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Jean-Daniel Pollet

Méditerranée : Sollers et le cinéma

D 3 novembre 2005     A par Viktor Kirtov - C 2 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Film de Jean-Daniel Pollet, 1963, 44’, coul.
Genre : Documentaire
Texte : écrit par Philippe Sollers
Montage : Jean Daniel Pollet
Jean Daniel Pollet a 27ans, Sollers le même âge.

Synoptique :
Quatre mois de périple en voiture, en compagnie de Volker Schlondorff, tout autour de la Méditerranée. Quinze pays, trente-cinq mille kilomètres. Visions furtives de jardins, de portiques, de corridas, de masques funéraires, qui ont le mystère éclatant d’un lieu de béatitude éternel, opposées au visage serein d’une jeune femme sur une table d’opération.

Sources :
www.allocine.fr
Archives du Festival International du Film de la Rochelle, 2001

Entre documentaire et essai cinématographique. “ Pour Méditerranée, j’ai fait un voyage de trois mois et demi, parcouru quinze pays autour du bassin méditerranéen mais j’ai refusé d’emblée de faire un documentaire ”

Jean-Daniel Pollet.

“ Dans cette banale série d’images en 16mm., c’est à nous maintenant de savoir retrouver l’espace que seul le cinéma sait transformer en temps perdu...ou plutôt le contraire...car voici des plans lisses et ronds abandonnés sur l’écran comme un galet sur le rivage...puis, comme une vague, chaque “ collure ” vient y imprimer ou effacer le mot souvenir, le mot bonheur, le mot femme, le mot ciel...La mort aussi puisque Pollet, plus courageux qu’Orphée, s’est retourné plusieurs fois sur cette “ Angel Face ” dans l’hôpital de je ne sais quel “ Damas ””.

Jean-Luc Godard, Cahiers du cinéma, n° 187 / 1967

Au coeur du parcours de Pollet, la rencontre avec le groupe Tel Quel est primordiale. C’est Philippe Sollers qui écrira le texte du magnifique Méditerranée du cinéaste en 1963. Film errance et méditation qui invente une nouvelle place pour le cinéaste, une distance du regard très particulière avec les choses - qu’il s’agisse de filmer de très près ou de plus loin, objets, visages, paysages -, qui s’allie à la distance instaurée par la voix-off littéraire. Courant verbal et visuel qui crée une équivalence avec la pensée en tant que lieu où se fabriquent les associations du langage poétique. Cette plongée aux sources méditerranéennes de notre civilisation va sans cesse alimenter le versant film-essai poétique de Pollet.
Dans Bassae (1964), le regard tourne autour d’un temple grec alors que deux textes, dits « antinomiques » par le cinéaste, sont entendus, l’un de Philippe Sollers, l’autre d’Alexandre Astruc (créateur du terme « caméra-stylo » qui visait à souligner les rapprochements possibles entre cinéma et littérature).

Un hommage à Pollet, de Didier Coureau publié sur www.fabula.org/

Il faut remarquer aussi combien Pollet a mis à contribution la grammaire cinématographique pour signifier l’enfermement. La répétition, par exemple, est une de ses figures formelles privilégiées : il reprend les mêmes mouvements de caméra, les mêmes effets de montage. Il a un goût marqué pour les panoramiques ou les travellings circulaires qui peuvent se recommencer sans fin : tourner autour d’un tête de jeune fille, d’un temple en ruine, d’un taureau dans l’arène, d’une cruche en verre posée sur une table, c’est ne jamais se libérer, revenir au même comme un observateur fasciné et presque médusé. Autre retour du même, celui d’images identiques dans un film ou bien d’un film à l’autre. Il y a des morceaux de Bassae dans Méditerranée, de Méditerranée dans L’Ordre, des bouts d’un peu tout dans Contretemps et des bouts de Contretemps dans Dieu sait quoi. Cet éternel retour n’est pas du narcissisme d’auteur ! c’est simplement qu’on n’en sort pas. Qu’on ne peut pas. L’homme est condamné à la répétition. Sa seule liberté est de répéter, parce qu’obligé, la même chose, mais sur un autre ton, si possible.

Philippe Sollers dans Contretemps : "La damnation, c’est d’être obligé de se répéter, dans les limites d’un corps qui a été condamné à ne réitérer que le même geste ou la même pensée très limitée. Le paradis, en revanche, c’est la répétition mélodique ou musicale de la joie qu’il y a à se répéter, dans l’illimité."

Stéphane Bouquet Archives du Festival International du Film de la Rochelle, 2001

2001 Rétrospective « Jean-Daniel Pollet un poète » aux cinémas du Centre Pompidou.
Philippe Sollers inaugure le cycle et présente le film Méditerranée.

Extraits de son intervention


Voir en ligne : Le dossier Méditerranée-Pollet de pileface


Jean-Daniel Pollet (1936-2004) a bâti une ?uvre complexe, qui expérimente les formes et les genres et se divise en deux courants. L’un, plus " réaliste ", compte cinq films centrés sur un personnage de timide attachant, Léon, interprété par Claude Melki, où le burlesque domine. L’autre, plus " poétique ", esthétiquement plus novateur, constitue l’essentiel de son travail dont Méditerranée, jusqu’ à Ceux d’en face.


Plus sur sa filmographie


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2 Messages

  • Viktor Kirtov | 2 décembre 2016 - 18:56 1

    Merci Thelonious, c’est toujours avec plaisir et intérêt que je vois apparaître votre nom dans nos colonnes ou ailleurs.
    Non, je n’ai pas la référence de l’article de l’Infini que vous évoquez mais vais rechercher. Si vous retrouvez des indices supplémentaires, n’hésitez pas à nous en faire part. Sollers a si peu écrit sur le cinéma que ses articles qui l’abordent ont valeur de collectors.
    viktorkirtov@gmail.com


  • Thelonious | 30 novembre 2016 - 02:28 2

    Bonsoir Pileface !
    Je revois ces derniers jours le grand film de Bergman sur le couple, scènes de la vie conjugale. Je choisis la version télévision en 6 épisodes, c’est du grand art. Je veux finir en beauté avec Saraband , qui se déroule 30 ans plus tard. Plus noir tu ne fais pas, plus anti-sollersien pas possible. Je me souviens avoir lu un article à charge sur Bergman dans un numéro de l’infini il y a quelques années, mais lequel ?
    Merci de votre aide.
    Cordialement