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Mathieu Larnaudie sur les grands chemins de Dante

D 28 janvier 2023     C 0 messages Version imprimable de cette Brève Version imprimable   

Les Rencontres de Chaminadour
du 14 au 17 septembre 2023, à Guéret (Creuse)

« Il fallait bien qu’un jour les voies qui mènent au Paradis passent par Guéret, et que le « chemin de notre vie » dont parle Dante, dès le premier vers de sa Comédie, se confonde un instant avec les grands chemins que croisent, chaque mois de septembre, les Rencontres de Chaminadour. De bonnes âmes, dont je gage que leur place en Paradis est déjà réservée, m’ont confié la tâche d’être pèlerin de cette traversée. Bien sûr, Dante est un monument. Son œuvre majeure, La Divine Comédie, a irrigué toute la tradition occidentale. Sa renommée a presque occulté sa mémoire : la statue du poète au front couronné de lauriers l’a figé dans une posture austère, magistrale, intimidante. Pourtant, si nous lisons, relisons ses pages de nos jours, nous constatons à quel point, par-delà les sept siècles qui se sont écoulés depuis leur écriture, elles continuent d’agir et de nous faire signe. Le monument alors s’anime, quitte son piédestal, chemine jusqu’à nous et nous accompagne à travers toutes les métamorphoses de la modernité.On le sait, La Divine Comédie est la matrice d’une culture entière : texte source de la langue italienne ; répertoire de visions réinterprétées par l’histoire de l’art ; creuset de la pensée humaniste qui se développera au cours des siècles suivants. Mais Dante ne saurait se réduire à sa dimension patrimoniale. Il a initié une lignée prestigieuse qui incarne la radicalité littéraire la plus novatrice, de Boccace à Beckett, en passant par Joyce, Proust, Kafka, Borges ou Pasolini. Surtout, son geste poétique trouve des échos retentissants dans notre présent. C’est que Dante a fait entrer dans son poème tout un peuple, et notamment un certain nombre de ses figures publiques, puissants, souverains et prélats. Lui-même était pleinement investi dans la vie de sa cité, exerçant jusqu’à la plus haute fonction du gouvernement florentin : loin d’être détaché des querelles temporelles, le Dante politique invite à penser l’actualité de la figuration littéraire du pouvoir et de la communauté. Dante écrit la Comédie en langue vulgaire et y convoque tous les niveaux de culture, basse et haute, les antiques les plus nobles et ses concitoyens réprouvés, la théologie la plus aiguë et les croyances populaires. Or ce brouillage des hiérarchies, ce mélange des genres résonnent étonnamment avec nos pratiques contemporaines. Dante a codifié (c’est peut-être son legs le plus célèbre) une véritable scénographie de l’au-delà. Dans notre époque hantée par l’idée de sa finitude, par la perspective renouvelée d’une fin des temps possible, la Comédie invite donc à nous poser la question : que seraient l’Enfer, le Purgatoire, le Paradis dans notre monde en crise ? Et comment la littérature d’aujourd’hui y répond-elle ? « Que fais-tu ? » demande Virgile à Dante. Que fais-tu quand tu écris, quand tu participes à la vie de la cité, quand tu voyages, quand tu rêves, quand tu aimes ?, nous interroge Dante à notre tour. Ensemble, nous irons à sa rencontre, et à celle de Béatrice, de Virgile, de la foule qui peuple le poème, pour les saisir dans leur temps, et dans le nôtre — au miroir de ce que nous faisons. » Mathieu Larnaudie


La presse de Guéret.
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Seront présents Mathias Enard, Yannick Haenel, Arno Bertina, Maylis de Keranagal, « l’incontournable Pierre Michon » et d’autres invité(e) surprises...

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