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Pascal Boulanger : extraits de ses Carnets 2016-2018

D 8 février 2019     A par Viktor Kirtov - C 1 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Avec l’aimable autorisation de l’auteur, nous vous présentons quelques extraits de ces carnets. La sélection est notre propre choix qui n’engage que nous. Qui dit sélection dit troncature, c’est pourquoi nous vous invitons à lire l’intégrale qui, seule, traduit toutes les dimensions de l’univers de Pascal Boulanger. Rencontre avec la poésie, la littérature, la philosophie, la peinture, un art de vivre, un art d’être.

V.K.

Nota : les sous-titrages et soulignements ont été ajoutés par nous, dans le cadre de cette publication sur écran.

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Le veilleur, Véronique Peyle
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Les photos de Véronique Peyle sont des captures du vide. […]
La scène est à la fois révélée et gommée, le dehors
n’est alors que le reflet halluciné du dedans. Il s’agit bien
de déposer l’instant de l’événement (son absence) et de
le prolonger éternellement.

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Diverses sont les lignes de vie. Comme le sont les routes, les
formes des montagnes. Ce que nous sommes, Dieu l’achèvera
là-haut dans la paix, l’harmonie et l’éternelle grâce.

Hölderlin

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On ne lira pas, dans ces carnets, de confidences, de
confessions, de dévoilements intimes, ou encore d’aveux
puisque je n’ai jamais cédé à la tyrannie de la transparence
et de l’indiscrétion. On ne lira que des incises,
des réminiscences de lectures, des détournements, des
greffes, des échos qui parlent et qui parlent au-delà de
ma propre vie anecdotique.

*

l y a une parole insignifiante qui domine et qui
pense que l’on peut dire et écrire sans être confronté au
silence et au néant. Il y a une autre parole qui laisse surgir
l’épiphanie, là où les choses prennent figure, en gardant
la bonne distance. Le visible, en effet, ne reçoit d’hommage
bienveillant que par l’accueil qu’un retrait ménage.

*

GUILLAUME APOLLINAIRE

J’ai conservé mon recueil Alcools de Guillaume
Apollinaire, celui qui m’accompagnait quand j’avais
une vingtaine d’années, dans mes déambulations parisiennes…
La poésie, les musées, les muses, les bars ; je ne connais pas d’autres écoles.
Zone restera le long poème que je lisais et récitais sans
cesse : A la fin tu es las de ce monde ancien / Aujourd’hui tu
marches dans Paris les femmes sont ensanglantées / C’était
et je voudrais ne pas m’en souvenir c’était au déclin de la
beauté. Et ceci, qui résonne étrangement à nos oreilles
sourdes : Seul en Europe tu n’es pas antique O christianisme.
J’étais sans un sou et pourtant très heureux… Rimbaud,
Lautréamont, Apollinaire, Breton, Reverdy et aussi Pleynet,
Sollers et Debord que je découvrais à la même époque ;
ces maîtres ne savaient-ils pas lire, écrire et vivre ?

*

GILLE DELEUZE

Parmi les penseurs modernes, Gilles Deleuze m’a
sensiblement appris (sur l’immanence en extension,
par exemple). D’abord, grâce à ses écrits sur Bergson,
Nietzsche et Spinoza, ensuite pour ses incises, et notamment
celle-ci qui m’a toujours fait penser à Kafka et à
son approche, de biais, du réel : Les artistes ont souvent
une toute petite pensée fragile, ce n’est pas à cause de leurs
maladies ni de leurs névroses, c’est parce qu’ils ont vu dans
la vie quelque chose de trop grand pour quiconque, de trop
grand pour eux, et qui a mis sur eux la marque discrète de

la mort. (Dans : Qu’est-ce que la philosophie ?).

*
Heidegger, pour qui un Dieu qui parle est un non sens absolu, a pour l’incarnation un refus absolu.
*

JULES VERNE

Dommage que le livre Le pays des fourrures de Jules
Verne soit difficilement trouvable car cette prose sait saluer
la beauté :
Laisse venir avec ses glaces gigantesques, sa fourrure de
neige, ses tempêtes hyperboréennes, ses aurores boréales, ses
constellations splendides, sa longue nuit de six mois, et tu
comprendras alors combien l’oeuvre du Créateur est toujours
et partout nouvelle. […]

*

PIERRE BOUTANG

Je suis loin de saisir la totalité de Ontologie du secret
de Pierre Boutang, mais quand j’ai l’impression de comprendre
sa pensée, je suis éclairé, comme dans ce passage
où il déconstruit/construit à partir des notions de « surveiller
 » et de « veiller-sur » :
Qui, sauf l’homme du ressentiment, s’indigne ou s’irrite
que l’on veille sur lui ? Mais qui aime être surveillé ? Surtout
que l’on veille sur moi à mon insu, c’est tendresse et amour ;
le monde chrétien, et d’autres anciens mondes, étaient pleins
d’anges veillant ainsi ; le nôtre, déchristianisé, est encombré
de surveillants.
L’affirmation de la méthode (cette science du singulier)
est une veille, avant Boutang, Rimbaud le savait :
Petite veille d’ivresse sainte… Et si les poètes et les saints
savaient donner, chaque jour, leur vie entière, c’est la surveillance
générale de la technique qui aujourd’hui sait
prendre et confisquer nos vies entières, faisant de nous
des hommes mangés par l’ennui et pire encore par le loisir
et le festif.

*

Ce ne sont évidemment pas mes bons professeurs de
lycée ou de fac (Paris VIII Vincennes), sartriens, communistes,
socialistes ou encore trotskistes, qui m’ont
informé sur Charles Maurras et Pierre Boutang. Ils
n’avaient rien lu de leurs ouvrages sinon la propagande
mensongère habituelle. Il se trouve que j’avais pris, dès
mon adolescence, très au sérieux l’affirmation de Rimbaud
 : Le combat spirituel est aussi rude que la bataille
d’hommes.[…]

*
Vieillir c’est perdre. Accepter de vieillir c’est accepter de perdre.
*

Je lis quelques pages de Mémoire de fille d’Annie Ernaux
 : que de misérables petits tas de secrets, que de
complaisances sociologiques et psychologiques, que de
concessions à la platitude !

*

SAINT AUGUSTIN

J’ai puisé, chez les poètes et les théologiens, notamment
chez Saint Augustin et son concept « d’extensio »,
l’excès nécessaire pour vivre et cet excès s’inscrit dans le
présent éternel de toutes choses.
Jusqu’à présent je suis ma route, jusqu’à présent je progresse,
jusqu’à présent je marche, jusqu’à présent je suis en
chemin, jusqu’à présent je m’étends, je ne suis pas encore
parvenu. Donc, si toi aussi tu marches, si tu t’étends et si tu
penses à ce qui est à venir, oublie le passé, ne te retourne pas
pour regarder vers lui, ne demeure pas là où tu t’es retourné
pour regarder.

*

CHAGALL

Le chandelier et les roses blanches du peintre Chagall…
S’agit-il de fêter Hanouka, la fête des lumières ?
C’est probable, la présence ici du chandelier à sept
branches le montre. Chagall écrit, en 1932 : Les fleurs ?
Je ne peux pas les voir mourir et je les mets sur la toile et
ainsi, elles vivent un peu plus longtemps.
Un peintre ou un poète est celui qui fait vivre un peu
plus longtemps le surgissement épiphanique du temps.

*
La distance aristocratique (Nietzsche), voilà ce que le spectaculaire et le festif – la post-histoire – ne supportent pas.
*

SUR FRANCOIS HOLLANDE

On lit ce genre d’inepties, sous la plume d’un professeur
au Collège de France (le lugubre Pierre Rosanvallon)
Le thème du « président normal » était l’expression d’un
désir de démocratisation, de rendre le pouvoir moins lointain.
François Hollande a réussi sur ce point en termes que je
dirais comportementaux et psychologiques. C’est un homme
direct et chaleureux, sans arrogance : on le sent plutôt proche
des gens.

Vraiment ? Les sans dents apprécieront.

*

JACQUES HENRIC : Boxe

A propos de Jacques Henric : Boxe, Seuil, coll. Fiction Cie.
D’où ça part l’existence, d’où ça part l’écriture ? ça
part d’un combat, vieux comme le monde, d’une dissonance,
d’une sensation de vide, d’une interruption,
d’un fondement ou d’une substance qui se perd, d’un
blanc, d’un court-circuit de la conscience, d’un handicap
et d’un défi, d’un ring , d’une arène et d’une nuit
entière à échanger des coups, comme Jacob et l’Ange. […]

*
L’erreur n’est pas de n’avoir rien accompli, l’erreur est d’avoir tremblé.
*
La différence corporelle de l’homme et de la femme, ce luxe fabuleux m’éblouit Gilbert Lely, OEuvres poétiques (La Différence).
*

LAUTREAMONT ET PASCAL

Le détournement de citations, de situations – le situationnisme
– est une formidable méthode de combat
symbolique réinventée par Lautréamont.
J’écrirai mes pensées avec ordre, par un dessein sans
confusion. Si elles sont justes, la première venue sera la conséquence
des autres. C’est le véritable ordre (…) Je ferai trop
de déshonneur à mon sujet si je ne traitais pas avec ordre.
Je veux montrer qu’il en est capable.
Ce texte de Lautréamont – pour qui l’ordre est un
désordre heureux – répond à celui-ci de Pascal :
J’écrirai ici mes pensées sans ordre et non pas peut-être
dans une confusion sans dessein. C’est le véritable ordre et
qui marquera toujours mon objet par le désordre même. Je
ferais trop d’honneur à mon sujet si je le traitais avec ordre
puisque je veux montrer qu’il en est incapable.

*

LA FÊTE A MICHEL HOUELLEBECQ

D’après Michel Onfray, dont les compétences en
philosophie (et surtout en poésie !) sont vérifiables, Michel
Houellebecq serait le plus grand poète vivant ! Je
cours vérifier dans ma bibliothèque et déniche ce Rester
vivant (Flammarion) dédicacé et je lis, au hasard, ce fabuleux quatrain :

Les gens s’en vont, les gens se quittent / Ils veulent vivre un peu trop vite / Je me sens vieux, mon corps est lourd / Il n’y a rien d’autre que l’amour.

Bien, je vérifie quand même une seconde fois :

Je te hais, Jésus-Christ, qui m’a donné un corps / Les amitiés s’effacent, tout s’enfuit, tout va vite / Les années glissent et passent et rien ne ressuscite / Je n’ai pas envie de vivre et j’ai peur de la mort.

Mais pas question de jeter à la poubelle cette poésie
sublime ! D’après un ami libraire, mon petit volume
dédicacé à mon nom vaudrait déjà dans les 150 euros !

*

Comptons sur le spectacle pour nous vendre ces Cahiers
de l’Herne consacrés à Houellebecq… Le spectacle
(y compris littéraire) adore la mise en scène du négatif,
c’est même sa raison d’être.
Récit plat, complaisant avec le nihilisme (identification
pathologique), poésie d’ado rebelle… l’oeuvre
d’Houellebecq est celle d’un domestique au service de
l’industrie prospère du nihilisme passif. Or, j’ai toujours
pensé que l’écriture n’était pas la domestique du réel
mais sa force de transformation symbolique. Les postures
de cet écrivain sur la post-modernité, sur l’islam
etc. me sont plutôt sympathiques mais ses récits/miroirs
spéculent trop sur la misère globale (sur la misère sexuelle
surtout et qui révèle toujours les embarras d’une époque)
pour me séduire.

*

SUR LA POESIE

Rimbaud, Mallarmé… Deux corps, deux souffles,
deux dépenses qui s’opposent et se complètent dans la
matrice monde, la matrice écriture. Mallarmé, c’est : qui
accomplit l’écriture intégralement se retranche. Rimbaud,
c’est : qui accomplit l’écriture intégralement
flambe toutes les richesses. Le dégagement chez Mallarmé
demeure bourgeois, le poète ne devant envoyer,
que de temps en temps, sa carte de visite aux vivants
– stances ou sonnets – pour, précise Mallarmé ne point
être lapidé d’eux, s’ils le soupçonnaient de savoir qu’ils n’ont pas lieu.
Le dégagement chez Rimbaud est un déchirement
sans prudence, un départ brutal accompagné d’un
silence radical, un cri qui suit l’écrit dans l’inouï.

*

Racheter le temps, les poètes ne font que ça. Ils rétablissent
la continuité du temps et du salut, ils rendent
grâce à la grâce, face à l’immense panorama de crimes
que présente l’histoire du monde. Et ils le font en écrivant
ou en se contentant d’aimer muettement le surgissement
de la beauté.

*

VOUS AVEZ DIT LACANIENS ?

Je lis de plus en plus de lacaniens… Ne sont-ils pas
les seuls à comprendre que nous sommes passés de la
névrose (liée au refoulement) à la perversion (avec l’absence
de surmoi individuel et collectif ) ? Cette absence
de surmoi se vérifie dorénavant partout : dans les services
publics, les commerces, dans les rues et au bureau.
Plus personne n’accepte de patienter et tout le monde
désire être assisté et servi immédiatement. Ce qui résiste
devient insupportable pour le bébé/adulte en addiction.
Nous avancerons que ce qui a été aujourd’hui étouffé,
c’est la place du transcendantal. Et par là même, l’exception,
l’interstice, la faille, la fente, la fêlure, l’hiatus, la lézarde,
la négativité… Tous ces mots désignent ce qui ne colle pas.

(Jean-Claude Lebrun : La perversion ordinaire, Champs essais).

*

CATHOLICISME

Pourquoi j’apprécie tant le catholicisme de la
Contre-Réforme ? Parce que l’incarnation est une poésie grandiose…

Le sang qui baigne le coeur est pensée. (Empédocle)

*

MARCIA MARQUEZ RAMBOURG ET LES AUTRES

Márcia Marquez Rambourg s’impose comme l’une
des poètes les plus singulières de notre extrême contemporains […]

Nota : Découvrez dans l’intégrale, les mots que lui consacre Pascal Boulanger, ainsi que la suite sur Paul Claudel, Pasolini, Pierre Reverdy, Léon Bloy, Artaud, Bernanos, Kierkegaard, Marcelin Pleynet qu’il salue souvent, Jan Van Ruysbroeck, Henri Deluy le poète et grand contributeur à la Revue Action poétique dont l’histoire nous est contée, Céline bien sûr, les poèmes de Claude Minière :

« Le savoir poétique est une fouille, son souffle est porté par celui des dieux et son chemin ne trace pas une ligne droite :

mon parcours décrit un arc précise Minière. »

Aussi :
« La pierreuse douceur de Pierre Jean Jouve… la tension
du vers et de la conscience dans les douleurs de
l’amour. Les pages de son Diadème en édition de poche
se détachent. »

Ou encore, Pierre Le Coz, Georg Trakl, « sans aucun doute un des poètes, avec Rimbaud, qui m’aura le plus marqué, et parmi ses
poèmes, De profundis me semble être un des plus bouleversants ».

Egalement, Henri James, Pasolini encore, Albert Camus, Dante,
Cervantès et De Gaulle ? « Des réalistes de l’imaginaire. »

Ou bien : « le mystère d’une vie comme celle de Marthe Robin… », Hannah Arendt, Guy Debord encore, Arnaud le Vac dans la jeune génération.,

mais aussi sur Jean-Luc Mélenchon, « Macron, notre nouveau Président, ou la scalpation à visage humain… » et bien d’autres…

*

La plus haute vengeance est de vivre bien.
Lettre de Guy Debord à Gianfranco Sanguinetti

*

BAUDELAIRE

J’ai de redoutables pulsions baudelairiennes depuis
une semaine… Allez savoir pourquoi ! Je me surprends
à réciter ceci : Le français est un animal de basse-cour, si
bien domestiqué qu’il n’ose franchir aucune palissade. Voir
ses goûts en art et en littérature. Ceci aussi : Les nations
n’ont de grands hommes que malgré elles. Et encore : Il n’y a
de gouvernement raisonnable et assuré que l’aristocratique.
Monarchie ou république basées sur la démocratie sont également
absurdes et faibles. Enfin : La croyance au progrès
est une doctrine de paresseux (j’avais placé, en 2001, cette
dernière phrase en exergue à mon livre Tacite, Flammarion

*

CATHERINE MILLET

Dans l’usage du faux qui caractérise désormais notre
actualité, il est réconfortant de lire un récit qui exprime
la vérité d’un excès. Jour de souffrance (Flammarion) qui
a été publié sept ans après le succès de La vie sexuelle
de Catherine M., propose une radiographie précise et
méticuleuse du gouffre amoureux. Une femme se regarde,
sans concession, et fait face à la douleur du négatif
– ici la jalousie – et chaque mot sonde une traversée,
chaque phrase travaillée par l’introspection, cogne
contre un espace-temps mis en croix.
Tâtonnement intérieur, crise, doute, suspicion, surveillance…
la jalousie opère dans le champ de l’imaginaire
et quand les sensations vécues se murent dans
des conflits intimes et dans la logique folle des passions
tristes, quand l’hostilité envers soi-même et envers l’autre
se déploie avec acharnement et à chaque instant, nous
sommes bien en enfer.
Enfer et aussi plaisir à se couler dans les stéréotypes
de la femme trompée et humiliée. Une des forces de ce
livre est de montrer l’enchaînement implacable d’un huis
clos qui dissocie les sensations de chaque protagoniste.-
… [la suite dans l’intégrale]

*

JULIEN GREEN

Jacques Maritain à propos de Julien Green :
Mon admiration pour la dureté de ces beaux contours
pascaliens enfermant je ne sais quel tremblement de détresse
et le sentiment de me trouver soudain en face d’une âme
exceptionnellement profonde me firent désirer de rencontrer
l’auteur.
“Tremblement de détresse… âme exceptionnellement
profonde”, on savait se tourner admirablement
vers l’autre à cette époque, je doute qu’il en soit de même
à l’heure du virtuel.

*

SOLLERS épinglé par Pascal Boulanger

Beaucoup d’incises en profondeur musicale dans les
lettres de Sollers à Dominique Rolin (Gallimard), ceci
par exemple : Nous ne pouvons pas entrer dans le malheur
car le malheur est une infirmité de la main dans la possibilité
du dehors. Or, nous sommes dehors ( ) Et puis,
des bassesses, des fautes de goût, des paresses, ceci par
exemple et à propos de Bernanos : Tu me dis Bernanos
HumSacré 19e début 20e, c’est vraiment la mort
tassée partoutJe regarde un peu en passantIl fallait
vraiment que Freud vînt ( ). Si seulement Sollers avait
pris la peine de lire Bernanos et pas seulement un peu
en passant (sic), et pris la peine aussi de lire Bloy, on lui
pardonnerait tout !

*

Mais aussi le retour aux sources, puisque qu’’à la fin du recueil, Pascal Boulanger confie :

C’est en 1983 que Sollers publie Femmes. Et c’est à
cette date que je lis cette mise à mort de la mort.
J’en reprends aujourd’hui la lecture, avec le même
enchantement… Plus de trente après, cette chronique
métaphysique a encore gagné en lucidité et en sagacité.
( ) regard des hommes apeurés, épuisés, dérangés à
chaque instant, féminisés, débilisés, racornis, enjupés, domestiqués,
maternisés, mammas mollesLes voilà payeurs
porteurs, chauffeurs, bricoleurs, débardeurs de la connerie

sans fin et sans faille.. Asphyxiés au bain-marie, perfusés
dans l’insignifiance, la glu de l’aménagement permanent
Familles, je ne vous hais même pas, ce qui serait encore une
façon de vous désirer par la bande, de croire à votre secret, ce
qui ne peut plus intéresser que la naïveté homo attardée
Les mères, les homos malgré leur rivalité apparente, ce sont
qui dirait les kapos du camp invisible, ils s’entendent ( ).

*

LA FIGURE DU CHRIST

Le Christ pleure - sauf erreur - à trois reprises. Quand
son ami Lazare meurt puis en entrant à Jérusalem vouée
à la destruction et enfin à la veille de sa Crucifixion, au
mont des Oliviers, pleurant ainsi sur sa propre Passion,
puisqu’il sait que dorénavant, et jusqu’à la fin des temps,
tout drame sera en lui.

*

MA FAMILLE

Je suis issu d’une famille nombreuse : Baudelaire,
Rimbaud, Claudel, Léon Bloy, Péguy, Pasolini, Louis Calaferte […]

*

De même que nous tissons et détissons au cours des jours
la trame de nos corps, dont les molécules font ainsi la navette,
de même l’artiste tisse et détisse son image.
Joyce dans Ulysse.

*

J’ai toujours eu une vision solaire et matérialiste du
catholicisme. La Contre-Réforme baroque, sinon rien.

*

Je me souviens, qu’au génial Prédicateur qui écrivait :
A chaque jour suffit sa peine, le philosophe Clément Rosset
répondait : A chaque jour suffit sa joie.

*

Tous mes livres (sauf ceux qui sont dédicacés, et ils
sont nombreux) sont soulignés et annotés. Il est alors
amusant de les relire 20 ou 30 ans plus tard…
Dans Le secret de Philippe Sollers (acheté et lu
en 1992) j’avais notamment souligné ceci : droits de
l’homme en surface, virements bancaires sous la table ou
encore ceci  : Ils aimeraient tellement qu’on soit là “pour”.
Qu’on existe et qu’on agisse “pour”. Qu’on pense en fonction
d’eux et “pour”. Tu dois refuser, et refuser encore. Non, non
et non. Ce que tu sais, tu es le seul à le savoir.
Je rêve de construire un livre logique qui ne serait
que citations explicites d’écrits qui auront marqué ma
propre écriture… comme, du reste, l’a fait Sollers lui-même
qui, d’après ses dires, a intégré la totalité des Poésies
de Lautréamont. Dans Tacite que je publie en 2001,
les citations implicites sont nombreuses.

*

Le passé n’éclairant plus l’avenir, l’esprit marche dans
les Ténèbres
Tocqueville.
Phrase célèbre et de plus en plus actuelle.

*

Pas un mois ne passe sans que je ne relise des pages
du Journal (Pléiade) de Claudel…

*

Reçu une très belle lettre de Jean-Pierre Lemaire,
après sa lecture de mon anthologie poétique, qui se
conclue ainsi :
( ) J’ai aussi beaucoup appris de votre entretien avec
Gwen Garnier-Duguy : il montre l’ampleur des expériences
affectives, sociales, littéraires que vous avez traversées pour
en tirer un miel poétique ; et l’intégration que vous en faites
dans vos poèmes est d’autant plus remarquable.
Intégrer les données du réel dans un dispositif
chant/critique a été et demeure mon idée fixe.
Dois-je ajouter que Jean-Pierre Lemaire, avec Marcelin
Pleynet et Claude Minière, est d’après moi le meilleur
poète de notre extrême-contemporain ? J’ai eu l’occasion,
dans un numéro de NUNC, d’exprimer mon profond
attachement à sa poésie.

*

Lors de son procès, on demande à Jeanne d’Arc si elle
croit en la grâce de Dieu. Elle répond souverainement :
Si je n’y suis que Dieu m’y mette, et si j’y suis que Dieu m’y tienne.

L’anonyme greffier n’a pas pu s’empêcher de noter
dans la marge : responsio superba.

oOo

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publié le 22 janvier 2019.

188 pages
Editeur : Librairie éditions Tituli

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