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Le Beau en chinois

avec François Jullien, Jacques Henric...

D 10 avril 2011     A par Viktor Kirtov - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Ajout : "L’occidentalisation à outrance""

Paris (GMT+1)

Pékin (GMT+8)

La collision de deux faits dans l’actualité a donné naissance à cet article :

- Le livre de François Jullien : « Cette étrange idée du beau » analysé par Jacques Henric dans artpress de ce mois d’avril. En chinois, le Beau n’existe pas. Du moins dans pas comme on l’entend dans nos contrées. Question de langue ! nous dit François Jullien. Tiens donc.

- L’annonce de la pause de la première pierre du futur Dysneyland Shanghai. Et le laid existe t-il en chinois ? Sans doute autant qu’en Occident ! Les Chinois de Shanghai et du c ?ur de la Chine vont bientôt pouvoir faire allégeance aux divinités Mickey et Minnie, en tenue traditionnelle locale.

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Mickey and Minnie dancent à l’occasion de la cérémonie du démarrage des travaux
de Disneyland Shanghai. (photo publiée par China’s Xinhua News Agency)

Comment être Chinois

Dans un article à propos d’un précédent livre de François Jullien, La grande image n’a pas de forme [1], Philippe Sollers commençait ainsi :


« Parlons, une fois de plus, dans le désert,François Jullien doit avoir l’habitude. Mais il s’obstine, ce curieux penseur, il tient à son évidence chinoise devant laquelle les Occidentaux passent sans la voir, d’autant plus (ruse suprême) que les Chinois ont décidé de s’occidentaliser à outrance pour mieux se dissimuler aux regards. Ils avalent tout ces Chinois : Mongols, bouddhisme indien, jésuites, opium, Japonais, Russes, communisme, marchandisation, technologie, spectacle global. Le choc des civilisations les laisse indifférents. Ils ont le temps, ils progressent, ils attendent. Ils suivent les modifications, les métamorphoses, ce sont des classiques du changement permanent.[...] »

Philippe Sollers,

Comment être Chinois
Le Nouvel Observateur du 27/02/2003.

*

Disneyland s’installe à Shanghai

Mickey s’installe au coeur de la Chine. Walt Disney Company a posé, aujourd’hui, 8 avril 2011, la première pierre de son futur parc Disneyland Shanghai. L’investissement total est de 4,4 milliards de dollars annonce le Quotidien du Peuple.

L’accord concernant le projet a été signé en novembre 2010. Le nouveau parc à thème sera le premier Disneyland situé sur le Continent chinois et le quatrième situé en dehors des Etats-Unis, après ceux de Paris, Tokyo et Hong Kong.

Selon la presse chinoise, le coût total, parc plus infrastructures d’accès et de transport devrait atteindre 15 milliards de dollars. Sa capacité sera de 45 millions de visiteurs par an.

Shanghai a 20 millions d’habitants c’est un atout pour le parc, mais il y a un défaut les hivers y sont glacials. Autre détail, les visiteurs passent 20 minutes en moyenne dans un restaurant du parc aux USA ou aux portes de Paris : à Hong Kong c’est 40 minutes. Il faudra adapter le fonctionnement du parc aux coutumes chinoises.
Ouverture prévue pour 2015

Lu dans le Quotidien du peuple

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Cette étrange idée du beau

C’est le titre du dernier livre de François Jullien [2],
passé en revue par Jacques Henric, dans artpress d’avril 2011 [3]
Que peut-on y lire ? (extrait)

[...] Prenez la querelle théologique du Filioque qui opposa au 8e siècle l’église romaine et l’église orientale à propos de la Trinité. La première disant que le Saint Esprit procède du Père et du Fils ; la seconde affirmant que le Saint Esprit procède du Père par le Fils. Et ou par ? Un tout petit mot, une simple préposition à la place d’une autre, et vous avez [...] un schisme dans le monde chrétien, catholicisme d’un côté, orthodoxie de l’autre, l’histoire de l’Occident à jamais bouleversée, théologiquement, philosophiquement, politiquement, militairement.

Cette fois, ce n’est pas l’histoire d’un mot qui remplace un autre mot, mais un mot, un tout petit mot, un article défini, le, qu’on ajoute à un autre mot, à un adjectif, lequel devient aussitôt un substantif. Et là encore, c’est comme une tornade silencieuse, invisible alors à l’ ?il nu (il faudra du temps pour s’en aviser ¬ jusqu’à aujourd’hui ?), au cours de laquelle un nouveau monde naît. Il y a bien longtemps, déjà dans la Grèce ancienne, chez Homère, on disait d’un corps, d’un visage, d’un lieu, d’un chant, qu’il était beau. Et voilà qu’un beau jour, on décide que, de tout ce qui est jugé beau, on va extraire une abstraction : le Beau. Commence alors une formidable aventure de la pensée dont François Jullien, remontant à la source, à cet événement inaugural, à ce point stratégique décisif, nous retrace les étapes.

Conséquences de cette intrusion du le devant beau ? Rien de moins que la naissance de la métaphysique, de la philosophie, de l’esthétique, de la morale sur lesquelles nos catégories de pensée reposent encore aujourd’hui. Sont convoqués pour sa démonstration imparable : Platon, Aristote, les Stoïciens, Plotin, saint Augustin, Hegel, Diderot, Baudelaire... Impossible, sans ce le, de penser le dualisme, les notions de bien et de mal, de juste et d’injuste, de pur et d’impur, de singulier et d’universel, de concret et d’abstrait, d’ana¬lyse et de synthèse, de qualité et d’essence, d’esprit et de matière, de forme et de substance, de sensible et de spirituel, les notions de sacré, de sublime, de transcendance, de Dieu créateur, et surtout cette notion des notions qui a continûment engraissé la métaphysique : l’Être.

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François Jullien
(c) U. Andersen

Question : comment se fait-il que les philosophes ne se soient pas jusqu’alors avisés de cette révolution dans l’histoire de la pensée qui vient de mobiliser l’attention de François Jullien ? C’est que - le phénomène est bien connu - avoir le nez sur la chose n’est pas le meilleur moyen de prendre conscience de sa réalité. François Jullien, depuis longtemps, a décidé de prendre du champ, d’aller voir ailleurs, non pas pour polémiquement nous convaincre que c’est mieux ailleurs, mais simplement que c’est autrement ailleurs. Et à décider d’un ailleurs, autant choisir le plus ailleurs de l’ailleurs, le plus lointain, le plus étranger, celui qui dépayse le plus, celui avec lequel nos repères, nos modèles, nos croyances, nos philosophies, nos arts sont dans un écart maximum : la Chine. Voilà la méthode mise en ?uvre par François Jullien dans la plupart de ses essais pour faire surgir « l’impensé » de notre pensée.

En chinois, le Beau, comme le Nu (rappel d’un précédent ouvrage de François Jullien), n’existe pas. Du moins pas comme on l’entend dans nos contrées. Question de langue, mais tout se joue là. Impossible, avec le mot chinois pour beau, explique François Jullien, d’exécuter la même opération qui consiste à lui adjoindre un article et à ainsi l’isoler, le « substantialiser » et « l’essentialiser ", impossible d’en faire un concept. Le beau comme catégorie esthétique n’est pas pensable. Les raisons ?

« La langue chinoise ne distingue pas morphologiquement entre adjectif et substantif", par ailleurs le chinois ne connaît pas l’article, ni défini ni indéfini. Comment un lettré chinois du 11e siècle, Mi Fu, exprime-t-il son admiration devant une peinture ? Il dit que celle-ci est « supérieure », que c’est « vivant », « réussi ». Hélas, souvent les traducteurs en langue européenne réintroduisent ces notions modestes dans le « grand pathos » occidental du Beau, ce Beau qui doit mener tantôt à l’extase, tantôt à l’effroi. Increvable romantisme où le culte de la beauté va de pair avec le culte fasciné de la mort. 19e siècle à travers les âges, aurait dit Philippe Muray... Où l’on comprend mieux l’écart (l’abîme ?) qui nous sépare de la pensée chinoise ancienne, c’est dans la comparaison qu’esquisse François Jullien entre la manière dont les grands peintres chinois ont conçu et pratiqué leur art, et les techniques du dessin (Léonard de Vinci, notamment) et de la peinture des artistes européens. Chez ceux-là, pas de « création », de « forme modèle, idéelle », tout n’est que « transformation », « transition », « procès », « énergie » : Il convient, conseillait Shi-tao, d’éprouver la vie dans son essor, et, pour cela, commencer par faire le vide en soi. Il a cette admirable réflexion : « Quand l’homme se laisse occulter par les choses, il se commet avec la poussière (...). Je laisse les choses s’occulter en suivant les choses et la poussière se commettre avec la poussière ; aussi mon esprit ne peine pas, alors il y a peinture. » Une règle pour la peinture. Une règle aussi pour la vie.

Dans les dernières pages de son essai, François Jullien se demande comment l’Europe, au début du 20e siècle, a tenté de « sortir du beau ». ou de le rendre à son « étrangeté ». comment elle est inéluctablement retombée dans les vieilles ornières, comment la mondialisation a permis à ses théories d’envahir la planète, Chine comprise. Effets dévastateurs : l’horrible bric-à-brac de l’art dit contemporain chinois imposé en Occident par le marché, dérisoire copie de ce que cet Occident a produit de plus nul.

*

François Jullien parlait de son livre à Reims le 29 avril 2010.

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Des Beautés chinoises


Si le Beau n’existe pas en chinois, il existe pourtant des Beautés chinoises, consacrées par le 7ème Art.
Le Point Grand angle n°12 : "Le rêve chinois" dédie en fin de revue, un cahier spécial aux 20 plus belles Asiatiques. Extrait (uniquement quelques Chinoises. Il y a aussi de belles Asiatiques hors de Chine) :


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Vivian Wu, 45 ans, actrice.

Découverte en 1987 dans la fresque épique « Le dernier empereur », Vivian Wu est une des premières actrices chinoises à s’imposer en Occident, tournant notamment avec Peter Greenaway (« The Pillow Book ») et Olivier Stone (« Entre le ciel et la terre »). Cette native de Shanghai a la particularité d’avoir incarné deux fois May-ling Soong, alias « madame Tchang Kaïchek », à l’écran.

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Xu Jinglei, 37 ans, réalisatrice et actrice.

Son blog, sino-angle.blogspot.com, a déclenché chez ses compatriotes une véritable passion : bien avant ses comparses, Xu, qui est aussi inspirée devant que derrière la caméra, a su faire converger les intérêts autour de sa personne en se racontant sur la toile. Entre le magazine féminin qu’elle dirige, les récompenses que lui ont values aussi bien ses réalisations et interprétation sur petit et grand écran (Meilleure actrice, Meilleur second rôle, Meilleure mise en scène...) que ses productions comme « Go Lala Go », série dans l’esprit de « Sex and the City », l’une des « quatre petites fleurs du cinéma chinois » a tous les talents.

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Zhang Ziyi, 31 ans, actrice.

« Tigre et Dragon » d’Ang Lee (2000), « 2046 » de Wong Kar-way (2004), « Mémoires d’une geisha » de Rob Marshall (2005). La cote de Zhang a grimpé en flèche. Meilleur espoir, Meilleur actrice, Meilleur second rôle, et même Meilleur Combat. Elle est classé au top des « 50 plus beaux chinois » du Beijing News. Revers de ses médailles : si elle est très impliquée dans l’humanitaire - dans son sillage, les donations de stars sont devenues monnaie courante - elle l’est aussi dans un scandale médiatique : lors du séisme de Wznchuan en 2008, l’actrice n’aurait pas reversé la totalité du million de yuans que sa collecte de fonds lui aurait permis de récolter.

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Zhou Xun, 34 ans, actrice et chanteuse.

Si elle n’a pas la renommée internationale de sa rivale Zhang Ziyi, Zhou Xun est une figure de proue de la nouvelle génération d’actrices chinoises. A l’aube des années 2000, le grand public la découvre à travers ses rôles dans « Suzhou river » et « Balzac et la petite tailleuse chinoise ». Zhou Xun est également chanteuse et contribue à la BO de plusieurs de ses films. Habituée à afficher son teint de porcelaine à la une des grands magazines, elle a fait la couverture du Point en 2009 pour un numéro spécial Chine et celle de Grand Angle aujourd’hui.

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Li Xiaolu, 28 ans, actrice

. Elle est en 1998 à l’affiche du film « Xiu Xiu », de Joan Che, incarnant une adolescente envoyée dans les steppes thibétaines pendant la Révolution culturelle. Ces débuts remarqués feront d’elle la plus jeune actrice à remporter un Golden Horse, équivalent taIïwanais des Oscars. Mais Li Xiaolu subit un temps les représailles de la SARFT, l’autorité de contrôle de l’audiovisuel chinois. Faute de grands rôles au cinéma dignes de son talent, l’actrice, également connue sous le nom de Jacqueline Liou Lulu, a trouvé refuge dans plusieurs séries TV, tout en s’essayant à la chanson pop.

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Tang Wei, 31 ans, actrice.

Scènes SM torrides qui de l’aveu même du réalisateur Ang Lee, ne seraient pas forcément simulées. Tang Weu a fait une entrée fracassante dans le monde du cinéma, en 2007, avec le thriller érotique « Lust, Caution », primé par un Lion d’or à Venise. Un rôle qui lui vaudra la reconnaissance internationale, mais aussi les foudres des autorités de Pékin. Pendant deux ans, elle a été blacklistée pour avoir « glorifié » un comportement antipatriotique et interprété une espionne chinoise tombant sous le charme d’un collabo pendant la seconde guerre mondiale. Elle ne fera son retour sur grand écran qu’en 2010.

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Ysia Li, « Une question de peau... »

Comment ne pas évoquer ici une autre Beauté chinoise, Ysia Li, qui apparaît de façon récurrente dans les romans de Sollers. Pas une actrice, une attachée d’ambassade :

« Je l’avais connue aux Langues Orientales... Elle travaillait dans les services culturels... Enfin... Belle... Exquise... Laquée, souple, mince... Trente ans, mariée, en manque... Le vice léger... Tout... Flûte de jade...[...] »

Liens

Plus sur François Jullien et Sollers, ici et .

Cette étrange idée du beau de François Jullien sur amazon.fr


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La Chine, riche de quatre mille ans de culture est-elle en passe d’abandonner ses repères historiques ? t’image d’une Chine immuable se trouble et se mélange avec les influences occidentales qui émergent depuis une trentaine d’années.

Dans la jeunesse chinoise, ne pas connaître une série américaine ou ignorer le dernier titre d’une star d’outre-Atlantique fait passer pour un has been. Quel que soit le domaine, les représentations des cultures occidentales font leur incursion dans le quotidien chinois. Automobiles européennes, produits de luxe, jouets et poupées, bien culturels, mode et accessoires, la Chine - qui en a les moyens - est fascinée par ce qui vient de l’étranger. Pour preuve, les résultats du box-office (1,14 milliard de dollars) des trois premiers trimestres de 2010 où les films étrangers le disputent aux films chinois. Avatar, de James Cameron, arrive en tête des entrées devant les productions locales. Fini le temps où dans les campagnes on portait des blouses de travail. Loin des grandes villes, on arbore aussi des vestes siglées Nike. Dans le domaine de l’éducation, le phénomène se ressent aussi. Selon le Quotidien du peuple, un test d’évaluation de la culture américaine (USCAT) sera mis en place en 2011 afin de préparer les jeunes qui partiront étudier aux États-Unis. Savoir parler anglais n’est plus suffisant. Il faut aussi en connaître les us et coutumes. Cette occidentalisation qui flirte avec une modernisation du pays, longtemps marqué par le collectif, annonce l’avènement de l’individualisme.

Le phénomène est profond et s’imprime même dans la chair chinoise. La chirurgie esthétique, déferlante sociale (3 millions d’interventions en 2010) résulte de ce mouvement. On bannit les costumes mao unisexe. On s’habille à l’occidentale et on passe sur le billard pour se débrider les yeux. Ces opérations pratiquées sur des jeunes femmes visent à leur conférer une confiance physique lorsqu’elles cherchent du travail. Dans un pays qui compte 10 % de sa population active au chômage, ressembler à une Occidentale est le sésame qui mène aux contrats d’embauche.

Alain Le Roch
Historia spécial, "L’âge d’or des empereurs de Chine", mars-avril 2011.


[1Seuil, 2003

[2Grasset, 2011

[3sous le titre « Ne pas se commettre avec la poussière »

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