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Ko Un. La chouette...

Hululement de Corée sous une étoile filante

D 26 janvier 2011     A par Nush Meynieu - C 1 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Paris (GMT+1)

Pékin (GMT+8)

Ajout de la postface rédigée par No Mi-sug et Alain Genetiot, les traducteurs

En contrepoint de la Chine de Sollers, la rubrique « A l’heure de la Chine » ouverte récemment vise à rendre compte de la Chine contemporaine, dans son effervescence en train de renverser, à son profit, les vieux équilibres du monde occidental. La Chine qui s’approprie le capitalisme occidental et le retourne contre ses initiateurs. Pour le meilleur et pour le pire : buldozers dans le centre du vieux Pékin, dévoués aux dieux du modernisme et de l’argent, à l’explosion économique et sa course à la consommation. La Chine est-elle en train d’y perdre son âme, sa culture ? Les Chinois restent-ils Chinois ? Illusions d’optique ? ...Ruptures et continuations par rapport à la Chine de Sollers ?
Lui qui souhaiterait figurer dans un dictionnaire de littérature générale publié à Pékin, dans les années 2050 avec l’entrée :
« Sollers (Philippe), écrivain européen d’origine française qui, très tôt, s’est intéressé à la Chine. »
Extension du domaine chinois de cette section, à l’Asie, ici à la Corée. La Corée qui de tout temps a servi de pont entre la Chine et le Japon. Corée vassalisée par les Chinois mandchous de la dynastie des Qing, au XVIIème siècle. Corée, qui encore aujourd’hui à travers un de ses plus grands poètes, Ko Un, fait référence au Tao. C’est pourquoi vous trouvez, ici, cet écho de Corée du Sud par Nush Meynieu, une Française installée là-bas.

V.K.

Ko Un, poèmes

J’ai écouté aujourd’hui par hasard le disque Invocation à la nuit du label AliaVox, et dans le livret de présentation on cite Dominique Rolin :

« le silence de la nuit est le lac le plus profond de la terre »  !

De là, mon esprit a erré sur les Poèmes Zen du poète coréen Ko Un, à commencer par « La chouette » puis d’autres. Du riz à moudre ! J’espère que vous apprécierez..

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La chouette

La chouette en plein jour
ouvre grand les yeux
ne voit rien
Attends !
Ta nuit viendra à coup sûr.

Les éphémères

Trois cent millionièmes de seconde
Si c’est ce que dure la vie d’une particule
Pense combien doit être éternelle toute une journée
Tu dis qu’un jour est court ?
Vraiment c’est de la convoitise.

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Le cachot étroit

S’il n’y a pas ici toutes les nations
Ou aller voir
les beaux drapeaux de tous les pays
Aujourd’hui l’Italie
Demain l’Espagne
Je fais un tour
Et après-demain le Sri Lanka.

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Pour rien

Le chemin qu’on a pris seul
On dit qu’on l’a pris
Puisqu’on nous a dit de le prendre
Le cours d’eau qui coule pour rien dans la vallée
On dit qu’il coule
Puisqu’on lui a dit de couler
La pauvre sagesse de ce monde

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Le Tao c’est le coeur ordinaire

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Le vent

Le vent se lève
Ah ce monde. Ah l’autre monde.

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Les paroles que j’aime

Au lieu de demander aux sages l’Illumination

Je préfère plutôt couler

Pour l’éternité au fond de l’océan

Que c’est bon du vin dans mon verre et ces paroles de Tête-de-Pierre [1]

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Le moustique

Piqué par un moustique
Je suis bien vivant
Gratte gratte.

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Un nouveau chemin

A présent entre dans la mer
Depuis les baleines et les requins jusqu’aux crevettes
Jusqu’aux lieux sombres du fond des mers
Que tu as beaucoup d’amis
Au lieu de suivre les pas du Bouddha entre dans la mer.

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Une parole

Trop tard
Avant que je ne dise
Ma parole
Déjà le monde l’a entendue
Le ver de terre l’a entendue
Le cri du ver de terre --- Sss

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L’étoile filante

C’est bien tu me reconnais.

Ko Un
in Qu’est-ce ? poèmes zen,
(édition française traduite du coréen par No Mi-Suk et Alain Génetiot),
Paris, Maisonneuve et Larose, 2000.


A propos de l’auteur : Les vies de Ko Un

Ko Un né en 1933, en Corée du Sud. Connu aussi sous le nom de plume, Ho. Avant sa naissance, il avait déjà eu plusieurs vies, conformément à la croyance bouddhiste, chronologie de ses anciennes vies dûment répertoriée sur son site (voir en fin de section), mais son nouveau passage sur terre cumule aussi plusieurs vies d’homme qui
donnent de la résonance à ses poèmes. Expérience humaine à ses extrêmes, expérience aux limites, pour reprendre un thème sollersien [2], condensée en quelques mots dans ses poèmes.

1950 : Enseigne le coréen et l’art dans un collège secondaire

1952 : La guerre entre les deux Corées sévit, Il rejoint le clergé boudhiste, devient le disciple d’un grand moine Hyo Bonk et va se consacrer pendant dix ans à la méditation Zen.

1957 : Crée le Journal Bouddhiste. Commence en tant que premier rédacteur en chef à publier essais et poèmes.

1958 Débuts officiels en poésie patronné par le poète Cho Ji-hun. Publie un poème dans la revue Poésie moderne.

1962 Quitte la communauté bouddhiste.

1963 -66 Période sombre. S’installe dans l’île de Cheju. Tentative de suicide. Reprend à titre gratuit ses activités de professeur dans une école qu’il dirige. Chaque jour, il plonge dans l’alcool, lourdement et est sujet à de sévères innsomnies. Ecrit un long poème Nirvana. Publie son second recueil de poésies Seaside Poems  : God, The Last Village of Languages (1966)

1967-1972 Retour à Séoul (1967). Débute pour lui sa période de nihilisme marquée par la poursuite de sa descente en enfer dans l’alcool et l’auto-torture. Période pendant laquelle il se met à composer de la musique ’Han River’, et continue à écrire des essais et nouvelles jusqu’à une nouvelle tentative de suicide en 1970. Coma durant 30 heures suite à son absorption de poison, avant de reprendre conscience à l’hôpital..
Ecrit un long poème ?Sentence to Death’ (1967) puis Man is born to be Sad (1967), Things that Make Us Sad (1968), Senoya, Senoya (1969), Sunset on the G-string (1968), Where Shall We Meet Again ? A Message of Despair (1970), An Era is Passing Through (1970).

1973 : Nouveau grand changement dans la carrière de Ko-Un. Rompt avec son passé de porte-parole du nihilisme et s’implique activement dans le mouvement nationaliste, en tant que poète engagé.

1974-2010 : Le temps de la reconnaissance et de la consécration

Combat pour la cause des droits de l’homme. Devient le premier secrétaire général de l’Association des Ecrivains pour la Liberté à sa création en 1974. Publie de façon prolifique biographies, essais, poèmes, traduction d’ ?uvres chinoises.

Il a reçu le prix des Écrivains coréens (1974), le prix Joong-Ang (1991), le prix Daesan (1994) et le prix Manhae (1998). Professeur résident à l’Université Kyonggi de Séoul (1994-1998). Président du Comité pour l’élaboration du Grand dictionnaire Coréen.

En 1999, passe un an aux Etats Unis comme « chercheur invité » de l’Institut Yenching de l’Université de Harvard. En 2000, c’est l’ONU qui l’accueille au « Sommet Mondial de la Paix » où il lit un poème sur ce thème. En 2004, il préside la « Conférence des écrivains nord et sud coréens ».

Dans ses premiers recueils, Ko Un ne s’inspire pas uniquement du bouddhisme, il s’intéresse aussi à la pensée chrétienne, et il s’efforce en même temps de trouver un équilibre entre les traditions orientales et l’universalité de l’hellénisme. Plus tard, c’est encore la poésie qui lui permettra de surmonter le nihilisme, qui se répand chez les intellectuels. Il dénoncera la violation des droits de l’homme et les inégalité sociales, ce qui lui vaudra plusieurs fois l’emprisonnement. Après 1985, il se tournera de plus en plus vers la vie des individus et l’ histoire de son pays.

2010 vient couronner son ?uvre avec la publication des quatre derniers volumes de son projet poétique Maninbo de 30 volumes au total (4001 poèmes avec 5600 noms), 30 ans après le début de sa conception, en prison, en 1980.

Crédit : Wikipedia et surtout le site dédié à Ko Un(bilingue coréen-anglais).

Feuilletez le recueil de poèmes Beyond self (en anglais)

Postface

La postface de l’édition française rédigée par No Mi-sug et Alain Genetiot, les traducteurs, est très éclairante pour comprendre les poèmes de Ko Un.
Et à la fin de cette postface, dressez l’oreille, ces mots : « Remarquons pour finir la qualité orale de ces textes, écrits dans ce qu’on pourrait appeler des « vers libres », sans ponctuation, qui supposent une mise en voix inventive - et quiconque a entendu Ko réciter ses poèmes a pu constater combien, par les effets d’accélération et/ou d’intensification de sa diction, il est aussi un grand interprète de ses propres ?uvres ».
Remplacez Ko, par Sollers et ces mots pourraient avoir été écrits à propos de Paradis, et des lectures de Sollers de son texte.

La postface (pdf)


[1"Tête-de-pierre" ou "Sommet rocheux" est un surnom répandu chez les moines bouddhistes depuis le moine chinois Shiht’ou (700-790)

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1 Messages

  • Nush | 13 février 2011 - 23:20 1

    Bonjour Viktor,

    C’est pour votre collection de spirales !

    Photos prises au musée d’art Leeum Samsung de Séoul.