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OUIGHOURS dans les camps de rééducation de Xi Jinping

La société de contrôle en marche. Dopée à la techonologie & l’IA

D 7 décembre 2019     A par Viktor Kirtov - C 5 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Mao avait fait un grand usage des « camps de rééducation politique », mais son successeur Xi Jinping y a aussi recours, à grande échelle : plus de 1 million de Ouighours, seraient détenus dans ces camps nouvelle génération de l’ère Xi Jinping, soit près de 10/% de la population Ouighour.

Conjonction d’événements médiatiques ces dernières semaines pour mettre les Ouighours dans l’actualité occidentale, cette minorité chinoise de la province de Xinjiang, trois fois grande comme la France, au nord-ouest de la chine. Depuis deux ans, la Chine a intensifié sa campagne de répression. Les média en faisaient état de ci, de là. une nouvelle chassant l’autre, jusqu’au coup de tonnerre, la divulgation par le New-Yotk Times, le 17 novembre 2019, repris par Libération, de documents secrets officiels, accréditant les faits. Et une semaine plus tard, en partenariat avec le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), Le Mondeet 16 médias internationaux dévoilaient en détail le fonctionnement de la répression des Ouïgours par le régime chinois. Ces informations ont été obtenues par la fuite de documents secrets de Pékin. Documents dénommés les « China Cables » ou encore les « Xinjiang papers ».

En même temps que le député européen Raphaël Glucksmann et Dilnur Reyhan présidente de l’Institut des Ouighours d’Europe adressaient une lettre ouverte au président de la République avant son voyage en Chine, pour y rencontrer Xi Jinping. Sujet épineux qu’il n’a pas abordé directement avec le président chinois, mais relayé quelques jours plus tard par son ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.


Raphaël Glucksmann et Dilnur Reyhan présidente de l’Institut des Ouighours d’Europe
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L’enquête / Ouïghours : les camps de la honte

Après un long silence, la France a appelé cette semaine la Chine à cesser la “détention arbitraire de masse” des Ouïghours, cette minorité musulmane de la province du Xinjiang, dans le nord ouest du pays.

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Sous prétexte de lutte contre le radicalisme islamique, les Ouïghours de Chine sont détenus de force, torturés et violés, depuis des années et dans une relative indifférence internationale. Reportage avec les Ouïghours qui se battent ici, en France, pour faire entendre leur voix et protéger leurs familles menacées en Chine. Et on va le voir, même à des milliers de kilomètres, ils sont surveillés de près par le régime chinois... C’est une enquête signée Yohan Malka et Medhi Rondeleux.

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VISIONNEZ CETTE VIDEO
Si vous n’êtes pas déjà sensibilisé au fait Ouighour, votre regard devrait en être changé.
Et Xi Jinping au sourire débonnaire qui cache, en fait, un rictus de fermeté impériale, du nouvel empereur chinois, initiateur de « la plus vaste campagne d’internement dans le pays depuis l’ère Mao ».

« Le plus grand internement de masse au monde insiste Raphaël Gucksmann, qui poursuit :

pas pour ce qu’ils ont fait,

Mais pour ce qu’ils sont

Et on leur demande de renoncer à ce qu’ils sont :

A leur religion

A leur identité

Et à leur langue,

Alors peut-être pourront-ils suvivre ? »

Ouïghours opprimés dans le Xinjiang : « Soyez sans pitié », a dit Xi Jinping

La relation de Laurence Defranoux dans Libération du 17 novembre 2019

Même l’univers paranoïaque et hypercontrôlé du Parti communiste chinois n’est pas à l’abri d’une trahison. Les documents fournis au New York Times par un lanceur d’alerte chinois, et mis en ligne [samedi 16 novembre 2019 ]par le quotidien américain, apportent de nouvelles preuves de l’immense campagne de détention et de persécution des ethnies musulmanes du Xinjiang, une province de l’ouest de la Chine. Depuis des années, quelques chercheurs et médias étrangers, comme Libération, collectaient des données, recueillaient des témoignages, tentaient de contourner la censure phénoménale et les mensonges de Pékin sur le sujet. Ces documents, 96 pages de discours inédits du président Xi Jinping 102 pages de discours de cadres du parti, 161 pages de directives et de rapports sur la surveillance des citoyens et 44 pages d’enquêtes internes, éclairent enfin « la façon dont la machinerie cachée de l’Etat chinois a mené à bien la plus vaste campagne d’internement du pays depuis l’ère Mao », selon les termes du New York Time.

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« Outils de la dictature »

Le premier enseignement est que le président chinois lui-même a lancé le projet en avril 2014, un an après son arrivée au pouvoir, après une série d’attentats meurtriers menés par des extrémistes ouïghours, ethnie locale majoritaire qui compte environ 11 millions d’habitants. Dans un discours à des cadres du parti, il les appelle à «  lutter contre le terrorisme, l’infiltration et le séparatisme » en utilisant les « outils de la dictature » et en ne montrant « absolument aucune pitié », et les exhorte à étudier les méthodes employées par les Etats-Unis après le 11 septembre 2001. Sous prétexte de neutraliser une frange d’extrémistes islamistes, Xi Jinping pose les bases du contrôle de tout un peuple : « Pour assurer la stabilité dans le Xinjiang, il faut une vaste campagne de surveillance et de collecte de renseignements pour éliminer la résistance dans la société ouïghoure. » L’objectif est d’étouffer dans l’œuf toute velléité d’indépendance de cette région rattachée tardivement à la Chine, qui mettrait en péril l’unité du pays.

En quelques années, des sommes énormes vont être dépensées pour créer une société totalitaire digne du roman 1984 de George Orwell : caméras, drones déguisés en pigeons, reconnaissance faciale, collecte des données biométriques de tous les citoyens, bébés et vieillards compris (ADN, iris, empreintes, voix, sang…), surveillance des communications et des déplacements… Mais les bonnes vieilles méthodes ne sont pas abandonnées pour autant. Les Ouïghours sont soumis à des interrogatoires musclés, à la résidence surveillée, la séparation des familles, l’endoctrinement des enfants, au harcèlement de la police –y compris sur le sol français, comme l’a démontré Libération dans plusieurs enquêtes. Au Xinjiang, porter une barbe ou refuser de boire de l’alcool devient un signe d’extrémisme musulman, puni de lourdes années de prison, par des tribunaux inféodés au Parti communiste chinois. Comme le résume Xi Jinping dans un des documents : « Pour nous, communistes, mener une guerre du peuple devrait être naturel. Nous sommes les meilleurs organisateurs possible. »

L’arrivée d’un haut fonctionnaire, Chen Quanguo, à la tête de la région en août 2016, marque une montée en puissance de la répression, qui s’apparente à un véritable génocide culturel. En trois ans, selon le chercheur allemand Adrian Zenz, au moins 1000 « camps de rééducation politique » sont construits. On estime qu’entre 1 et 3 millions de Ouïghours sont passés par les camps, ou s’y trouvent encore, victimes de lavage de cerveau, de punitions, de travail forcé. Pékin a nié leur existence avant de les baptiser « centres de formation professionnelle ». Dans les documents qui ont fuité, Xi Jinping ne donne pas expressément l’ordre d’enfermer à grande échelle la population. Mais il approuve l’intensification des programmes d’endoctrinement dans et hors des prisons : « Il faut que les criminels soient rééduqués et transformés. Et même après leur libération, leur éducation et leur transformation doivent continuer. »

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« Virus de l’extrémisme religieux »

Pour mener à bien cette répression impitoyable, la propagande est un outil crucial. Un guide donne aux fonctionnaires les réponses à donner aux étudiants ouïghours qui, en rentrant chez eux pour les vacances, découvrent que leur famille, grands-parents compris, a disparu : « Quel que soit l’âge, tous ceux qui ont été infectés par le virus de l’extrémisme religieux doivent être soignés et mis en quarantaine avant que la maladie ne se répande. […] Vous devez être reconnaissants aux autorités d’avoir éloigné vos proches. »

Cette fuite massive de documents sensibles, qui provient sûrement d’une source haut placée, confirme que la dictature de Xi Jinping rencontre des résistances au sein du Parti communiste. On y apprend aussi que 12000 enquêtes internes ont été menées au Xinjiang sur des cadres suspectés d’infractions à « la lutte antiterroriste », et que Wang Yongzhi, un haut fonctionnaire qui craignait que la surpopulation « ne favorise les conflits et accroisse le ressentiment », a été puni pour avoir relâché 7000 personnes des camps.

« Ne craignez rien si les forces hostiles [les pays démocratiques, ndlr] gémissent ou si des forces hostiles dénigrent l’image du Xinjiang », disait Xi Jinping à ses cadres il y a cinq ans. Durant des années, ils ont pu réprimer sans entraves, la communauté internationale, Etats-Unis exceptés, profitant de l’absence de preuves officielles pour éviter d’affronter la Chine sur le sujet. Avec ces révélations, le silence va être plus difficile à justifier.

Laurence Defranoux
Libération, 17 novembre 2019

Chine : Ouïghours, un peuple en danger – ARTE Reportage

Une bonne synthèse :

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LA SOCIETE DE CONTROLE EN MARCHE
Dopée à la technologie et l’Intelligence Artificielle

(Titre de pileface)

Par Harold Thibault et Brice Pedroletti
Le Monde, 25 novembre 2019

Enquête Une appli sur les smartphones des fonctionnaires fait remonter toutes les informations sur chaque membre de la communauté, et déclenche des placements en prison.

Pour établir un contrôle total de la population ouïgoure, les autorités chinoises s’en remettent aux nouvelles technologies et tentent d’installer une base de données exhaustive de suivi des individus. Dans ce gigantesque fichier de filtrage d’une population entière – la « plate-forme intégrée d’opérations conjointes » –, chaque personne se voit attribuer un « commentaire ». Ceux qui sont négatifs envoient en camp d’internement, où au moins 1 million de personnes seraient retenues, selon des estimations prudentes d’organisations non gouvernementales, reprises par l’ONU.

Quatre bulletins internes émanant du chef de la sécurité de la région du Xinjiang, Zhu Hailun, obtenus par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), mettent en lumière l’utilisation du big data pour ratisser au plus large et envoyer une part importante de la population ouïgoure en détention. Les policiers font remonter les informations détaillées sur chaque individu, puis la plate-forme liste des milliers de noms de personnes à interner chaque semaine, sans que l’on sache si la décision relève de l’évaluation d’officiels ou de l’utilisation d’algorithmes.

Les directives datent du mois de juin2017, alors que la campagne « Frapper fort contre le terrorisme violent », lancée quelques mois plus tôt par un nouveau secrétaire du Parti communiste chinois pour la région du Xinjiang, Chen Quanguo, prend toute son ampleur.

Sur une semaine seulement, du 19 au 25 juin 2017, la base de données « notifie » aux autorités locales 24412 noms de « personnes suspectes » dans quatre préfectures du sud du Xinjiang. Conséquence directe, 15683 sont envoyées dans des centres dits « d’éducation et de formation », tandis que 706 sont « détenues pénalement », c’est-à-dire probablement destinées à la prison. Enfin, 2096 feront l’objet d’une « surveillance préventive ». Malgré ces chiffres accablants, le chef de la sécurité de la région, Zhu Hailun, fait le constat de défaillances qui expliquent que certaines personnes, dont le nom est sorti, n’ont pas été localisées.

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Les détails de la vie de chaque Ouïgour

L’existence de ce système avait déjà été révélée, en février2018, par l’organisation de défense des droits humains Human Rights Watch. Une application permet de nourrir et de consulter la base de données. Elle est installée sur les smartphones des policiers, des fonctionnaires locaux, des représentants d’entreprises étatiques et même des enseignants, qui sont tous chargés de répertorier les informations sur chaque membre de la communauté ouïgoure.

L’application permet de comparer les photos d’identité pour améliorer la reconnaissance faciale

L’application a été décortiquée par Human Rights Watch dès mai2019. C’est parce qu’il faut l’abreuver des moindres détails de la vie de chaque Ouïgour que les agents posent tant de questions intrusives lorsqu’ils font des descentes dans leur foyer : les moyens de communication employés pour échanger avec des membres de la famille vivant à l’étranger, les détails des compteurs d’eau, de gaz et d’électricité, le groupe sanguin, l’intensité de la foi religieuse, d’éventuels pèlerinages à La Mecque non déclarés, la couleur du véhicule, une liste détaillée des proches et de leurs activités, les mouvements à l’intérieur du pays et les déplacements à l’étranger, ou l’utilisation d’appareils pour faire de l’exercice physique.

L’application permet de comparer les photos d’identité pour améliorer la reconnaissance faciale. Elle détecte les réseaux Wi-Fi alentour et leur niveau de protection. La base de données renseigne également les passages aux checkpoints qui se sont multipliés dans la région, les numéros de comptes bancaires, les comptes sur les réseaux sociaux… En outre, tout l’historique de navigation des individus peut être surveillé, ainsi que toutes les applications qu’ils ont téléchargées.

« N’importe qui peut se retrouver en camp à n’importe quel moment », explique Vanessa Frangville, professeure à l’Université libre de Bruxelles

En rassemblant ces éléments, les autorités chinoises ont mis en place des listes de personnes ouïgoures selon leur niveau de fiabilité. Le nombre de raisons pour lesquelles quelqu’un peut être considéré comme non fiable s’est accru, au point que les descentes de police ont commencé à avoir lieu de manière non ciblée. « On s’est mis à arrêter à peu près tous les hommes entre 20 et 60 ans, en particulier dans les régions du Sud, sans nécessairement avoir collecté l’ensemble des données et sans les avoir analysées. Et on a donc commencé à voir les personnes disparaître », explique Vanessa Frangville, professeur d’études chinoises à l’Université libre de Bruxelles.

Le fait de jeûner, la prière, le refus de boire de l’alcool, le refus de fumer des cigarettes, qui peuvent être assimilés à des pratiques religieuses, sont devenus des motifs pour être arrêté. Tout comme posséder plusieurs couteaux dans sa cuisine, ou être vêtu trop large ou trop caché, énumère Mme Frangville : « A ce stade, on peut dire que n’importe qui peut se retrouver en camp à n’importe quel moment. »

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Filtrage

Les policiers s’intéressent aussi à l’utilisation d’applications jugées suspectes, notamment les messageries. Le but apparent est de verrouiller les échanges des Ouïgours, tant avec le monde extérieur qu’au sein de leur communauté, et de pouvoir garder un œil sur toutes les communications internes. « Depuis le 1erjanvier [2017], par le renforcement des blocages réseau, la suppression des logiciels néfastes, l’ajustement des modèles d’identification et le renforcement de mesures strictes, etc., nous avons réduit avec succès les communications intérieures et avec l’étranger », se félicite Zhu Hailun, dans l’une de ses directives aux échelons inférieurs.

« Les autorités pensent qu’il vaut mieux ramasser toute la botte de foin au cas où il y aurait une aiguille dedans », analyse Maya Wang, chercheuse chez Human Rights Watch

Cette « campagne 913 », comme elle a été nommée en interne et est évoquée dans les directives, a rendu suspects tout une série d’usages d’Internet, par exemple WhatsApp, qui permet d’échanger avec des membres de la famille à l’étranger. « On part du problème d’une conception très vague de ce qui relève du terrorisme, élargie au point de cibler les personnes du seul fait qu’elles ont des contacts à l’étranger, explique Maya Wang, chercheuse spécialisée sur la Chine au sein de Human Rights Watch. C’est exactement ce qu’il se passe dans une société où il n’y a pas d’Etat de droit. Les autorités pensent qu’il vaut mieux ramasser toute la botte de foin au cas où il y aurait une aiguille dedans. »

Le big data permet un égrenage grossier de pans entiers de la minorité ouïgoure, avant un filtrage par des mois de détention, hors de tout cadre judiciaire. Une formule employée par Zhu Hailun, à la tête de la commission politique et légale du Xinjiang, en dit long sur ce basculement : « S’il n’est pas possible pour le moment d’éliminer la suspicion, il est nécessaire de placer en formation concentrée [dans des camps] et d’approfondir l’évaluation et le suivi. » Or, tout est devenu motif de suspicion.

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Détention par défaut

Une application, en particulier, pose problème aux autorités chinoises car elle permet le partage de fichiers d’un smartphone à l’autre sans passer par le très surveillé réseau d’Internet, en utilisant uniquement le capteur Wi-Fi. Elle se nomme « Kuai Ya » en chinois, mais est disponible sous un autre nom, « Zapya », depuis l’étranger. Elle est devenue très populaire dans des pays où le faible débit du réseau rend difficile le téléchargement, par exemple le Pakistan ou la Birmanie.

Les bulletins obtenus par l’ICIJ révèlent que, sur une année, entre juillet2016 et juin2017, les autorités chinoises ont identifié 1869100 Ouïgours usagers de Kuai Ya. Or, parmi eux, elles ont dénombré 40557 personnes qui se sont par ailleurs vu accoler des « commentaires » négatifs dans la base de données. Dont 3925 imams non officiels, 5576 personnes qui leur sont « associées », ou encore 594 personnes proches d’individus qui sont partis à l’étranger et ne sont plus rentrés au pays depuis un moment. Conséquence : un placement en détention par défaut.

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Traque hors des frontières

Dans un article publié en décembre2018, Le Monde avait déjà détaillé comment un Ouïgour, un informaticien quadragénaire pour une société d’Etat dans la capitale régionale, Urumqi, avait été envoyé à deux reprises en camp de « triage » des éléments néfastes pour avoir utilisé Kuai Ya, avant d’être repêché par son employeur qui avait besoin de lui.

Enfin, la possibilité de se rendre à l’étranger et d’en revenir obsède les autorités. La « plate-forme intégrée d’opérations conjointes » se révèle particulièrement utile pour interpeller les individus qui entrent dans le pays ou en sortent. Les directives révèlent que la base de données est nourrie en connexion directe avec les ambassades et consulats chinois à l’étranger. Elles confirment ainsi la politique actuelle de traque des Ouïgours hors des frontières.

En juin2017, la plate-forme avait permis d’identifier 1535 personnes ayant obtenu la nationalité étrangère, mais qui ont ensuite demandé un visa chinois auprès des ambassades, ou encore 4341 noms d’Ouïgours ressortissants chinois ayant obtenu une autorisation de sortie du territoire. Dans leur cas, comme en atteste le document ci-dessous, il faut faire appel aux « forces de maintien de la stabilité à la base » et à la « défense conjointe par dix foyers », une campagne de surveillance mutuelle de voisinage, et les combiner « en série » avec la base de données. « Le contrôle douanier doit être effectué manuellement pour s’assurer qu’ils sont arrêtés aussitôt qu’ils passent la frontière » dès lors que « la suspicion de terrorisme ne peut être exclue ».

Six Ouïgours installés en France, en Allemagne et en Turquie ont déjà raconté au Monde, en mars2018, comment leur mère ou autres proches, visiblement sous la menace et la peur d’être détenus, les pressent de rentrer au pays, et comment ceux qui ont rendu visite à leurs proches sont arrêtés.

Un Ouïgour, toujours de nationalité chinoise mais vivant en France, expliquait : « J’ai peur d’aller directement en prison et d’être torturé si je rentre. Les autorités chinoises sont persuadées que la mentalité des Ouïgours sortis du pays a été contaminée », même si lui s’était bien gardé de fréquenter les exilés militant pour une plus grande autonomie. « Plus personne n’est hors du radar », déplorait-il.

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5 Messages

  • Viktor Kirtov | 15 février 2022 - 11:56 1

    De 2019, date de l’article ci-dessus à 2022, la Chine de Xi Jinping continue la persécution des Ouighours et adresse un pied de nez au reste du monde à l’occasion des JO 2022 en faisant allumer la vasque olympique, par la ‘’Ouïghoure Dinigeer Yilamujiang, une obscure skieuse de fond, inconnue du grand public, alors que ce sont habituellement des stars du sport qui sont retenues pour ce geste symbolique.

    Ce choix apparaît comme un pied de nez aux pays occidentaux, Etats-Unis en tête, qui ont choisi de boycotter diplomatiquement les JO de Pékin, invoquant des violations des droits de l’Homme au Xinjiang (nord-ouest), région où l’ethnie musulmane ouïghoure est majoritaire.

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  • Albert Gauvin | 9 décembre 2019 - 12:01 2

    En complément à ce dossier sur la politique répressive des dirigeants chinois à l’égard des Ouighours, on peut lire Sanubar Tursun : la voix des Ouïghours libérée.
    Quant au détenteur du prix citron, je me permets de lui signaler mon article Charlot déprime qui s’efforçait de cerner les contradictions du mouvement des gilets jaunes et les représentations auxquelles il a pu donner lieu. Pour plus d’échos, se reporter aussi à l’index du mot.


  • Viktor Kirtov | 8 décembre 2019 - 19:43 3

    Votre diatribe commençait bien mais elle s’égare dans vos « coupé-collé » hors de propos :

    « vos jugements à l’emporte-pièce sur les gilets jaunes qui ne font que réclamer de la justice sociale. » dites- vous .

    Sauf que cet article ne mentionne ni gilets jaunes, ni a fortiori, jugements sur eux !

    « Et tout ça parce que, pensez-vous, ce sont des incultes donc pour vous indéfendables… » poursuivez-vous.

    Je ne vous autorise pas à penser pour moi. Procès d’intention non fondé, puisque je suis obligé de me répéter, il n’y a ni mention de gilets jaunes, ni jugements sur eux dans cet article.

    Tout ceci décrédibilise quelque peu votre propos.

    Même si ces événements sont loin de France, leur ampleur soulignée dans la presse internationale, sans égale depuis l’époque Mao, et la publication des « Xinjiang Papers » - un « génocide culturel » - comme mentionné par certains méritait de trouver place sur ce site qui s’intéresse à la Chine depuis ses débuts, et a même créé une rubrique spéciale à cet effet intitulée « A l’heure de la Chine » qui accueille cet article..


  • André Citron | 8 décembre 2019 - 13:41 4

    C’est fou de s’intéresser à la barbarie quand elle est au loin et fermer les yeux sur celle chez nous. La violence d’État jamais vue pour la plupart contre les gilets jaunes, tabassages et mutilations d’innocents dans l’indifférence générale sans qu’aucune condamnation ne tombe est une honte et votre silence pesant vous sera très certainement reproché par les générations futures ainsi que vos jugements à l’emporte-pièce sur les gilets jaunes qui ne font que réclamer de la justice sociale. Plus de 10 000 gardés à vue, plusieurs centaines condamnés à de lourdes de peines de prison...
    Et tout ça parce que, pensez-vous, ce sont des incultes donc pour vous indéfendables alors qu’un qui donne les ordres de défoncer le crâne des manifestants, comme il a lu Proust ou je ne sais qui et écoute Mozart, est une bonne personne !
    Je ne me fais pas d’illusion sur mon commentaire qui va sans doute passer à la corbeille sans avoir été publié.


  • PIERRE STALVES | 7 décembre 2019 - 20:23 5

    Merci pour ce dossier très intéressant sur les ouïghours du Xinjiang. N’en doutons pas, "Soyez sans pitié" est prononcé par d’autres de nos maitres moins diserts en France, mais tout aussi remplis d’entrain masqué (voire Guy Debord). Je vous proposerai peut-être bientôt un dossier sur l’agriculteur peut-être suicidé qui a élevé le porc à l’ananas servi par Mme Kristeva au maestro Sollers un soir d’été à Ré, sur le policier de banlieue où j’habite qui affronte les flammes du vivre-ensemble jour après jour, ne parlons pas des infirmières, des enseignants en zone ravagée (quasi-pléonasme), etc, etc. Tout ça commence à sérieusement rapprocher de la France les souffrances et horreurs extrême-orientales, et à faire des dizaines de milliers de morts tus, ici aussi. Tous solidaires. Un sollersien, Pierre.