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Les Métamorphoses d’Ovide

La traduction de Danièle Robert adaptée au théâtre

D 20 novembre 2022     A par Albert Gauvin - C 1 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


En 2001, Danièle Robert publiait sa traduction des Métamorphoses d’Ovide chez Actes Sud. Une réédition a eu lieu en Babel en 2018. Une adaptation en est proposée au théâtre L’Echangeur de Bagnolet du 1er au 5 décembre 2022.

Commencée sous le règne d’Auguste, à la charnière du premier siècle de notre ère, l’œuvre majeure d’Ovide est le plus long poème de l’Antiquité latine et sans aucun doute le plus beau. En quinze livres et près de douze mille vers, Les Métamorphoses racontent comment l’univers, à partir du chaos initial et à travers de multiples épreuves, ruptures et bouleversements, est parvenu à réaliser son unité grâce à la puissance romaine. Épopée monumentale et foisonnante, le poème s’attache aux rapports de haine, d’amour, de pouvoir, de servitude, de violence, de résistance que dieux et humains partagent et qui sont source pour le lecteur à la fois de rêves et d’enseignements.

De cette œuvre fascinante, Actes Sud offrait en 2001 la première traduction intégrale en vers respectueuse de sa prosodie. C’est cette version qui est ici reprise : Danièle Robert, écrivain et traductrice (d’Ovide mais aussi de Catulle, Paul Auster, Guido Cavalcanti et Dante), y donne à lire et à entendre sa puissance poétique, sa prodigieuse inventivité, sa force de pensée et son charme constant.

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Danièle Robert parlait de sa traduction sur France Culture dans l’émission « Poésie sur Parole » d’André Velter, diffusée le 3 novembre 2001.

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Et dans l’émission "Du jour au lendemain", par Alain Venstein, diffusée le 23 novembre 2001.

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Les Métamorphoses d’Ovide : Le Déluge

VOIR

Danièle Robert, a traduit l’intégralité des écrits poétiques d’Ovide pour la collection Thesaurus. Elle était présente à Arles dans le cadre de "Arles se livre", en février 2018.

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LIRE : Une lecture d’Yves Boudier

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Tiepolo, Apollon poursuivant Daphne, vers 1755/1760.

Le bookclub d’Olivia Gesbert. Vendredi 11 novembre 2022. Dialogue entre la primée Médicis Emmanuelle Bayamack-Tam et l’écrivaine et traductrice Danièle Robert.

Avec

Emmanuelle Bayamack-Tam
Danièle Robert écrivaine et traductrice

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Les Métamorphoses, source inépuisable d’inspiration pour l’écrivaine Emmanuelle Bayamack-Tam, prix Médicis 2022 qui signe avec La Treizième Heure (POL 2022) une exploration des corps et des êtres transformés sous la plume. En dialogue avec la traductrice et écrivaine Danièle Robert, grande traductrice d’Ovide, récompensée en 2003 pour sa traduction des écrits érotiques d’Ovide par le Prix Laure-Bataillon qui renouvelait en 2018 la traduction de ses *Métamorphoses (*Actes Sud).

Emmanuelle Bayamack-Tam prolonge d’ailleurs ses conseils de lecture autour des Métamorphoses, en nous invitant à lire Les Chimères de Gérard de Nerval. Selon elle, de véritables liens se nouent entre ces deux chefs-d’œuvre de poésie, notamment leur foi dans la métempsycose. Cette hypothèse, soutenue par le philosophe Pythagore, affirmait que les âmes migraient éternellement de corps en corps, qu’ils soient humains, animaux ou végétaux. Encore des métamorphoses, toujours des métamorphoses.

PARTENARIAT | Pierre Krause, responsable éditorial de Babelio intervient chaque vendredi pour partager les avis des lecteurs du site.

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Extraits sonores :

Extraits issus du film Métamorphoses (2014) de Christophe Honoré

A RÉÉCOUTER : Emmanuelle Bayamack-Tam, prix Médicis 2022

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Les Métamorphoses, OVIDE

Du 1er au 5 décembre 2022 au théâtre L’Echangeur de Bagnolet

Texte Ovide, traduction Danièle Robert (Éd. Actes Sud)
Éthique et Lettres de Spinoza, traduction Émile Saisset

Mise en scène Malte Schwind
Jeu Naïs Desiles, Yaëlle Lucas, accompagnéees de Malte Schwind & Mathilde Soulheban
Dramaturgie Mathilde Soulheban
Régie lumière & générale Anne-Sophie Mage
Construction & conception Florent Seffart, Charlotte Le Floch & Malte Schwind
Poterie Malte Schwind
Peinture Simon Bouillaud
Accessoires Sara Bartesaghi-Gallo & Sarah Anstett
Stagiaires Thomas Colas, Capucine Vigier & Elise Plaza

Dans Les Métamorphoses, le monde est pris dans un continuel engendrement. Il est mû par le désir et le désir est partout. Rien n’est fixe et la seule chose immuable est la capacité du monde à être transformé. Ni les pères, ni les dieux n’y surplombent les humains. Il n’y a pas d’au-delà  ; les dieux descendent sur terre et les mortels traversent l’enfer ou montent au ciel. Le monde est un et il est disponible aux mortels. Dans ce poème de près de douze mille vers traversé par le souffle de l’émancipation, l’unique recommandation d’Ovide à son lecteur est « Sois libre ».

Avec Les Métamorphoses, Malte Schwind, son équipe et celle de L’Échangeur convient le public à partager un repas où l’imaginaire du banquet romain côtoie celui de la cantine populaire et où le boire, le manger, les chansons italiennes concourent à réunir les conditions favorables à l’écoute et à la réception de quelques-uns des innombrables récits d’Ovide écrits il y a 2 000 ans.

Deux comédiennes, charismatiques et joueuses, conduisent cette soirée foisonnante comme un récital dont l’enjeu est le bien-vivre et la célébration de la vie.

Durée estimée 3h20 avec le repas | Dès 14 ans

Coproduction La Fonderie (Le Mans), Théâtre Antoine Vitez (Aix-en-Provence), Théâtre du Bois de l’Aune (Aix-en-Provence), Pôle Arts de la Scène (Marseille) – Friche la Belle de Mai, Réseau Traverse(s) - Association de structures de diffusion et de soutien à la création du spectacle vivant en région Provence Alpes Côte d’Azur. | Coréalisation Théâtre L’Échangeur - Cie Public Chéri | Accueil en résidence La Fonderie (Le Mans), Théâtre A. Vitez (Aix-en-Provence), Le Théâtre Joliette - Scène Conventionnée pour les expressions et écritures contemporaines (Marseille), La Déviation (Marseille), Maison Auriolles (Villeneuve-sur-Lot), Collectif 12 (Mantes-la-Jolie) | Aides au projet et subventions Ville de Marseille, Département des Bouches-du-Rhone, ART-SUD et Région PACA, Rouvrir le Monde, Relançons l’Été, DRAC PACA | Photo © Ludivine Venet.

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La très belle métamorphose d’une traduction des Métamorphoses

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Entretien avec Danièle Robert

Grand Angle
par Laurence Van Goethem, Danièle Robert

Le célèbre poème d’Ovide est adapté au théâtre par la compagnie En Devenir 2. Nous avons rencontré sa traductrice qui évoque sa vive émotion devant ce spectacle joyeux, intelligent et plein de vie.

18 novembre 2022

Laurence Van Goethem : Comment avez-vous appris que votre traduction des Métamorphoses d’Ovide allait être mise en scène ? Avez-vous échangé en amont du spectacle avec la compagnie ?

Danièle Robert : Le projet remonte maintenant à l’automne de 2019 ; j’ai reçu un courriel du metteur en scène Malte Schwind, directeur de la compagnie En devenir2, me demandant l’autorisation – ainsi que celle de mon éditeur, Actes Sud – d’utiliser ma traduction des Métamorphoses pour la création en 2022 d’un spectacle à partir d’extraits choisis. Au fil de nombreux échanges concernant les orientations et la forme que Malte Schwind et Mathilde Soulheban (en tant que dramaturge) souhaitaient donner au projet, celui-ci s’est concrétisé tout d’abord par une lecture à plat du texte – une mise en voix, disons – à laquelle j’ai assisté en février 2020, et qui m’est apparue très prometteuse. Mais l’épidémie qui a littéralement éclaté dès le mois de mars suivant, avec toutes les difficultés qui ont suivi, a considérablement compromis sa mise en œuvre. Néanmoins, la compagnie a tenu son pari et réussi à donner tout d’abord une petite forme, intitulée Dira canam (« Je vais dire l’horreur ») à partir des histoires de Diane et Actéon, Orphée et Eurydice, Le Déluge et Myrrha et Cinyras, et la tournée qu’elle a effectuée en divers lieux a permis aux actrices et à toute l’équipe d’expérimenter, au moins partiellement, l’effet sur le public que produit un texte vieux de deux mille ans mais dont la force et la modernité restent intactes.
Il ne m’était pas possible d’assister aux répétitions, étant donné la situation : confinements, déconfinements, déplacements restreints et soumis à attestations, passe vaccinal… En revanche, le travail en amont avait été fait comme je vous l’ai dit, et je n’avais nullement à intervenir dans la réalisation.

Est-ce la première fois qu’une de vos traductions est adaptée pour le théâtre ?

Non. Pour ce qui concerne les Métamorphoses, c’est la troisième fois. Peu de temps après la publication de ma traduction en édition bilingue chez Actes Sud (en 2001), le directeur italien de la célèbre compagnie Fattore K, Giorgio Bárbero Corsetti, a monté un grand spectacle en français avec mon texte et l’a traité en homme de théâtre, magnifiquement : une vingtaine de représentations ont eu lieu à Paris et autant à Strasbourg. Plus tard, c’est la compagnie de Jean Boillot, Spirale, qui a mis en scène l’œuvre traduite, dans une mise en scène très différente, et tout aussi passionnante. À aucun moment la question de leur liberté de création ne s’est posée à moi quant à leur vision du texte, à leurs choix tant pour l’agencement que pour les extraits retenus, ainsi que pour les digressions ou les incrusts qu’ils souhaitaient faire avec leurs comédiens, et j’ai été à chaque fois très heureusement surprise. J’avais connu aussi, plusieurs années auparavant, une adaptation de mon ouvrage sur Billie Holiday, Les Chants de l’aube de Lady Day (Le temps qu’il fait, 1993), dans laquelle la grande Dee Dee Bridgewater redonnait vie à Billie et interprétait ses chansons avec le talent et l’originalité qu’on lui connaît.

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Les Métamorphoses ©Cie En Devenir 2.

Qu’avez-vous pensé de l’adaptation et de la mise en scène ?

Je dois dire que je suis sortie du spectacle aussi enchantée – au sens propre du terme – qu’éblouie, et que j’ai rencontré le même enthousiasme auprès du public présent ce jour-là. La construction de cette grande fresque, l’enchainement des divers épisodes, les correspondances subtiles que l’on y découvre à chaque pas et auxquelles nous renvoient les deux actrices, Naïs Desiles et Yaëlle Lucas, nous tiennent en haleine sans aucune faille, que l’on soit familier du texte ou pas du tout. On suit leurs propres métamorphoses pendant qu’elles se maquillent ou se démaquillent devant nos yeux, on épouse les sentiments et les émotions qu’elles expriment, tant par les vers prononcés que par leurs visages, leurs corps, le rythme qu’elles impriment à la scène jouée, ou dansée, ou sous la forme d’une pantomime « à la romaine », l’arrêt sur image qu’elles proposent soudain comme pour nous inviter à reprendre notre souffle, les rires qu’elles provoquent d’un simple clignement d’œil ou d’une grimace, l’horreur qu’elles suscitent de leurs cris quand la violence du récit est à son comble ; tout concourt à nous faire ressentir les vibrations que le texte porte en lui, sans une ride depuis deux mille ans. À cela s’ajoutent l’introduction dans le récit de quelques phrases de Spinoza que signale son portrait brandi par l’une ou l’autre des actrices, puis des chansons de vedettes de la grande variété italienne (Mina, Ornella Vanoni) ou de Nina Simone, ou encore l’Orphée de Glûck, et une saltarelle endiablée qui inscrivent l’œuvre d’Ovide dans la vitalité d’une pensée en perpétuelle mutation.
Enfin, le spectacle comporte un corollaire particulièrement alléchant… pour les gourmands ! Les spectateurs et les spectatrices qui entrent dans la salle s’attablent réellement, s’assoient sur des tabourets devant des tables spécialement conçues et réalisées par Malte Schwind et son équipe et décorées de grappes de raisin (on était en pleine période de vendanges), de pain, d’olives et de bonnes bouteilles. Tout concourt à nous faire ressentir les vibrations que le texte porte en lui.

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©Cie En Devenir 2.

Entre les deux parties de la pièce, comme en entr’acte, personne ne songe à sortir car arrive une délicieuse salade de betteraves et pommes de terre délicatement assaisonnées, suivie d’un plat de lasagnes « pythagoriciennes » (je vous laisse le soin de deviner pourquoi, et vous aurez la réponse après avoir lu le livre XV des Métamorphoses… !) dont je garde un souvenir ému. Bien entendu, les libations « À Bacchus » sont joyeuses jusqu’au dessert ! On est là, à coup sûr, dans le partage des plaisirs par la vue, l’ouïe, les parfums, le goût, l’intellect, l’émotionnel : dans la vraie et tangible convivialité.

En quoi ce texte est-il contemporain ? Qu’est-ce que la jeune génération peut y trouver ?

Le poème d’Ovide est un ensemble de récits à la fois fantastiques et réalistes, mettant en scène les humains et les dieux qui leur ressemblent comme deux gouttes d’eau, ce qui les rend beaucoup moins intimidants : les uns et les autres sont habités des mêmes préoccupations, des mêmes qualités et des mêmes défauts, se rendent coupables des mêmes délits, si bien qu’on a le sentiment que ce sont les hommes qui ont créé les dieux et non l’inverse. Certes, les dieux sont plus puissants que les humains, mais cette supériorité est sans cesse mise à mal par la résistance que les plus faibles lui opposent. Par la malice avec laquelle Ovide fustige la pensée officielle et incite ses contemporains à chasser la peur, affirmer leur désir et leur volonté, par ce fonds mythologique dans lequel il puise afin d’en donner sa vision et la transmettre à la postérité, il montre son indépendance d’esprit et sa modernité. Il est vrai qu’il l’a payé cher puisqu’il est mort en exil. Mais la leçon qu’il nous donne n’est-elle pas une leçon de courage et sa foi en son œuvre n’est-elle pas une leçon d’espoir pour la jeunesse ? N’oublions pas les deux derniers vers du poème : « Je serai lu par tous, reconnu à travers les siècles, et si les pressentiments des poètes se réalisent, je vivrai. » (La Pointe).

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1 Messages

  • Albert Gauvin | 28 novembre 2022 - 10:23 1

    Si vous voulez en savoir plus sur La Cie En Devenir 2 qui va jouer Les métamorphoses d’Ovide au théâtre de Bagnolet, voici la page facebook qu’il vous faut suivre.
    Le 26 novembre, on pouvait y lire : « Nous jouons nos dernières représentations des Métamorphoses de cette saison. C’est déjà pas mal plein. Ne tardez pas à réserver vos places. Au plaisir de vous voir parmi nous. »
    Danièle Robert (le 22 novembre) : « [...] En ouvrant le site de Pileface, je suis tombée sur le bel ensemble que vous avez conçu à propos des prochaines représentations de Bagnolet : vous m’avez rattrapée ! Votre réactivité et votre art de la composition m’étonneront toujours ! [...] Pour en revenir à ce spectacle, si vous avez la possibilité de vous déplacer ou si vous connaissez des personnes à qui le recommander, je vous y invite fortement : c’est un enchantement de chaque instant, pendant plus de trois heures, sans une faille ni un hiatus. Un très beau travail de construction, d’agencement, de mise en scène, d’interprétation ; le texte est porté magistralement par les deux actrices et je l’ai redécouvert à travers elles merveilleusement métamorphosé. Un pur bonheur. »
    Voilà, après ça, si vous êtes libres, aucune raison d’hésiter.