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Simone de Beauvoir et le combat des femmes

D 8 mars 2024     A par Albert Gauvin - C 4 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook



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Simone de Beauvoir. © Pierre Boulat.
En 2016, Philippe Sollers était l’invité de Pascale Tison dans son émission « Par ouï dire », sur la RTBF, autour d’un livre consacré à Simone de Beauvoir, par l’historienne Marie-Jo Bonnet, qui déconstruisait le mythe Beauvoir : Simone de Beauvoir et les femmes, chez Albin Michel.
Sollers était un fervent admirateur de Simone de Beauvoir, qu’il décrivait comme une splendide épistolière, brillante et amoureuse intrépide des hommes.
L’émission a été rediffusée le 16 juin 2023 en hommage à Philippe Sollers.
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Pour Marie-Claude Bonnet, historienne et militante au MLF, la manière peu glorieuse dont Beauvoir a occulté ses amours homosexuelles est dérangeante en regard de son engagement pour la cause des femmes après mai 68 quand Le Deuxième Sexe est devenu l’apanage de la militance féministe.

« Avec la publication de sa correspondance, nous avons été obligées de revoir le mythe : une autre Beauvoir, la vraie Beauvoir, apparaissait publiquement, dévoilant une femme qui n’assumait pas son amour charnel pour ses “petites amies”, comme les appelait Sartre, et dont la vie cachée contrastait cruellement avec le message émancipateur du Deuxième Sexe. »

Pour Philippe Sollers, Beauvoir est une splendide épistolière, brillante et amoureuse intrépide des hommes.

« Ses lettres sont le plus souvent des chefs-d’oeuvre. Des lettres d’amour. Comment appelle-t-elle Sartre ? "Tout cher petit", "petit bien-aimé", "petit pur", "cher petit absolu". Et puis : "Vous seriez donc un bien grand philosophe, petite bonne tête ?" Et puis : "Je suis toute effondrée de tendresse pour vous. »

Crédit RTBF

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Simone de Beauvoir en 1954. © Pierre Boulat

A l’occasion du centenaire de la naissance de l’auteur du Deuxième sexe

« (Re)lisez beauvoir »

par Philippe Sollers

Beauvoir avait la même précipitation de parole que Sartre. Mais sa voix tranchait sur son apparence physique. Sa beauté était démentie par une voix haut perchée, désagréable, butée, didactique. Elle semblait vouloir nier sa belle image par une parole désaccordée et non mélodique. Une amie féministe me suggère qu’elle avait ainsi une voix de protection contre ce que disait son corps. C’est très vrai. Corps harmonieux, voix froide. Proposition et distance. Angoisse ? Sévérité jouée ? Volonté de maîtrise ? Un peu de tout ça. Il faut donc lire Beauvoir pour vraiment l’entendre. Et là, c’est le plus souvent un enchantement, surtout dans ses lettres. Contrairement à ses Mémoires, où le passé simple ralentit l’action, elle est là, intensément présente, précise, sensuelle, drôle. Je prends le pari : loin de toutes les récupérations militantes ou universitaires, elle restera comme une grande épistolière que révélera, un jour, une anthologie. Ses lettres sont le plus souvent des chefs-d’oeuvre. Des lettres d’amour. Comment appelle-t-elle Sartre ? « Tout cher petit », « petit bien-aimé », « petit pur », « cher petit absolu ». Et puis : « Vous seriez donc un bien grand philosophe, petite bonne tête ? » Et puis : « Je suis toute effondrée de tendresse pour vous. » Et à Algren : « Quand je pense que je vais vous voir, vous toucher, la tête me tourne, mon coeur éclate... » Simone de Beauvoir ? Une femme à découvrir.

Le Nouvel Observateur du 3 janvier 2008.

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Simone de Beauvoir en 1952.
Photo : Elliott Erwitt.

Beauvoir aux risques de la liberté

Julia Kristeva

Discours d’ouverture du colloque Simone de Beauvoir
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« La femme libre est seulement en train de naître. »
(Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe, II, 641)

Plus qu’une révolution sociale et politique, c’est une révolution anthropologique que l’œuvre de Simone de Beauvoir a déclenchée. Nous n’en avons pas encore mesuré les conséquences. Je dis bien : « révolution anthropologique » car, au-delà du libre choix de la maternité et du droit à la parité sociale, économique et politique, c’est d’une nouvelle façon d’assurer la continuité de l’espèce humaine qu’il s’agit, accompagnée d’une courageuse définition de la transcendance comme liberté. Beauvoir l’existentialiste vise à faire advenir en effet dans la femme le « sujet » ou l’« individu » qui « éprouve le besoin indéfini de se transcender » (LDS, I, 31-32). Non sans préciser : « nous sommes libres de transcender toute transcendance, mais cet ‘ailleurs’ est encore au sein de notre condition humaine » (Pyrrus et Cineas, 370) ; et d’ajouter que la liberté dont il s’agit, loin de tout spontanéisme naïf, est une « liberté qui doit contester en son propre nom les moyens dont elle use pour se conquérir » (Pour une morale de l’ambiguïté, 193). A ces défis du IIIe millénaire s’ajoute l’empire du spectacle, auquel Simone de Beauvoir – contre toute attente, et contre tous ceux qui veulent l’enfermer dans une image « scandaleuse », mais « so yesterday », répondait déjà qu’il n’y a qu’une réponse : le développement et le respect du génie singulier dans chaque homme, dans chaque femme. « Pour que ce monde ait quelque importance, pour que nos entreprises aient un sens et méritent des sacrifices, il faut que nous affirmions l’épaisseur concrète de ce monde, la réalité singulière de nos projets et de nous-mêmes… le sens de la dignité de chaque homme, pris un a un… » (Pour une morale de l’ambiguïté.)

Que devient l’humanité si la naissance, la liberté et le spectacle sont aux mains des femmes ? Obscurantistes, intégristes et puritains de tous bords s’en effraient et crient au scandale. Et si l’avenir ainsi ouvert, cette révolution anthropologique – avec ses risques –, accueillait et proposait de nouvelles chances ? En mettant en exergue de notre colloque ces mots du Deuxième Sexe : « La femme libre est seulement en train de naître », je vous invite à réfléchir, pendant ces trois jours où nous nous attacherons aux écrits de Beauvoir, sur ce qui a été accompli avec et à partir d’elle, et sur ce qui reste à écrire et à faire.

C’est librement que nous avons organisé ce colloque, en dehors des institutions, entre amies et complices. Et nous devons – toutes et tous, et en grande partie – notre liberté d’être au génie de cette femme rebelle : à ces livres, à son action. Des sponsors nous ont rejoints, aidés : nous les remercions (leurs noms s’affichent sur le panneau). Un Comité scientifique s’est constitué (vous lirez le nom des membres que je remercie pour leur efficacité et leur dévouement. Je souligne l’apport de l’université Paris Diderot-Paris 7, qui abrite le noyau des initiateurs et initiatrices de cette rencontre, et pour commencer Danièle Fleury, qui consacre sa recherche aux romans de Beauvoir. C’est elle qui a eu l’idée du colloque dont elle a animé l’organisation). Si j’ai, quant à moi, accepté de présider cette initiative, c’est que nous étions d’accord sur quelques principes simples :

1. quelques soient les qualités de celles et ceux qui s’inspirent de l’œuvre de Beauvoir, personne (ni ami ni spécialiste) ne l’incarne ni n’en possède le monopole ;

2. la liberté de penser dont témoigne la vie et l’œuvre de Simone de Beauvoir nous oblige à faire de cette rencontre à l’occasion du 100e anniversaire de sa naissance, non une célébration hagiographie mais un échange libre et ouvert à la créativité des interprétations, et révolté contre les oppressions et les crimes dont les femmes sont aujourd’hui encore les victimes dans le monde. Je remercie tout particulièrement Sylvie Le Bon de Beauvoir : sa générosité, sa lucidité, son exigence ont été indispensables à la réalisation de notre projet.
Simone de Beauvoir, 1908-1986 : nos pensées vont vers elle. Nous y associerons – je vais y revenir – celles qui souffrent et meurent dans tous les pays où le désir libertaire de Beauvoir est brutalement persécuté. Mais quels que soient les obstacles, « la femme libre est en train de naître », et cent après la naissance de Simone de Beauvoir, nous devons porter avec force à la connaissance du monde globalisé cet événement anthropologique que son œuvre a cristallisé et accéléré.

L’événement Beauvoir se préparait depuis la nuit des temps : ça couvait sous la cendre des foyers, ça grésillait dans les marmites, ça éclatait dans les chambres à coucher, ça se disait plus ou moins, paraît-il, chez les taoïstes, entre autres ; ça avait fini par s’écrire chez les épistolières, philosophes et autres femmes des Lumières – de Marie de Sévigné à Emilie de Châtelet, puis Germaine de Staël et George Sand ; ça c’était mis à revendiquer des droits politiques avec Louise Michel et les suffragettes anglaises… Mais il fallait que ça se pense, s’élucide et se proclame, après une Deuxième Guerre mondiale dévastatrice, par une aristocrate française déclassée, catholique en rupture de ban, agrégée de philo à l’Education nationale qui n’en voulait pas trop, et existentialiste à Saint Germain-des-Prés qui en fit une idole couplée à Jean-Paul Sartre, son « tout cher petit être » –pour que ça éclate dans la langue française. Et ça s’est entendu partout dans le monde, ça s’est répandu comme une traînée de poudre et ça n’a pas fini de bouleverser les corps et les esprits, d’IVG en familles recomposées, quand ce n’est pas en Présidentes en tout genre et droits de la Femme à tout ce qui est possible et imaginable.

Beauvoir était-elle Philosophe ? Sociologue ? Militante ? Ecrivain ? Ami (e)s et ennemi(e)s, connaisseurs et cénacles détaillent sans fin les multiples visages de cette aventurière qui, sous sa frêle apparence d’intellectuelle à turban, par la vivacité de sa plume et la violente solidité de son esprit, a ouvert une nouvelle ère.

Je me limiterai, pour ma part, à souligner quelques traits de l’expérience de Simone de Beauvoir, qui me semblent désormais si profondément intégrés à nos destins que, l’ayant lue ou non, nous sommes comme « écrits » par elle, lorsque nous la suivons, discutons ou rejetons. Ni idole consacrée, ni manipulatrice sans scrupules, Par ses difficultés, ses ambiguïtés, ses impasses aussi – la pensée de Beauvoir a suscité des ajustements qui ne cessent de moduler cette liberté féminine, la nôtre, toujours « en train de naître » : c’est dire que nous lui devons la liberté même de penser – avec elle ou contre elle.

Ainsi, l’égalité des sexes réclamée par Beauvoir s’inscrit philosophiquement sous le régime de l’universel, dont la généalogie remonte à l’Idée platonicienne, au νους plotinien, aux idéaux républicains de l’Homme universel cher aux Lumières françaises. Avec la psychanalyse, nous savons aujourd’hui qu’ils se soutiennent du déni du corps féminin, du déni de l’homosexualité féminine et du déni de la maternité. Le culte du phallus s’exprime dans la réduction des corps sensibles et des différences singulières, ramenées à l’Un universel, à l’Homme universel.

Ses ami(e)s féministes n’ont pas manqué de s’apercevoir que, chez Beauvoir, l’Homme universel se cristallise dans le culte du Grand-Homme : avec ambivalence, agressivité ou dépendance. Il attend La Cérémonie des adieux (1981) pour donner lieu à la froide tendresse d’un récit incisif – un brin vengeur ? – à l’endroit du maître à penser. Mais l’idéalisation de cette masculinité phallique ne va-t-elle pas de pair avec une déconsidération du corps désirant, du corps féminin perçu comme « chose opaque et aliéné » (LDS, I, 67), « marécage ou insectes et enfants s’enlisent » (LDS, II, 167), à l’opposé du sexe de l’homme « propre et simple comme un doigt » (LDS, II, 160) ? Pourquoi le Castor ne s’aventure-t-elle pas non plus à penser que la « vocation » de Sartre pour les « amours contingentes » dissimule l’insoutenable dépendance érotique de l’Impossible Monsieur Bébé sous la superbe du « cher petit philosophe » ? Le lamento beauvoirien serait alors bien loin du dépassionnement psychanalytique qu’on attend de celle qui fit d’une psychanalyste (Anne) l’héroïne des Mandarins (1954), mais aussi à l’écart de l’ironie d’une Colette à l’endroit de ce « bon gros amour » (Mes apprentissages, Pl III, 1053) pour « ces hommes que les autres hommes appellent grands » (Ib., 983) ? – Bien sûr !

Je préfère y déchiffrer quant à moi une ultime ambiguïté, qui tient compte de la vulnérabilité du premier sexe, de l’Un. Une ambiguïté qui le soigne… pour mieux le servir ? Ou pour s’en servir dans le jeu du désir à mort ?

Dans ses contradictions mêmes, l’expérience de Beauvoir atteste que la femme accède à « une expérience plus authentique d’elle-même » (LDS, II, 191). N’y aurait-il de morale authentique que celle – féminine – de l’ambiguïté ? Qu’il s’agit de révéler à son double, son frère : égalité oblige. Serait-ce la fin des différences ? De la différence ? Pas si simple ! Au cœur de son universalisme, Beauvoir la romancière devenue hégélienne (« chaque conscience veut la mort de l’autre ») révèle dès L’Invitée (1943) la « guerre » que se livrent les deux sexes ; et elle sera parmi les premières à rendre justice à Sade qui « a le mérite de nous inquiéter » en révélant une logique « fondamentale », écrit-elle, dans les relations entres les hommes... femmes comprises. Assumant cette cruelle vérité – que le refoulement de droite et de gauche ne lui pardonnera jamais ! – et tout en cultivant le mythe du couple, Beauvoir avec Sartre a démontré à la fois la divergence des désirs masculin et féminin, et la possibilité de maintenir un lien de reconnaissance et d’estime entre individus autonomes. Cette politesse ultime qu’est leur souci réciproque de l’intégrité physique et psychique d’autrui, ainsi que de son travail, a fait du couple un espace de pensée, et de la pensée un dialogue entre les deux sexes. Et si c’était ça, l’athéisme, vécu comme une exploration du lien amoureux jusqu’à ses extrêmes limites : une « entreprise cruelle et de longue haleine » (J.P.Sartre, Les Mots, Folio 204) ?

II. On naît femme, mais je le deviens
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Face aux avancées de la biologie (nous sommes génétiquement programmés avant même la naissance), peut-on encore dire qu’« on ne naît pas femme » ? Beauvoir vint à temps pour débiologiser la femme et, en la situant dans l’histoire des sociétés patriarcales qui en ont fait un « objet », pour l’élever au rang de « sujet ». Le moins qu’on puisse dire est que cette bataille est loin d’être gagnée, menacée qu’elle est par une double pression : d’une part, la maternité dévalorisée par l’auteur même du Deuxième Sexe et par une grande partie des féministes ; de l’autre, une maternité ramenée par le biologisme techniciste à un instinct de l’espèce.
Pourtant, les différences homme/femme ont été mises en évidences aussi bien par la psychanalyse et la littérature que par les conflits familiaux et sociaux des cinquante dernières années. Des différences qui, lorsqu’elles sont analysées et assumées, ne n’imposent pas nécessairement une hiérarchie entre les sexes, ni un « maître à pensée » comme compagnon idéal de la transcendance de l’immanence féminine. Elles accompagnent bel et bien la guerre des consciences qui se vouent de mutuels désirs à mort dans une complémentarité forcément conflictuelle mais cependant vivable. Je dirais donc : « ‘On’ (le corps impersonnel) naît femme, mais ‘je ‘ (sujet) le deviens continûment ». Beauvoir était sur cette voie.

Troisième tension dans le raisonnement de la philosophe : bien que consacré à la « condition féminine » dans son ensemble, et parce qu’elle vise une possible autonomie individuelle, c’est dans la réalisation singulière de femmes « sujets » que Beauvoir puise pour montrer ce que liberté au féminin veut dire (voir ses exemples, de Thérèse d’Avila à Colette). En revenant à l’initiative singulière du « génie féminin », j’ai tenu moi-même à exprimer ma dette à l’égard de Beauvoir, et j’ai dédié à sa mémoire la conclusion de mon triptyque Hannah Arendt-Melanie Klein-Colette.

Le roman ou la philosophie politique au singulier
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Biologie et liberté ; homme et femme ; condition féminine commune et génie féminin singulier : ces enjeux qui balisent l’œuvre de Simone de Beauvoir sont au cœur du IIIe millénaire. Beauvoir écrivain nous immerge dans ces tensions ! Essais, romans, lettres : l’acte imaginaire, le flux graphique capte et dissèque l’espace d’un café ou d’une ville, le temps qui passe, les gens autour. Avec elle, le roman est un acte d’affirmation existentielle, par lequel l’invivable singularité se transmue en enjeu politique et vice versa. Aux antipodes de l’autofiction et de son narcissisme complaisant, par la passerelle de la fiction, Beauvoir manifeste une autre facette de sa généreuse vitalité : sa capacité d’incarner une philosophie politique de la liberté dans le microcosme de l’intime. Ses romans détruisent sa statue de féministe, mais portent Le Deuxième Sexe dans le for intérieur de chacune, de chacun. Et en font plus qu’un mythe : une invitation à singulariser le politique et à politiser le singulier.

Cent ans après sa naissance, les conséquences de la mutation anthropologique que Simone de Beauvoir a impulsée sont d’actualité, pour le meilleur et pour le pire. Il nous revient, pour le mieux, de les reprendre à leurs sources philosophiques, religieuses, psychiques, imaginaires, sociales et politiques.

Julia Kristeva

Colloque international de Paris
Centenaire de la naissance de Simone de Beauvoir
9-10-11 janvier 2008
MERCREDI 9 JANVIER 2008, Réfectoire des Cordeliers

LIRE AUSSI : Julia Kristeva, Beauvoir présente

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Colloque Beauvoir
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Une vie, une oeuvre (24-01-08)
Avec Sylvie Le Bon de Beauvoir, sa fille adoptive.
Danièle Sallenave. Auteur du livre biographique Castor de guerre (Gallimard).
Béatrice Didier. Professeur émérite rue d’Ulm.
Julia Kristeva. Écrivain, psychanalyste.
Michel Contat.
et les voix de Simone de Beauvoir et de Jean-Paul Sartre.

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Portrait de Simone de Beauvoir (1-02-08)
avec Danièle Sallenave et Huguette Bouchardeau.

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Beauvoir philosophe (2-02-08)
Avec Julia Kristeva et Huguette Bouchardeau.

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Lire : Redécouvrir l’oeuvre de Simone de Beauvoir

Je veux tout de la vie, un film de Pascal Fautrier et Pierre Seguin (2008).

Avec une courte apparition de Sollers au début de la video ci-dessous.


Beauvoir et le "deuxième sexe" par borddeleau

Bernard Frank, Beauvoir dans L’Infini 91 (article inaccessible)

Simone la scandaleuse dans le Nouvel Observateur du 3 janvier

Le deuxième sexe en héritage dans le Monde diplomatique

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Simone de Beauvoir en 1939.

Beauvoir avant Beauvoir

par Philippe Sollers

A la fin des années 1930, Simone de Beauvoir se voyait refuser une fiction où elle décrivait déjà l’éternelle domination des femmes. Elle sera finalement publiée en 1979 avec la réticence de l’auteure, jugeant que son livre manquait de chaleur et de relief. Dix ans plus tard, elle publiait « le Deuxième Sexe ».
Ce premier roman « Anne, ou quand prime le spirituel » vient d’être réédité.

Etonnante aventure que celle de ce petit livre, sans doute l’un des plus réussis de Simone de Beauvoir. Nous sommes en 1937-1938, elle a 30 ans, elle écrit ce roman en détournant un titre de Maritain, « Primauté du spirituel », elle veut régler ses comptes avec son milieu catholique, son enfance coincée, ses premières expériences de professeur en province. Son manuscrit est refusé par Gallimard et Grasset, elle s’incline, puis y revient en 1979, le publie sans aucun écho avec un nouveau titre, « Quand prime le spirituel ». Le voici à nouveau en édition de poche. Cette fois il s’appelle « Anne, ou quand prime le spirituel », et là, on s’étonne : c’est précis, dur, très intelligent, pas du tout inférieur à « La Nausée », décapage du mensonge presque généralisé de l’époque, hypocrisies, puritanisme, fausse religion, petits enfers familiaux et sociaux, continuation ahurissante du xixe siècle, crimes innocents doucereux, horreur des relations mère-fille, niaiserie physique, portraits profonds de la mauvaise foi à l’oeuvre dans un pays, la France, qui nous semble soudain très lointain, à moins que ce ne soit toujours le même, dissimulé, en douce. Le plus étrange, bien que Beauvoir ne parle jamais de lui, est, dans le style même, l’influence de Mauriac. Elle l’a lu, aucun doute, et on peut se demander si l’animosité de Sartre à l’égard de l’auteur du « Noeud de vipères » ne vient pas de là.

Un des drames de la vie de Beauvoir est la mort de son amie Zaza, étouffée par la famille. Elle s’appelle Anne dans ce roman, mais ce n’est pas le seul personnage, loin de là, il y en a bien d’autres, femmes, jeunes filles, hommes refoulés nigauds, anarchistes nocturnes désespérés (remarquable évocation de la figure de Denis, nihiliste à la dérive). L’essentiel, bien entendu, est l’idéalisme à toute épreuve qui anime aussi bien les dévots que les pseudo-affranchis. Ecoutons Beauvoir : « Les tabous sexuels survivaient, au point que je prétendais pouvoir devenir morphinomane ou alcoolique, mais que je ne songeais même pas au libertinage. » Image de la dévote : « Elle apercevait des visions merveilleuses ; son coeur fondait et elle offrait en sanglotant le sacrifice de sa vie à un jeune Dieu blond. Elle l’avait vu une fois, au cinéma ; le soir, dans son lit, elle lui faisait ses confidences, et elle s’endormait blottie contre le coeur de Jésus : elle rêvait d’essuyer avec ses longs cheveux de doux pieds nus. »

Il n’y a pas que la dévote qui veut faire des vers tout en se mêlant de la question « sociale », il y a aussi la jeune employée du corps professoral qui voit tout esthétiquement, déteste la vie provinciale (« Ces dames s’abordaient en se demandant des nouvelles de leurs maladies intimes »), décrit crûment la vie du lycée où elle enseigne (rien n’a changé depuis Flaubert), se veut esprit dégagé et libre, mais s’indigne si une de ses élèves tombe enceinte et envisage de se faire avorter. Là, on est dans la souillure, la « boue ».
Toujours l’idéalisme : « N’avez-vous aucun sens moral ? C’est monstrueux !  » Allez, au mariage forcé, c’est-à-dire au couvent dans l’ombre. Le lycée est ridicule, mais l’institution Saint-Ange, confessionnelle, ne l’est pas moins. Une élève s’échappe, va à la Bibliothèque nationale où elle côtoie « les érudits, les étudiants, les maniaques, les épaves décentes qui sont les habitués ordinaires ». Son dentiste, ensuite, essaie de la draguer : il s’intéresse à la philosophie hindoue, il est théosophe, bref, on n’est tranquille nulle part, l’atmosphère de folie augmente. Elle culmine chez une mère pudibonde qui interdit à sa fille de recevoir des lettres d’un ami, et lui dit froidement : « Crois bien que si je n’avais pensé qu’à mon plaisir tu ne serais pas de ce monde. » De quoi mourir, et en effet la fille mourra. Sacrée mère investie par Dieu : « Je sais ce qu’est un homme ; ils parlent d’idéal, mais ils sont pleins d’ignobles désirs. »

Dans tout ce carnaval sinistre à faux Dieu et à liberté conventionnelle, ce que Beauvoir saisit à merveille, ce sont les rapports de domination, d’intimidation, les luttes pour le pouvoir. Les filles doivent être chastes, penser à se marier et à engendrer, point final. La révolte est sanctionnée, et toute fugue dans la vraie vie semble déboucher (sauf à la fin) sur une autodestruction programmée. La fugueuse, dans un bar de Montparnasse où elle tente (toujours l’idéalisme) de se faire passer pour prostituée : « Je les regardais, je pensais à des nuits blanches, des départs, des rencontres, des attentes, je ne pouvais former aucune image claire, mais cette évocation confuse me bouleversait. » Evidemment, Dieu s’éclipse (« les arbres, le ciel, l’herbe, personne ne leur ordonnait d’exister »).

Mais l’idéalisme à l’envers reste plus que jamais de l’idéalisme. Superbe passage : « J’admettais le viol, l’inceste, la luxure, l’ivrognerie : tout satyre pouvait être un Stavroguine, tout sadique, un Lautréamont, tout pédéraste, Rimbaud ; je regardais avec vénération les prostituées aux cheveux rouges ou mauves assises près de moi sur les tabourets du bar ; j’avais l’imagination si peu lubrique que même lorsque je les entendais se demander à haute voix pour quel prix elles accepteraient de sucer un client, je ne formais aucune représentation claire. » Arrive maintenant une riche lesbienne qui veut refaire l’éducation de la débutante : elle l’habille, la maquille, veut coucher avec elle, ce qui étonne fort la néophyte. De plus, la lesbienne (Marie-Ange) est elle aussi théosophe, spirite, nudiste à l’occasion, adepte des tables tournantes, et surtout organisatrice de réunions artistiques d’avant-garde. Rupture, mais rupture aussi avec Denis (avec qui la débutante ne couche pas), qui lui parle un moment d’aller à Saigon faire du trafic d’opium. Bref, on s’ennuie à mourir dans l’ordre bourgeois, mais on s’ennuie à se décomposer dans la dérive : « Des couples me frôlaient en dansant ; j’éprouvais pour eux une pitié déchirante ; je ne savais pas distinguer un fox-trot d’un tango, tout ce que je voyais, c’était une vraie agitation par où des hommes s’efforçaient d’échapper à l’affreux ennui de vivre ; je les plaignais et pourtant je pensais qu’ils avaient raison contre moi ; j’aurais dû imiter ces femmes offertes sans défense au hasard, tout entières plongées dans l’instant : elles ne savaient pas même avec qui elles coucheraient ce soir, elles ne cherchaient pas à savoir ; elles dansaient, elles buvaient, les unes gagneraient des fortunes, d’autres deviendraient des espèces d’épaves, comme cette vieillarde à cheveux roux assise à côté de moi et qui se soûlait chaque soir. »

Soudain, à travers les rues, la révélation de la liberté surgit. On sort des simulacres et des allégories, les choses sont de nouveau là « nues, vivantes, inépuisables ». Les autres personnages « mourront sans avoir rien connu de réel, et je ne veux pas leur ressembler ».

On l’a compris : cette expérimentatrice obstinée va, un jour ou l’autre, écrire « Le Deuxième Sexe ». Après quoi viendront d’autres idéalisations, mais c’était fatal.

Philippe Sollers, Le Nouvel Observateur 13/07/2006.
Première mise en ligne le 14 janvier 2007

Née à Paris en 1908, Simone de Beauvoir obtient l’agrégation de philosophie en 1929. Elle rencontre Jean-Paul Sartre, qui la surnomme le Castor. Elle devient sa maîtresse et publie son premier roman en 1943. Pour « les Mandarins », elle a reçu le prix Goncourt en 1954. Elle meurt en 1986.

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Voir en ligne : Simone de Beauvoir


« Anne, ou quand prime le spirituel  », par Simone de Beauvoir, avant-propos de Danièle Sallenave, Gallimard, Folio, 368 p.

SIMONE DE BEAUVOIR SUR PILEFACE

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4 Messages

  • A.G. | 2 mars 2008 - 22:35 1

    L’édito du dernier artpress

    D’un cul vrai et de quelques vrais faux-culs

    Quel foin dans la presse pour la vue d’un cul ! Que de protestations indignées ! « L’insulte faite à Marie », titre Libération (oh, pardon pour le lapsus : « à Beauvoir », devais-je écrire, le cul n’étant pas celui de la Vierge, mais rien de plus que celui d’une femme, d’un écrivain, Simone de Beauvoir, dont le Nouvel Observateur a commis l’infamie de publier la photo en « une ». « Scandale, mercantilisme, grossièreté, lâcheté, bêtise, machisme, obscénité, perversion, prostitution ... », on a tout entendu. Les chiennes de garde ont foncé à la curée. Même l’intransigeant Daniel Schneidermann dans Libération a vu rouge : figurez-vous qu’on a traficoté le document en estompant le rouleau de papier-cul et en sortant du cadre la cuvette des W.C.! Pure pratique stalinienne, non ? De quoi s’agit-il en vérité ? D’une photo pornographique ? évidemment non. Simone de Beauvoir faisait tout simplement sa toilette, nue, dans une salle de bain d’un appartement de Chicago. La porte étant ouverte, le photographe Art Shay, ami de son amant américain, la voit « se pomponner devant le lavabo » et prend un cliché. S’indigne-t-elle ?? Fonce-t-elle vers l’ignoble paparazzi pour l’obliger à détruire la photo ? Nenni. Elle se contente de lui lancer en souriant : « Vilain garçon ». Objections des belles âmes : avec ce choix de couverture, le Nouvel Obs a voulu vendre du papier. Serait-il donc le seul hebdo à avoir une telle mercantile préoccupation ? Seconde objection de la ligue des vertueux : Simone de Beauvoir n’était pas là pour autoriser la publication de la photo, il y a atteinte à la vie privée. Incontestable. Mais quand la même Simone, dans ses Mémoires, dans ses lettres rendues publiques, racontait de long en large ses amours et celles de Sartre avec leurs très jeunes maîtresses, ou elle avec son amant américain, cela sans leur aval, voire à leur corps défendant, pas d’atteinte à la vie privée ? Et toutes les biographies, des vivants ou des grands morts, et en l’occurrence celle, excellente, de Danièle Sallenave, Castor de guerre, pas des atteintes à la vie privée ? Faut-il, dès lors, penser que l’indignation morale viendrait du fait qu’on peut tout raconter avec des mots, mais que s’agissant d’une image... ? Ce serait là la preuve que le toujours très puritain parti iconoclaste qui a sévi au cours des siècles est aujourd’hui plus puissant que jamais. Un dernier mot à l’attention des admirateurs et admiratrices de Simone de Beauvoir qui s’épuisent à nous convaincre que leur héroïne n’était pas cette intellectuelle froide, insensible, raisonneuse, mais une femme, une vraie femme, une belle femme, avec un corps, un vrai corps de chair, sensuel, sexy..., eh bien, de quoi se plaignent-ils ?, est-ce qu’avec cette photo on n’en apprend pas mille fois plus sur ce corps qu’avec tous les besogneux discours ?

    Jacques Henric


  • A.G. | 13 janvier 2008 - 13:04 3

    Le rapprochement fait ci-dessous entre l’article de Sollers et la photo de Simone de Beauvoir nue (à Chicago en 1952) qui a fait la "couverture" (si je puis dire) du Nouvel Obs. ne manque pas d’humour. L’article de Sollers se termine ainsi : " Simone de Beauvoir ? Une femme à découvrir. "
    Qu’on ne se méprenne pas : ce sont les livres, une vie, que Sollers nous invite à découvrir, à lire ou à relire.

    Le Monde du 13 janvier, cependant, nous en dit un peu plus sur "la découverte" que les lecteurs du N.O. ont pu voir un peu surpris (plus que Beauvoir au moment où la photo a été prise ?). Dans la rubrique La fabrique de l’info, on lit ceci :

    " L’homme qui a vu Simone de Beauvoir nue "

    C’est une photographie étonnante, qui a fait couler beaucoup d’encre depuis qu’elle a été publiée, le 3 janvier, en couverture du Nouvel Observateur. A l’occasion du centenaire de la naissance de Simone de Beauvoir, le magazine a choisi une image de l’écrivaine nue, de dos, en train de se coiffer. Une photo peu connue, esthétique certes, mais aussi très vendeuse. A mille lieues de la vision austère de l’écrivaine cachée sous son éternel turban que René Maheu, candidat comme elle à l’agrégation en 1929, avait surnommé "Castor".

    Certaines féministes n’ont pas apprécié de voir l’auteure du Deuxième Sexe réduite à une pin-up montrant ses fesses. Choisir la cause des femmes, association créée par Simone de Beauvoir, a dénoncé le "côté clairement racoleur" du magazine. De nombreux lecteurs ont envoyé des lettres salées à l’hebdomadaire, tandis que, sur les blogs, le débat fait rage.

    Au Nouvel Observateur, le directeur adjoint de la rédaction, Michel Labro, ne comprend pas cette virulence : "Cette image illustre bien notre dossier qui montre le côté subversif, non conformiste, du personnage. Cela n’a rien de gratuit. Si on voulait faire du racolage, on ne ferait pas un dossier sur Simone de Beauvoir !" Sauf que le magazine a alimenté la critique, en retouchant l’image de façon à atténuer les bourrelets. "Il ne faut pas exagérer, on n’a pas fait un lifting ! On a un peu atténué les contrastes qui faisaient bizarre au niveau de ses jambes", se défend M. Labro. Dans les pages intérieures, la même photo n’a pas subi le même traitement.

    Au sein même du magazine qui publia en 1971 le "Manifeste des 343 salopes", pétition féministe rédigée par Simone de Beauvoir, les débats auraient été vifs. Les "anciens", tels Jean Daniel ou Serge Lafaurie, auraient manifesté leurs doutes voire leur opposition à la publication de cette image ; les jeunes auraient jugé cette photographie plutôt inoffensive.

    Exposée en avril à Paris
    Mais d’où vient donc l’objet du délit ? Il suffit de demander à son auteur, l’Américain Art Shay, 85 ans, qui s’en souvient comme si c’était hier. "La photo n’a pas été volée", insiste-t-il. Photojournaliste, Art Shay est un proche de Nelson Algren, l’amant américain de Simone de Beauvoir. Shay rencontre l’écrivaine pendant l’été 1952 alors qu’elle habite chez Algren à Chicago. "Nelson vivait dans un quartier malfamé de Chicago, dans un appartement sans salle de bains. Il m’a chargé de trouver un endroit où Simone pourrait se laver", précise M. Shay. Le lendemain, celui-ci accompagne la Française chez une amie qui lui prête un appartement avec baignoire. Ils sont seuls et Nelson Algren l’a prévenu : "Fais attention à toi, elle aime les hommes jeunes !" Alors qu’elle se lave, la porte reste ouverte. Quand elle se recoiffe, chaussée de ses mules, Art Shay sort son Leica. "Elle m’a entendu déclencher, s’est retournée et m’a dit en riant : "Vilain garçon !" Elle n’était pas fâchée. Elle avait, comme Nelson, des moeurs très libres."

    Art Shay prendra une quinzaine de photos du couple. Mais celle de la salle de bains ne sera pas publiée ni même imprimée avant cinquante ans. "Je n’ai jamais oublié cette photo. Mais je croyais avoir perdu les négatifs. Quand je les ai retrouvés, Simone était morte, je ne pouvais pas lui demander son autorisation. Je suis sûr qu’elle me l’aurait donnée mais j’ai préféré laisser passer du temps", précise Art Shay. La photographie a été publiée pour la première fois dans son livre Album for an Age, en 2000. Elle sera exposée à Paris, en avril, à la galerie Albert Loeb, au côté d’autres images de Simone de Beauvoir, plus pudiques. "

    Claire Guillot

    La photo est intéressante. Son auteur nous le dit : "Elle n’a pas été volée." "Elle m’a entendu déclencher, s’est retournée et m’a dit en riant : "Vilain garçon !" Elle n’était pas fâchée.". Le miroir dans lequel Beauvoir (fâchée ? pas fâchée ?) pourrait aussi nous voir - la regardant - nous renvoie à nous-mêmes. "Vilains garçons" ?

    Le photographe Art Shay et son épouse, Florence à New York en 1962


  • V.K. | 11 janvier 2008 - 12:40 4

    Extrait de l’article "Simone de Beauvoir la scandaleuse"

    LE NOUVEL OBSERVATEUR N°2252 DU 3 AU 9 JANVIER 2008



    Photo Art Shay/Courtesy Stephen Daiter Gallery

    "Naughty boy ! (vilain garçon)." Quand elle entend le déclic de l’appareil photo, Simone de bEAUVOIR NE SE RETOURNE PAS. Elle vient de prendre son bain - un luxe dans le Chicago des années 1950 - chez un copain de son amant Nelson Algren. Art Shay, photographe, était dans l’appartement. Par la porte entrouverte, il voie cette femme nue, à la taille si fine, cambrée sur ses mules, occupée à nouer son chignon. Il sait qu’elle l’a vu dans le miroir. Il déclenche. Elle rit. (Scène racontée dans "Tête à tête". de Hazel Rowley, Grasset, 2007.)