crise, avec son corollaire, la misère.

      Cela rend d’autant plus pertinent le choix de la référence à Saint François d’Assises. Pour le Pape François, la pauvreté est le premier des problèmes.

      Et effectivement je pense que c’est quelque chose qui est actuellement au premier plan des préoccupations, partout dans le monde, y compris dans un pays développé comme la France. Le pape, enfin, sera très attendu sur la transparence financière du Vatican. newsring.fr, 18 mars 2013.

  • A.G. | 14 mars 2013 - 22:44 8

    Frédéric Lenoir, directeur de la rédaction du Monde des Religions, revient sur l’élection du pape François, premier du nom, et premier évêque de Rome à être argentin et jésuite : Election du pape François : "Un choix avant tout spirituel".

    Sur l’attitude de Jorge Mario Bergoglio pendant la sinistre dictature du général Videla, pour l’instant, nous en sommes là  : Fausse photo avec Videla : ceci n’est pas un pape.


  • A.G. | 14 mars 2013 - 17:44 9

    Christine Pedotti, intellectuelle catholique et auteur de "Faut-il faire Vatican III ?" (Editions Tallandier), réagit pour « 20 Minutes » à l’élection du pape François... élection du pape François : « Le risque que l’église implose est réel ».


  • A.G. | 14 mars 2013 - 11:15 10

    Le nouveau pape François est un missionnaire qui "prend le bus, direction les bidonvilles". Un profil atypique au Vatican, selon l’historien Hervé Yannou. Cf. Un pape jésuite au Vatican ? "Oui, c’est bien une révolution !".


  • Stéphane Marie | 14 mars 2013 - 10:13 11

    Et Pasolini. Uccellacci e uccellini !
    Que l’on peut voir ici : http://www.youtube.com/watch?v=ifdJUXnKqSs.
    Bien à vous ; et merci.


  • D.B. | 14 mars 2013 - 09:52 12

    Hier soir, sous sa tombe en forme d’oiseau, Olivier Messiaen a dû entendre joyeusement son Saint François d’Assise.


    • Saint François d’Assise, oui. Sans oublier, de 1952 à 1988, Le Merle noir, Réveil des oiseaux, Oiseaux exotiques, Catalogue d’oiseaux, La Fauvette des jardins, Petites esquisses d’oiseaux, Un vitrail et des oiseaux.