Un des premiers articles de pileface, initialement publié le 25 mars 2005, indirectement remis dans l’actualité à partir du commentaire d’Hélène Mackay. Voir ICI.
Pour Sollers, à l’érudition littéraire encyclopédique, tout livre est, en quelque sorte, la continuation d’un même livre, agrégat des livres et de la pensée des auteurs qui l’ont précédé, réseau d’intertextualité, d’échos, de résonances. Sollers, gourmet littéraire, aime à truffer son texte de citations plus ou moins signalées. Citations intégrées au texte avec ou sans marque typographique, avec ou sans indication d’auteur. Appel de l’auteur à l’attention, à l’érudition, à la curiosité de son lecteur. Sollers n’aime rien tant qu’avancer masqué. Surprendre ! ...Au lecteur, le plaisir du dévoilement :
« Deux femmes et Ludi. Elles sont à table à côté de la mienne, elles discutent sérieusement, il n’y a pas d’hommes avec elles. Je bois mon whisky en continuant de lire mon livre, lequel déjà ? Ah oui, Le Crépuscule des Idoles(1). Je revois même la phrase à partir de laquelle j’ai arrêté ma lecture : “Tant que la vie est ascendante bonheur et instinct sont identiques.” Etais-je encore ascendant ? Mais oui. Encore un peu de champagne, les filles ? C’est pour moi. Elles acceptent, on parle de n’importe quoi, et voilà. »
PHILIPPE SOLLERS, Le Sujet, in l’Infini N° 88, Automne 2004
(1) Qui ? Vous séchez ? Un philosophe... Mais oui, bien sûr, Nietzsche ! A chacun son domaine d’excellence ! Ils en est d’autres que la littérature et la philosophie, et vous pourriez bien sûr, vous aussi, piéger Sollers sur un terrain qui n’est pas le sien. Celui de la littérature et de la philosophie peut se pratiquer en professionnel qui y dédie tout son temps, ou en amateur. Et à quelque degré que ce soit, y prend-t-on du plaisir ? Plus qu’entre savoir et non savoir, le bon critère, la vraie ligne de démarcation est là, non ?
Et dans quelles circonstances ceci a-t-il écrit ? Eh bien, c’est au cours de l’été 1888 - dans les six derniers mois de sa vie consciente - que Nietzche le rédige. Comme une récréation au milieu d’un travail pénible qui restera inachevé : la réalisation de son " Inversion de toutes les valeurs ". Dans le "Crépuscule des idoles", c’est toute sa philosophie que Nietzsche veut condenser, " en résumé", sous forme d’un pamphlet.
Philippe Sollers sème ses citations comme des cailloux sur son chemin. Pour nous. Pour lui. Pour le plaisir. Jeu de pistes. Découverte. Enfance, âge mûr. Dans le même
article, il dit ses doutes et son blocage du moment, " autobiographie totale ". Tout est dans mes livres :
" mange-toi et bois-toi toi-même. Continue à faire ça en mémoire de moi"
nous dit Sollers en conclusion de son article.
- Lieu de naissance et dernière Demeure du Philosophe Friedrich Nietzsche
Source L’Infini N° 88. Droits réservés
3 Messages
Les commentaires rares rendent plus précieux ceux qui sont exprimés. Merci Hélène pour le vôtre.
Une occasion aussi, d’ajouter ces quelques notes :
Sur le sujet des citations non sourcées, on peut lire l’article « Les emprunts de Sollers aux Poésies de Lautréamont »
On peut aussi ouvrir le livre de Jean-Luc Hennig « Apologie du plagiat » publié par Sollers dans sa collection L’Infini, Gallimard, 1997 .
En exergue :
Avec en 4e de couverture, cette citation de William Burroughs :

Et ceci :
[Lectrice, lecteur, toute ressemblance avec des personnes et faits de l’actualité politique en France, début mars 2017 , ne serait que fortuite et infondée !]
A ce sujet, lire un essai d’identification des prélèvements recyclés dans « Paradis de Ph. Sollers : Edition critique et commentée », (soutenance de thèse de Thierry Sudour)
À nouveau étonnée, sinon peinée qu’il n’y ait ENCORE AUCUN COMMENTAIRE, j’écris pour l’instant ceci : Merci Philippe Sollers, Victor Kirtov et l’équipe de Pileface pour tout. Pour ces « citations », ces « preuves de l’activité de l’esprit. »
EXUBERANCE (témoignage)
Avril, en Auvergne, je descends le long d’une route bordée de vergers. Tout est normal, détente, présence intense, et puis CELA se passe. Les fleurs ne sont plus mes fleurs mais des énergies vibrantes, colorées, fraiches, innoncentes, de tout le paysage émane une douce présence légère aimante ou tout est en harmonie avec tout. Je ressens l’air comme une matière épaisse, consciente, sensuellement fendue par le vol de deux oiseaux. J’ai trouvé le Paradis Terrestre, un paradis des sens, il était là, tout simplement... ici et maintenant.
Mais, une partie de mon ressenti de l’Etre des fleurs m’avait échappée et m’obsédait.....Puis, un livre " Une vie divine", une citation : "Je trouve en toutes choses une EXUBERANCE que je nomme divine. Et comme je la trouve aussi dans mon ame, j’appelle mon ame divine". EXUBERANCE, c’était le mot que je cherchais depuis des mois, nous sommes EXUBERANCE, c’était cela que m’avaient dit joyeusement les fleurs, et du coup, moi aussi, j’étais un enfant de l’Amour, du Jeu et du Plaisir Gratuit, pas d’une mécanique hasardeuse ou nécessaire.
EXUBERANCE, merci au poète, merci du mot qui ramène mon corps au Paradis ;
P.S. Paradis, voile terne, l’alternance n’est pas si facile à vivre pour moi. Si vous avez réussi à infuser l’énergie de l’Autre Réalité de ce coté-ci du voile, dans les mots, les actes, merci de me parler de votre expérience ( pas de oui-dire) alicia.defierbois@caramail.com