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ODON. Spirales contrariées

D 30 décembre 2015     A par Viktor Kirtov - C 2 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Débutons 2016 sous le signe de la spirale avec l’exposition
« Odon. Spirales contrariées » à la galerie Dutko, Paris, jusqu’au 10 février 2016.


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ODON

Peintre expressionniste (né au Mans en 1940) et peignant des visages prisonniers d’entrelacs, Guy Houdoin devient Odon en 1997. Ce pseudonyme d’Odon fait référence à l’abbé clunisien Odon et au nœud (nodus, nodo) à l’origine de son travail de tressage débuté en 1976 et poursuivi après un arrêt cardiaque qui l’a obligé à tout réapprendre.

Les belles enroulées


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Les plus belles spirales d’Odon jouent sur le déséquilibre. Elles sont désaxées et s’enroulent comme des escargots. Elles semblent vouloir rejeter sur le côté leur chevelure épaisse. Elles rayonnent lorsqu’elles ont de l’espace autour d’elles comme à la chapelle de la Salpêtrière en 2000 ou à la chapelle du musée de Cahors en 2013.

Exposition « Odon. Spirales contrariées » à la galerie Jean-Jacques Dutko, Paris, jusqu’au 10 février 2016 (© Photo Guy Boyer).
Plus ICI… : https://www.connaissancedesarts.com/art-contemporain/dans-les-spirales-dodon-chez-dutko-1133483/
Et ICI… https://www.facebook.com/Galerie-Dutko-740650819312469/

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Entretien
Avec Laure Parny,
Le Parisien, 21 déc. 2015

C’est l’une des plus prestigieuses galeries d’art parisienne qui lui rend hommage. Les œuvres de l’artiste nogentais Odon ont envahi la galerie Dutko, sur l’île Saint-Louis, et y seront exposées jusqu’au 10 février. Une fierté pour l’artiste de 75 ans, qui n’en est cependant pas à son coup d’essai. Depuis 1985, les immenses tressages de celui que les critiques d’art disent « vannier mystique » sont exposés un peu partout, dans des églises, des musées, des galeries et même à New York à l’institut français de l’Alliance Française.

Êtes-vous heureux de cette si belle exposition sur l’île-Saint-Louis ?
Je suis ravi d’avoir enfin trouvé une galerie prestigieuse mais avec laquelle le contact soit si bien passé. Mes œuvres y sont bien mises en valeur, ce qui n’est pas toujours évident vu la taille qu’elles font et le fait qu’elles doivent pouvoir être vues des deux côtés.

Décrivez-nous votre atelier nogentais…


Nogent, le 15 décembre 2015. Odon, de son vrai nom Guy Houdoin.
(LP/Laure Parny.)
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J’ai acheté cette ancienne imprimerie en 1976, brut de décoffrage ! Nous y avons installé quelques pièces à vivre et j’ai pu garder cet atelier où je tresse environ 10 heures par jour. C’est un travail de passion et de patience. De 1976 à 1985 j’enseignais en même temps à Albert de Mun. J’ai déjà exposé au Carré des Coignard, mais les Nogentais ne me connaissent pas forcément.

Comment réalisez-vous ces œuvres de papier ?

J’utilise du canson ou du kraft en feuille ou en rouleau, que je peins moi-même, souvent dans l’une des couleurs primaires. Ensuite je tresse les bandes d’un mètre de long maximum, par 4, 8 ou 16 brins de papier, et j’ajoute des morceaux jusqu’à obtenir la taille voulue. Une œuvre prend deux mois en moyenne. Depuis mon accident cardiaque en 85, je suis hémiplégique du côté gauche alors mes œuvres sont tressées par la main droite et prennent la forme de spirale. Je passe aussi toutes mes soirées à dessiner et peindre des tressages.

Elles font penser à des mandalas ou à des attrape-rêves indiens…


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Je crois qu’en ayant le même objectif, celui d’amener au rêve, de s’éloigner du quotidien, on arrive à des résultats artistiques proches, tout simplement !

Exposition Spirales Contrariées, Galerie Dutko-Saint-Louis, 4, rue des Bretonvilliers, Paris IVe. Ouvert du mardi au samedi de 14 h 30 à 19 heures, sauf du 23 décembre au 4 janvier.

*

A propos de la lecture de Paradis filmée par Fargier

C’est l’image du « tourbillon », donc de la spirale, qui semble dominer l’imaginaire de Sollers

Par Catherine Chartrand-Laporte

Il [Sollers] veut donner au public « […] la sensation traumatique d’avoir été traversé par la voix » [1]. Il s’agit donc pour Sollers de transir le public, de la traumatiser, de l’hypnotiser, de l’amener à s’oublier, à s’abandonner complètement pour vivre une réelle expérience

La spirale et l’œil de Dieu
Ces vers de Gérard de Nerval [2] cités par l’astrophysicien Jean-Pierre Luminet, à l’occasion de son séminaire Physique des trous noirs au Collège de France [3] :
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"En cherchant l’oeil de Dieu, je n’ai vu qu’une orbite
Vaste, noire et sans fond, d’où la nuit qui l’habite
Rayonne sur le monde et s’épaissit toujours ;
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"Un arc-en-ciel étrange entoure ce puits sombre,
Seuil de l’ancien chaos dont le néant est l’ombre,
Spirale engloutissant les Mondes et les jours !

Outre la pendule, les hypnotiseurs se servent également de l’image d’une spirale pour hypnotiser un sujet. Et depuis Lois, c’est l’image du « tourbillon », donc de la spirale, qui semble dominer l’imaginaire de l’écrivain et c’est d’ailleurs de cette image dont il se sert pour décrire le rythme effréné dont procède son écriture, comme il le souligne : « l’essentiel pour moi, à ce moment-là, était d’atteindre un tourbillon de langue, une autre scansion signifiante qui fasse surgir massivement le poudroiement du sujet dans l’histoire  » [4]. Cette « scansion » est celle qui semble être recherchée par Sollers dans l’écriture de Paradis comme dans sa lecture, mais aussi dans les images vidéo qui défilent en arrière-plan dans la vidéo ou qui l’encerclent pendant ses performances « live ». Si le texte de Paradis et la façon dont Sollers le performe font en sorte que « [l]’écriture se trouve emportée dans un mouvement continu qui se solde par un effet d’accélération […] conférant au texte une sorte de mouvement perpétuel fortement rythmé » [5], la technique vidéo semble elle aussi être fondée en rythme, ce que fait remarquer Jean-Paul Fargier : « […] l’Art Vidéo n’est pas un genre. C’est un nombre. C’est un rythme. Une façon d’être de cette boule hérissée d’électrons » [6].

Catherine Chartrand-Laporte
Deux romans, des performances, une vidéo : Paradis de Philippe Sollers, des déclinaisons du réel

*

La spirale Paradis (suite)

A propos de Paradis, et d’une façon plus générale de l’écriture de Sollers, la figure de la spirale est évoquée par différents auteurs. En voici deux autres : Bouteba Riad dans un mémoire universitaire et Stéphane Zagdanski dans son essai « Sollers en spirale » :

Bouteba Riad dans son mémoire sur Paradis

Les premiers mots de Paradis présentent le thème majeur : voix, fleur et lumière :
« voix fleur lumière écho des lumières cascade jetée dans le noir chanvre écorcé filet dès le début c’est perdu  »

Au paradis comme dans Paradis, les voix et la lumière sont liées par le mot fleur, qui a un sens à la fois concret et figuratif (fleur de rhétorique). Ensemble, voix, fleur, et lumière constituent le premier accord du thème, le premier mouvement en spirale qui déclenche le langage de Paradis.

*

La lecture de ce Paradis, est une lecture en écho, l’infini est le sujet même du roman, la conception du temps paradisiaque éternel, prend la forme d’une écriture en spirale, elle revient toujours vers son point de départ, qui se situe infiniment ailleurs, ce qui explique le retour de la formule du début « voix fleur lumière », mais dans d’autres contextes.

Bouteba RIAD
Université de Constantine
Mémoire en vue de l’obtention d’un diplôme de Magister, 2010
Thème :« Lire l’infini, une lecture de Paradis de Philippe Sollers »

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Stéphane Zaddanski dans « Sollers en spirale »

« Le lecteur qui aurait le désir d’imiter le dernier geste du narrateur de Paradis serait bien inspiré de se rendre au très touristique Café Beaubourg, au cœur de Paris. À l’intérieur de la salle il pourra constater que les premiers mots de Paradis et les derniers de Paradis II ont été solennellement gravés sur l’un des murs, pétales pariétales rejaillies d’un livre muré ailleurs. Entre les lignes et d’une pierre à l’autre, une spirale s’est ouverte, manifestement destinée à ne jamais se boucler. »
Stéphane Zagdanski
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D’autres variations sur la spirale dans pileface : .

« Du chaos à la spirale » avec Michel Serres
« Torche olympique de Beijing, 2008
« Dead Sea » par Sigalit Landau (ou Le déroulement de la spirale)
La question de l’Infini in « Le rire de Rome
« Sollers en spirale » par Stéphane Zagdanski
« La symbolique de la spirale »

*

Notons aussi que la spirale est un mouvement fondamental inscrit dans la structure de l’univers et de la vie. La galaxie dans laquelle nous évoluons, la Voie lactée est une galaxie spirale et l’ADN à la base de toute cellule vivante a une structure spiralée dans sa double hélice support de notre patrimoine génétique..

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Spirale ADN Crédit(s) : Kenneth Eward/BioGrafx Scientific & Medical Images/Ovid, Michigan
oOo

[1Philippe Sollers, « Spectacle de la voix », art. cit., p. 23.

[2Le Christ aux Oliviers

[3le 23 novembre 2015

[4Jacques Henric, « H » (interview), dans Art Press, n° 3, mars/avril 1973, p. 17.

[5Philippe Forest, Philippe Sollers, Paris, Seuil, « Les contemporains », 1992, p. 206.

[6Jean-Paul Fargier, Où va la vidéo ?, Paris, Éditions de l’Étoile, « Cahiers du cinéma », 1986, p. 3.

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2 Messages

  • V. Kirtov | 2 janvier 2016 - 09:00 1

    Merci pour votre référence à Lacan et l’étrange ruban de Moebius qui en bouclant sur lui-même ne possède qu’une seule surface et un seul bord et dont la forme s’identifie au signe de l’infini.

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    Le ruban de Moebius a une seule face. Suivre le point rouge pour constater aussi qu’il n’y a qu’un seul bord. Crédit : Bernard Langellier

    Au rayon des étrangetés, on pourrait aussi citer les « attracteurs de Lorenz » qui ne sont pas sans analogie avec ce ruban de Moebius et le signe de l’infini (du 8 couché).

    Saisir le mouvement même du chaos, c’est ce à quoi s’attaqua un scientifique américain, Edward Lorenz (1917-2008), en proposant son modèle mathématique pour modéliser certains phénomènes météorologiques. (Il travaillait comme météorologue au Massachusetts Institute of Technology). Lorenz résout numériquement les équations et découvre, en 1963, ce qui a donné naissance à ce que l’on appelle aujourd’hui la Théorie du chaos. Le phénomène remarquable est qu’on ne peut pas prédire quand une trajectoire va passer d’un lobe à l’autre : il n’y a pas de périodicité, les mouvements ont l’air erratique alors que le système est déterministe : c’est ce qu’on appelle le chaos déterministe. Avec une grande sensibilité aux conditions initiales : une infime variation de ces conditions initiales produisant de grands changements à l’arrivée, ce que l’on a désigné aussi par l’effet papillon…

    (voir animation complète à partir du lien ci-dessous)

    Crédit : http://experiences.math.cnrs.fr/Modele-de-Lorenz.html


  • Vermeersch | 31 décembre 2015 - 09:56 2

    Gilbert Lascaux, dans le catalogue de l’exposition ‘’Nœuds et ligatures’’ (11 rue Berryer, 1983), écrit, à propos de Guy Houdouin : « Ses tressages sont hantés par l’image d’une bande de Mœbius ». L’alliance de la spirale et de l’unilatère implique en effet, dans l’acte, le passage par l’infini : le lieu du second point-sujet [Lacan, L. IX, leçon du 11 avril 1962].
    Ainsi l’artiste est-il guidé par un savoir qui ne se sait pas.


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Paradis Paradis Vidéo (J-P. Fargier) spirale VIDEO