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Julia Kristeva, histoires d’amour et de passerelles

Documentaire, collection "Empreintes"

D 17 octobre 2011     A par Viktor Kirtov - C 4 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


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Julia Kristeva, années Tel Quel

Le documentaire Empreintes suit pour nous l’écrivaine, psychanalyste et essayiste Julia Kristeva. Née en 1941 en Bulgarie, Julia Kristeva arrive en 1965 à Paris pour y rédiger sa thèse. Rapidement, elle intègre les milieux intellectuels, suit les cours de Roland Barthes et fréquente le groupe de la revue d’avant-garde Tel Quel. Elle y rencontre son futur mari, Philippe Sollers.

« L’amour est une illusion nécessaire » dit celle qui a beaucoup réfléchit et écrit sur l’amour. Elle nous l’explique.

« J’essaie de me construire dans les vagues du monde et de l’histoire. Je ne pense pas que j’aie un destin », confie aussi Julia Kristeva à la réalisatrice Teri Wehn Damisch qui la suit à travers les pays et les océans.

Écrit et réalisé par Teri Wehn Damisch

Produit par Cinétévé

"Toutes les histoires reviennent à parler d’amour", dit Julia Kristeva."L’amour des êtres dont je me soucie". De son père Stoyan et de sa mère Christine en sa Bulgarie natale, de la France qui est son pays et des Etats unis qui l’ont adoptée. De son fils David, de son mari l’écrivain Philippe Sollers. De sa vie intime qui est indissociable de son travail de psychanalyste et d’écrivain ; de son combat pour la liberté des femmes, l’accompagnement des personnes handicapées, la francophonie à réinventer. Elle en parle avec franchise, parfois avec colère. En toutes circonstance, Julia Kristeva ne cesse de traverser les identités et les frontières, en tissant des passerelles entre les amours, les disciplines, les engagements.

La réalisatrice tire un portrait fidèle de son amie, Julia Kristeva.

Entre les sphères privée et publique, l’écrivain révèle ses univers : le couple qu’elle forme avec Philippe Sollers dans leur maison de l’Ile de Ré et sa vie littéraire à Paris.

Ce portrait la fait sortir de l’icône intellectuelle et la révèle comme femme d’action dans la société.

La vie de Julia Kristeva est fondée sur une trinité : son père, son fils et son époux. Tous trois sont le fil conducteur de ce film...

diffusé sur France 5 le vendredi 07 octobre 2011.
*

Portrait d’une intellectuelle humaniste, dans la collection « Empreintes »

2 octobre 2011

Voici la façon dont Julia Kristeva se présente, face à une assemblée d’Américaines venues partager avec elle la difficulté d’« être une femme libre » : « Vous avez devant vous une citoyenne européenne, d’origine bulgare, de nationalité française, et qui se considère comme une intellectuelle cosmopolite. » Une humaniste féministe à la fois écrivain, linguiste sémiologue et psychanalyste, plus lue et reconnue par les chercheur(e) s américain(e) s que par le système universitaire français - à l’image d’un Roland Barthes ou d’un Michel Foucault -, et auteure d’une quarantaine de livres.

Arrivée en France dès 24 ans, fin 1965, mariée avec l’écrivain français Philippe Sollers, écrivant en français, Julia -Kristeva n’en ressent pas moins encore « un sentiment d’étrangeté  » au sein de la société française. Sa devise ? « Je me voyage »... dans la diversité des cultures, entre les disciplines de sciences humaines, à l’écoute de ses propres identités multiples. « Que faire d’autre dans cette vie sinon passer ses propres frontières ? », s’interroge-t-elle.

RICHESSE KALÉIDOSCOPIQUE D’UNE FEMME ENGAGÉE

Dense, riche de bout en bout, ce portrait de Julia Kristeva, signé Teri Wehn Damisch pour la collection « Empreintes », permet de percevoir nombre d’éclats de la richesse kaléidoscopique de cette femme engagée dans son siècle et explorant sa liberté. Détournée de toute croyance en une authentique révolution communiste après un voyage en Chine en compagnie de Sollers et de Barthes, Julia Kristeva devient psychanalyste, « freudienne », se livre à une écoute philosophique et littéraire du langage, dont elle devient une théoricienne ; c’est à elle que l’on doit le concept d’intertextualité, récemment usurpé par le journaliste Joseph Macé-Scaron qui assimilait ainsi plagiat et dialogue entre des oeuvres.

A ses réflexions sur le « génie féminin » de personnalités comme la philosophe Hannah Arendt, la psychanalyste Mélanie Klein ou l’écrivaine Colette, et sur ce que chacune apporte et transmet de manière singulière et spécifique, s’est ajoutée une recherche sur la maternité, sur les transformations qu’induit le fait d’avoir mis un enfant au monde.

Or, Julia Kristeva est elle-même engagée dans ce voyage en tant que mère, mère d’un enfant handicapé, aujourd’hui jeune homme, qu’elle s’est donné pour mission de rendre le plus libre possible. Ce qui l’amène ici à une réflexion sur l’exclusion du handicapé, toujours tolérée et même admise, et incomparable aux autres formes d’exclusion, « parce que ce type de déficit nous confronte à notre peur de la mort ».

Avant d’ajouter : « Un meilleur accompagnement de la personne handicapée dans sa vulnérabilité et sa créativité peut contribuer à un humanisme plus complexe, me semble-t-il. Du moins, c’est une de mes utopies.  »

Martine Delahaye

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La critique de Catherine David

NON MOINS QUE les « génies féminins » qui l’ont inspirée et que furent Hannah Arendt, Melanie Klein ou Colette, Julia Kristeva est inimitable,« impossible à cloner ». Sa réflexion sur la singularité de chaque destin est au coeur d’un travail de grande ampleur, à la fois littéraire et philosophique, qui touche à la politique et à la psychanalyse. Un travail qui traverse les frontières et les disciplines. Très loin de l’autofiction narcissique, « car ce qui m’intéresse c’est plutôt de faire éclater les miroirs, les certitudes et les identités ».

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Julia Kristeva, 2011
Patrick Zachmann/Magnum Photos

Celle qui a débarqué à Paris à 24 ans en venant de Bulgarie avec 5 dollars en poche est aujourd’hui romancière, linguiste et psychanalyste, couronnée par de grands prix internationaux, notamment le prix Holberg et le prix Vaclav Havel. Elle se défi nit non sans humour comme une « citoyenne européenne d’origine bulgare, de nationalité française et qui se considère comme une intellectuelle cosmopolite ». Elle remercie encore son père de l’avoir inscrite à l’école maternelle des dominicaines, où elle a appris le français en lisant Victor Hugo dans le pays où Cyrille et Méthode ont inventé, au IXe siècle, l’alphabet slave.
Dans les années 1960, dans le sillage d’amis nommés Barthes, Foucault, Lacan ou Derrida, sa rencontre avec Philippe Sollers et le groupe Tel Quel lui a permis d’entrer dans le siècle. « Pour une jeune fille puritaine, c’était l’ouverture des corps et des passions. » Avec jubilation, elle s’apercevait que la littérature pouvait penser. « Qu’est-ce qu’un coup de foudre qui dure ? », lui demande Philippe Sollers, toujours charmeur. Ensemble, sur une plage venteuse de l’île de Ré, ils s’efforcent de replier un parasol. A l’égard de leur fils David - « La grande passion de ma vie » -, ils partagent un sentiment de responsabilité « absolue, exorbitante, planétaire ». Dans la musique de ce très beau film de Teri Wehn Damisch, la présence de cet enfant vulnérable est comme ce petit pan de mur jaune qui fait vibrer la lumière.

Catherine David


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4 Messages

  • A.G. | 3 octobre 2014 - 10:49 1

    J’ai revu ce film cette nuit. Il est éclatant de vérité. Avec des moments rares. Ceux qui souhaitent compléter le portrait de Kristeva peuvent aussi regarder Étrange étrangère, un film de François Caillat (2005).


  • V.K. | 24 octobre 2011 - 15:01 2

    Le documentaire a été rechargé sur pileface. Cette-fois ci vous devriez le voir jusque bout, je l’espère. Même de New York !
    _ Adressez-nous d’autres échos de N.Y... qu’y lisez-vous ? Regardez-vous « La Grande Librairie » de François Busnel qui a entrepris un tour des Etats Unis en rencontrant les écrivains américains qui comptent. Ceux qui font la littérature américaine contemporaine ; rencontre dans leur fief, là où ils écrivent, là où se déploie leur imagination et leur réflexion. Deuxième épisode, jeudi prochain (France 5).


  • anonyme | 23 octobre 2011 - 07:06 3

    Merci d’avoir mis ce très beau documentaire en ligne. Malheureusement, il se coupe au bout de 38 minutes.
    amicalement de New York,
    m


  • A.G. | 17 octobre 2011 - 23:46 4

    Hommes, femmes (Bibliothèque Médicis, 14-10-11)

    Durée : 60 minutes

    Les tabous s’effondrent !...La femme était un « continent noir »...une terre à découvrir... Aujourd’hui, c’est l’homme qui devient un inconnu : sa force, sa virilité, ses valeurs, son honneur, sont remis en question...
    _ Quand il s’agit d’amour, de sexe et de mort : il devient difficile d’être un homme : le mâle va mal !....

    Trois grands historiens publient ensemble une Histoire de la virilité en 3 volumes et plus de 1.500 pages...

    Avec :
    _ Georges VIGARELLO, Historien, auteur "histoire de la virilité : Tome 1 de l’Antiquité aux Lumières"
    _ Alain CORBIN, Historien et auteur "histoire de la virilité Tome 2 : 19ème siècle"
    _ Jacques COURTINE, Professeur d’anthropologie à Paris III, auteur "histoire de la virilité Tome 3 : le 21ème siècle"
    _ Julia KRISTEVA, Philosophe, psychanalyste et écrivain : la question des relations hommes/femmes parcourt ses recherches.

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