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Yannick Haenel, Chroniques d’avril 2022

Charlie Hebdo

D 27 avril 2022     A par Albert Gauvin - C 2 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Jean Eustache et « L’Odyssée »

Yannick Haenel

Mis en ligne le 6 avril 2022
Paru dans l’édition 1550 du 6 avril

Parmi les passions que j’égrène depuis plus de six ans, au fil de cette chronique, afin de les partager avec vous, il y a L’Odyssée d’Homère et La Maman et la Putain (1973), le chef-d’oeuvre de Jean Eustache (1938–1981), toujours introuvable en DVD, où les visages de Jean-Pierre Léaud, Bernadette Lafont et Françoise Lebrun sont inoubliables.

Quel rapport entre Eustache et L’Odyssée  ? me direz-vous. Eh bien, ce rapport a un nom : Sylvie Durastanti. Elle est traductrice, elle a écrit trois scénarios pour Jean Eustache et un roman, son premier, qui est une réécriture de L’Odyssée du côté de Pénélope, la femme d’Ulysse.

Cet étonnant roman, Sans plus attendre, paraît aux éditions Tristram, accompagné, chez le même éditeur, de Nous Deux roman-photo, passionnant petit volume qui regroupe deux des scénarios qu’elle a écrits pour Eustache, dont Un moment d’absence, jamais tourné, qui se révèle, à la lecture, un prodigieux texte de littérature.

Le trésor d’un Ulysse absent

Imaginez une chambre, un lit, imaginez la nuit. Un homme gît dans son sommeil, il est entouré de ses « machines », télé, magné­toscope, répondeur téléphonique, avec ses voyants lumineux rouges et verts. Une bouteille de bourbon roule à côté du lit bas. Partout des VHS. « Je suis absent », dit le répondeur tandis que l’homme dort.

« Un homme mène enfin une existence rigoureusement médicale », écrit Sylvie Durastanti : s’enfermer dans son propre dispositif de solitude, devenir le négatif de soi-même, radicaliser Proust, est-ce la magie de l’absence  ? Le texte rappelle par instants Rose Poussière et Télex n° 1 de Jean-Jacques Schuhl, grand ami d’Eustache  ; il devait être lu, comme une litanie mortuaire, tandis qu’aurait été filmée la chambre de ce dormeur d’un val perdu. Sa nuit blanche est passée au-delà du pont de l’aurore : à force d’absence, le temps se donne à vide.

À LIRE AUSSI : Archives du CNC : la cinémathèque Seveso

Tout aussi fascinant, l’autre scénario, Nous Deux roman-photo, une continuité dialoguée plus belle, plus déchirante que la plupart des romans d’aujourd’hui, continue à sa manière La Maman et la Putain : un couple se fait et se défait dans les mêmes cafés de Montparnasse, dans les mêmes chambres. « Le sexe est métaphysique, c’est là que tu places l’âme » : il est toujours 3 heures du matin sur ces durs Polaroid de l’amour.

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Au milieu de ce roman-ciné, il y a une fontaine intérieure, celle du jet d’eau du hammam de la Mosquée, où deux femmes sirotent un thé à la menthe. Moment de suspension dans un monde de violence masculine, qui résonne avec L’Odyssée et sa réécriture féminine par Sylvie Durastanti : dans Sans plus attendre, on descend au cellier, où l’odeur de résine, l’or, le métal des armes et les jarres de vin composent le trésor d’un Ulysse absent et d’une Pénélope qui écrit tous ces textes : on est soudain au coeur d’une paix qui est le vrai sens de l’écriture et de l’amour.


L’Humanité, 20 avril 2022.
ZOOM : cliquer sur l’image.
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Flash-back

Didier Morin Nous nous sommes rencontrés à la suite du dossier que j’ai constitué dans l’avant-dernier numéro de Mettray, consacré à La Maman et la putain de Jean Eustache. Vous aviez vu le film à l’époque ?

Philippe Sollers Non, je ne l’ai pas vu à l’époque, mais je l’ai revu récemment, à la télévision. J’ai été ébloui, absolument ébloui.

D.M. Le monologue de Françoise Lebrun, à la fin...

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Ph.S. Absolument. Qu’est-ce qu’il a senti ? Qu’est-ce qu’il a réussi à faire ? À capter, comme pratiquement personne d’autre, sauf Hitchcock dans Les Oiseaux avec Tippi Hedren, ce qu’il en est réellement de l’hystérie féminine. C’est-à-dire, il a attendu. C’est un film merveilleux, parce que vous vous rappelez qu’on fume beaucoup, ça boit tout le temps, y compris dans ce fameux monologue, et que c’est extrêmement fort d’avoir laissé tourner jusqu’à ce que l’actrice se décompose sous vos yeux. Une présentation de malade, à laquelle même Lacan n’aurait pas rêvé d’arriver. Donc c’est très fort, ça suppose une lucidité et une impassibilité particulières. C’est un chef d’oeuvre. Moi qui n’aime pas le cinéma. Parce que je m’en fous, que c’est trop long et que j’ai tout de suite compris de quoi il s’agit, sauf Hitchcock dont je peux revoir indéfiniment tous les films, plan par plan, pour savoir ce que c’est un type qui pense ce qu’il est en train de faire. Vraiment, c’est un très grand film.

Lieux et Formules (entretien pour la revue Mettray, 2014)

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Le lingot et le foulard de Duras

Yannick Haenel

Mis en ligne le 13 avril 2022
Paru dans l’édition 1551 du 13 avril

Il y a une chose qui me fait rire, dans les Lettres retrouvées (1969–1989) de Marguerite Duras et Michelle Porte qui viennent de paraître aux éditions Gallimard, c’est l’histoire du lingot. Duras aimait téléphoner, elle appelait le soir tard, vers 23 heures, et ça pouvait durer des heures. « Il y avait des blancs – de grands blancs », raconte son amie réalisatrice Michelle Porte : Duras ne parlait plus, il se passait presque cinq minutes, il ne fallait pas raccrocher, elle était là, la conversation pouvait reprendre à tout moment.

Et donc, Duras avait acheté un lingot d’or. Dans ce livre passionnant, drôle, rapide, Michelle Porte raconte que le soir, au téléphone, Duras lui donnait des nouvelles de son «  lingot en placement » : « Je savais s’il avait perdu 30 centimes  ; et si le lingot avait gagné 20 centimes, c’était la joie  ! Ce lingot, c’était une inquiétude quotidienne pour elle. »

Mais on apprend aussi – ce qui rend la légende de son avarice plus complexe – que Duras paya pendant des années les impôts de ses amis, par exemple Robert et Monique Antelme.

Vous voyez, le récit ne s’arrête jamais, nous sommes les narrateurs de cette irrésistible vie tendre et foireuse qui fait le fond de l’existence  ; et même Duras, si dévouée au désert de l’écriture, était enveloppée dans la continuelle matière du prosaïque, d’où naissent pour chacun les sourires, les embrouilles, les étonnements qui formeront les anecdotes.

À LIRE AUSSI : Pas dormir, écrire, boire trop

En lisant le beau livre de Colette Fellous Le Petit Foulard de Marguerite D. (éd. Gallimard) – lui aussi consacré à ­Duras –, on est embarqué dans la délicatesse d’une amitié littéraire. On glisse dans les « régions claires de l’écriture », comme les appelle Duras, où la poésie donne à un petit bout de soie l’immensité d’un pays : « Mon visage, écrit Duras, est devenu une chose incertaine entre la soie et la mort. »

Ça commence doucement, avec un foulard léopard tacheté noir et blanc, et voici le deuil noir de toute vie, voici le barrage de palétuviers qui veut arrêter l’océan.

Il y a donc des foulards, il y a des lingots  ; et dans l’étincelle des détails se cache le secret des émotions. Quand on aime les écrivains, on est ému par la moindre information qu’on recueille sur leur vie. Tout de Duras me fait rire et pleurer. Pareil pour Proust et pour Kafka, ces champions du chagrin, ces inconsolables solitaires entièrement voués à leurs phrases. À la fin, alors que le monde se décompose dans une flaque de sang, que reste-t-il  ? La littérature, l’amour. Les deux ne faisant qu’un. La politique est morte, les événements du monde nous tuent, mais les écrivains sont pris dans la continuité d’une émotion qui, à un moment ou un autre, vous donnera tout. Vous aimerez follement le foulard de Duras, vous adorerez la littérature, c’est-à-dire l’amour lui-même.

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La victoire de la grossièreté

Numéro spécial cauchemar : la dystopie Le Pen

Yannick Haenel

Mis en ligne le 20 avril 2022
Paru dans l’édition 1552 du 20 avril

Et si Marine Le Pen remportait l’élection présidentielle ? Le temps d’un numéro, Charlie imagine la dystopie que serait un mandat RN.

Marine Le Pen est présidente de la République. Je n’imaginais pas écrire un jour une telle phrase, je n’imaginais pas écrire un tel texte. Je suis si peu habitué à écrire ce nom que j’ai dû m’y reprendre à trois fois : Lepen, LePen, Le Pen.

En étant incapable de tracer le nom le plus prononcé de la vie politique française, j’ai bien conscience de manifester une dénégation : je ne voulais, je ne veux pas savoir. J’associe en effet Marine Le Pen, et le nationalisme d’État qu’elle représente, à la grossièreté. La grossièreté ne se réduit pas à une forme d’incorrection, elle relève du ravage, c’est-à-dire de la destruction : elle est ce qui se libère lorsque la pensée abdique.

La grossièreté, c’est le reflux gastrique de l’intelligence, la syncope qui ne peut pas s’écrire : elle est le refoulé de tout discours – le rot de la politique.

Ne vivons-nous pas à l’intérieur d’un lapsus  ? Le modèle démocratique français tel que la Ve République en a établi l’usage était parvenu à péremption, mais on l’a laissé pourrir d’élection en élection : ainsi a-t-il accouché de son reste monstrueux.

À LIRE AUSSI : Le cadavre chaud de 20h01

Marine Le Pen n’est pas le contraire de la démocratie à la française, comme on se le raconte un peu trop facilement pour s’exonérer de la faute de s’être laissé posséder : elle en est la version grossière. Elle en exprime la violence illégale : n’était-ce pas déjà son démon qui arrêtait les enfants sans papiers sous Sarkozy et qui énucléait les « gilets jaunes » sous Macron  ? Elle incarne très exactement ce qui dans le dérapage continuel des politiques en France vise à diviser, exclure, éliminer.

On surenchérissait d’excès, on renforçait l’intolérable, et voici qu’on expie cette violence en légitimant le pire. Car toute indignité se paie, toute autorité s’expie : c’est une loi imprescriptible. Quarante ans d’abus politiques auront donc mené à cette simplification de la politique que j’appelle la grossièreté : pas le règne de l’absence de limites, mais celui de l’absence de honte. La violence sans complexe de l’extrême droite a été accréditée, qu’ils en assument la responsabilité ou non, par les présidents successifs qui n’auront fait, à travers leurs politiques inégalitaires et leur violation des droits individuels, que rendre le régime démocratique français perméable à l’abjection. Ils auront tous permis, et pas seulement par leurs petits calculs électoraux, mais par la décomposition du travail démocratique lui-même, l’accession d’un parti postfasciste au pouvoir, un parti qui incarne leur part inavouable d’infamie, qui la concentre en l’affirmant : la souillure que révèlent depuis plusieurs décennies les penchants criminels des démocraties occidentales s’incarne désormais en toute liberté sous le nom de Marine Le Pen.

La création d’un ministère de l’Identité nationale sous Sarkozy n’avait-elle pas servi de test pour donner crédit à cette aberration conceptuelle désormais au pouvoir : l’identité  ? Car quel autre programme est-il proposé par Marine Le Pen, sinon le fantasme de nous gouverner au nom de l’Identité Nationale, c’est-à-dire à rebours de toute pensée – et contre l’Histoire  ?

À LIRE AUSSI : Un pays dirigé par un âne et Kafka

Marine Le Pen est présidente de la République. On l’a autorisée, on l’a encouragée, si bien que les Français ont fini par voter pour elle. Tout était insupportable, et maintenant c’est pire. Qu’y a-t-il de pire que ce qui est insupportable  ?

Soyons logiques : les conditions requises pour faire la révolution sont réunies. Il est l’heure de reprendre la rue et de renverser la domination politique. Il est temps de refuser notre asservissement : ni Le Pen ni les autres. Plus aucun nom.

Abolissons la Ve République.

Et moi, et moi, et moi... (positions)

Avant...

1. Le Président de la République Emmanuel Macron élève Julia Kristeva à la dignité de Grand Officier de la Légion d’Honneur.
Ce n’est certainement pas le Président de la République qui a eu le temps d’écrire ce discours qui suppose, par sa précision, une excellente connaissance de la biographie et des écrits de Kristeva, cette étrange "étrangère" comme disait Barthes. Sa mise en ligne ici, maintenant, rappelle ce qu’il faut entendre : que ce discours n’aurait pas pu être PRONONCÉ ni, bien sûr, pensé ou écrit, par un(e) candidat(e) d’extrême-droite à la présidence de la République.
Je rappelle cette évidence à toutes celles et ceux, parfois des ami(e)s, qui, piètres stratèges mais forts de leur RESSENTIMENT à l’égard du pouvoir en place, ne sont plus capables — à l’image de l’extrême gauche allemande des années 30 considérant qu’un social-démocrate ne valait pas mieux qu’un fasciste — de faire la différence entre la droite néo-libérale et son penchant historiquement AUTORITAIRE et une authentique extrême-droite à figure ô combien souriante, maternelle, mais en fait RACISTE, POUTINIENNE ET TOTALITAIRE. A bon entendeur, salut ! 18 avril, 20h02.

2. Je lis dans Libé : « Les gens regardent le débat de l’entre-deux-tours comme un match de foot ». Ils ont sans doute raison. Mais comme je regarde peu les matchs de foot qui me lassent car les buts sont trop rares et les matchs nuls trop nombreux, je me contenterai du résumé sur la chaîne L’équipe. De toute façon, mon choix est fait, comme les jeux. Donc, ce soir, lecture, ça repose et ça stimule à la fois (l’inverse de la télé). 20 avril, 19h58.

3. VILLES. Guernica 1937 (co-production italo-germanique, auteur : Franco), Dresde 1945 (co-production : United States Army Air Forces/Royal Air Force), Hiroshima et Nagasaki 1945 (auteur : Little boy/Truman), Vukovar 1991 (auteur : Milošević), Grozny 1999 (auteur : Poutine), Mossoul 2014 (auteurs : multiples), Alep 2016 (co-auteurs : Assad/Poutine), Marioupol 2022 (auteur : Poutine)... Liste non exhaustive... 21 avril, 21h50.

Après...

4. "Ce n’est qu’un début, le combat continue !" Air connu, mais toujours d’actualité. C’est reparti pour un tour, qui ne sera pas qu’électoral, quel(le) que soit le/la Premier(e) ministre : Mélenchon (déjà postulant) ou, à titre transitoire, Elisabeth Borne (très présente sur les plateaux ce soir). On verra, sans illusions, les leçons que chacun tirera de la période écoulée (à entendre les premières interventions, langue de bois, des uns et des autres, c’est mal barré). Tout porte à croire que le prochain film s’apparentera à un remake de "Le bon, la brute, le truand". Bref un duel à... trois (rare dans les westerns). L’important, à mes yeux, même si beaucoup de gens, aux propos très franco-français, semblaient ne pas s’en soucier : Poutine, en perdant une alliée qu’il rêvait au pouvoir, a perdu des points ce soir, on ne peut que s’en réjouir. Mais le pétainisme idéologique, virus sans couronne, bien masqué (il se revendique même de De Gaulle !), n’a pas reculé, au contraire, et il y a toujours la guerre en Ukraine, donc en Europe. Elle va durer. On ne devrait pas l’oublier. A.G., 24 avril, 21h58.

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Tu trouveras une île

Yannick Haenel

Mis en ligne le 27 avril 2022
À paraître dans l’édition 1553 du 27 avril

À l’heure où vous lisez ces lignes, on en a fini avec l’élection présidentielle. Ne me parlez plus de Le Pen ni même de Macron : ils font erreur sur la politique. Celle-ci devrait être le lieu le plus vivant de la parole qui pense – c’est-à-dire une réflexion sur le possible de la communauté – et vous avez vu ce qu’ils en font : des consignes de crise et des instructions crapuleuses – ressentiment postfasciste pour l’une, impunité néolibérale pour l’autre.

Il y a une urgence intellectuelle à réveiller la parole politique, c’est pourquoi je vous invite à lire L’Argument du rêve, de Muriel Pic, publié aux excellentes éditions indépendantes Héros-Limite.

À LIRE AUSSI : Macron réélu : Putain 5 ans !

Le livre se présente comme un recueil de poèmes qui dialoguent avec des photos d’archives en noir et blanc : c’est, dit Muriel Pic, un « oratorio photographique en vers libres  ».

Vous me direz : des poèmes pour résister à l’infamie  ? Des ­archives pour refonder une liberté  ? Oui. Brecht ne le faisait-il pas  ? (Relisez L’ABC de la guerre.) Un poème – une « élégie documentaire », comme l’appelle Muriel Pic – est une proposition critique d’existence qui revitalise le langage. La poésie n’est pas coupée de la société, elle lui résiste, voilà tout : elle est devenue l’unique lieu où se conteste la réduction du langage à son utilisation.

La platitude binaire est en train de nous dévorer planétairement : voici au contraire des nuances qui sont des actes, voici des « appels à comprendre  », des condensations fulgurantes qui nous détachent des perceptions figées.

Les archives choisies par Muriel Pic sont des images de pensée : elles stimulent l’élaboration d’une mémoire en avant. Photos qui documentent la bataille d’Okinawa (avril-juin 1945) – « les militaires japonais ont ordonné aux civils/de se suicider durant la bataille d’Okinawa » –, photos qui réveillent le regard de poètes sur l’île de Patmos, qui illuminent la vie de nudistes allemands (merveilleuse nudité d’Ingeborg Boysen tapant à la machine en espéranto dans une prairie).

À LIRE AUSSI : Il faut danser masqué

Une humanité de poètes anarchistes, de nudistes heureux et de réfugiés en quête d’un gilet de sauvetage habite ces poèmes : «  Ah  ! Splendide innocence des corps politisés  !  » Les innocents sont les seuls témoins, mais comment leur donner voix  ? Par le « souffle ­retenu », par l’attention aux coquillages, par «  la vibration des choses/dans la journée nouvelle  ».

Lorsqu’on dit « adieu aux magazines et au commerce », on plonge dans l’étendue, comme la nymphe nudiste de la couverture : l’âme et la matière sont enfin indiscernables. La littérature, l’amour, l’éthique sont une même chose. Et les atomes qui dansent entre les archipels vous invitent à « flotter nus dans le flux du temps  ». Voici donc une vraie parole politique : « Chacun est l’infini par les autres/et l’infini n’est qu’une seule communauté. »

LIRE : Muriel Pic : « Je suis ouverte à toutes les hantises »

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2 Messages

  • Albert Gauvin | 19 juin 2022 - 23:04 1

    Signes des temps
    Épisode du dimanche 19 juin 2022 par Marc Weitzmann

    A l’occasion de la ressortie en salle du film de Jean Eustache "La maman et la putain", en version restaurée. Comment la cruauté ambigüe de ce film éclaire les relations entre les sexes d’hier à aujourd’hui.

    avec : Lucie Borleteau (réalisatrice), Jean Narboni (Historien, théoricien et critique de cinéma), Charlotte Garson (Rédactrice en chef adjointe des Cahiers du cinéma).

    En savoir plus

    Film mythique, long, libre et cruel, La maman et la putain de Jean Eustache, grand prix du Jury au festival de Cannes de 1973 ou il fit scandale, et invisible depuis des décennies ressort en salle ce mois juin en version restaurée grâce au producteur Charles Gillibert. Fausse comédie de mœurs, contrepoint acide à la nouvelle vague, et réel diamant noir du cinéma français, ce film ancré dans son époque est pourtant un signe des temps. Pourquoi gagne-t-il a être vu aujourd’hui ? Pas seulement parce qu’on y retrouve une certaine culture des cafés parisiens, mais parce qu’on y retrouve une certaine manière attentive de se parler, une certaine façon pour les hommes et les femmes de se chercher, de se rencontrer, de se rater et de se faire souffrir, qui résonne avec les questions actuelles mais de manière peut-être moins codifiée, plus ambigüe, plus risquée et du coup plus sincère. Une certaine liberté aussi, dans la manière de faire des films, à un moment ou le cinéma, et plus généralement l’art, découvre sa modernité et entrevoit sa fin prochaine.

    Les invités du jour

    Marc Weitzmann reçoit
    Lucie Borleteau, actrice - Les vies rêvées de Naomi Grand -, réalisatrice - Chanson douce, d’après le roman de Leïla Slimani- et productrice
    Charlotte Garson, rédactrice en chef adjointe aux Cahiers du cinéma.
    Jean Narboni, historien, critique de cinéma.

    La maman et la putain de Jean Eustache, version restaurée, en salle le 8 juin 2022

    Dossier sur le film dans Les cahiers du cinéma - numéro de mai - et entretien avec Françoise Lebrun - numéro de juin -

    VOIR ICI


  • Albert Gauvin | 8 juin 2022 - 12:41 2

    Restauration de « la Maman et la Putain » : « J’ai eu le sentiment d’accéder à quelque chose qui n’avait jamais été filmé »

    A l’occasion de la restauration de l’œuvre de Jean Eustache, entretien croisé entre Françoise Lebrun, qui interprétait Veronika dans le film culte, et l’actrice Nadia Tereszkiewicz, révélation de ce Festival de Cannes, enthousiasmée de l’avoir découvert sur grand écran. LIRE ICI.

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