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Jacques Derrida, Heidegger : la question de l’Être et l’Histoire

D 6 décembre 2013     C 0 messages Version imprimable de cette Brève Version imprimable   

Hasard du calendrier : alors que vient de sortir le Dictionnaire Martin Heidegger [1] et que s’annonce une nouvelle polémique sur l’antisémitisme supposé de Heidegger avec la publication de mystérieux Carnets noirs [2], les éditions Galilée publient les cours inédits de Derrida à l’ENS lors de l’année 1964-1965.

Heidegger : la question de l’Être et l’Histoire

Cours de l’ENS-Ulm (1964-1965)

Édition établie par Thomas Dutoit avec la collaboration de Marguerite Derrida.

PRÉSENTATION

En 1964-1965, l’œuvre de Heidegger est encore mal connue en France et très peu étudiée dans les établissements d’enseignement supérieur. Jacques Derrida (qui avait enseigné de 1960 à 1964 à la Sorbonne), délivre alors son premier cours à l’École normale supérieure : « Heidegger : la question de l’Être et l’histoire », qu’il ouvre ainsi :

"Je dois d’abord m’expliquer sur le titre de ce cours, sur sa lettre même, à laquelle je tiens. Je dis, la question de l’Être et non de l’ontologie, parce que le mot d’ontologie doit se révéler de plus en plus inadéquat, à mesure que nous nous enfoncerons dans la trace de Heidegger, pour désigner ce qui est en question chez lui quand il est question de l’Être. Non seulement l’entreprise de Heidegger, ici, n’est pas la fondation d’une ontologie, ni même d’une ontologie nouvelle, ni même d’une ontologie en un sens radicalement nouveau, ni même d’ailleurs la fondation de quoi que ce soit, en quelque sens que ce soit ; ce dont il s’agit ici c’est plutôt d’une Destruction de l’ontologie."

Il s’attèle, tout au long de ces neuf séances d’enseignement, à une lecture-intervention quasi chirurgicale de Heidegger, et ce très largement à partir des parties de Sein und Zeit qui n’étaient pas encore traduites, avec le souci de construire clairement le difficile projet heideggerien. Sa conclusion sera encore une ouverture sur les analyses futures de Heidegger qu’au cours de son œuvre il en viendra à proposer :

"Vous vous rappelez que j’avais essayé en commençant de justifier chacun des mots de ce titre. Chacun s’est révélé, et même le nom de Heidegger, comme métaphorique. Il y a un mot, vous vous souvenez peut-être, que je n’avais pas essayé de justifier et c’était celui de question."

Il y reviendra, comme on le sait, dans De l’esprit [3], Heidegger et la question (1987), et sur bien d’autres enjeux de la pensée heideggerienne, notamment dans De la grammatologie (1967), « Geschlecht I. Différence sexuelle, différence ontologique » (1983, repris dans Psyché II), et Apories (1992, repris en tant que livre en 1996). Cette publication saisit la pensée de Jacques Derrida à plus d’un de ses seuils, qu’il s’agisse de sa lecture au long cours de Heidegger, de son enseignement, novateur et audacieux, ou de son oeuvre. Il avait publié son Introduction à l’« Origine de la géométrie » en 1962, mais c’est en 1967, deux ans après ce cours, que paraissent ses trois premiers livres : De la grammatologie, La voix et le phénomène, L’écriture et la différence [4].

Les éditions Galilée
Extrait (deuxième séance Le 30 novembre 1964)

LIRE : Derrida et Heidegger : 1964-1965


[2Cf. Note.

[3Voir aussi notre ancien dossier : Une nouvelle "affaire" Heidegger ?.