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1822-2022 Bicentenaire du décryptage des hiéroglyphes. L’aventure Champollion

D 4 juin 2022     A par Viktor Kirtov - C 1 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


La BnF célèbre le bicentenaire Champollion avec une exposition sur les secrets des hiéroglyphes du 12 avril jusqu’au 24 juil. 2022

Le but de cette présentation est avant tout de raconter l’épopée scientifique d’un déchiffrement. Et c’est passionnant.
actualitte.com-

L’aventure Champollion. L’expo de la BnF

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Thot, dieu de l’écriture, in « Panthéon égyptien, collection des personnages mythologiques de l’ancienne Égypte » de Jean-François Champollion, illustrations de Léon-Jean-Joseph Dubois - 1823 - BnF, Bibliothèque de l’Arsenal
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À peine âgé de 32 ans, Champollion expose en 1822 son interprétation lumineuse du système graphique des Égyptiens anciens. Il offre ainsi au monde la connaissance des noms des pharaons bâtisseurs des pyramides, le déchiffrement des livres des morts trouvés dans les tombeaux et la compréhension d’une langue et d’une littérature perdues.

Environ 1500 ans : c’est le nombre d’années qui séparent la dernière inscription hiéroglyphique connue, et le déchiffrage de cette écriture énigmatique par Champollion. Après plus d’un millénaire de silence, la langue figurative avait été reléguée au rang de symboles hermétiques – porte vers des secrets ensevelis.

L’exposition, met en lumière la démarche de Champollion, son actualité et son influence jusqu’à nosjours.

Près de 350 pièces sont présentées : manuscrits, estampes, photographies, papyrus, sculptures… – issues des collections de la BnF et de prêts exceptionnels – notamment du musée du Louvre et du museo Egizio de Turin – viennent initier le public à la « méthode Champollion » et redonner vie à une civilisation qui fascine. L’exposition révèle la figure du père de l’égyptologie mais aussi de l’homme que fut Champollion, son ardeur, son immense curiosité, son tempérament, comme ses qualités littéraires.

-François Champollion

1790 - 1832


Photo (C) RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Michel Urtado


De tous les peuples que j’aime le mieux,
je vous avouerai qu’aucun ne balance les Égyptiens dans mon cœur !

Champollion (1790-1832)

« Je tiens mon affaire ! » s’exclame Champollion quand il perce pour la première fois le mystère de l’écriture égyptienne.

Passionné d’Égypte antique et de langues anciennes, le jeune savant originaire de Figeac est à peine âgé de 32 ans quand il fait cette découverte. Jean-François Champollion étudie les inscriptions de la pierre de Rosette, une stèle saisie par les Anglais lors de l’expédition d’Égypte de Napoléon Bonaparte. Mais la pierre ne livrera pas à elle seule tous les secrets de l’écriture égyptienne, il lui faudra pas moins de dix années d’études et de travaux pour déchiffrer les hiéroglyphes. En 1822, Champollion décrit sa méthode dans une longue lettre qu’il adresse à Monsieur Dacier, secrétaire perpétuel de l’Académie royale des Inscriptions et Belles-Lettres. Nommé en 1826 conservateur du musée égyptien de Charles X, il affine, petit à petit, sa compréhension de la langue et de la culture pharaoniques.

En 1828, Champollion réalise son rêve. Il s’embarque pour l’Égypte avec l’égyptologue pisan Ippolito Rosellini. À la tête de cette expédition franco-toscane, Champollion vérifie la justesse de sa démarche sur des objets et des monuments pharaoniques. Il écrit à Mr. Dacier en janvier 1829 : « J’ai le droit de vous annoncer qu’il n’y a rien à modifier dans notre Lettre sur l’alphabet des hiéroglyphes ». De ce voyage, il rapportera une multitude de notes et de dessins, qui seront publiés après sa mort dans l’œuvreMonuments de l’Égypte et de la Nubie.

« Cette année-ci m’a tuée [...] Cependant la carrière de mes travaux sur l’Egypte s’agrandit à chaque instant. » se confie Champollion, malade et épuisé, à son frère et ami Jacques-Joseph dans une correspondance foisonnante et assidue. À la veille de sa mort, en 1832, Jean-François Champollion remet à son frère deux manuscrits : laGrammaireet unDictionnaire.Véritables monuments de pédagogie et d’érudition, ces œuvres serviront de fondement à l’égyptologie et seront la carte de visite de Champollion pour la postérité.

Les manuscrits autographes de Champollion

La BnF conserve dans ses collections 88 volumes de notes et de dessins de la main de Champollion. Ces documents pour la plupart inédits laissent entrevoir le génie, l’intuition, la personnalité et le travail encyclopédique de leur auteur, qui œuvra à faire connaître la grandeur de cette Égypte tant admirée. Ces volumes constituent le cœur d’une exposition guidant le public au plus près du travail du déchiffreur et de la naissance d’une science  : l’égyptologie. La Bibliothèque, qui a conservé jusqu’au début du XXe siècle, l’un des plus importants fonds d’antiquités égyptiennes, a joué un rôle majeur dans cette aventure. Aujourd’hui encore, la quête savante de Champollion résonne d’accents universels qui trouvent un écho au sein des collections de la BnF, lieu de toutes les paroles et du patrimoine écrit.

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Papiers de Jean-François Champollion le jeune –
Grammaire égyptienne - BnF, département des Manuscrits

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Le catalogue de l’exposition

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L’AVENTURE CHAMPOLLION
DANS LE SECRET DES HIÉROGLYPHES

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Sous la direction de Guillemette Andreu-Lanoë, Vanessa Desclaux et Hélène Virenque

Il y a deux cents ans, Jean-François Champollion découvre le système de déchiffrement des hiéroglyphes. Cet ouvrage BnF revient sur son immense contribution au dévoilement des mystères de l’Égypte ancienne. Dans les pas du fondateur de l’égyptologie, le lecteur découvre les arts, les rituels et les prouesses intellectuelles d’une civilisation qui fascine depuis des millénaires.

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Comment Champollion a-t-il percé le secret des hiéroglyphes ?

Par Malika Bauwens • le Beaux Arts, 19 mai 2022

Il est l’un des plus grands — et le plus connu – des égyptologues. Et c’est grâce à lui qu’on sait lire les hiéroglyphes depuis 200 ans ! Scrutons les secrets de sa méth

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Un polyglotte précoce

Dernier d’une famille de sept enfants et piètre élève sur les bancs l’école… Les premières années de Jean-François Champollion, né le 23 décembre 1790 à Figeac, dans le Lot, ne présageaient pas d’une brillante carrière. C’était oublier son frère, Jacques-Joseph Champollion, de douze ans son aîné, qui avait déjà attrapé le virus de l’archéologie et qui mettra le cadet sur les rails de cette science assez nouvelle. Tout commence par l’apprentissage des langues, pour lesquelles le jeune Jean-François manifeste un don : à 13ans, il sait déjà lire le latin, le grec, l’hébreu, étudie l’arabe, le syriaque et le chaldéen, deux langues parlées dans l’Antiquité. Puis ça sera le sanskrit, l’araméen, et le copte, une clé qui lui sera essentielle. Jean-François Champollion se plonge alors dans une civilisation à défricher et à déchiffrer : l’Égypte. « Pour l’instant, il n’y a jamais mis les pieds, sa connaissance est livresque et il passe son temps à la Bibliothèque nationale », souligne Hélène Virenque, égyptologue et co-commissaire de l’exposition à la BnF.

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La piste de la Pierre de Rosette

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Reproduction de la pierre de rosette sur le sol de la cour du musée Champollion à Figeac
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J’ai découvert la pierre de rosette, de visu, dans la cour du musée Champollion à Figeac, sa ville natale.

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L’authentuque pierre de rosette au British Museum de Londres
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Devenu professeur d’Histoire ancienne, Jean-François Champollion s’attèle à percer les secrets d’une langue complexe apparue dans la vallée du Nil il y a 5000ans et dont les stèles et les monuments ne cessent d’intriguer les scientifiques. Un travail de titan que la BnF nous déroule à l’aide de 350objets et documents. « Ce système mélange les sons et les idéogrammes, sans ponctuation, explique Hélène Virenque. Nous sommes face à une autre manière de penser et de décrire le monde. » À partir de 1809, Champollion planche sur la pierre de Rosette, découverte dix ans plus tôt. Conservée au British Museum, cette prise anglaise à l’armée de Bonaparte lors de l’expédition d’Égypte n’a pas fait le voyage à la BnF qui en expose un moulage. Champollion, lui, a surtout eu accès à un estampage de l’œuvre de 760kilos : ou comment résoudre un mystère grâce à une « copie décalquée » ?

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De solides fondations

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Sur ce bloc de granit noir est gravé le décret promulgué par le pharaon Ptolémée V en trois écritures réparties distinctement : du démotique (au centre), une écriture égyptienne cursive simplifiée, du grec (en bas) et des hiéroglyphes (en haut). Jean-François Champollion ne part pas de rien, d’autres avant lui ont déjà cherché à comprendre les hiéroglyphes. L’abbé Barthélemy (1716–1795), par exemple, qui a compris que les noms des souverains étaient ceints d’un cartouche. Ou le physicien, médecin et égyptologue britannique Thomas Young (1773–1829) qui a su lire le cartouche de Ptolémée sur la pierre de Rosette. Mais Champollion possède une corde en plus à son arc : sa connaissance des langues ! Au grec, le savant fait correspondre les sons de chaque hiéroglyphe de Ptolémée. Le copte, issu en partie de l’égyptien ancien, lui permet aussi de poser sa première pierre…

De la ténacité et une confirmation

En 1815, c’est vers l’obélisque de Philae, découverte sur le temple de la déesse Isis (haute Égypte), que Champollion se tourne. L’obélisque mêle aussi grec et hiéroglyphes : Champollion peut valider son hypothèse de correspondance de sons / signes formulée à partir de la pierre de Rosette. Champollion confirme aussi qu’un hiéroglyphe seul peut suffire à formuler une idée. Par exemple, le hiéroglyphe évoquant la forme d’un plan de maison, se prononce « Per » et signifie « maison ».

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Eurêka

Encore trois ans passent et, en 1822, grâce au relevé du cartouche de Ramsès II, sur le site d’Abou Simbel, Champollion, 32ans, tient enfin la solution. Il comprend que les hiéroglyphes phonogrammes et idéogrammes se combinent ensemble pour former des mots ! « Per » associé avec un nom (souvent celui d’un dieu), devient la « Maison de … ». Il capte aussi le sens de lecture – de gauche à droite quand les personnages représentés regardent vers la gauche et inversement ; et pour un texte vertical, de haut en bas. « Je tiens mon affaire ! » se serait-il exclamé… Sa découverte est décrite dans une lettre à Bon-Joseph Dacier, secrétaire perpétuel de l’Académie des belles-lettres, qui sera imprimée ensuite et permettra également de formaliser une grammaire égyptienne.


Jean-François Champollion et Alexandre Duchesne, Monuments de l’Égypte et de la Nubie. Sethi Ier et Hathor, 1835–1845
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Postérité pharaonique

Sa réputation étant faite, Champollion voyage. Toujours en quête d’inscriptions à traduire, il se rend à Cambridge, à Florence, à Naples, à Genève ou à Turin, où il révèle un tableau énumérant dans l’ordre le nom des 77pharaons dans leurs cartouches : un pas de plus pour la connaissance de l’Égypte antique ! Au faîte de sa gloire, Champollion est nommé à la division égyptienne du Musée du Louvre, puis au Collège de France… Belle revanche du médiocre élève sur les bancs de l’école. Surtout, en 1828, la grande aventure : le rat de bibliothèque gagne enfin l’Égypte. Mais Champollion est de santé fragile et ces expéditions l’épuisent. Le 4mars 1832, il meurt, à 41ans. Son frère, son fidèle complice, fait entrer son fonds à la Bibliothèque nationale.

Comment Champollion déchiffre les hiéroglyphes from Bibliothèque nationale de France

Crédit : BnF


Thot, inventeur de l’écriture

Le « scribe parfait aux mains pures »

Par Anne Zali et Marc Etienne

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Nebméroutef écrivant en présence du dieu Thot
Photo (C) Musée du Louvre, Dist. RMN-Grand Palais / Georges Poncet
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Tantôt représenté sous la forme d’un homme à tête d’ibis, tantôt sous celle d’un ibis ou d’un babouin, Thot, adoré en Égypte comme le dieu de l’écriture, est à la fois le « maître des paroles divines » et « le scribe des dieux ». Son sanctuaire principal est situé en Moyenne Égypte en un lieu que les Grecs ont appelé Hermopolis en assimilant Thot à leur dieu Hermès Trismégiste, Hermès « trois fois très grand ».

Un récit mythologique, le livre de Vache du ciel, raconte que, lassé de la compagnie humaine, Rê avait quitté l’Égypte et nommé Thot dieu de la sagesse comme administrateur.


Conduisez Thot devant moi ». On le lui emmena aussitôt et la majesté de ce dieu dit à Thot : Je suis à ma place dans le ciel ; je veux faire en sorte que ma lumière brille dans l’autre monde et dans l’île de Baba. Et toi, tu seras mon scribe ici, tu rétabliras l’ordre parmi les hommes. Tu seras à ma place, tu seras mon substitut. Ainsi tu seras appelé Thot, le substitut de Rê.

Mais Thot, dieu de l’écriture, est devenu tout à la fois le dieu des magiciens, à qui l’on doit des grimoires contenant des formules de guérison, le dieu du temps qui « sépare les mois, les saisons, les années », celui qui préside à l’astronomie, au calendrier, ou encore, selon Platon (Phèdre, 274c), l’inventeur des dés. Il règne sur tout ce qui relève d’une activité intellectuelle : les arts de l’écriture, de l’arpentage, de la médecine, de la mathématique, de l’astronomie. Il est aidé par Seshat, la maîtresse des livres, qui gère les archives, rédige les chroniques des rois, inscrit leurs noms sur les feuilles de l’arbre de la vie. Sur les ordres de Rê, les hommes reçurent de Thot les hiéroglyphes, c’est-à-dire les paroles sacrées qui permettraient l’appropriation de toute sagesse.

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Statuette d’Imhotep |
© Bibliothèque nationale de France
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La ruse ne lui est pas étrangère. Ainsi permit-il à la déesse Nout de donner naissance à ses enfants. Rê, jaloux, avait interdit à Nout d’épouser Geb, le dieu de la terre, et comme elle avait désobéi il défendit aux douze mois de la laisser accoucher. Alors Thot invita la Lune à un jeu et gagna la soixante-douzième partie de sa lumière, soit cinq jours. Il offrit ces cinq jours à Nout, pour qu’elle puisse mettre au monde ses enfants Osiris, Horus, Seth, Isis, et Nephthys.

Évoqué dans le Livre des morts comme « scribe parfait aux mains pures », il est le savant par excellence.

Je suis Thot, celui qui annonce la venue du jour, celui qui voit l’avenir sans erreur, qui commande dans le ciel, sur la terre et dans l’au-delà, qui a donné la vie à l’homme. Je donne le souffle à celui qui demeure dans le monde caché grâce aux paroles magiques qui sortent de ma bouche, afin qu’Osiris triomphe de ses adversaires.
Provenance

Cet article provient du site L’aventure des écritures (2002).

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1 Messages

  • Albert Gauvin | 6 juin 2022 - 01:34 1

    Un pas sur la lune

    [...] REGARDEZ EN PREMIER LIEU CES CARACTÈRES : LEUR APPARENCE N’EST PAS LEUR RÉALITÉ.

    Quelques mots encore sur le titre : la lune, nous dit Vandier dans la Religion égyptienne, aurait été créée par le dieu-soleil pour le remplacer pendant la nuit.

    C’est Thot que Rê avait choisi pour exercer cette fonction de suppléance. Thot, on le sait, était le dieu de l’écriture et, à ce titre, pour la parole ou plutôt le verbe, la figure fuyante, insaisissable du supplément, de l’usurpation. Pendant des millénaires, donc, et, marquons-le brutalement, jusqu’à une époque récente (mais cette époque est le temps technique à l’intérieur duquel nous interrogeons de façon irréductible ; c’est un temps qui n’a plus de ligne, un temps hors-ligne dont la rotation et la progression nous sont encore à moitié interdites), l’écriture aurait été ainsi par rapport au soleil (logos, parole, raison, vie, bien, père) cette lune morte astreinte à la réflexion, ce miroir rocheux dont la face cachée, féminine et proprement la surface — contemporaine de la formation de la terre avant l’homme — ne serait apparue de près, n’aurait été vue, foulée — ou violée — qu’à présent et pour le futur. Le pas du premier homme sur la lune, pensons-y bien, est le pas — impossible à nu — sur l’état initial de la terre, exorbitant, ce fouillis de traces sans vent pour les effacer, communique avec la "nuit" dont la lune porte, si l’on peut dire, l’envers. Avec un certain savoir sur la mort. Le déplacement qui se laisse entrevoir dans cette série d’ellipses, seule l’écriture en rend compte, seule elle peut l’inscrire dans sa pratique nocturne et supplémentaire. Nous pourrions mieux lire depuis cet espace une phrase aussi insolite que : "A tous les sens de ce mot, l’écriture comprendrait le langage." Alors l’écriture comme "lune" serait définitivement abandonnée : touchée, elle obtiendrait une autre fonction exposant pourquoi elle a été si longtemps pour nous réduite, dérobée. [...]

    Philippe Sollers, Un pas sur la lune, 1969.