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encyclopédiste

D 14 mai 2005     A par Viktor Kirtov - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Sollers encyclopédiste dans le sillage de Diderot ? Sûr, qu’il aimerait que soit reconnue cette composante de son ?uvre : Dans l’avertissement de son Eloge de l’Infini, Gallimard, 2001 suite de La Guerre du goût (1994), ne qualifie-t-il pas, lui-même, son travail de «  projet encyclopédique et stratégique ». Rien moins que çà ! Et d’ajouter que « chaque texte a toujours été prévu pour jouer avec d’autres, dans un ensemble ouvert ultérieur [...] »,.

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Un oubli ( une faute de goût  ?) : la bibliothèque d’ Arthur Miller avec Marilyn Monroe


Rien de petit, chez cet homme. Sa taille, il est grand. Son ?uvre, l’arche de Noé de la littérature : un autre de ses fantasmes, de ses rêves éveillés. Un choix d’essais et textes illustrés de citations des auteurs essentiels. Une encyclopédie du goût, et de l’esprit, mêlant la littérature et l’art (peinture). Jusqu’à Breton et Francis Bacon, pour faire court (et pour la musique des finales).

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Manuscrits de Qumran

Important, la musique aussi chez Sollers. Dans sa vie, dans son style. A l’écrit comme à l’oral, un virtuose du verbe. Erudition encyclopédique. Feu d’artifice de pensée riche, éclats fulgurants. Bien sûr quelques fumigènes aussi. Pour déstabiliser l’ennemi. Goût du cryptage. Relents d’agents double, triple, de La Centrale entre les lignes. Une vieille obsession des temps Mao ou masque vénitien ? Les deux, mon Colonel. Bien sûr l’avant-garde a vécu. Tous les spécimen sont devenus des classiques. Des morts plus que des vivants - c’est ce que l’on pourrait lui reprocher : de faire une encyclopédie du passé, pas du présent [1]. Des morts oui, mais vivifiés par la plume de Sollers. Infiniment. A ressortir du chaos d’un monde vitrifié, « Windows on the world », comme les manuscrits de Qumran. D’un temps où il y avait encore un specimen d’écrivain attaché à perpétuer l’esprit du siècle des Lumières, des encyclopédistes, et du libertinage élevé au rang d’art : « Je ne raconte pas ma vie dans mes livres. Je vis mes livres » dit Sollers [2]. Esprit de géométrie elliptique. Surréaliste ! L’influence des surréalistes chez Sollers, encore un thème et un angle d’approche de son ?uvre.

Philippe Joyaux, alias Sollers, alias Diamant. Brillant, multi-facettes. Ses ennemis disent multi-cartes. Le personnage fait de l’ombre à l’écrivain. Et Sollers, de s’en plaindre : «  On commente Sollers, pas ses livres » dit-il de façon récurrente. «  Lisez-moi » avait-il coutume de dire aux suffragettes de la littérature en mal/mâle d’éditeur et de parrain. Homme poli, pôli et écrivain polygenre : théoricien de l’écriture aux limites de l’époque Tel Quel, essayiste, romancier, biographe, encyclopédiste, directeur littéraire, critique d’art, chroniqueur ( Le Monde, Le Journal du Dimanche, où il tient son « Journal du Mois » - l’actualité sélectionnée et commentée par Sollers. Mais surtout, un outil pour l’écrivain : le journal, un genre littéraire qui manquerait à sa fresque d’écrivain. Une fenêtre aussi sur l’homme et ses idées, éclairage en contre-point de son ?uvre. Moins mass media, ses lectures de beaux textes dans des cercles restreints, prennent réellement vie. La voix est posée, musicale. Les textes vous parlent. Ecoutez Les lettres de Madame de Sévigné interprétées par Sollers. C’est un régal [3].

Sollers encyclopédiste ? Mais oui. (à suivre).


Viktor KIRTOV
(article publié dans le forum Sollers Parrain des Lettres) Lire.fr, 05/09/2003.
Voir aussi : L’arche de Sollers




[1] Encore que régulièrement, dès juillet, il ait coutume de « parrainer » un auteur pour le Goncourt. Un acte de foi ! Une bulle papale en direction des différentes chapelles. Cette année Beigbeder, avec Windows on the World. Comme il a soutenu , en son temps, Houellebecq pour Plate-forme. Sa revue littéraire L’Infini accueille aussi Angot et ses poulains dont Yannick Haenel, Cécile Guilbert, François Meyronnis ou encore Marc Weitzmann, la jeune garde de la littérature selon la Règle sollersienne, moins austère que la cistercienne.

[2] Un Sollers à cheval sur deux mondes : celui d’avant l’ordinateur portable - il écrit au stylo et met ses textes au propre à la machine à écrire - et celui de la TV qu’il a, par contre adopté, à l’envi ( du moins, il en donne l’air). Conservatisme et modernité paradoxales. Virtuosité, toutefois, dans l’usage des instruments qu’il adopte. Avec du travail derrière : l’homme n’est pas le dilettante qu’il joue. Mais un joueur sûrement !

[3] Archive sonore en libre accès à la Bibliothèque nationale de France ( sur les postes multimédia).

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