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Picasso, ses femmes, ses filles (suite sans fin)

Picasso, Matisse et Françoise Gilot dans L’Éclaircie

D 21 avril 2023     A par Albert Gauvin - C 3 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook



Titres choc, témoignages contradictoires, propos plus ou moins nuancés, wokisme (to wake or not to wake ?), insultes. Sauf à être un peu cubistes, êtes-vous mieux armé(E)s aujourd’hui pour regarder, sous toutes leurs facettes, les oeuvres plutôt complexes de Picasso et pour comprendre l’homme ? Pas sûr. Calmons le jeu ou... attisons le feu.

Le 17 février dernier, au micro de France Culture, Cécile Debray, présidente du musée Picasso, répondait à la question désormais inévitable : À l’ère post me too : comment parler de Picasso ?

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« Au moment de ma prise de fonction en tant que présidente du musée Picasso, il y a un peu plus d’un an, j’ai fait le constat que l’aura de Picasso s’était ternie, principalement dans les milieux universitaires et auprès de la jeunesse qui écoute beaucoup les réseaux sociaux. J’ai mesuré l’urgence à s’emparer de ce sujet, à s’y confronter, à accueillir le débat. Picasso a non seulement mis en scène sa masculinité mais également représenté l’acte amoureux, la passion, la mort, c’est vraiment au centre de son oeuvre, en prenant beaucoup ses compagnes pour modèles, non pas pour en faire des portraits identifiés, mais vraiment pour représenter l’acte amoureux ou la relation à l’autre au sein de ses peintures et la mythologie de ce peintre espagnol, né à la fin du XIXe siècle, dans le sude de l’Espagne, dans une culture très patriarcale. Il s’est emparé du mythe du minotaure et mis en scène cette puissance sexuelle très liée à la culture méditerranéenne. Aujourd’hui c’est cet aspect biographique qui est mis en cause, alors que lorsqu’il a disparu au début des années 1970 on mettait en cause son œuvre. Aujourd’hui c’est l’homme qu’on met en cause et il faut revenir sur la relation de l’oeuvre et de l’artiste. Ce qui m’a frappée, c’est que c’est l’aspect biographique qui est mis en cause. Les oeuvres sont peu regardées dans ce débat. L’attention est portée sur les témoignages des ex-compagnes de Picasso, vues comme des sources absolument objectives — ce qui pourrait... en tant qu’historienne, on pourrait quand même rappeler quelques précautions méthodologiques dans l’utilisation de ces sources — et c’est une construction historiographique, une périodisation de l’œuvre de Picasso qui se fait à partir de ses liaisons sentimentales. Et cette construction est très ancienne. Elle a été faite par des journalistes, par des témoins, des historiens d’art, des conservateurs qui ont réattribué des tableaux au titre très typologique, du type "femme" ou "femme assise" en redonnant l’identité des modèles. Il y a eu une construction qui n’a pas choqué, sur laquelle on a beaucoup analysé l’oeuvre de Picasso et qui, aujourd’hui, fait figure de fait avéré et totalement objectif sur la vie de Picasso. »

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Picasso, l’art et la tyrannie

Signe des temps, Marc Weitzmann, Dimanche 16 avril 2023


Scène bacchique au Minautore, 1933.
Gravure sur papier. Mougins. Photo A.G., 22 août 2020.
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A l’occasion des 50 ans de la mort de l’artiste, Signes des temps revient sur le parcours de cet "artiste-monde" et les polémiques qu’il suscite aujourd’hui.

Avec

Stéphane Guégan, Historien, critique d’art, Conseiller scientifique auprès de la Présidence du musée d’Orsay et du musée de l’Orangerie.
Annie Maïllis, Autrice.
Laurence Madeline, Historienne de l’art.

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Quels liens existent-ils entre l’art et la tyrannie ? Cette question, sous-jacente aux clichés médiatiques en cours dans le débat sur le rapport entre l’homme et l’oeuvre, il était sans doute inévitable qu’elle surgisse cette année où tant de manifestations commémorent le cinquantième anniversaire de la mort de Pablo Picasso. Dans Le Monde de ce week-end, Michel Guerrin rappelle quelques exemples de l’aberration avec laquelle elle se pose aujourd’hui trop souvent : c’est un artiste islandais définissant Picasso comme le "Harvey Weinstein de son époque", des activistes investissant le Musée Picasso de Barcelone pour dénoncer "un artiste agresseur de femmes", le podcast féministe de Julie Beauzac Vénus s’épilait-elle la chatte ?, plus d’un million de vues sur YouTube, qualifiant Picasso de "grosse ordure" ou encore l’exposition du Brooklyn Museum prévue le 2 juin prochain, confiée à une humoriste australienne ayant déjà fait savoir combien elle détestait Picasso, viscéralement.

L’émission d’aujourd’hui va tenter de remettre les choses à l’endroit sans éluder pour autant les questions qui se posent.

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Marie-Thérèse Walter, Le rêve, 1932.

Les invités du jour

Annie Maïllis, autrice du documentaire Pablo Picasso et Françoise Gilot ainsi que de l’essai Picasso : la femme et le toro aux éditions Georges Naef
Laurence Madeline, directrice du musée des beaux-arts et d’archéologie de Besançon, autrice de Picasso : 8 femmes aux éditions Hazan et de Marie-Thérèse Walter et Pablo Picasso : biographie d’une relation aux nouvelles éditions Scal
Stéphane Guégan, Historien, critique d’art. Commissaire de l’exposition Manet-Degas au musée d’Orsay. Conseiller scientifique auprès de la présidente des musées d’Orsay et de l’Orangerie. Guégan publiera un livre sur Picasso en septembre 2023. Son site.

Picasso, la part de l’homme et de l’oeuvre

Laurence Madeline décrit les parcours parallèles et la propre auto-narration de ces femmes compagnes de Picasso. L’historien Stéphane Guégan précise cette dimension destructrice dans ses relations, envers les femmes et les hommes ; il détaille la personnalité très narcissique de Picasso dans une forme de tyrannie (?).
Annie Maïllis précise : "la mise à l’épreuve des autres faisait partie de son parcours". Laurence Madeline poursuit : "l’histoire de l’art n’a pas été juste vis-à-vis de ses femmes et s’est très rapidement désintéressée d’elles après leurs relations avec Picasso ; et pour autant les a réutilisées pour faire des périodes, sans savoir ce qu’il y avait derrière."

Générique : Pablo Picasso par The modern lovers

À réécouter : L’ogre Picasso (La Compagnie des oeuvres 58 min)

Pour en savoir plus

La femme qui pleure : Pablo Picasso accusé de violences envers les femmes, par Léa Simone Allegria, Marianne, 2 juillet 2021.

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Dora Maar, La femme qui pleure

Francis Ponge décrit La femme qui pleure (Le bon plaisir, 1985)

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Fernande Olivier
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Eva Gouel
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Olga Picasso
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Jacqueline Roque

LIRE AUSSI : Un Étranger nommé Picasso d’Annie Cohen-Solal aux éditions Gallimard.

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Deux maîtresses de Picasso et leurs filles : Marie-Thérèse Walter et Maya, Françoise Gilot et Paloma. Quatre destins différents.

Bonheur et malheur de Marie-Thérèse Walter

Marie-Thérèse Walter. Montage à partir de photomatons, 1930. A.G. Musée Picasso, 19 août 2022.
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Photographies de Picasso avec Marie-Thérèse et Maya.
Musée Picasso. Photo A.G., 19 août 2022.
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Photographies de Picasso avec Marie-Thérèse et Maya.
Musée Picasso. Photo A.G., 19 août 2022.
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Portrait de Marie-Thérèse, , 1937.
Photo A.G., janvier 2017. ZOOM : cliquer sur l’image.
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Portraits de Maya Ruiz-Picasso

Du 16 avril 2022 au 31 décembre 2022, eut lieu une double exposition consacrée à Maya Ruiz-Picasso, articulée en deux volets : « Nouveaux chefs-d’œuvre. La Dation Maya Ruiz-Picasso » et « Maya Ruiz-Picasso, fille de Pablo »

« Le 20 décembre 2022 disparaissait Maya Ruiz-Picasso, fille de Pablo Picasso et de Marie-Thérèse Walter. A sa naissance en 1935, María de la Concepción inspire à son père une énergie créative sans précédent. Picasso n’a de cesse de représenter sa fille, de son plus jeune âge jusqu’à son adolescence, cherchant à percer les mystères de son enfance et à retranscrire sa joie et son insouciance. Celle-ci a par ailleurs accompagné son père dans de nombreux projets dont le tournage du Mystère Picasso de Clouzot. » (Musée Picasso)


Michel Cot : Profils de Pablo Picasso et de Maya à côté de la sculpture Tête de femme (Dora Maar)
sur le tournage du Mystère Picasso de Clouzot, dans les studios de la Victorine, Nice juin 1955.

Musée Picasso. Photo A.G., 19 août 2022.
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Stéphane Guégan :

« L’enfant va paraître, quelques heures à attendre, pas plus. Picasso attrape son carnet et note : "Si c’est une fille, La Faucille, si c’est un garçon, Le Marteau." Nous sommes le 5 septembre 1935, et ce sera une fille, et elle ne s’appellera pas Joséphine, en l’honneur de Staline. María de la Concepción convient mieux à ses parents, à leur conception de la vie, inséparable d’une sacralité que la 1re communion de l’enfant, Maya pour les intimes, devait ritualiser en mai 1946. Par la grâce d’un prénom revit l’une des deux sœurs de Pablo, foudroyée par la diphtérie à 7 ans, alors qu’il en avait 14 et que ses prières n’avaient pu écarter la mort. Nommer, c’est créer, dit la Bible. La nouvelle Marie n’entre pas seule dans une existence promise à ne ressembler à nulle autre, avec son lot de bonheurs, de difficultés et de déchirures à venir. Des ombres, en septembre 1935, il n’en manque pas. La mère de Maya, la blonde Marie-Thérèse Walter, 26 ans, est née de père inconnu, et Pablo, toujours marié à Olga, ne peut, ni l’épouser, ni reconnaître pleinement le fruit de leurs amours clandestines. L’arrivée de Dora Maar, proche des surréalistes et des cocos (la faucille !), complique bientôt les choses, puis Françoise Gilot surgit. On le pressent, la toile de fond sur laquelle se déploie la très importante exposition du musée Picasso était de nature à bousculer quelques lignes, elle le fait et le fait bien, en sortant justement Maya et Marie-Thérèse du flou, dramatisé ou platement sentimental, des raccourcis biographiques ou diaboliques. Elle nous vaut, d’abord, une série inouïe de portraits de Maya, du joli nourrisson croqué dans les tendresses de l’estompe aux tableaux de 1938-1940, le regard ému du père change alors de ton : graphisme dur et couleurs acides, refus de toute infantilisation de son sujet et écho aux guerres présentes et futures. Si le dessin d’enfant, gage d’une sorte de "pensée sauvage" fascine les artistes depuis la fin du XVIIIe siècle, si Picasso collectionne ceux de sa fille et en occupe les marges, dessiner ou peindre l’enfance le pousse en terre freudienne, lui qui trouvait la psychanalyse volontiers trop explicative. Reste l’ambivalence de nos chères têtes blondes, il s’en saisit, y descend, pour le dire comme Proust. Il lui arrive même, mettant en lumière et à distance les affres domestiques où le jette sa polygamie tantôt heureuse, tantôt cruelle, d’user du mythe, grec ou plus archaïque encore, à l’instar de Sigmund… » (Moderne).


Première neige, Le Tremblay-sur-Mauldre, 1938.
Réalisé à partir d’une photographie de Picasso prise le 7 février 1937
qui, selon Maya, immortalisera ses premiers pas.

Musée Picasso. Photo A.G., 19 août 2022.
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Portraits de Maya.
Musée Picasso. Photo A.G., 19 août 2022.
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Maya au tablier, 27 février 1938.
Musée Picasso. Photo A.G., 19 août 2022.
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Maya à la poupée, 1938.
Musée Picasso. Photo A.G., 19 août 2022.
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Maya à la poupée et au cheval, 1938.
Musée Picasso. Photo A.G., 19 août 2022.
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Photomatons de Marie-Thérèse et Maya, 1941.
Musée Picasso. Photo A.G., 19 août 2022.
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Maya à la poupée dans les cheveux, 27 juin 1943.
Musée Picasso. Photo A.G., 19 août 2022.
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Portrait de Maya, 19 novembre 1944.
Musée Picasso. Photo A.G., 19 août 2022.
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Marie-Thérèse Walter : Picasso et Maya avec leur chien Riki
Boulevard Henri IV, Paris, 25 août 1944.

Musée Picasso. Photo A.G., 19 août 2022.
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Portrait de Maya, 13 février 1951.
Musée Picasso. Photo A.G., 19 août 2022.
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Le témoignage de Maya Picasso-Widmaier, sa fille

Extrait de 13 journées dans la vie de Picasso
un film de Pierre Daix, Pierre Philippe et Pierre-André Boutang (1999) [1].

(durée : 15’09")
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LIRE AUSSI :
Picasso 1932. Année érotique
Album de famille.
24 heures Picasso - Marie-Thérèse Walter et Maya Widmaier-Picasso (Avec Diana Widmaier-Picasso, fille de Maya Picasso et petite-fille de Marie-Thérèse Walter et de Pablo Picasso, historienne de l’art et commissaire d’expositions, spécialisée en art moderne et contemporain)

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La mort de Picasso

Picasso meurt le 8 avril 1973 à Mougins. Son corps est transporté à Vauvenargues. Roland Dumas [2] raconte. Marie-Thérèse Walter, le 13 avril 1974, livre un dernier et bouleversant témoignage. (Extrait de Secret d’Histoire "Le Mystère Picasso").

(durée : 3’15")
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Emmanuel Pierrat, Familles, je vous hais ! Les héritiers d’auteurs, 2010 :

« Sur son lit de mort, Picasso aurait déclaré en direction d’une descendance qui déjà fourbissait ses armes : "Ce sera pire que tout ce que vous pouvez imaginer." D’après Pierre Cabanne, écrivain et critique d’art spécialiste de Picasso, Pablito [petit-fils de l’artiste, toxicomane] n’a pas été le seul à se voir interdire l’accès au lit mortuaire ou à la cérémonie funèbre. Le jour de l’inhumation, sa veuve défend aux « autres » Picasso l’accès à Vauvenargues, à l’exception de Paulo, père de Marina et Pablito et seul enfant légitime du peintre, né de son premier mariage avec Olga Khokhlova, ancienne danseuse des Ballets russes, mariée à Picasso en 1918.
Pierre Cabanne raconte que Marie-Thérèse Walter, compagne de l’artiste pendant une dizaine d’années dont il eut une fille, Maya, fut éconduite par un gendarme et un jardinier venus lui dire qu’il y avait "là-bas tant de peine qu’on ne pouvait la recevoir". "D’autres membres de cette famille multiple, poursuit Pierre Cabanne, ont, eux, été écartés de la cérémonie funèbre. Ils sont allés déposer au cimetière du village les fleurs qu’ils avaient apportées pour la tombe de leur père". Ces autres membres, ce sont Claude et Paloma, les enfants de "la troisième femme de sa vie", Françoise Gilot. Dans cette situation, il n’était pas absurde d’imaginer que les relations entre les rejetons, femmes et amantes de Picasso allaient être médiocres. La violence et l’obscénité des discordes qui ont divisé la famille ont fait quelques victimes collatérales. Après le suicide de Pablito, Paulo a été terrassé en 1975 par un cancer que Marina Picasso, sa fille, décrit comme une conséquence des humiliations qu’elle prête à Jacqueline et qui s’inscriraient elles-mêmes dans la suite de celles que lui fit subir son père. Puis est venu le suicide en 1977, par pendaison, de Marie-Thérèse Walter. En 1986, enfin, Jacqueline Picasso se tire une balle dans la tête, triste issue d’une dépression chronique. »

Sollers dans Portraits de femmes (Flammarion, 2013, p. 94) feint de reprendre les clichés de plus en plus agressifs à l’égard de Picasso et écrit :

« Picasso ? Un monstre misogyne, entièrement tourné vers lui-même. Un sadique, un pervers, un mégalomane absolu. Un obsédé sexuel, comme le montrent ses derniers barbouillages. Dora Maar pleure toujours, se met à peindre et devient mystique, pendant que Françoise Gilot peint de grands draps rouges ésotériques. Quant à Marie-Thérèse Walter et Jacqueline Picasso, elles se suicident après la mort de leur amour persécuteur. Tristes tropiques. »

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Paloma par Picasso

Anne Paloma Ruiz Picasso y Gilot, née le 19 avril 1949 à Vallauris, est la fille de Pablo Picasso et de Françoise Gilot. Paloma — prénom d’origine espagnole qui provient du mot paix et signifie « colombe ». Picasso réalise le dessin Colombe de la Paix en 1949, année de naissance de sa fille.

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Picasso, Colombe de la Paix, 1949

Picasso, Paloma à l’orange, 1951.
Paloma jouant au ballon, 1953.

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Picasso, Portrait de Paloma, 1951.
Paloma à la robe bleue, 1952.

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Portrait de Paloma, 1954.
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Petite fille à la robe verte (Paloma), 1956.
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Faut-il comparer ?

Paloma par Françoise Gilot


Françoise Gilot, Autoportrait avec Paloma, 1949.
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Françoise Gilot, Paloma à la guitare, 1965.
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Françoise Gilot, Paloma et Paloma in satin, 1971 (lithographies).
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Paloma Picasso : Picasso dans le regard de sa fille et du XXIème siècle

Il y a 50 ans, le maître Picasso s’éteignait dans le Sud de la France, à l’âge de 91 ans. Laissant derrière lui 120 000 œuvres, cinq héritiers et des histoires de famille... Sa fille Paloma Picasso, elle, a dessiné sa propre vie, librement. Elle est l’invitée de Sonia Devillers, le 7 avril, pour le 9h10 de France Inter. Paloma — prénom d’origine espagnole qui provient, je le rappelle, du mot paix signifiant « colombe » — Paloma, calmement, raconte.

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Suite au documentaire intitulé « L’affaire Picasso », Georges-Marc Bénamou et Paloma Picasso mettent, semble-t-il, les choses au point (France 5).

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Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais, moi, je trouve que les deux filles de Picasso, Maya et Paloma, sont plutôt bien (aucune agressivité, aucun ressentiment).

Voici maintenant un portrait de cette étrange Sylvette — Sylvette David — dont parle Paloma à la fin du précédent extrait.

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Picasso, Portrait de Sylvette, 1954
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Françoise Gilot, Vivre avec Picasso

RTS, 14 mai 1965. Entretien avec celle qui fût la compagne du peintre et qui publie un livre autobiographique Vivre avec Picasso.

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« Notre premier vrai tête-à-tête »

Extrait

Avant ma première visite, l’après-midi, rue des Grands-Augustins, j’ai téléphoné à Picasso pour prendre rendez-vous. Je suis arrivée à l’heure, dans une robe de velours noir à haut col de dentelle blanche, mes cheveux roux foncé encadrant mon visage à la manière d’une infante de Vélasquez. Picasso resta bouche bée : « C’est le genre de toilette que vous portez pour apprendre la gravure ? demanda-t-il enfin. — Certainement pas, mais je pense que vous n’avez pas la moindre intention de m’apprendre la gravure, j’ai mis le costume qui me semble le plus approprié aux circonstances. En d’autres termes, j’ai seulement essayé d’être belle. »
Il leva les mains au ciel : « Mon Dieu ! Quelle audace ! Vous faites tout ce que vous pouvez pour me compliquer la tâche. Est-ce que vous ne pouvez pas au moins prétendre être dupe, comme font généralement les femmes ? » [...]
Nous avons gravi l’escalier tournant. Picasso glissa son bras sous le mien et me guida vers sa chambre. Au milieu de la pièce, il s’arrêta et se tourna vers moi. « Je vous ai dit que je voulais me faire une idée de quelque chose. Je veux savoir si votre corps correspond à l’image que je m’en suis faite. Je veux aussi voir comment il s’harmonise avec votre tête. » Je suis restée là et il m’a dévêtue. Puis il posa mes vêtements sur une chaise. Enfin il recula vers le lit, à deux ou trois mètres de moi et se mit à m’étudier. « Vous savez, c’est incroyable à quel point je vous avais imaginée ainsi. » Je ne devais pas avoir l’air très sûre de moi, debout comme cela au milieu de la chambre. Il s’assit sur le lit et me dit de venir à lui. Je m’approchai. Il m’attira sur ses genoux.
Je crois qu’il a vu que j’étais embarrassée et queje ferais tout ce qu’il me demanderait, non pas parce que je le voulais vraiment, mais parce que j’y étais décidée. Il devait avoir senti que, dans une certaine mesure, je demeurais incertaine et n’éprouvais pas de vrai désir, car il avoulu me rassurer. Il a dit qu’il voulait m’avoir là, près de lui, mais qu’il ne pensait pas que la consommation de nos relations fût irrévocablement fixée, comme la sonnerie d’une pendule, pour un moment précis. Il ajouta que, quoi qu’il pût arriver entre nous, ce serait une chose merveilleuse et que nous devionstous deux nous sentir complètement libres.
J’avais dit que je viendrais le voir : je savais où cela mènerait. J’aurais agi pour lui faire plaisir, uniquement. Il sentait la différence. Au moment où il m’étudiait, tandis que je restais là, au milieu de la chambre, toute ma façon de voir se mit à changer. Je sentis, soudain, que je pouvais me fier complètement à lui et que je commençais à vivre le début de ma vie.
Il m’allongea sur le lit et s’étendit à mes côtés. Il me regardait avec attention, plus tendrement, glissant sa main doucement le long de mon corps, comme un sculpteur le long d’une forme qu’il a créée. Il était très doux. Aujourd’hui encore, je garde le souvenir de cette douceur extraordinaire.
Il me dit que, dès ce moment, tout ce que je ferais et tout ce qu’il ferait serait d’une extrême importance : le moindre mot, le moindre geste prendraient un sens, et tout ce qui se passerait entre nous nous transformerait continuellement.
« Et c’est pourquoi, dit-il, j’aimerais pouvoir arrêter le temps à cet instant précis, garder les choses exactement comme elles sont. Nous avons une quantité précise, mais inconnue, d’expériences à notre disposition. Aussitôt que le sablier sera retourné, le sable se mettra à couler et il ne s’arrêtera qu’au dernier grain. J’aimerais pouvoir empêcher ce mouvement. Nous devrions faire un minimum de gestes, prononcer un minimum de paroles, nous voir aussi rarement que possible, si cela pouvait prolonger le présent. Nous ne savons pas de combien de temps nous disposons, et nous devons prendre bien soin de ne pas détruire la beauté de ce que nous possédons. Tout existe en quantités limitées — particulièrement le bonheur. Siun amour doit naître, il est inscrit quelque part, en même temps que sa durée et son contenu. Si l’on pouvait arriver à une intensité totale le premier jour, tout serait accompli aussitôt. S’il s’agit d’une entente qu’on désire prolonger, il faut porter une extrême attention à ce qui pourrait l’empêcher de se développer au maximum. »
Je restais là, allongée dans ses bras, tandis qu’il s’expliquait. Je me sentais parfaitement heureuse, n’éprouvant d’autre désir que d’être avec lui. C’était bien le début de quelque chose de merveilleux. Il ne disait pas qu’il m’aimait. On ne peut pas dire si vite à quelqu’un qu’on l’aime. Il l’a dit et prouvé, mais plus tard. S’il m’avait prise alors, ou s’il avait déclaré son amour dans un flot de sentiments, je n’aurais pu le prendre au sérieux. Mais, comme cela, je le croyais. [...]
Il avait su éviter les formules stéréotypées, dans ses rapports humains comme dans son art. On reconnaît ces stéréotypes même si l’on n’a pas beaucoup d’expérience. Il prit en main la situation en arrêtant le jeu intellectuel, en évitant le jeu érotique. Il plaçait nos relations sur le plan où elles pouvaient signifier quelque chose pour lui et — comme je le réalisais déjà — pour moi.
En partant ce jour-là, je savais que ce qui arriverait — merveilleux, douloureux, ou les deux à la fois — serait d’une importance extrême. Depuis six mois, nous nous provoquions d’un air ironique, et maintenant, en l’espace d’une heure, dans notre premier vrai tête-à-tête, l’ironie avait disparu. C’était devenu très grave.
Ce jour gris et froid de février demeure à jamais pour moi inondé d’un soleil d’été.

Ah ! le monstre !

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Portrait d’une femme
(Françoise Gilot), 1944
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La femme fleur
(Françoise Gilot), 1946

Nu couché au lit bleu, 1946.
Musée Picasso, Antibes. Photo A.G., 20 août 2020.
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Nu couché au lit blanc, 1946.
Musée Picasso, Antibes. Photo A.G., 20 août 2020.
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La joie de vivre, 1946.
Musée Picasso, Antibes. Photo A.G., 20 août 2020.
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Françoise Gilot et Picasso dans l’atelier.
Antibes, 1946.
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Françoise Gilot
avec Claude et Paloma, 1951
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Picasso, Réminiscences par Françoise Gilot

Un film réalisé par Fabienne Strouve Beckers (1989)

Françoise Gilot, qui fut la compagne de Pablo Picasso, revient sur les lieux de leur vie commune, notamment l’atelier de la rue des Grands-Augustins à Paris. Elle évoque, seule ou en compagnie d’amis, les années qu’ils ont passées ensemble. De nombreux documents d’archives ponctuent ses propos.

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Pablo Picasso et Françoise Gilot
La femme qui dit non

Documentaire de Sylvie Blum
Auteure : Annie Maïllis, 2021

Pendant dix ans, de 1943 à 1953, la peintre Françoise Gilot a partagé la vie de Pablo Picasso. Ce documentaire éblouissant replace en pleine lumière l’influence qu’eut cette relation sur leurs créations respectives.

Ils se sont rencontrés à Paris en mai 1943. Jeune peintre de 21 ans, Françoise Gilot expose ses toiles pour la première fois, tandis que Pablo Picasso, 61 ans, est déjà à l’apogée de sa célébrité. Chassé d’Espagne par Franco, l’artiste andalou vit quasiment reclus, sous la surveillance de l’occupant allemand. Depuis Guernica, son œuvre porte en elle la noirceur de l’époque et de sa relation orageuse avec Dora Maar. Pendant près d’une décennie, sous le soleil de la Méditerranée, cette nouvelle union va nourrir leur création artistique : alors que Françoise Gilot affirme son style figuratif, Picasso renouvelle ses thèmes (les arènes et leurs taureaux) et ses supports (la céramique). De leur amour naîtront aussi deux enfants, Claude et Paloma. Mais le maître sait se faire tyran, et Françoise, pour ne pas finir brisée comme celles qui l’ont précédée, mortes folles ou suicidées, se résout, en 1953, à le quitter. Quand, en 1965, elle publie Vivre avec Picasso, tous ceux qui comptent dans le monde communiste des arts et des lettres sont vent debout. Certains signent même dans Les lettres françaises une pétition pour demander l’interdiction du livre. Françoise Gilot en paiera le prix : aucune rétrospective ne lui a été consacrée en France. Celle que son ancien compagnon appelait "la femme qui dit non" aura aussi été la seule à braver son diktat : "On ne quitte pas Picasso."

Pan méconnu

Alors que Françoise Gilot célébrera, en novembre 2021, ses 100 ans à New York, où elle s’est exilée à la fin des années 1960, ce documentaire permet de découvrir le travail d’une artiste injustement occultée, mais aussi de revisiter une période flamboyante de la carrière de Picasso, au travers de leur relation intime. Nourrie d’une iconographie exceptionnelle (toiles, photos, archives filmées, sonores et familiales) et d’interviews de Françoise Gilot, recueillies à différentes époques par Annie Maïllis, l’auteure du film, une plongée éblouissante dans un pan méconnu de l’histoire de l’art moderne.

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Françoise Gilot, c’est MeToo. Elle affirme je ne suis pas qu’une créature, je suis une créatrice. Je ne suis pas un objet de peinture, je suis un sujet, je suis peintre. Annie Maïllis

Le site de Françoise Gilot

LIRE : Léon Mychkine, À-propos de l’homme Picasso et de son art

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Picasso, Matisse et Françoise Gilot dans L’Éclaircie

Où l’on retrouve, sous un autre angle, Françoise Gilot...

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Picasso et Françoise Gilot, 1951
© Robert Capa

Extrait 1 (Gallimard, p. 90-92) :

Picasso, dans ses saisons en enfer avec Olga et Dora, en est arrivé un jour à ne plus vouloir peindre. L’une lui détruisait ses journées avec son aigreur, ses demandes d’argent, sa plainte continue, son passé de danseuse russe frustrée, sa maternité abusive ; l’autre, par ses pleurs et ses prétentions, lui mangeait carrément la tête. « Les femmes ? Des machines à souffrir », jette une fois Picasso. Il aurait pu les éviter, mais non, il voulait savoir, il a su. D’où l’effet de lumière violente arrachée à de faux trous noirs. De même que les natures vraiment érotiques se manifestent par un halo bleuté silencieux, les réprouvés et les réprouvées de ce monde s’annoncent par une enveloppe de faux noir. C’est du négatif de photo, pas du noir [3].

On peut évidemment éviter le conflit, rester tranquillement, comme Matisse, dans du décoratif sensuel, se transformer soi-même en femme attentive et maternelle, suivre sa propre fille imaginaire dans ses ondulations de couleurs, tout cela finira, idéalisé, en chapelle. Un des meilleurs livres d’Aragon s’appelle Henri Matisse, roman, et c’est, bien entendu, un acte de guerre contre Picasso qu’on ne voit pas une minute en « fou d’Elsa », cette dernière n’ayant rien à voir non plus avec l’Olympia. L’épisode Françoise Gilot en dit long sur cette région : elle fait de la mauvaise peinture « abstraite » (qui deviendra de plus en plus spiritualiste), Matisse lui fait des compliments pour embêter Picasso, elle en vient à abandonner le Minotaure (qu’elle croit fini) pour un jeune peinturlureur communiste, tout cela avec la bénédiction du couple phare de l’amour stalinien. La contre-attaque du Minotaure, un moment déstabilisé, ne se fait pas attendre. Où reprend-il pied ? Dans Le Déjeuner sur l’herbe de Manet.

Voyons ce que dit Françoise Gilot.
Sur Matisse (76 ans) : « Géant de la peinture, paisible et intense, il vit plongé dans le travail. Un homme debout, calme, amoureux de la vie. »
Sur Picasso (65 ans) : « Figure légendaire, un caractère de feu, radical, fantasque, joueur et orgueilleux » (autrement dit : invivable).
Matisse a beaucoup dessiné Elsa et Aragon, Picasso non. L’assistante de Matisse a envoyé nombre de ses tableaux à Moscou, pendant que Picasso, sous Franco, expédiait clandestinement les siens à Barcelone. À peine Franco mort, le musée Picasso ouvre là-bas (avec, notamment, la vertigineuse série des Ménines, en hommage à Vélasquez). Matisse, lui, pour finir, offre à son grand flirt éthéré, une religieuse, la chapelle de Vence, pour laquelle il compose même des chasubles. Picasso en torero terroriste, Matisse en chanoine. On comprend la préférence de Gilot, déjà mère de deux enfants, pour le chanoine.

Picasso, Portraits de Françoise Gilot, vers 1945.
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Extrait 2 (p. 158-160) :

En 1968, à 87 ans, Picasso est plus déchaîné que jamais, et ses « étreintes » provoquent un scandale. Les Américains sont furieux, les communistes aussi. Grâce aux ravages du combattant Picasso, la grande éclaircie rétroactive commence.
C’est précisément en 1968 (décidément, cette date...) qu’Aragon écrit un de ses meilleurs livres, Matisse, roman. Il n’a jamais aimé Picasso, il y a eu la grotesque affaire du « portrait de Staline », lui aussi pense que le vieux Picasso est fini, il approuve, avec Elsa Triolet, la rupture de Françoise Gilot. Celle-ci, après son livre Vivre avec Picasso (que Picasso, maladroitement, a voulu faire interdire), publie, en 1990, un autre livre sur l’amitié entre Picasso et Matisse. L’accroche est rédigée ainsi :
« Françoise Gilot, peintre et témoin, amie de Matisse, aimée de Picasso, raconte. »
Je répète ses paroles, elles en valent la peine. Picasso à 65 ans ? « Figure légendaire, caractère de feu, radical, fantasque, joueur et orgueilleux. »
Matisse à 76 ans ? « Géant de la peinture, paisible et intense, vivant plongé dans son travail, un homme debout, calme, amoureux de la vie. »
Que veut une femme ? Le contraire d’un homme au caractère de feu, radical, joueur et orgueilleux. Plutôt un géant paisible et intense, un homme debout, calme, amoureux de la vie. Et qui, surtout, vous reconnaît comme peintre.

En 1906, déjà, Picasso était choqué que Matisse préfère Odilon Redon à Manet (« Odilon Redon est un peintre intéressant, mais Manet est un géant ! »). Matisse, ensuite, aimait mieux la Grande Odalisque d’Ingres que l’Olympia. Ces inclinations se passent de commentaires. Picasso montera ses prix, par principe, même s’il ne trouve pas preneur aussitôt pour ses toiles. Il demandera automatiquement plus d’argent que le marché n’en offre pour Matisse ou Braque. Une exposition-confrontation Matisse-Picasso, à part quelques grandes réussites locales de Matisse, tourne, évidemment, à l’avantage de Picasso.

Matisse est mort en 1954, quand tout le monde, ou presque, voulait la mort de Picasso. Contre toute attente, celui-ci renaît, développe sa quatrième dimension, rafle la fin du 20e siècle. Sa fidélité à Manet reste indestructible. Avant de retrouver un animal de cette envergure, beaucoup d’eau coulera sous les ponts.

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Picasso, Carnets d’études pour le Le Déjeuner sur l’herbe

15 juin/17 juin 1962.

Capture-Vidéo A. Gauvin, musée Picasso, 19 août 2022.

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VOIR AUSSI : Picasso et Le Déjeuner sur l’herbe (d’après Manet)

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Les Demoiselles d’Avignon

Texte et voix Philippe Sollers
Roman Femmes, éditions Gallimard, Folio n° 1620

Réalisation : Laurène L’Allinec, 1988

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LIRE AUSSI : Femmes, roman, 1983

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Picasso, homme de pulsions ?

France Culture, mardi 24 juillet 2012.

Avec

Dominique Dupuis-Labbé, historienne de l’art, commissaire d’exposition
Emmanuel Pierrat, écrivain, essayiste et avocat
Jean-Jacques Lebel artiste plasticien, écrivain

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De 1902 à 1972, « L’art n’est jamais chaste » pour Picasso.


Homme et femme avec un chat, 1902.
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Scène érotique, 1902.
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Degas (Series 156)


Maison close, Degas avec son album, Célestine, trois filles, et un pouf Marocain, 1971.
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Filles au repos, avec Degas Songeur, 1971.
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Degas paie et s’en va. Les filles ne sont pas tendres, 1971.
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Nu et homme assis, 1972.
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Mousquetaire et femme nue, 1972.
Photo A.G., 30 novembre 2018. ZOOM : cliquer sur l’image.
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« Que celui (ou celle) qui n’a jamais péché lui jette la première pierre ! »


Femme lançant une pierre, Paris, 8 mars 1931.
Photo A.G., janvier 2017. ZOOM : cliquer sur l’image.
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Picasso vu par 14 artistes

France, 2023.

La collection comprend des témoignages d’ORLAN, Jeff Koons, Anselm Kiefer, Shirin Neshat, Laure Prouvost, Marina Abramović, Ai Weiwei, Norbert Bisky, Anne Imhof, Julien Creuzet, Stefan Balkenhol, Selma Selman, Erwin Wurm et Daniel Hope.

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À l’occasion du 50e anniversaire de la mort de Pablo Picasso, ARTE a demandé à 14 artistes internationaux de renom ce qu’il représente pour eux aujourd’hui, et à quoi ils l’associent spontanément. À la clé, un passionnant exercice d’admiration mais aussi de critique, mêlant anecdotes personnelles, piques féministes et réflexions artistiques aussi singulières que profondes.
De Marina Abramović à Ai Weiwei, toutes les sommités d’aujourd’hui se sont volontiers pliées au jeu. Car même si sa disparition remonte à 1973, Picasso reste plus que jamais actuel.
On apprendra au passage que les femmes d’aujourd’hui peuvent être aussi audacieuses que lui. On découvrira aussi l’importance des symboles de l’éphémère dans ses tableaux. Et on verra combien le peintre reste à ce jour une formidable source d’inspiration capable d’inciter chacun d’entre nous à créer !

Sur PILEFACE (sélection « Picasso et les femmes ») :

Picasso sans légende de Manuelle Blanc sur Arte
Picasso et les femmes dans Picasso le héros
Marie-Thérèse Walter par Picasso et Philippe Sollers
Eva Gouel, « Ma Jolie »
Dora Maar (et le Minotaure)


[2Avocat représentant de Jacqueline Roque-Picasso au moment de la succession de Picasso, fut également, selon les voeux du peintre, chargé de régler les conditions d’entrée de Guernica en Espagne après la mort de Franco.

[3«  Qui n’a pas vécu à fond dans le négatif (il ne s’agit pas ici du négatif photographique, bien entendu) n’a pas droit à la moindre affirmation ultérieure », écrit Sollers dans ses Mémoires.

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3 Messages

  • Albert Gauvin | 21 juin 2023 - 15:55 1

    Picasso au cachot  !

    Philippe Lançon

    Le cinquantième anniversaire de la mort de Picasso (le 8 avril 1973, à 91 ans) permet à celles qui condamnent son fantôme de faire tout leur possible pour effacer la seule et excellente raison qui fait qu’on parle toujours de lui : son œuvre. La pomme de discorde du jour, ce sont naturellement les femmes  ; la manière dont il a traité les siennes. Picasso. Huit femmes est le titre d’un livre à couverture rose bonbon de Laurence Madeline, ­publié chez Hazan. Il fait écho à une comédie policière, Huit femmes, de François Ozon.

    Dans le film, un patriarche bourgeois est assassiné le soir de Noël. Laquelle des huit femmes présentes l’a tué  ? Chacune avait un secret lié à lui. Mystère et boule de kitsch. Dans le nouveau procès Picasso, l’accusé est connu et jugé d’entrée. Le réquisitoire, tenu par des nouvelles féministes, ne s’embarrasse ni de subtilités, ni de mystères, ni surtout d’art. Et ça marche. Un podcast, que je préfère ne pas citer, se répand actuellement tel un virus. Il accuse l’homme d’à peu près tout, de la manipulation au crime : Picasso devient le Harvey Wein­stein de l’art du XXe siècle. De l’œuvre, pas un mot ou presque. Cet amalgame malveillant, ignorant et stupide a été primé. L’autrice est invitée par des institutions.

    Laurence Madeline, conservatrice en chef du patrimoine, a le mérite d’être informée. Son livre conte la vie de chaque femme de Picasso, par ordre d’entrée en scène. Le plus intéressant est le récit de ce que beaucoup ont vécu avant de le rencontrer : des enfances et des jeunesses épouvantables, en particulier avec les hommes. Certaines avaient été violées par leurs premiers compagnons ou maris. Picasso devient le minotaure qui les accueille au fond du labyrinthe qu’a été, dans une société en effet patriarcale, leur destin. Minotaure qu’elles ont choisi, aimé, et dont la puissance créatrice les a séduites, élevées, puis souvent détruites.

    Le silence du tableau

    Le moins intéressant du livre est sa « sororité » sentimentale. Sa défense d’Olga Khokhlova, souvent déni­grée pour son snobisme, est assez convaincante, jusqu’au moment où, faisant l’inventaire de ses servitudes de femme d’artiste, l’autrice ajoute : « Toutes ces activités, pourtant essentielles, considérées comme de simples mondanités, ne comptent pour rien aux yeux de l’histoire et semblent avoir été négligées par l’artiste. » Eh oui : si on parle tant de ses femmes, c’est parce que Picasso a existé, et, si chacune d’elles est mémorable, c’est d’abord parce qu’il les a merveilleusement peintes, de toutes les façons possibles et dans tous leurs états, pour atteindre un horizon qui les dépassait. Nul, mieux que lui, n’a documenté et transcendé sa propre vie et les leurs en dynamitant les formes qui auraient pu les limiter. Dès lors, l’impasse que beaucoup de militantes font sur le travail de Picasso devient logique. Un seul de ses portraits suffit à anéantir leurs discours  ; mais un tableau, même brutal, est silencieux. Leur bruit cherche à rendre aveugles ceux qu’elles assourdissent.

    La seule femme qui semble avoir bien survécu à Picasso, c’est l’avant-dernière, Françoise Gilot. Elle vient de mourir à 101 ans. Comme elle était peintre, on en fait désormais presque l’égale du méchant artiste : c’est une farce idéologique, mais cette farce ne doit pas masquer son talent. Elle avait publié en 1964 un excellent livre écrit avec Carlton Lake, Vivre avec Picasso. J’en relis souvent des passages, tant sa finesse, son détachement, sa précision et son humour sont dépourvus de complaisance, envers lui comme envers elle-même. Françoise Gilot ne se prend ni pour une héroïne ni pour une victime. Elle fait comprendre quel homme et quel artiste Picasso a été. « Quand je peins, lui dit-il, j’essaie toujours de donner une image à laquelle les gens ne s’attendent pas et qui soit assez écrasante pour être inacceptable. » Il lui dit aussi : « Pour moi, il n’y a que deux sortes de femmes : déesse ou tapis-brosse.  » Les autres humains, en réalité, il s’en fout : «  Ils sont comme des grains de poussière qui dansent dans le soleil. Un bon coup de balai, et voilà, ils sont partis. » Pour retomber, magiquement, sur sa toile.

    Un tel démiurge est rarement un mec bien. Quelle importance  ? Françoise Gilot refusa d’être poussière ou tapis-brosse, on la comprend, et, après dix ans, elle eut la force de partir, ce qu’il supporta évidemment fort mal. Quand Vivre avec Picasso sortit, il voulut le faire interdire en France – en vain. Le Monde écrivait alors : « Ce livre qui manie le cynisme avec candeur est moralement condamnable. » Aujourd’hui, c’est l’homme qui devient « moralement condamnable ». Le vent a tourné. Ce qui ne change pas, c’est la vertu mal placée qu’il apporte.

    Charlie Hebdo. Paru dans l’édition 1613 du 21 juin


  • Albert Gauvin | 7 juin 2023 - 22:41 2

    Avant de revoir Pablo Picasso et Françoise Gilot : La femme qui dit non, le documentaire de Sylvie Blum tourné en 2021, vous pouvez revoir :

    Picasso, Réminiscences par Françoise Gilot

    Un film réalisé par Fabienne Strouve Beckers (1989)

    Françoise Gilot, qui fut la compagne de Pablo Picasso, revient sur les lieux de leur vie commune, notamment l’atelier de la rue des Grands-Augustins à Paris. Elle évoque, seule ou en compagnie d’amis, les années qu’ils ont passées ensemble. De nombreux documents d’archives ponctuent ses propos. VOIR ICI.


  • Pierre Vermeersch | 22 avril 2023 - 16:10 3

    « Achille et la tortue, tel est le schème du jouir d’un côté de l’être sexué. Quand Achille a fait son pas, tiré son coup auprès de Briséis, celle-ci telle la tortue a avancé d’un peu, parce qu’elle n’est pas toute, pas toute à lui. Il en reste. Et il faut qu’Achille fasse le second pas, et ainsi de suite.[…] Achille, c’est bien clair, ne peut que dépasser la tortue, il ne peut pas la rejoindre. Il ne la rejoint que dans l’infinitude ».[Lacan J.,Le séminaire L. XX, Encore,P. 13]
    La faille entre le discontinu de l’infini potentiel et le continu de l’ouvert (l’infiniment petit), dont Lacan nous donne le schème de l’impossible rapport sexuel, se retrouve au principe du toucher dans l’acte pictural, soit la torsion entre le spéculaire, la fenêtre d’Alberti, et le plan projectif de Desargues, tel qu’il est exprimé dans le dispositif des Ménines.
    Ce qu’il y a de remarquable dans cette note d’Albert Gauvin, c’est de montrer chez Picasso son symptôme (sa sublimation), soit la façon de nouer l’érotique et l’esthétique, différente mais comparable à celle des poètes de l’amour courtois.

    Voir en ligne : http://theoriedelapratique.hautetfo...