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Les femmes des Lumières/Mémoires & journaux de femmes du XVIIIe

Catriona Seth, Philippe Sollers

D 23 février 2013     A par Viktor Kirtov - C 2 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Une universitaire Catriona Seth publie dans la collection Bouquins (Robert Laffont) la première anthologie de textes autobiographiques de femmes du XVIIIe siècle. Un corpus exceptionnel.

Le XVIIIème et ses femmes auteures, un sujet qui ne pouvait laisser indifférent Philippe Sollers, grand promoteur de ce siècle. Il en fait le sujet de sa critique dans le Nouvel Observateur du 21/02/2013

La fabrique de l’intime - Mémoires et journaux de femmes du XVIIIe siècle

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Illustration : Marie-Antoinette, film de Lance Acord et Sofia Coppola (2006)
Ce volume embrasse tout le siècle des Lumières, du journal de voyage de Rosalba Carriera, jeune peintre à Paris pendant la Régence, aux souvenirs de Victoire Monnard, petite employée sous la Révolution, en passant par le journal de Germaine de Staël ou les Mémoires particuliers de Manon (ou Jeanne-Marie) Roland. Une artiste italienne en France, une actrice anglaise célèbre en visite à la cour de Versailles, une Française inconnue, fille d’artisan, établie en Suisse, côtoient une religieuse limousine dans sa province ou la princesse de Parme mariée à l’héritier du trône autrichien. Toutes ont livré par écrit leurs pensées, leurs sentiments, leurs craintes, leurs joies, leurs espoirs, comme un envers de la « grande histoire ». Leurs textes sont très divers dans leur forme, leur contenu, leur longueur mais témoignent du développement d’une véritable culture de l’écriture personnelle. Lieux de repli sur soi ou d’élan vers l’autre, de confiance ou d’aveu, ces souvenirs, Mémoires et journaux mettent en évidence les réalités de la vie au XVIIIe siècle. Écrire, pour ces femmes attachantes, pleines d’esprit, généreuses, qui s’affirment tout en doutant d’elles-mêmes, a été le moyen de conquérir un espace, au moins symbolique, à soi, un espace ou livrer des maximes valables pour tous, mais aussi ou enchâsser les confidences les plus secrètes, un espace ou être elles-mêmes.
Précédé d’une longue introduction, rassemblant une majorité de textes inédits ou indisponibles dans le commerce, ce volume révèle un pan inconnu de l’histoire des mentalités et permet d’aborder aussi bien les débuts de l’écriture de l’intime que l’émergence de la littérature féminine moderne.

Les femmes des Lumières par Philippe Sollers

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GIF Quel affreux macho, quel stupide hétéro-plouc, a osé écrire ceci : « Les femmes, en général, n’aiment aucun art, ne se connaissent à aucun, et n’ont aucun génie. Elles peuvent réussir aux petits ouvrages qui ne demandent que de la légèreté d’esprit, du goût, de la grâce, quelquefois même de la philosophie et du raisonnement. Elles peuvent acquérir de la science, de l’érudition, des talents et tout ce qui s’acquiert à force de travail. Mais ce feu céleste qui échauffe et embrase l’âme, ce génie qui consume et dévore, cette brûlante éloquence, ces transports sublimes qui portent le ravissement jusqu’au fond des cœurs, manqueront toujours aux écrits des femmes : ils sont tous froids et jolis comme elles. » On a honte pour lui, mais il s’agit bien de Jean-Jacques Rousseau, dans une lettre à d’Alembert en 1758.

Écoutez cet autre, qui n’est pas non plus n’importe qui : « Une femme autrice sort des bornes de la modestie prescrite à son sexe. (...) Toute femme qui se produit en public par sa plume est prête à s’y produire comme actrice, j’oserais dire comme courtisane : si j’en étais cru, dès qu’une femme se serait fait imprimer, elle serait aussitôt mise dans la classe des comédiennes et flétrie comme elles. » On se frotte les yeux : c’est Rétif de La Bretonne dans La Paysanne pervertie.

Y a-t-il au moins une protestation féminine à l’époque ? Mais non, puisque George Sand écrit encore, dans une lettre de 1832 : « Ne m’appelez plus jamais femme auteur, ou je vous fais avaler mes cinq volumes et vous ne vous en relèverez jamais. Ne m’affublez pas de ridicules que je fuis, que j’évite et que je ne crois pas mériter. »

Aujourd’hui, devant le déferlement continu des « auteures » et des « écrivaines », ces préjugés d’un autre âge (comme bien d’autres) nous paraissent cocasses. Non seulement les femmes écrivent et publient, mais on a parfois l’impression qu’elles ne font que ça. Oublions les exemples trop aristocratiques, La Princesse de Clèves ou les Lettres de la marquise de Sévigné. Passons sur l’encombrement assourdissant du marché actuel. En réalité, et c’est la révélation de La Fabrique de l’intime, les femmes ont toujours écrit, plus ou moins dans l’ombre. C’est un continent peu connu.

D’où viennent-elles, ces femmes du XVIIIe siècle ? Du couvent, des services domestiques, du mariage mal supporté, et même de l’action politique. Elles sont délaissées, courageuses, prisonnières, malades, une grande ombre plane sur elles, la Révolution. Prenez Mme de Staal, principale femme de chambre de la duchesse du Maine (rien à voir avec Mme de Staël). La voici logée à Sceaux : « C’était un entresol si bas et si sombre que j’y marchais pliée et à tâtons : on ne pouvait y respirer, faute d’air, ni s’y chauffer, faute de cheminée. » La duchesse ne dort pas, il faut constamment la divertir, elle passe son temps à comploter en faveur de son mari, principal bâtard de Louis XIV. Tiens, voilà Mme de Staal en prison, à la Bastille, où ont lieu mille petites aventures discrètes, lettres, visites furtives, trafic de clés, flirts avec les enfermés plus ou moins amoureux. « Si un jardinier, comme l’a dit un bon auteur, est un homme pour des recluses, une femme, quelle qu’elle puisse être, est une déesse pour des prisonniers. » On reste stupéfait de lire sous sa plume : « C’est le seul temps heureux que j’aie passé dans ma vie. » Elle écrit très bien, cette femme de chambre, ainsi du portrait qu’elle trace de Mme du Deffand : « Personne n’a plus d’esprit, et ne l’a si naturel. Le feu pétillant qui l’anime pénètre au fond de chaque objet, le fait sortir de lui-même, et donne du relief aux simples linéaments. »

Je passe vite sur Françoise-Radegonde Le Noir, une visitandine, « morte en odeur de sainteté » en 1791. Elle a affaire au démon d’un côté, et, de l’autre, à Jésus-Christ qui lui demande sans cesse de s’anéantir et de s’immoler. Elle mérite le détour, pourtant, cette religieuse, les délices du masochisme ont de quoi faire rêver. Mme de Genlis, elle, trouve qu’on devrait inventer le mot « penseuse » pour certaines femmes. Je suis pour, ça ferait très bien dans les journaux et les magazines, « la Gestation pour autrui », par Élisabeth X, « penseuse ». Elle n’est pas tendre pour Mme du Deffand : « C’est une petite femme maigre, pâle et blanche, qui n’a jamais dû être belle, parce qu’elle a la tête trop grosse et les traits trop grands pour sa taille. » Elle a des « vapeurs », c’est-à-dire des crises mélancoliques. « Il est impossible de contredire Mme du Deffand, elle n’écoute pas, ou elle paraît céder et elle se hâte de parler d’autre chose. » On comprend vite que Félicité de Genlis est réactionnaire et déteste l’amie des Lumières. Elle a eu, en son temps, beaucoup de succès.

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Manon Roland par Adélaïde Labille-Guiard, 1787

Mais voici l’admirable Mme Roland, « Manon », la muse des Girondins, une vraie révolutionnaire, celle-là, « la divine Madame Roland », dit Stendhal. Elle va être guillotinée en 1793, et on connaît son mot célèbre « Ô liberté, que de crimes on commet en ton nom ! » Là, l’émotion l’emporte en lisant son indignation : « Ces hypocrites, toujours revêtus du masque de la justice, toujours parlant le langage de la loi, ont créé un tribunal pour servir leur vengeance, et envoient à l’échafaud, avec des formes juridiquement insultantes, tous les hommes dont la vertu les offense, dont les talents leur font ombrage, ou dont les richesses excitent leur convoitise. » Voyez Manon, à la veille de son exécution, dénoncer ce « Paris, souillé de sang et de débauche, gouverné par des magistrats qui font profession de débiter le mensonge, de vendre la calomnie, de préconiser l’assassinat ». Tendre et inoubliable Manon, qui reprend le mot terrible de Vergniaud contre la Terreur : « Le peuple demande du pain, on lui donne des cadavres. »

Allons-nous nous attendrir sur Mary Robinson, poétesse anglaise, douloureuse maîtresse du prince de Galles devenu roi sous le nom de George IV ? Pas vraiment, c’est le malheur incarné de façon douceâtre. On l’appelle « Perdita ». On la surnomme, abusivement, « la Sapho anglaise » (rien de lesbien, pourtant). Elle a un mari débauché, des liaisons multiples, mais elle en rajoute sans cesse dans la morale. Elle aime sa fille, elle est de plus en plus malade, l’opinion la transforme en sainte, le romantisme l’impose pour peu de temps.

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Enfin, la légendaire Germaine de Staël, Mlle Necker, dite « Minette ». On lit avec intérêt son « journal de mon cœur ». Il en ressort qu’un seul homme existe pour elle : « papa ». De son mari, Staël, elle dit : « C’est un homme parfaitement honnête, incapable de dire ni défaire une sottise, mais stérile et sans ressort. » S’il danse, « l’âme manque à ses mouvements ». La scène la plus drôle est celle où son père prend sa fille dans ses bras, et s’adresse au fiancé frigide : « Tenez, Monsieur, je vais vous montrer comment on danse avec une demoiselle dont on est amoureux. » C’est parfait, trop parfait, et Germaine s’enfuit en pleurant. Il n’y a, décidément, que « papa » au monde. On sait d’autre part que cette fille de père était mélancolique et craignait beaucoup d’être enterrée vivante. Elle a fini par publier beaucoup.

PHILIPPE SOLLERS

1. La Fabrique de l’intime. Mémoires et journaux de femmes du XVIIIe siècle, par Catriona Seth, Robert Laffont, Bouquins, 1216 p., 30 euros.

Le Nouvel Observateur du 21 février 2013.

Catriona Seth. EXTRAIT de : La fabrique de l’intime

Félicité de Genlis : Les souvenirs de Félicie L***

Une femme de ma connaissance, voulant exprimer qu’elle est soucieuse et pensive, a pris pour devise un bouquet de soucis et de pensées, ce qui est de très mauvais goût. Les fleurs et les plantes ne peuvent être des symboles que par leurs propriétés naturelles, ou par celles que la mythologie leur attribue, ou enfin par l’usage consacré par les anciens. Ainsi l’asphodèle est une plante funéraire, le cyprès est l’emblème de la douleur, le laurier est celui de la gloire,etc. ; mais prendre le souci pour le symbole des soucis moraux, c’est faire un jeu de mots très ridicule. L’immortelle est un bon emblème de la constance, parce que son nom ne lui vient que d’une propriété naturelle, celle de ne point se flétrir, de durer toujours. - Je voudrais que l’usage de prendre une devise fût universel. Chaque personne, par sa devise, révèle un petit secret, ou prend une sorte d’engagement.

Je compte partir incessamment pour la Suisse.

L’Empereur, dans son voyage en France, a gagné tous les cœurs [1]. Durant mon séjour à Rome, j’avais déjà entendu beaucoup parler de ce prince dont tout le monde faisait l’éloge, même les artistes, qui assuraient que nul amateur ne se connaissait mieux en peinture et ne parlait si bien des arts. Ce serait un petit mérite dans un souverain, s’il n’avait que celui-là ; mais il est certain qu’il a d’ailleurs des connaissances solides et très étendues. Le cardinal de Bernis m’a dit qu’il avait infiniment d’esprit. Il m’a conté que lorsque l’Empereur entra au Conclave, il quitta son épée, suivant l’usage, et la remit au cardinal de Bernis, qui la lui rendit en lui disant : « Sire, gardez-la pour défendre l’Église. »

Ici, l’Empereur a eu les plus grands succès, par sa politesse, sa simplicité, et l’instruction qu’il a montrée. Il a été accueilli avec enthousiasme dans toutes les provinces de France qu’il a parcourues. On prétend qu’à Cherbourg, se promenant sur le port, un des officiers, chargé de l’accompagner, écartant rudement le peuple, l’Empereur lui dit : « Calmez-vous, monsieur, il ne faut pas tant de place pour faire passer un homme. » On a beaucoup loué ce mot ; il ne me plaît pas, il manque de vérité. Un souverain sait très bien qu’il lui fautplus de placequ’à un homme ordinaire. Sa modestie consiste à ne point s’enivrer des éloges, et non à rabaisser ses prérogatives. Son affabilité n’est aimable que lorsqu’il est impossible de la soupçonner d’hypocrisie, et qu’elle lui laisse toute la dignité qui peut donner de l’éclat à ce rang suprême. Il me semble qu’un souverain doit être populaire, non par des manières et un ton vulgaires, mais par une bonté solide, utile, paternelle : les trônes sont si au-dessus de nous, que le seul bon goût pourrait faire désirer que ceux qui les occupent eussent toujours quelque chose d’imposant dans leur maintien, dans leur extérieur, dans leur langage ; il me paraîtrait tout simple qu’ils ne parlassent qu’en beaux vers. Le grand Condé disait qu’il n’y a pas de plaisir à obéir à un sot : on pourrait dire aussi qu’il n’y a pas de plaisir à rendre des hommages à celui qui les reçoit sans noblesse et sans dignité ; les recevoir ainsi est même une sorte d’insulte ; c’est paraître les trouver exagérés et ridicules : et quel air dans un souverain ! Au reste, ces réflexions ne tombent qu’à demi sur l’Empereur, puisqu’il n’était qu’incognito à Cherbourg. À Nantes, il partit de son auberge à la petite pointe du jour ; il trouva, dans la cour, sa voiture entourée de toutes les jeunes dames de la ville, toutes excessivement parées : l’Empereur, après les avoir saluées, dit, en les regardant : « Voilà une si charmante aurore, qu’elle promet plus d’un beau jour. »

Un trait que j’aime mieux que tout cela, est celui-ci :

Il passa le bois de Rosny, tandis qu’il dormait dans sa voiture ; quand il se réveilla, il en était à un quart de lieue. Se rappelant que Sully avait, durant les guerres civiles, vendu ce bois pour en donner l’argent à Henri IV, alors dénué de tout, l’Empereur ordonna aux postillons de retourner sur leurs pas et de rentrer dans le bois, voulant mesurer, par ses yeux, l’étendue du sacrifice qu’un grand homme et un sujet affectionné avait fait, dans un moment de détresse, à l’un de nos plus grands rois [2] .

Je pars demain pour la Suisse.

De Berne

J’ai été voir Michel Shuppach, empirique célèbre, fixé avec sa famille sur le haut d’une montagne, où l’on respire l’air le plus pur, et d’où l’on découvre une vue admirable. Cet homme n’a, dit-on, aucune instruction ; il n’a point fait d’études, mais il guérit presque tous les malades qui vont se mettre en pension chez lui, ce qu’on attribue au régime qu’il prescrit et à la salubrité de l’air de sa montagne. On appelle cela de la charlatanerie ; mais les vrais charlatans ne cherchent pas la solitude, ils sont dans les villes. Michel Shuppach fait faire à ses malades de longues promenades ; il les oblige à se coucher de bonne heure, à se lever avec le jour, à travailler à la terre à des heures réglées, à se contenter d’une nourriture simple et saine ; tout cela ne vaut-il pas mieux que des pilules et des médecines ? Il y a dans sa maison une chambre qu’on appelle la chambre pour l’insomnie. On n’y entend d’autre bruit que celui d’une chute d’eau qui va toujours, et qui, par son murmure monotone, doit en effet provoquer le sommeil. Voilà encore un remède que je préférerais à l’opium. Je désirerais dans cette maison un peu de bonne musique de temps en temps (car, comme remède, il ne faut pas la prodiguer), et je voudrais encore que Michel Shuppach sût bien parler les langues vivantes, qu’il eût de l’esprit, de la sensibilité, une conversation agréable, et alors ce médecin philosophe, sur sa montagne, serait le premier médecin de l’univers pour toutes les maladies chroniques.

De Lausanne

Voici un trait intéressant, que m’a conté l’amie intime de M. Tissot [3].

Ce dernier était en commerce de lettres depuis quinze ans avec le célèbre Zimmermann, premier médecin du roi d’Angleterre, et homme de lettres très distingué. M. Tissot sollicitait depuis longtemps son ami, qu’il n’avait jamais vu, de venir passer quelques mois en Suisse. M. Zimmermann s’y décida enfin ; il quitte l’Angleterre, traverse rapidement la Suisse, et arrive à Lausanne. Mais en entrant dans la maison de son ami, il apprend que M. Tissot est sans connaissance et à l’extrémité, d’une fièvre maligne ; M. Zimmermann s’établit dans la chambre du malade, le soigna, le veilla et le guérit. M. Tissot, en revenant à la vie, connut tout ce qu’il devait à l’amitié ; mais à peine était-il convalescent, que M. Zimmermann tomba dangereusement malade, et M. Tissot lui rendit tous les soins qu’il avait reçus de lui. M. Zimmermann recouvra la santé, et passa un an à Lausanne. La liaison de ces deux hommes vertueux et célèbres devint intime, et dura jusqu’à la mort.

De Genève

Je compte aller demain à Ferney, voir M. de Voltaire. Je n’avais point pour lui de lettres de recommandation ; mais les jeunes femmes de Paris en sont toujours bien reçues. Je lui ai écrit pour lui demander la permission d’aller chez lui ; il n’y avait dans mon billet ni esprit, ni prétentions, ni fadeurs, et j’ai daté du mois d’août. M. de Voltaire veut qu’on écrive du mois d’Auguste. Cette petite pédanterie m’a paru une flatterie, et j’ai écrit fièrement du mois d’août. Le philosophe de Ferney m’a fait une réponse très gracieuse ; il m’annonce qu’en ma faveur, il quittera ses pantoufles et sa robe de chambre, et il m’invite à dîner et à souper.

De Genève

J’ai passé neuf heures avec M. de Voltaire ; voilà une journée mémorable qui doit être détaillée dans le journal d’une voyageuse ; je conterai avec simplicité, comme à mon ordinaire, ce que j’ai observé et ce que j’ai senti.

Quand j’ai reçu la réponse aimable de M. de Voltaire, il m’a pris tout à coup une espèce de frayeur, qui m’a fait faire des réflexions inquiétantes. Je me suis rappelé tout ce qu’on m’a conté des personnes qui vont pour la première fois à Ferney. Il est d’usage (surtout pour les jeunes femmes) de s’émouvoir, de pâlir, de s’attendrir, et même en général de se trouver mal en apercevant M. de Voltaire ; on se précipite dans ses bras, on balbutie, on pleure, on est dans un trouble qui ressemble à l’amour le plus passionné. Voilà l’étiquette de la présentation à Ferney. M. de Voltaire y est tellement accoutumé, que le calme et la seule politesse la plus obligeante ne peuvent lui paraître que de l’impertinence ou de la stupidité. Cependant je suis naturellement timide et d’une froideur glaciale avec les gens que je ne connais pas ; je n’ai jamais eu le courage de donner une louange en face à ceux avec lesquels je ne suis pas intimement liée ; il me semble qu’alors tout éloge est suspect de flatterie, qu’il ne saurait être de bon goût, et qu’il doit déplaire ou blesser. Je me promis pourtant, non pas de faire une scène pathétique, mais de me conduire de manière à ne pas causer un grand étonnement, c’est-à-dire que j’ai pris la résolution, pour n’être pas ridicule, de sortir de ma simplicité habituelle, et d’être moins réservée, et surtout moins silencieuse.

Je suis partie de Genève d’assez bonne heure, suivant mon calcul, pour arriver à Ferney avant l’heure du dîner de M. de Voltaire ; mais m’étant réglée sur ma montre qui avançait beaucoup, je n’ai connu mon erreur qu’à Ferney. Il n’y a guère de gaucherie plus désagréable que celle d’arriver trop tôt pour dîner chez les gens qui s’occupent et qui savent employer leur matinée ; je suis sûre que j’ai coûté une ou deux pages à M. de Voltaire ; ce qui me console, c’est qu’il ne fait plus de tragédies ; je ne l’aurai empêché que d’écrire quelques impiétés, quelques lignes licencieuses de plus... Cherchant de bonne foi tous les moyens de plaire à l’homme célèbre qui voulait bien me recevoir, j’avais mis beaucoup de soin à me parer ; je n’ai jamais eu tant de plumes et tant de fleurs. J’avais un fâcheux pressentiment que mes prétentions en ce genre seraient les seules qui dussent avoir quelques succès. Durant la route, je tâchai de me ranimer en faveur du fameux vieillard que j’allais voir ; je répétais des vers de La Henriade et de ses tragédies, mais je sentais que même en supposant qu’il n’eût jamais profané son talent par tant d’indignes productions, et qu’il n’eût fait que les belles choses qui doivent l’immortaliser, je n’aurais en sa présence qu’une admiration silencieuse. Il serait permis, il serait simple de montrer de l’enthousiasme pour un héros, pour le libérateur de la patrie, parce que, sans instruction et sans esprit, on peut apprécier de telles actions, et que la reconnaissance semble autoriser l’expression du sentiment qu’elles inspirent ; mais lorsqu’on se déclare le partisan passionné d’un homme de lettres, on annonce qu’on se croit en état de juger souverainement tous ses ouvrages, on s’engage à lui en parler, à disserter, à détailler ses opinions : combien toutes ces choses sont déplacées dans la jeunesse, et surtout dans une femme !... Je menais avec moi un peintre allemand qui revient d’Italie (M. Ott) ; il a beaucoup de talent et très peu de littérature, il sait à peine le français, et il n’a jamais lu une ligne de M. de Voltaire, mais sur sa réputation, il n’en a pas moins pour lui tout l’enthousiasme désirable. Il était hors de lui en approchant de Ferney ; j’admirais et j’enviais ses transports, j’aurais voulu pouvoir en prendre quelque chose. On nous a fait passer devant une église sur le portail de la laquelle ces mots sont écrits : Voltaire a élevé ce temple à Dieu.

Cette inscription m’a fait frémir, elle ne peut paraître que l’extravagante ironie de l’impiété, ou l’inconséquence la plus étrange. Enfin, nous arrivons dans la cour du château, nous descendons de voiture ; M. Ott était ivre de joie, nous entrons : nous voilà dans une antichambre assez obscure. M. Ott aperçoit sur-le-champ un tableau, et s’écrie : « C’est un Corrège ! » Nous approchons ; on le voyait mal, mais c’était en effet un beau tableau original du Corrège, et M. Ott fut un peu scandalisé qu’on l’eût relégué là. Nous passons dans le salon, il était vide. Je vis dans le château cette espèce de rumeur désagréable que produit une visite inopinée qui survient mal à propos ; les domestiques avaient un air effaré, on entendait le bruit redoublé des sonnettes qui les appelaient, on allait et venait précipitamment, on ouvrait et fermait brusquement les portes ; je regardai à la pendule du salon, et je connus avec douleur, que j’étais arrivée trois quarts d’heure trop tôt, ce qui ne contribua pas à me donner de l’aisance et de la confiance. M. Ott vit à l’autre extrémité du salon un grand tableau à l’huile, dont les figures sont en demi-nature ; un cadre superbe et l’honneur d’être placé dans le salon annonçaient quelque chose de beau. Nous y courons ; et à notre grande surprise, nous découvrons une véritable enseigne à bière, une peinture ridicule, représentant M. de Voltaire dans une gloire, tout entouré de rayons comme un saint, ayant à ses genoux les Calas, et foulant aux pieds ses ennemis, Fréron, Pompignan, etc., qui expriment leur humiliation en ouvrant des bouches énormes, et en faisant des grimaces effroyables [4]. M. Ott fut indigné du dessin et du coloris, et moi de la composition. « Comment peut-on placer cela dans son salon ! disais-je. — Oui, reprenait M. Ott, et quand on laisse un tableau du Corrège dans une vilaine antichambre ! »... Ce tableau est entièrement de l’invention d’un mauvais peintre genevois qui en a fait présent à M. de Voltaire ; mais il me paraît inconcevable que ce dernier ait le mauvais goût d’exposer pompeusement à tous les yeux une telle platitude. Enfin, la porte du salon s’ouvrit, et nous vîmes paraître Mme Denis, la nièce de M. de Voltaire, et Mme de Saint-J... Ces dames m’annoncèrent que M. de Voltaire viendrait bientôt. Mme de Saint-J... qui est fort aimable, et que je ne connaissais pas du tout, est établie pour tout l’été à Ferney ; elle appelle M. de Voltaire, mon philosophe, et il l’appelle mon papillon. Elle portait une médaille d’or à son côté ; j’ai cru que c’était un ordre, mais c’est unprix d’arquebusedonné par M. de Voltaire, et qu’elle a gagné ces jours-ci ; une telle adresse est un exploit pour une femme. Elle m’a proposé de faire un tour de promenade, ce que j’ai accepté avec empressement ; car je me sentais si refroidie, si embarrassée, je craignais tellement l’apparition du maître de la maison, que j’étais charmée de m’échapper un moment, afin de retarder un peu cette terrible entrevue ; Mme de Saint-J... m’a conduite sur une terrasse, de laquelle on pourrait découvrir la magnifique vue du lac et des montagnes, si l’on n’avait pas eu le mauvais goût d’établir sur cette belle terrasse un long berceau de treillage tout couvert d’une verdure épaisse qui cache tout. On n’entrevoyait cette admirable perspective que par de petites lucarnes où je ne pouvais passer la tête ; d’ailleurs, le berceau est si bas que mes plumes s’y accrochaient partout. Je me courbais extrêmement ; et, comme pour me rapetisser encore, je ployais beaucoup les genoux, je marchais à toute minute sur ma robe, je chancelais, je trébuchais, je cassais mes plumes, je déchirais mes jupons ; et dans l’attitude la plus gênante, je n’étais guère en état de jouir de la conversation de Mme de Saint-J... qui, petite, en habit négligé du matin, se promenait fort à son aise, et causait très agréablement. Je lui demandai en riant si M. de Voltaire n’avait pas trouvé mauvais que j’eusse vulgairement daté ma lettre du mois d’août ? Elle me répondit que non ; mais elle ajouta qu’il avait remarqué que je n’écrivais pas avec son orthographe [5]. Enfin, on vint nous dire que M. de Voltaire entrait dans le salon ; j’étais si harassée, et en si mauvaise disposition, que j’aurais donné tout au monde pour pouvoir me trouver transportée dans mon auberge à Genève... Mme de Saint-J... me jugeant d’après ses impressions, m’entraîne avec vivacité ; nous regagnons la maison, et j’eus le chagrin, en passant dans une des pièces du château, de me voir dans une glace ; j’étais ébouriffée et toute décoiffée, et j’avais une mine véritablement piteuse et tout à fait décomposée. Je m’arrêtai un instant pour me rajuster, ensuite je suivis courageusement Mme de Saint-J... Nous entrons dans le salon, et me voilà en présence de M. de Voltaire... Mme de Saint-J... m’invita à l’embrasser, en me disant avec grâce,il le trouvera très bon. Je m’avançai gravement avec l’expression du respect que l’on doit aux grands talents et à la vieillesse ; M. de Voltaire me prit la main et me la baisa ; je ne sais pourquoi cette action si commune m’a touchée, comme si cette espèce d’hommage n’était pas aussi vulgaire que banale ; mais enfin je fus flattée que M. de Voltaire m’eût baisé la main, et je l’embrassai de très bon cœur, intérieurement, car je conservai toute la tranquillité de mon maintien. Je lui présentai M. Ott, qui fut si transporté de s’entendre nommer à M. de Voltaire, que je crus qu’il allait faire une scène ; il s’empressa de tirer de sa poche des miniatures qu’il avait faites à Rome ; malheureusement, l’un de ces tableaux représentait une Vierge avec l’Enfant Jésus, ce qui fit dire à M. de Voltaire plusieurs impiétés aussi plates que révoltantes ; je trouvai qu’il était contre les devoirs de l’hospitalité et contre toute bienséance, de s’exprimer ainsi devant une personne de mon âge, qui ne s’affichait pas pour esprit fort, et qu’il recevait pour la première fois ; extrêmement choquée, je me tournai du côté de Mme Denis, afin d’avoir l’air de ne pas écouter son oncle : il changea d’entretien, parla de l’Italie et des arts comme il en écrit, c’est-à-dire sans connaissance et sans goût ; je ne dis que quelques mots qui exprimaient que je n’étais pas de son avis. Il ne fut question de littérature, ni avant, ni après le dîner, M. de Voltaire ne jugeant pas, je crois, que cette conversation dût intéresser une personne qui s’annonçait d’une manière aussi peu brillante. Néanmoins il soutint l’entretien avec politesse, et même quelquefois avec galanterie pour moi.

On se mit à table ; et pendant tout le dîner, M. de Voltaire ne fut rien moins qu’aimable ; il eut toujours l’air d’être en colère contre ses gens, criant à tue-tête, avec une telle force, qu’involontairement j’en ai plusieurs fois tressailli ; la salle à manger est très sonore, et sa voix de tonnerre y retentissait de la manière la plus effrayante. On m’avait prévenue de cette manie qui est si hors d’usage devant des étrangers, et l’on voit parfaitement en effet que c’est une habitude ; car ses gens n’en paraissent être ni surpris, ni le moins du monde troublés. Après le dîner, M. de Voltaire, sachant que j’étais musicienne, a fait jouer Mme Denis du clavecin ; elle a un jeu qui transporte, en idée, au temps de Louis XIV ; mais ce souvenir-là n’est pas le plus agréable que l’on puisse se retracer de ce beau siècle. Elle finissait une pièce de Rameau, lorsqu’une jolie petite fille de sept ou huit ans entra dans la chambre, et vint se jeter au cou de M. de Voltaire, en l’appelant papa ; il reçut ses caresses avec grâce ; et comme il vit que je contemplais ce tableau si doux avec un extrême plaisir, il me dit que cet enfant appartenait à la petite-fille du grand Corneille qu’il a mariée : combien j’eusse été touchée dans ce moment, si je ne m’étais pas rappelé ses Commentaires, où l’injustice et l’envie se trahissent si maladroitement !... Dans ce lieu on est à chaque instant blessé par des contrastes bizarres, et sans cesse l’admiration y est suspendue et même détruite par des souvenirs odieux et par des disparates révoltantes. M. de Voltaire reçut plusieurs visites de Genève, ensuite il me proposa une promenade en voiture ; il fit mettre ses chevaux, et nous montâmes dans une berline, lui, sa nièce, Mme de Saint-J... et moi ; il nous mena dans le village pour y voir les maisons qu’il a bâties et les établissements bienfaisants qu’il a formés : il est plus grand là que dans ses livres, car on y voit partout une ingénieuse bonté, et l’on ne peut se persuader que la même main qui écrivit tant d’impiétés, de faussetés et de méchancetés, ait fait des choses si nobles, si sages et si utiles. Il montre ce village à tous les étrangers, mais de bonne grâce ; il en parle simplement, avec bonhomie ; il instruit de tout ce qu’il a fait, et cependant il n’a nullement l’air de s’en vanter, et je ne connais personne qui pût en faire autant. En rentrant au château, la conversation a été fort animée ; on parlait avec intérêt de ce qu’on avait vu ; je ne suis partie qu’à la nuit. M. de Voltaire m’a proposé de rester jusqu’au lendemain après dîner, mais j’ai voulu retourner à Genève. Tous les portraits et tous les bustes de M. de Voltaire sont très ressemblants, mais aucun artiste n’a bien rendu ses yeux : je m’attendais à les trouver brillants et remplis de feu ; ils sont en effet les plus spirituels que j’aie vus, mais ils ont, en même temps, quelque chose de velouté et une douceur inexprimable ; l’âme de Zaïre [6] est tout entière dans ces yeux-là ; son sourire et son rire, extrêmement malicieux, changent tout à fait cette charmante expression. Il est fort cassé, et sa manière gothique de se mettre le vieillit encore ; il a une voix sépulcrale qui lui donne un ton singulier, d’autant plus qu’il a l’habitude de parler excessivement haut, quoiqu’il ne soit pas sourd. Quand il n’est question ni de la religion, ni de ses ennemis, sa conversation est simple et naturelle, sans nulle prétention, et par conséquent (avec un esprit tel que le sien) parfaitement aimable : il m’a paru qu’il ne supportait pas que l’on eût, sur aucun point, une opinion différente de la sienne ; pour peu qu’on le contredise, son ton prend de l’aigreur et devient tranchant ; il a certainement beaucoup perdu de l’usage du monde qu’il a dû avoir, et rien n’est plus simple : depuis qu’il est dans cette terre, on ne va le voir que pour l’enivrer de louanges, ses décisions sont des oracles, tout ce qui l’entoure est à ses pieds ; il n’entend parler que de l’admiration qu’il inspire, et les exagérations les plus ridicules dans ce genre ne lui paraissent maintenant que des hommages ordinaires. Les rois même n’ont jamais été les objets d’une adulation si outrée, du moins l’étiquette défend de leur prodiguer toutes ces flatteries, on n’entre point en conversation avec eux, leur présence impose silence, et, grâce au respect, la flatterie, à la Cour, est obligée d’avoir de la pudeur, et de ne se montrer que sous des formes délicates. Je ne l’ai jamais vue sans ménagement qu’à Ferney ; elle y est véritablement grotesque ; et lorsque, par l’habitude, elle peut plaire sous de semblables traits, elle doit nécessairement gâter le goût, le ton et les manières de celui qu’elle séduit. Voilà pourquoi l’amour-propre de M. de Voltaire est singulièrement irritable, et pourquoi les critiques lui causent ce chagrin puéril qu’il ne peut dissimuler. Il vient d’en éprouver un très sensible. L’Empereur a passé tout près de Ferney ; M. de Voltaire, qui s’attendait à recevoir la visite de l’illustre voyageur, avait préparé des fêtes, et même fait des vers et des couplets, et malheureusement tout le monde le savait. L’Empereur a passé sans s’arrêter, et sans faire dire un seul mot. Comme il approchait de Ferney, quelqu’un lui demande s’il verrait M. de Voltaire ? L’Empereur répondit sèchement : « Non, je le connais assez » ; mot piquant, et même profond, qui prouve que ce prince lit en homme d’esprit et en monarque éclairé.

Extrait choisi par Annick Geille / salon-littéraire.com


L’auteure

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Catriona Seth, à la Bibliothèque Médicis le 11/01/2013

Catriona Seth est professeur des universités en littérature française à l’université de Lorraine et professeur associé au département d’histoire de l’université Laval (Québec). Elle est l’auteur de nombreux travaux importants sur la littérature et l’histoire des idées du XVIIIe siècle, entre autres Marie-Antoinette. Anthologie et Dictionnaire (Bouquins, 2006), Les rois aussi en mouraient. Les Lumières en lutte contre la petite vérole (Desjonquères, 2008) et la récente édition des Liaisons dangereuses de Laclos (Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2011).


Catriona Seth

La fabrique de l’intime. Mémoires et journaux de femmes du XVIIIe siècle

1194 pages

Editeur : Robert Laffont (17 janvier 2013)

Collection : Bouquins

Le livre sur amazon.fr

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Autres documents sur Mme de Staël

Par Michel Winock

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Madame de Staël (2010)

Présentation de l’éditeur

Sa vie ressemble à un roman d’aventures écrit par un scénariste.
Germaine de Staël a connu les ors de Versailles quand son père, Necker, était principal ministre de Louis XVI ; à Paris comme à Coppet, elle a régné sur ce que les Lumières ont produit de plus talentueux ; son roman Corinne a été un immense succès et ses livres politiques, lus de Weimar à Pétersbourg, ont exaspéré les adversaires de la liberté, mais elle a eu à ses pieds les meilleurs esprits.
Mme de Staël a aussi passé la moitié de sa vie en exil ou sur les routes, en quête d’une sérénité inaccessible et d’un amour inatteignable. Cette fille à papa est rentrée dans l’ombre des géants du temps – Napoléon, Constant ou Chateaubriand – et ses idées « libérales » autant que sa sensibilité débordante apparaissent hors de saison. Et pourtant…

Michel Winock, professeur émérite à Sciences Po, a produit une œuvre historique de première importance parmi laquelle on rappellera Clemenceau (prix Aujourd’hui) et Le Siècle des intellectuels (prix Médicis essai).

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Par Franck Ferrand

C’était un autre 8 mars, en 2017, Mme de Stael était le sujet de l’émission de Franck Ferrand « Au cœur de l’Histoire » sur Europe 1.

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[1Joseph II (1741-1790), frère de Marie-Antoinette, fit un premier voyage en France en 1777. Il fit excellente impression par sa culture et la variété des domaines auxquels il s’intéressait.

[2Ce bois est immense : Sully en retira trente mille francs, somme énorme dans ce temps, qu’il donna tout entière à Henri IV [NdÉ].

[3Ce trait n’a été recueilli ni dans la vie de Zimmermann, ni dans celle de Tissot. Il est vrai dans tous ses détails, c’est pourquoi on le rapporte ici [NdÉ].

[4Tout le monde a vu à Ferney cet étrange tableau, ainsi que tous les voyageurs qui ont passé dans ce lieu ; j’ai même entendu dire que quelques Anglais en avaient fait mention dans leurs ouvrages [NdÉ].

[5Voltaire prône une réforme de l’orthographe, préférant des finales en -ais (et non plus en -ois) pour les imparfaits, etc.

[6Héroïne éponyme de la tragédie de Voltaire.

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2 Messages

  • Albert Gauvin | 9 juin 2020 - 10:16 1

    Correspondances féminines au 18e siècle, l’écriture de soi

    Le Cours de l’histoire par Xavier Mauduit, 9 juin 2020.

    Avec Cécile Berly, historienne et auteure. Elle est spécialiste du XVIIIème siècle et de l’histoire des femmes. Elle a notamment travaillé sur Marie-Antoinette et la correspondance de madame de Pompadour. Son dernier ouvrage Trois femmes, Madame du Deffand, Madame Roland, Madame Vigée Le Brun a paru aux éditions Passés/Composés, en mars 2020. ECOUTER ICI.

    Ces trois femmes sont à la fois totalement différentes et parfaitement complémentaires. Elles incarnent chacune à leur façon trois temps différents de l’histoire du 18ème siècle et trois milieux sociaux différents. Pour Madame du Deffand c’est l’aristocratie, pour Madame Roland c’est la bourgeoisie, une bourgeoisie totalement conquérante au cours du 18ème siècle, et Madame Vigée Le Brun, c’est l’artiste bohème absolument incontournable dans l’histoire de l’art. Mais ces trois femmes ont en commun l’écriture, et en particulier l’écriture de lettres, qui occupait une grande partie de leur temps chaque jour. Cécile Berly


  • GPA | 20 novembre 2018 - 15:22 2

    "Je passe vite sur Françoise-Radegonde Le Noir, une visitandine, « morte en odeur de sainteté » en 1791. Elle a affaire au démon d’un côté, et, de l’autre, à Jésus-Christ qui lui demande sans cesse de s’anéantir et de s’immoler. Elle mérite le détour, pourtant, cette religieuse, les délices du masochisme ont de quoi faire rêver. Mme de Genlis, elle, trouve qu’on devrait inventer le mot « penseuse » pour certaines femmes. Je suis pour, ça ferait très bien dans les journaux et les magazines, « la Gestation pour autrui », par Élisabeth X, « penseuse ».