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« Jacques Henric entre image et texte » par Guillaume Basquin

+ "(L)IVRE DE PAPIER" par Guillaume Basquin

D 25 avril 2019     A par Viktor Kirtov - C 10 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


(L)ivre de papier" par Guillaume Basquin

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Jacques Henric entre image et texte

par Guillaume Basquin
A paraître le 15 novembre 2015
Avec en avant-première un extrait du livre

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INFOS
Editeur : Tinbad
Format : 14 x 20.5 cm
Nombre de pages : 192
Isbn : 978-2-955303-50-4

Quatrième de couverture

Jacques Henric publie son premier livre, Archées, en 1969 dans la collection d’avant-garde littéraire fondée par Philippe Sollers, « Tel Quel », au Seuil. À la fois romancier, essayiste et critique, il a publié vingt-sept livres inclassables à ce jour. Il participe, avec sa femme Catherine Millet, à la fondation de la revue Artpress, dont il est le directeur littéraire depuis plus de quarante ans. Cet essai, qui est le premier à lui être consacré, interroge plus particulièrement l’un des grands thèmes de sa pensée : que peuvent les images ? Au début était-il le Verbe ou l’image ? Pourquoi tant d’iconoclasmes à travers les âges ? De quoi cela est-il le symptôme ? Doit-on adorer les images ou les haïr ? Personne, en France, n’a autant ni mieux creusé ces questions qu’on pourrait presque qualifier de théologiques. Deux chapitres de son essai Le Roman et le sacré, « L’image entraîneuse » – « Le texte vaurien », commençaient de répondre à ces interrogations. Ce livre, ouvert (il en appelle d’autres), approfondit ces questionnements, cette inquiétude, à partir d’une lecture verticale de cette œuvre protéiforme.

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Sur l’auteur

Guillaume Basquin né en 1969 est cofondateur des jeunes éditions Tinbad qui rééditent, ce mois d’octobre, le roman Carrousels de Jacques Henric, publié pour la première fois en 1980 au Seuil dans la collection Tel Quel.
Il a publié Fondu au noir : le film à l’heure de sa reproduction numérisée ; Jean-Jacques Schuhl, du dandysme en littérature ; ainsi que plusieurs articles dans les revues L’Infini, Artpress + et La Règle du jeu. Il tient par ailleurs une chronique sur Mediapart. Jacques Henric entre image et texte est son troisième ouvrage.

Blog : http://blogs.mediapart.fr/blog/guillaume-basquin

Page FaceBook : https://www.facebook.com/guillaume.basquin.7

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L’extrait (début du chapitre 7)

7. HENRIC ET LA PURE DOCTRINE CATHOLIQUE

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Jacques Henric et Philippe Sollers, Paris, milieu des années 1980


« Le bon cul est toujours catholique, expérience
de voyageur. »

Sollers


« Nous voulons être les héritiers de la méditation
et de la pénétration chrétienne… dépasser tout
christianisme au moyen d’un hyperchristianisme
et ne pas contenter de nous en défaire. »
Nietzsche

Avertissement : dans Faire la vie Henric nous met en garde : le « sacré » est une notion tout à fait étrangère à la doctrine catholique, laquelle est un « mystère ». C’est un catholique, Ignace de Loyola, qui a mis en branle l’énorme masse de désir contenu, souvent à l’état latent, dans l’image, notamment dans ces images de corps qu’il mettait fantasmatiquement en scène au cours de véritables tableaux vivants. Développons ce plus court chemin de Loyola à Klossowski.

Comme son comparse de lutte [1]
Sollers – le « cul » et le Pape Benoît XVI dans un même numéro de L’Infini (n° 109) – Henric réussit à nouer ce qui semble l’inconciliable même dans une même oeuvre : la « pure doctrine catholique » dont parle Baudelaire et une écriture chaudement et crûment sexuée. « Au fou ! Quel « je » peut tenir ces deux bouts à la fois ? » s’exclame Jean-Paul Fargier dans son texte « Sollers ou l’accomplissement des écritures ». Eh bien, ces extrêmes apparemment antinomiques, de source sûre irréconciliables, quelques-uns les conduisent ensemble à la parade. Le but de ce cocktail explosif à deux têtes ?

Terrasser l’antipeinture et l’antilittérature. C’est une bombe à retardement dont les effets n’ont pas fini de se faire sentir chez leurs lecteurs, moi le premier. C’est une écriture à neutrons… le premier ayant été Lautréamont…

Le livre sur amazon.fr

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Jacques Henric - J.J.Goux - Ph.Sollers - Julia Kristeva - Fête de l’humanité 1970
Crédit Moravia
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Signature-rencontre autour de Jacques Henric

le jeudi 12 novembre à partir de 19h, au 30, rue Piat Paris 20e (métro Pyrénées) (boutique RDC)

Carrousels de Jacques Henric


Réédition

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INFOS
Date de publication : 25 oct. 15
Format : 14 x 20.5 cm
Nombre de pages : 208
Isbn : 978-2-955303-51-1

L’Italie. Le matin. La couleur rose des pierres et du ciel. Le bruit d’ailes des pigeons. Après une nuit d’un intense vacarme intérieur. Vous émergez d’un état de fatigue tenace et ancienne. Harassé et pourtant doué étrangement d’une énergie neuve.Carrouselss’ouvre sur ce réveil-là, sur cette manière de naissance-là. Un de ces moments de lucidité aiguë qu’on connaît après dépression ou usage abusif de toxiques, au cours duquel l’histoire du monde et votre histoire singulière vous apparaissent soudain dans un fantastique télescopage de formes, couleurs, de sons et de mots. Aux souvenirs personnels, aux images de votre débâcle intime se mêlent visages et événements de l’histoire ancienne ou contemporaine.
Le roman – à la fois autobiographie, essai, carnet de voyage, poème, récit historique, journal intime… – est construit autour de trois axes : trois voyages, effectués à un court intervalle l’un de l’autre, en Grèce, à Jérusalem, en Italie. Par le lien qu’il établit entre la chute d’un seul (il y a une référence insistante à la fresque peinte par Masaccio, Adam et Ève chassés du Paradis terrestre) et la dégringolade de tous, il constitue une invite à suivre le fil d’une vérité – d’une cruauté – qui court d’une catastrophe à la suivante.
Aux couleurs des pierres et du ciel italiens, ajoutons un autre rose : celui des braises sur lesquelles nous marchons et qui nous donnent parfois, comme le suggérait Sade, ce bizarre air de danser.
J.H.

Le chef-d’œuvre de Jacques Henric, initialement publié en 1980 dans la collection d’avant-garde littéraire « Tel Quel » que dirigeait Philippe Sollers au Seuil. Indisponible depuis trop longtemps, il est ici reproduit quasi à l’identique.

Le livre sur amazon.fr

Jacques Henric, auteur de 25 livres, est romancier et essayiste. Son œuvre a commencé dans l’avant-garde (3 livres publiés dans la collection « Tel Quel » que dirigeait Philippe Sollers au Seuil) et puis est devenue tellement protéiforme qu’elle est inclassable. Il est aussi le directeur littéraire de la revue Artpress qu’il co-dirige avec sa compagne Catherine Millet depuis un peu plus de 40 ans.

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L’extrait

Le document pdf ICI...

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Lettre inédite de Gilbert Lely sur Carrousels

(reproduite et transcrite dans « Jacques Henric entre image et texte » :

J’attendais ce livre. Je l’ai reconnu. Carrousels et les ouvrages antérieurs de Jacques Henric, Archées et Chasses  : les trois hautes lances rouges parallèles de la Bataille d’Uccello. La préface est un manifeste qui sera retenu comme une date salvatrice de l’histoire littéraire de notre époque. Pas davantage que le roman traditionnel, « les innovations formelles et avant-gardistes », écrit Jacques Henric, « ne parviennent à rendre compte du drame contemporain ». Le moment lui paraît venu « d’inventer une écriture qui ne reconduise pas les clivages entre les oeuvres d’imagination et celles de la réflexion, de faire un livre qui soit à la fois fiction, essai, poème, biographie, journal intime, récit de voyage, et qui ne soit réductible à aucun de ces genres ». Au-delà de toute espérance, Carrousels a rempli cet objet. (Tel fut, compte tenu de la fantastique différence des temps, Le Satiricon de Pétrone, il y a vingt siècles.)

La lettre manuscrite intégrale (pdf)

Crédit : http://www.editionstinbad.com

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Autre lettre : un extrait inédit de Louis Calaferte à Henric

Lyon, le 14 juin 1985

Cher Jacques Henric,

(…) Je tiens absolument à vous faire savoir combien je suis, en profondeur, intéressé par la lecture, presque achevée, de votre Carrousels . Maints éléments me sont tout à fait proches, et voilà un type d’expression littéraire que je considère comme appartenant seul à ce qui vaut réellement d’être écrit. Car au diable cette manie des éditeurs de tout couvrir sous l’étiquette de « roman », le livre est une plongée dans le sens même de ce qui conditionne l’existence — au sens vital — d’un homme ; il est à la fois inquiétant, troublant et révélateur, et il est aussi douloureux , ce qui en fait une œuvre (…).
En toute amitié,

Crédit : http://www.editionstinbad.com

Sur Jacques Henric

Jacques Henric
Les Grands Entretiens d’Art Press

Collectif, Préface de Philippe Forest
Ed. Art Press
Publié le 22 janvier 2015
112 pages

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« On peut dire que la préface de Philippe Forest à ce volume constitue la bande-annonce idéale à notre "Jacques Henric entre image et texte" »
Guillaume Basquin

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Quatrième de couverture

Jacques Henric est un collaborateur d’artpress depuis les débuts de la revue et les chroniques qu’il y signe sont réputées pour leurs choix enthousiastes en même temps que pour leurs critiques mordantes de l’actualité littéraire et le regard lucide qu’elles jettent sur des débats idéologiques. Ses romans mêlent étroitement l’autobiographie, l’Histoire (la politique) et une réflexion sur l’image picturale, photographique ou cinématographique. Son essai la Peinture et le Mal (1983, 2000) a fait date au moment où s’engageait une relecture de la modernité. Dans Politique , il retrace son itinéraire de militant politique et d’écrivain qui fut celui de beaucoup d’intellectuels de sa génération, comme de celles qui l’ont précédée.

Par Patrick Amine, Thomas Clerc, Philippe Forest, Richard Leydier, Jean-Philippe Rossignol.
Préface de Philippe Forest.


« Le sexe n’est pas politique, mais les embarras avec le sexe comme ceux avec la langue, sont à l’origine des dérapages dangereux en politique »

Le livre sur amazon.fr

Sur les éditions Tinbad

Pourquoi les éditions TINBAD ?

On trouve cette assonance de Sinbad (le Marin) dans une suite de jeux de mots dans Ulysses de James Joyce,


Sinbad the Sailor and Tinbad the Tailor and Jinbad the Jailor and Whinbad the Whaler and Ninbad the Nailer and Finbad the Failer and Binbad the Bailer and Pinbad the Pailer and Minbad the Mailer and Hinbad the Hailer and Rinbad the Railer and Dinbad the Kailer and Vinbad the Quailer and Linbad the Yailer and Xinbad the Phthailer.
James Joyce, Ulysses , 1922

Aujourd’hui les avant-gardes sont défaites et défuntes, tout le monde a abandonné ce combat-là ; mais on peut encore en raconter l’histoire, sans se contenter pour autant de « mâcher les reliques du savoir » comme disait Laurence Sterne dans son Tristram Shandy. Nous nous sentons une cause commune avec les premiers Cahiers de l’Herne : la remise au goût du jour de la création littéraire la plus contemporaine ; aussi lancerons-nous une revue, irrégulière, qui sera un atelier pour les futures publications : Les Cahiers de Tinbad. Nous publierons aussi des essais très littéraires et personnels sur les ultimes œuvres s’inspirant de la dernière avant-garde littéraire, « Tel Quel ». Comme nous estimons que les deux décennies s’étalant entre 1910 et 1930 (Futurisme, Dadaïsme, Surréalisme, Proust, Joyce) constituent la période la plus féconde en modernismes de notre Histoire – et que c’est donc de là qu’il faut repartir –, nous ne nous interdirons pas de publier des œuvres inclassables qui seraient au croisement de la poésie et du roman moderne : un violent « je » autobiographique sera recommandé et même essentiel. Notre cap : la littérature contrainte et le «  Carré noir  » en Littérature. Une seule certitude : pas de romans-« chromo » ! Vieilles anecdotes...

Que Tinbad fût tailleur ne nous déplaît pas, car nous voyons, après Proust et Jean-Jacques Schuhl, « la couture comme métaphore du travail textuel : patrons, ciseaux, colle, machine à coudre ».

http://www.editionstinbad.com


[1Je suis obligé de constater et déplorer la trahison d’Henric par Sollers-éditeur : il a en effet totalement fait le « mort » suite à l’envoi de ce texte à l’état de tapuscrit ; trahissant ainsi définitivement l’esprit de « Tel Quel » tel qu’on le trouve encore dans, par exemple, un entretien croisé entre Guyotat, Henric et Thérèse Réveillé, « Nouvelles “incongruités monumentales” » :

« L’appareil idéologique, répressif, bourgeois, est tel aujourd’hui, qu’il est de plus en plus difficile de défendre seul ses productions. » (In Littérature interdite [1972], Gallimard, 2001, p. 112.) (C’est Henric lui-même qui parle.)

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10 Messages

  • Viktor Kirtov | 15 février 2017 - 10:27 1

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    Masaccio (1424-1425), Adam et Eve chassés de l’Eden, fresque 214 × 88 cm, Église Santa Maria del Carmine (Florence).


    Massaccio, juché sur ses échafaudages et peignant à fresque comme Henric voudrait écrire : en allant vite, sans possibilité de retouches, en prévoyant les changements de ton au séchage et en n’essayant surtout pas d’idéaliser « la bête bipède parlante ».

    « Ecrire comme on peint » (pdf)


  • A.G. | 2 novembre 2016 - 12:21 2

    Jacques Henric, Carrousels

    De l’ombre à la lumière offusquée

    « Qu’est-ce qui per­met au dis­cours de se pour­suivre ? » deman­dait Beckett. Dans un de ses pre­miers livres (enfin repu­blié), Jacques Hen­ric répon­dait en don­nant une réponse appa­rem­ment évidente : l’écriture. Mais pas n’importe laquelle : celle qui divise, mul­ti­plie et res­serre le temps et ses ins­tants dans le monde et afin d’habiter ses images. Celui qui entama son tra­vail d’écrivain et de cri­tique aux Lettres Fran­çaises à l’aube des années 60 et qui publia à leur cré­pus­cule son pre­mier roman, Archées, dans la collec­tion du mou­ve­ment Tel Quel auquel il par­ti­cipa avant de rejoindre entre autre mais sur­tout Art-Press. Il en est devenu à côté de sa com­pagne (Cathe­rine Millet) l’éminence grise. Là plus qu’ailleurs, il a conquis au fil du temps cette liberté qui était en germe dans Car­rou­sels.
    Plu­tôt que de res­ter inféo­der à des écoles de pen­sée, Hen­ric a tou­jours arpenté la lit­té­ra­ture et l’art en par­faite liberté (comme en témoignent ses essais sur Manet ou Klos­sowski). L’auteur s’est, entre autres et à juste titre, méfié des sémio­logues qui fai­saient passer toute lec­ture ou regard sous leurs fourches cau­dines. Fidèle à ceux qui ont gratté le mal (Faulk­ner, Céline, Paso­lini, Guyo­tat), l’écrivain est resté en lutte pour mettre à nu les dévers de la condi­tion humaine et ses « atten­dus » sociaux et politiques.

    Mêlant ombre et lumière, ter­reur et salut, il n’a cessé de pla­cer son exis­tence dans son œuvre sans pour autant la culti­ver à la Angot (spé­cia­liste d’un affli­geant pathos). Vie et écri­ture se mêlent étroi­te­ment dans un tra­vail qui tente de ne rien lais­ser dans l’ombre. Refu­sant de res­ter « planté » dans la géné­ra­tion qui l’a vu naître, Hen­ric a tou­jours recher­cher une place « dif­férante » (pour parler comme Der­rida) afin de se déga­ger des croyances et des illu­sions idéo­lo­giques et tarau­der « la part mau­dite » et obs­cure qu’elles cachent.
    Car­rou­sels reste à ce titre le texte majeur de l’auteur. Publié en 1980, ce livre ne cherche pas à épou­ser une thèse ou un genre roma­nesque. L’être y vaga­bonde. Ou y erre : « Il est des jours où je me réveille et où oui j’ai honte. Très mal­heu­reux ou très empêché de l’être c’est pareil et en souf­frant ». La com­plexité du moi sort de ses plis à tra­vers un mixage de poèmes, jour­nal intime, essai, récit qui signi­fie les débâcles fin de siècle (et qui per­durent) en une vision aussi radi­cale que douloureuse.

    Repu­blier ce texte aujourd’hui est donc bien­venu (euphé­misme). Il per­met de resi­tuer Hen­ric à sa juste place. Le livre creuse des gale­ries dans bien des enfers déco­rés, dis­si­mu­lés, col­ma­tés, emplâ­trés et dans les­quels l’être se voit contraint de s’assimiler, de « s’incorporer » à une com­mu­nauté sociale ou reli­gieuse. L’auteur condam­nait par avance (en rete­nant les leçons de l’Histoire) les tue­ries qui per­durent et que les artistes n’ont cessé, avec leurs moyens, de dénon­cer. Même ceux qui sem­blaient ne pas y tou­cher — du Titien au Tin­to­ret, de Wat­teau à Cézanne, pour ne citer que les anciens.
    Existe dans Car­rou­sels un dis­po­si­tif fic­tion­nel par­ti­cu­lier. Comme Jean-Pierre Faye, Hen­ric intègre les champs de l’émotion « pure » et de l’analyse afin de ne pas faire de l’écrivain un « chan­teur » mais un pro­duc­teur de réel par effet de frag­ments et de juxtapo­si­tions « intem­pes­tives » face aux repré­sen­ta­tions lisses et figées du monde. Pré­fé­rant la nota­tion simple aux grands discours, Car­rou­sels reste l’exemple par­fait d’une œuvre qu’on a fini par occul­ter par ce qu’elle dérange. Par ses « repor­tages », l’auteur s’y veut en ten­sion et tou­jours res­pon­sable afin de faire jaillir de l’ombre la lumière offus­quée par ce que — sous cer­taines condi­tions – les mots ouvrent.

    jean-paul gavard-perret, lelitteraire.com


  • anonyme | 21 juin 2016 - 10:05 3

    L’Eve hurlante de Masaccio
    La réédition du vertigineux "Carrousels" de Jacques Henric.
    Eve hurlante de Masaccio est le point central de cet ouvrage que Jacques Henric a publié en 1980 dans la mouvance de Tel Quel. La réédition qui nous arrive aujourd’hui, à plus de trente cinq ans de la rédaction, a pris peu de rides. L’Eve de Masaccio hurle toujours, sur les murs de la chapelle Brancacci de Santa Maria del Carmine, à Florence. Pourquoi hurle-t-elle ? Parce qu’elle vient d’être chassée du paradis terrestre. A ses côtés, un Adam roux courbe les épaules, comme honteux et penaud, quand sa compagne s’en prend au ciel.
    Carrousels, on le sait, n’est ni un journal, ni un traité d’histoire de l’art. Dans ces négations se cache une autre négation : le livre n’est pas une fiction. Mais un roman, oui, peut-être. Avec une trame qui traquerait au plus près le regard de l’écrivain scrutant le monde, tentant de l’interpréter. Dans les années 80, une grande partie de la littérature s’en remettait à Freud, à Céline, à Joyce, aux Sciences Humaines et, bien sûr, à la politique. L’engagement de Jacques Henric s’est fait, politiquement, du côté des communistes. Pour l’engagement littéraire, il ne tranche pas. Sans doute est-il seul de sa catégorie, à l’époque, d’ailleurs. Dans Carrousels cette évidence est stupéfiante. Son chemin d’écriture suit la sensibilité. Sensibilité, ce n’est pas un gros mot. Ecrire, c’est produire et montrer du sensible, n’est-ce pas ? Et quoi de plus sensible que sa douleur – en l’occurrence, un épisode dépressif –, la marche du monde mesurée à l’aune des massacres, et la traque d’un « beau » révélateur dans la peinture de la Renaissance ? L’Italie, la Grèce et Jérusalem, autant de « stations » dans un chemin d’écriture, sur les routes d’une civilisation qu’Henric scrute, interroge et apostrophe. Lire l’article


  • Albert Gauvin | 12 février 2016 - 13:51 4

    Ecrire comme on peint


    Le Matricule des anges
    Zoom : cliquez l’image.


  • V. Kirtov | 20 janvier 2016 - 10:06 5

    La critique du livre par Pascal Boulanger (« La Revue littéraire », N°61 jan-fév. 2016)

    La version intégrale ICI... (pdf)


  • Basquin Guillaume | 2 novembre 2015 - 15:04 7

    Plus profondément encore, le message de l’internaute qui se cache sous le pseudo d’un grand mort (quel lâcheté !), Thelonious Monk, par son manque total de raison, prouve cette pensée de Casanova (que je connais grâce au gamin Sollers) : "Il ne faut pas adorer la mort, car elle détruit la raison." En revêtant le masque d’un mort, on devient un zombie ! CQFD.


  • Basquin Guillaume | 2 novembre 2015 - 14:28 8

    Le "rigolo" parle depuis le désert du milieu des lettres contemporaines, et même mieux encore, avec son sang, comme Nietzsche. "Ecris avec ton sang, et tu verras que le sang est esprit..."


  • Thelonious | 30 octobre 2015 - 23:22 9

    Quelle drôle de note : "Je suis obligé de constater et déplorer la trahison d’Henric par Sollers-éditeur..."trahissant ainsi définitivement l’esprit de « Tel Quel » " Mais d’où il parle ce rigolo ?


  • Albert Gauvin | 28 octobre 2015 - 12:23 10

    Voici l’édition originale du "Carrousels" de Jacques Henric


    Carrousels. Première édition, janvier 1980.
    Zoom : cliquez l’image.

    Le quatrième de couverture est inchangé.


    Carrousels. Première édition, janvier 1980.
    Zoom : cliquez l’image.

    « Gageons que s’il y a une santé du Mal envisageable, une naissance enfin possible, elles ne trouveront leur voie que dans cette remontée des enfers qu’est l’écriture. Qu’on prenne garde à la phrase de De Quincey placée en exergue. »

    « Sans une base de terrible il n’est pas de ravissement parfait. »

    Thomas de Quincey

    Jacques Henric, Carrousels, 1980, coll. Tel Quel.

    C’est par ces citations que je commençais volontairement mon dossier sur La Peinture et le Mal de Jacques Henric il y a six ans...