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Paradis Vidéo (épisode 1) : à Reims

Jean Paul Fargier, 1980-1983

D 2 décembre 2021     A par Albert Gauvin - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Voici comment j’ai découvert Paradis Vidéo en mai 1983, à Reims.

Première mise en ligne le 11 janvier 2007.


L’Union du 28 mai 1983.
ZOOM : cliquer sur l’image.
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Jean Paul Fargier, vidéaste, nous parle de Paradis Video qu’il réalisa avec Philippe Sollers au début des années 80 et de la tournée qu’ils firent tous deux dans quelques villes de province. Parmi celles-ci : Reims. C’était les 19 et 28 mai 1983 [1]. Au programme : Itinéraire de Paris à Jérusalem, Le trou de la Vierge, puis Paradis Vidéo. Deux soirées inoubliables.

Ci-dessous le programme.
J’ai retranscrit le texte que Fargier avait écrit pour Paradis Vidéo (il était en p.3)
En page 4, des extraits de Femmes.

JPEG - 134.8 ko
Paradis-Video-Performance, Reims, 28 mai 1983.
Archives A.G.
JEUDI 19 MAI à 21h00
"Soirée Philippe Sollers"
Présentation vidéo d’une création Maison de la Culture en avant-première :
"ITINERAIRE DE PARIS A JERUSALEM"

Parcours des lieux qui jouent un grand rôle dans "Femmes", réflexion in situ de Sollers pour la Bible, la judéité, la peinture, le sexe, l’art, les femmes...

"LE TROU DE LA VIERGE"
Interview de Philippe Sollers par Jacques Henric

La projection sera suivie d’un débat en présence de Philippe Sollers et Jean Paul Fargier.

SAMEDI 28 MAI à 21h00
PARADIS VIDÉO
Spectacle-vidéo de Jean Paul Fargier avec Philippe Sollers
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Philippe Sollers dit Paradis.

Il lit — une heure de Paradis — environné de huit écrans vidéo. Six de ces écrans accueillent des images préparées (à Venise, à Paris, en studio) ; les deux autres retransmettent instantanément le filmage de la performance (lecture, prononciation, annonciation) par deux caméras (couleur et noir et blanc colorisé).
Huit images. Parfois huit fois la même (ou presque même) image. Souvent huit images différentes.
De quoi s’agit-il ? Pas d’illustrer Paradis mais de brancher en regard du déroulement vocal (et vif) du texte-fleuve un flot visuel qui lui fasse écho et loupe, coupe et ricochet.
Echo, puisqu’on n’y vise nulle concordance des temps.
Loupe, car il ne peut s’agir que d’une focalisation fragmentaire immergée plus ou moins grossissante, déformante.
Coupe, dont la vocation est d’être débordée. Et vice versa. Longitudinale et transversale.
Ricochet, le ricochet étant la seule dialectique admissible en cette matière. Au fait, quelle matière ? autrement dit : de quel corps émane, jaillit ce texte inouï ?
D’un corps glorieux.
Paradis est la vision, la préhension, l’audition, l’intellection, la déambulation, le rire d’un corps qui ne peut être que ce que la théologie nomme un corps glorieux.
Un corps qui a traversé toutes les représentations de la vie et de la mort, qui a survécu à tous les avatars.
Le corps dont nous serons doté au terme de la résurrection finale.

Jean Paul Fargier

Réalisateur : Jean Paul Fargier - Scénario : Jean Paul Fargier, Philippe Sollers -
Texte : Auteur et interprète : Philippe Sollers. Images : Jean Paul Dars et Anne Papillault.
Montage : Pierre-Marie Fenech - Caméra "direct" Paluche : Danielle Jaeggi -
Production : Centre Georges Pompidou - Musée National d’Art Moderne.

Le roman de Philippe Sollers "Paradis" est édité aux éditions du Seuil. Les pages lues pendant "Paradis-Vidéo" constituent le début du second volume de "Paradis" [2] et ont été publiées dans la revue "Tel Quel".



Jean-Paul Fargier et Philippe Sollers à Reims, mai 1983.
Fonds Anne Marie Stein. ZOOM : cliquer sur l’image.
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Philippe Sollers, Catherine Millet, Guy Scarpetta (de dos), devant la cathédrale de Reims, 1983.
Dans Catherine Mllet, D’art press à Catherine M., Gallimard, 2011. ZOOM : cliquer sur l’image.
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Au début des années 80, la pratique des vidéastes ou des vidéo-graphes fait l’objet de nombreux articles ou manifestations. En 1981, au Centre Pompidou, juste avant Noël, Jean-Paul Fargier présente pour la première fois Paradis Vidéo. Le 31 décembre 1981, une critique du Monde décrivait ainsi le dispositif mis en place par Fargier. Sans commentaire.

La vidéo, mode d’emploi

[...] Fargier, juste avant Noël au Centre Georges-Pompidou, accompagnait à la vidéo Philippe Sollers disant ses " Paradis ".
Dans un hurlement-murmure, sans début ni fin, ni point, ni virgule, ni foi, ni lieu. Sollers s’est fait encore le récitant de pans entiers du monumental texte qu’il commença de publier par morceaux dans Tel Quel, sa revue.
Soliste interprète de lui-même, au centre d’un hexagone défini par six écrans, enchassé dans ce dispositif lumineux, trapu, il ressemblait presque à une statue de saint breton : un peu courbé soudain d’être ainsi adossé aux images mouvantes qui, deux par deux le plus souvent, coulaient d’autant plus paisiblement que lui s’emballait dans sa prosodie. Défilaient des paysages, des nuages, des personnages et les refrains anonymes de fugitifs geste pornographiques, et l’on pouvait voir — sur le moniteur inférieur droit — le visage de Sollers se donnant en pâture, et — sur le moniteur inférieur gauche — déformé, colorié, le même visage, tantôt bleu tantôt vert, ou gris et rouge et jaune à la fois.
Avec ces écrans multiples restituant pour certains, en direct, ("live") les mouvements du personnage, Fargier n’a rien inventé, rien que l’on n’ait déjà vu, et revu, notamment lors du passage — à Beaubourg aussi — de l’Américain Robert Ashley et de son groupe. Ce dernier chantait, appuyé de la même façon à des vues immédiates de lui-même ou de ses instrumentistes, et à d’autres images, préenregistrées, dont la monotonie faisait merveille. Sollers, lui aussi, est parvenu à l’incantation répétitive, à la cantillation. Le plaisir de se raccrocher à des récepteurs de télévision comme à autant de songeries alternatives, éclatées, sans lien apparent avec ce que l’on continue d’écouter ou seulement d’entendre, ce plaisir était donné. Tout jugement littéraire mis à part. Et sans présumer non plus de la relative banalité des images. Dans ses rythmes, ses modes, la vidéo agit comme une musique. C’est tout.

Mathilde Labardonnie, Le Monde du 31-12-81.

Portfolio

  • Extraits de Femmes
  • Paradis-Video-Performance, Reims, 28 mai 1983

[1Le 28 mai était aussi l’anniversaire de ma fille.

[2Il s’agit des 54 premières pages de l’édition Gallimard, 1986.

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